Le Pouvoir
et les Pouvoirs
Les Valeurs Economiques de la Flandre Occidentale
L'agriculture
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Voici en quels termes un socialiste
honnête, sincère, écrivait il y a dix ans
dans un livre célèbre l'impuissance des
ministres français. Cela ne se passe-t-il
pas ainsi dans tous les régime parle
mentaires
Lisez ces lignes d'Hubert Bourgin
extraites de Cinquante ans d'expé
rience démocratique
Le ministre cède toujours pour
quoi Parce qu'il est lui-même par
lementaire avant d'être ministre par
ce qu'il a affaire un adversaire, un
camarade, un rival, un ami parce
qu'il a besoin de gagner un appui ou
de désarmer une hostilité parce qu'il
est prudent et prévoyant. D'ailleurs, il
n est même pas toujours mis au cou
rant des concessions que le pouvoir fait,
en son nom, aux usurpateurs et aux
désorganisateurs du pouvoir les gens
de son cabinet, qui sont stylés, qui font
du zèle, et qui soignent leurs propres
intérêts, accordent souvent pour lui,
sans le consulter, ce qu'on leur deman
de sans passer par lui. Quand ces chefs
d'occasion, qui ont des âmes de sub
alternes, quand ces attachés, qui ont
des services de domestiques, sont en
présence de tel personnage consulaire
venant réclamer une faveur, un avan
tage, un privilège régional, un passe-
droit, que veut-on qu'ils fassent Ils
s'inclinent, ils consentent, ils promet
tent une résistance, une objection ne
se concevrait même pas.
Le ministre est donc obligé, cha
que instant, de tenir compte de ces
promesses qu'il a faites au qu'on a fai
tes pour lui mais, pour lui, que d'em
barras, et, pour l'Etat, que de domma
ges Par exemple, il va édicter un rè
glement il est ajourné. Le ministre
veut remplacer, dans telle ville, un
fonctionnaire incapable ou taré c'est
la créature d'un sénateur, qui n'admet
pas qu'on touche cette tête indigne,
mais sacrée le fonctionnaire est main
tenu, et le service public continue
souffrir. Le ministre est sur le point
de prendre une mesure qui, dans l'in
térêt général, restreint la consomma
tion d'une denrée produite avec de
beaux bénéfices, par une contrée agri
cole ou industrielle le député, le sé
nateur, intervient, et obtient que la
mesure soit ajournée. Le ministre fait
préparer un projet de loi qui organise
des institutions utiles pour lutter contre
la cherté de la vie son cabinet ap
prend qu'un groupe d'opposition me
nace de déposer une proposition sur
le même sujet ce serait une surenchère
dangereuse pour la situation parlemen
taire du ministre et pour la politique
générale du gouvernement, le ministre
est inquiété, alarmé, circonvenu, con
vaincu le projet de loi est abandonné.
Ces décisions de défaite, ces lâches
concessions du pouvoir officiel au pou
voir anonyme des parlementaires, au
pouvoir des coulisses politiques, je les
ai vues constamment se produire dans
l'administration des affaires publiques.
SOMMAIRE DE
CONFERENCES ET THEATRES
de février 1935
No 11.50 Abonnement 115 francs
Léopold II, diplomate, par le Vicomte
Charles Terlinden. Le Drame d'une Vie
de Roi, par le Colonel Stinglhamber.
Léopold It et la Défense Nationale, par
Jules Garsçu. Les dernières années de
Léopold II, par Pierre Daye. Le Roi et
l'Humour. Chronique Théâtrale.
Suite),
En instituant au mois de mars 1934, une
commission destinée valoriser nos orges
belges, nous avons fait appel au concours
des principaux brasseurs, malteurs, courtiers
et techniciens expérimentés, en vue d exa
miner le problème sous toutes ses faces.
Il fut décidé d'établir des champs d'ex
périences où l'on mettrait l'essai les va
riétés indigènes et étrangères les plus ré
putées, les mieux appropriées l'usage de
la brasserie, les mieux adaptées notre sol
et notre climat. Le résultat économique
est envisagé par des essais comparatifs por
tant sur la résistance la verse et sur la
fumure. Des analyses seront ensuite effec
tuées au laboratoire de l'Etat Gand, ana
lyses mécaniques et chimiques, visant les
facultés germinatives et les qualités favo
rables la production du malt et de la
bière- - - Cl"
Des champs d'expérience ont ete établis
au mois de mars de l'année courante dans
la région poldérienne, Vlisseghem, dans
la région argileuse, Dottignies, dans la
région argilo-sablonneuse, Oostvleteren.
Les variétés mises a 1 essai avec des fu
mures diverses, étaient l'orge indigène
les espèces danoises Maja et Abed
Kenia l'espèce hollandaise Maarsholt
l'espèce suédoise Orge d or de Swalôf
Une demande d'intervention fut adressée
au Fonds National des Recherches Scien
tifiques, qui manifesta de l'intérêt pour
cette étude. Il s'engagea intervenir dans
les frais pour la moitié et fit inspecter par
un délégué les champs d'expérience. Qu'il
nous soit permis d'adresser ici de vifs re
merciements tous nos collaborateurs Pou^
leur intervention éclairée et leur dévoué
concours.
Si les essais ultérieurs sont satisfaisants
comme les premiers essais l'ont été, nos pro
ducteurs d'orge peuvent envisager de meil
leurs temps.
LA CULTURE DU TABAC. La Belgi
que consomme environ 27 millions de kilos
de tabac, dont 6 millions peine sont pro
duits dans le pays. La part de la Flandre
Occidentale est de plus de 3-000.000 de
kilos.
Le commerce d'importation s'élève a 200
millions de fr. Les possibilités sont donc
considérables.
Nos tabacs de Wervicq et de Menin ne
peuvent être fumés qu a la pipe, ils ne
conviennent pas pour la fabrication des ci
garettes et cigarillos, dont la consomma
tion a augmenté dans une large mesure.
Notre tabac est considéré comme trop lourd
et trop fort. II faut en améliorer la qualité,
la légèreté. Les engrais dont on fait usage
jouent un rôle important. Une étude tech
nique très approfondie s'impose. Elle sera
entamée sous peu.
Le montant de nos importations les
possibilités de placement sur le marche in
térieur et sur les marchés étrangers sous
forme de mélange avec les tabacs américains
et autres, permettent d'envisager une vaste
extension de nos cultures et de notre com
merce de tabac. Rien ne doit etre négligé
de ce qui peut amener nos planteurs a amé
liorer leur production, en ayant soin de se
préserver contre les abus de la routine
En cette matière comme pour la culture
du houblon, le poids nuit la finesse.
ELEVAGE PORCIN. Le côté faible
de notre élevage porcin a toujours ete a
production d'animaux trop gras. Cem^1 ne
conviennent pas l'industrie du lard fume
(bacon) et par le fait même a 1 exportauon.
Etant donné qu'avant l'application par 1 An
gleterre de mesures restrictives, le Dane
mark approvisionnait a raison de 50 A les
marcbésP anglais en .bacon» importé «1
paraît évident que cette brandie de la pro
duction agricole est passible d un large dé
veloppement. Celle-ci est d autant plus in
téressante qu'elle est pratiquée P« tous les
cultivateurs et spécialement par les petits
fermiers.
En ce domaine comme en celui de la pro
duction beurrière, le Danemark a fait mer
veille. Il nous a été donné de visiter des
abattoirs porcins danois. En quelques heures
mille porcs y étaient abattus, préparés, vi
dés et salés. Notons, pour nous faire une
idée de l'importance de ces opérations, que
pas moins de 517 coopératives d'abatage,
soumises un contrôle sévère, disposent de
l'énorme exportation du green bacon
Je dis green bacon car la préparation
et l'exportation ne portent que sur la viande
de porc entrelardée et salée. Celle-ci est en
suite fumée en Angleterre. Les usines an
glaises qui fument la viande, sont extrême
ment réputées. Le déjeuner de presque tous
les Anglo-Saxons comporte, sous toutes les
latitudes, les eggs and bacon il con
stitue un moment important de la journée
d'un britannique.
On demande des porcs maigres, seuls sus
ceptibles de fournir le bacon de bonne
qualité. Ces porcs doivent aussi être d'un
type homogène, semblables par la taille, le
poids, la qualité, toutes choses exigées par
les importateurs anglais.
Une étude faite en 1928 par un tech
nicien envoyé au Danemark et en Angle
terre par le Ministère de l'Agriculture, a
conclu la nécessité d'améliorer notre race
porcine par l'incorporation de sujets sélec
tionnés du type allemand ou de la grande
race du Yorkshire. Des efforts méritoires
ont été faits en ce sens au sein de la Fédé
ration Provinciale des Syndicats d'Elevage
Porcin et dans la ferme expérimentale de
l'école agricole de Roulers qui s'applique
l'élevage sélectif.
Ce problème est d'importance, il l'est sur
tout pour la Flandre Occidentale qui pos
sède deux abattoirs d'exportation, celui d'Os-
tende et celui de Zeebrugge. Ceux-ci doi
vent s'organiser pour la vente des porcs
bacon depuis que l'exportation des porcs
échaudés (schouders of loopers) a été inter
dite par le gouvernement anglais eu égard
au danger de la stomatite aphteuse. Ce qui
ne peut être importé sous forme de viande
fraîche, peut pénétrer sous forme de viande
salée.
L'élevage du porc bacon offre un
autre avantage encore il rend moins redou
table le danger de surproduction, car il n'est
pas exact de dire que notre élevage porcin
soit excessif. Nous pouvons parfaitement
dépasser le chiffre d'un million de sujets
si la qualité de ceux-ci est bonne et si leur
poids n'amène pas une surproduction de
viande. Il faut en effet abattre les porcs
dès qu'ils pèsent 90 kilos, il ne faut pas
attendre qu'ils atteignent 150, voire 250
kilos.
Nous n'avons pas trop de sujets, mais
contrairement une déclaration solen
nelle faite récemment une trop grande
abondance de viande. C'est sous l'empire
de ces considérations que nous avons con
stitué, le 16 mars dernier, une sous-com
mission provinciale composé des personnes
les plus compétentes du pays et des repré
sentants des abattoirs d'Ostende et de Zee
brugge. A la suite de plusieurs réunions et
d'une visite l'abattoir d'Ostende, la con
clusion fut que c'est par l'amélioration de
l'élevage porcin qu'un progrès sérieux doit
être réalisé. Il faut que nos animaux puis
sent concurrencer ceux de l'étranger. L'allo
cation de primes pour la conservation de
verrats sélectionnés paraît devoir être une
mesure très efficace. La coopération des éle
veurs et des exportateurs est indispensable
et, pour que les éleveurs alimentent suffi
sance les abattoirs d'exportation, il faut qu'ils
sachent dès présent, que les véritables
porcs bacon seront payés plus chers
que les autres.
En dehors de cette activité technique et
économique qui nécessite une attention sou
tenue, la commission susdite s'est appliquée
avec succès la solution de deux autres
questions Elle a obtenu du Gouvernement
l'abaissement du droit d'abatage des porcs,
de 30 10 frs. Cet abaissement est for
faitaire il s'applique même aux porcs qui,
après l'abatage, sont déclarés impropres
l'exportation et livrés la consommation
intérieure.
Elle a insisté aussi auprès du Gouverne
ment pour obtenir le relèvement 50 tonnes,
au lieu de 2 Otel qu'il est actuellement fixé-
par l'Angleterre, du poids autorisé pour
l'exportation des porcs. Ce poids de 20 ton
nes est manifestement trop réduit, d'autant
plus qu'en 1933 nous avons importe d An
gleterre 7.000.000 de kilos de viande de
cheval.
J'ai la conviction qu'un travail métho
dique et une coopération éclairée peuvent
créer ici un vaste champ d action, aussi bien
pour le marché intérieur qui absorbe une
grande quantité de bacon étranger que
pour le marché anglais où un pays, plus
petit que le nôtre, exporte annuellement
pour les millions.
L'HORTICULTURE. Sans citer de
chiffres nous pouvons dire que notre pro
vince occupe dans ce domaine une place
considérable.
La culture maraîchère a augmenté dans
des proportions considérables dans la
gion de Roulers, d'Ypres, de Dixmude,
d'Ostende spécialement la suite de l'érec
tion de fabriques de conserves qui fournis
sent du travail 10.000 familles. Cette cul
ture devient aussi de plus en plus impor
tante aux environs de Bruges.
Mentionnons la production des légumes
et des plantes dans les innombrables serrer
aux alentours de Bruges, d'Oudenbourg, de
Courtrai, de Roulers, de Dixmude, d'Os
tende et tout le long de la côte.
Rappelons encore la culture des plantes-
ornementales les palmiers, les lauriers, les
bégonias, les aspedistras, les orchidées et
tant d'autres. En visitant les Floralies Gan
toises nous avons pu constater avec fierté
qu'une place d'honneur était réservée aux
producteurs Brugeois dont les firmes sont,
rangées parmi les premières de l'Europe.
Nos éminents horticulteurs ont atteint en:
ce domaine un maximum de valeur.
Par suite des restrictions l'importation
établies par plusieurs pays, par suite de
l'interdiction décrétée aux Etats-Unis en
1919 par le Quarantine Act par suite
du contrôle des devises en Allemagne, les
difficultés se sont accumulées. Quoique la
demande de plantes et de fleurs soit encore
considérable, l'exportation est paralysée.
L'interdiction des Etats-Unis pèse lour- -
dement sur notre horticulture. Elle est ba
sée sur un danger de maladie, bien que
l'offre ait été faite par nos producteurs de
garantir 100 les envois de plantes,
avec l'appui des certificats délivrés par
nos techniciens.
Nos correspondances réitérées et encore
toutes récentes, avec l'Ambassade des Etats-
Unis, ont attiré l'attention sur le fait que
cse mesures restrictives frappent cruellement
des milliers de ménages modestes.
LE LIN. Je n'ai pas l'intention d'ana
lyser dans ce discours un problème aussi
complexe. Cette analyse trouverait mieux
sa place dans une étude sur nos industries.
En effet, la préparation des fibres du lia
commence après la culture. Elle se subdivise
en des opérations nombreuses l'égrenage,.
le rouissage, le teillage, le blanchiment, la.
filature, le tissage.
Mais dans tout cet ensemble le point de
vue agricole a son importance et sa part.
Toutes les matières premières sont pro
duites sur place, toutes les opérations du
rouissage, du teillage, du tissage s'effec
tuent sur notre sol. Il est donc juste d en
visager un mouvement linier dont le but
ne pourra être atteint qu'après bien des an
nées et bien des sacrifices.
Nous avons tous le devoir de préserver
de la ruine cette industrie célèbre du pays-
de la Lys, nous devons nous efforcer de
la ramener au faîte de la prospérité.
Il y va de la subsistance de 100.000 tra
vailleurs habiles et méritants. Il y va de
l'existence de 75 communes de la Flandre
Occidentale et de 43 communes de la Flan
dre Orientale, peuplées de 750.000 habi
tants, tous intéressés directement ou indirec
tement, l'industrie Iinière. L'indifférence
serait donc impardonnable.