La Foire Commerciale.
LE SUD
"l
risait l'infernale invention qui surprit
chefs et soldats, le 22 avril 1915,
Steenstraete.
La Convention de La Haye, du 29
juillet 1899, défendant l'emploi de
projectiles ayant pour but de répandre
des gaz asphyxiants ou délétères, ve
nait, elle aussi, d'être violée par l'en
nemi.
Les troupes alliées étaient séparées
des Allemands dans cette partie du
front par le canal joignant Ypres l'Y-
ser canalisé, l'ancien fort de Knocke.
Les Anglais occupaient la tête de
pont d'Ypres.
Les Français tenaient Brielen, Boe-
singhe, Het Sasa, Steenstraete puis
venaient nos troupes, grenadiers, et
carabiniers.
Le secteur belge commençait au
boyau franco-belge, près du moulin
de Lizerne.
Les petites localités en ruines Zuyd-
schoote, Pypegaele, Reninghe, Oost-
Vleteren, servaient de cantonnement
pour les troupes de piquet ou au repos.
Seule la digue du canal séparait Bel
ges et Allemands.
L'après-midi du 22 avril avait été
calme. Il en était souvent ainsi, les
Allemands profitant plutôt de la clarté
matinale pour bombarder nos tran
chées bien éclairées ce moment par le
soleil attendant ensuite notre riposte
qui, malheureusement étant donné le
manque de matériel et de munitions,
était plutôt rare.
Tout coup, vers 17 heures, une
fumée épaisse sortit des tranchées al
lemandes divers endroits, formant des
nuages opaques d'un vert brunâtre qui,
poussés vers l'ouest, roulèrent ras
de terre vers nos lignes.
L'effet fut terrifiant. Les hommes
suffoqués, tombèrent sur le sol comme
un essaim d'abeilles enfumées. D'hu-
tres s'enfuirent affolés.
Et derrière le brouillard mortel les
Allemands s'avançaient en rangs ser
rés.
Par la grand'route de Steenstraete
Lizerne, ne rencontrant aucune dé
fense, ils allèrent jusqu'aux approches
3e Zuidschoote.
Plus au sud, l'écluse de Het Sas,
ils franchissaient le canal et s'empa
raient rapidement des premières tran
chées remplies de cadavres.
Une brèche formidable était faite.
L'heure était grave.
Sur un front de près de 6 kilomètres,
la percée était accomplie.
Mais de toutes parts surgissent des
renforts.
Au front belge, un bataillon de ca
rabiniers vient se souder l'aile droite
des grenadiers, perpendiculairement au
canal, et face Lizerne.
L'aile gauche anglaise s'arc-boute,
elle aussi et, l'obscurité aidant, l'effort
allemand est momentanément arrêté.
Sur la ligne Pypegaele, Zuidschoote,
l'est d'Elverdinghe, Brielen, dans la
nuit du 23 au 24, le combat fut atroce.
Shrapnells et obus détruisent les ou
vrages peine ébauchés, déchirent les
corps.
A notre droite, les Français ne peu
vent malgré des prodiges d'héroïsme,
se maintenir Lizerne.
La brèch s'élargit encore et le flot
gris monte toujours.
C'est alors que le major Richard et
le commandant du bataillon de zoua
ves français, rassemblant ce qui reste
de valides, se ruent la contre-attaque.
L'audace folle des nôtres endigue les
vagues allemandes.
Au cours des journées des 25 et 26,
les bataillons allemands tentent, mais
en vain, de franchir nos lignes.
Nos mitailleuses et notre artillerie
les fauchent impitoyablement.
Mais le danger reste grand il faut,
coûte que coûte, rejeter l'ennemi de
l'autre côté du canal.
Le 26 avril, venus de Nieuport en
tram vicinal, les zouaves admirables,
s'élancent l'assaut et 1© 27, en dépit
d'une résistance acharnée, Lizerne et
Het Sas sont repris.
Grenadiers et carabiniers rivalisent
de bravoure. Et les lignards des 3e et
23e, renouvelant leurs exploits d'oc
tobre 1914, viennent gaillardement re
lever leurs frères d'armes et achèvent
le succès.
Et, lie commandant Willy Breton,
conclut dans son ouvrage sur les com
bats de Steenstraete
En vérité, on peut affirmer qu'il
n'eût pas été possible l'armée belge,
peine sortie du marasme où la laissa
l'épique bataille de l'Yser, ne disposant
que d'une division en fait en réserve
derrière un front mesurant près de 30
kilomètres, de faire plus et mieux qu'el
le ne fit en ces circonstances difficiles.
On se rendra suffisamment compte,
d'ailleurs, de ce que nos troupes eurent
supporter quand on saura que l'infan
terie seule, grenadiers, carabiniers,
3e et 4e de ligne a perdu au cours
de ces combats acharnés plus de 30
officiers et 1.500 hommes tués, bles
sés ou disparus.
Toutes les unités engagées, sans
distinction d'armes, se distinguèrent
brillamment. Et peu d'éloges furent
plus mérités que ceux que le général
De Ceuninck adressait ses vaillantes
troupes, dans les termes suivants, par
un ordre divisionnaire daté du 14 mai
1915
Je suis fier de la belle ténacité
montrée par les troupes durant ce
combat meurtrier je les en félicite
chaleureusement, et je cite l'ordre
du jour de la division le régiment
des grenadiers, le 3e régiment de li-
gne, les 3e et 4e bataillons du 2e ca-
rabiniers, le 4e bataillon du 4e régi-
ment de ligne, le personnel des 1 04e,
105e, 106e, 107e, 6e, 8e, 9e, 71e,
72e et 82e batteries montées, des
4e et 6e batteries cheval, du 1 er
groupe d'obusiers lourds, de la 25e
batterie pied française
Le Gouvernement et le commande
ment français de leur côté, ne voulu
rent pas tarder reconnaître et mettre
en relief toute la valeur de l'aide pré
cieuse fournie par les nôtres en ces
journées critiques. A la suite des évé
nements de Steenstraete, en effet, M.
le Président Poincaré et le général
Joffre remirent en personne au géné
ral De Ceuninck, ainsi qu'à de nom
breux officiers et soldats désignés par
mi ceux qui contribuèrent si vaillam
ment l'échec des projets allemands,
les distinctions les plus flatteuses, après
avoir exprimé notre armée leur satis
faction et leur gratitude.
Le Roi, enfin, décerna tous ceux
dont le courage et le dévouement s'é
taient particulièrement affirmés les lé
gitimes récompenses si noblement mé
ritées. Mais il voulut aussi faire davan
tage et perpétuer dans l'armée le sou
venir de ces journées sanglantes, évo-
catrices de devoir glorieusement rem
pli et de lourds sacrifices stoïquement
acceptés.
Deux régiments, les grenadiers et le
3e de ligne, avaient tout spécialement
souffert. Placés tour de rôle et tout
entiers en première ligne, ils rivalisè
rent de bravoure et d abnégation pour
conserver intacte, sans jamais fléchir,
la totalité de leurs positions, malgré les
plus dures épreuves.
En leur accordant 1 honneur insigne
de broder sur leur drapeau ce mot
Steenstraete le Roi n'a pas seule
ment rendu un magnifique hommage
leur conduite héroïque. Il a voulu
encore inscrire en lettres d'or dans nos
fastes militaires un nom qui, côté de
tant d^autres désormais immortels, rap
pelle jamais au pays ce que ses sol
dats intrépides ont accompli et enduré
pour sa grandeur et sa liberté.
La Deuxième Bataille d'Ypres avait
sauvé une nouvelle fois l'Indépendance
de la Belgique.
C'est devant une assistance nombreuse
composée de toutes les personnalités yproi-
ses et des exposants que la 12e Foire Com
merciale a été ouverte par M. le Gouver
neur Baels. M. Vermeulen adressa la bien
venue Son Excellence, et vous trouverez
en page 6 le texte de cette allocution.
M. le Gouverneur répond en termes char
mants, comme il en a le secret. Il souligne
tout l'intérêt du marché intérieur et de
la propagande commerciale. M. le Gouver
neur, propos du canal Ypres-Comines,
dit qu'il est inscrit dans la politique des
grands travaux. La province de Westflandre
est intéressée toute entière ce travail, et
les Ponts et Chaussées ne peuvent se dé
clarer incapables devant cette œuvre.
En parcourant l'exposition nous remar
quons d'abord le stand de M. Boutens
(meubles et jardins) et le stand de M. De-
wilde qui renouvelle Ypres l'art du tra
vail artisanal du fer. L'an dernier le Photo-
Club offrait Sa Majesté le Roi une photo
prise Steenstraete, et dont le cadre était
BILLET DE BRUXELLES
o
Un aérodrome Ypres? Mais pourquoi
pas. D'autant plus que les communications
par le rail ne sont pas merveilleuses, sur
tout avec la capitale Alors, pensez donc,
20 minutes de Bruxelles Y près Quel
trafic d'étrangers cela amènerait devant le
Beffroi d'Y près. Car on réfléchit 2 fois
avant de prendre le train, ou le car des
excursionnistes qui font la tournée des
champs de bataille En avion ce serait ex
quis, on embrasserait d'un coup d'œil le
champs des opérations, les nécropoles nom
breuses, on descendrait prendre le thé
Ypres et repartirait dîner Bruxelles. Mê
me ma femme pourra y venir faire son
marché
ONCLE BEP.
YPRES
o
Une délégation de la British Légion
SURREY Council, forte de 400 mem
bres, sous la conduite du Lieutenant
Général Sir William Pulteney, Mem
bre de la Chambre des Lords et Pré
sident de la Ypres League se ren
dra dimanche prochain Ypres pour
remettre au Last Post Committee de
la ville d'Ypres le montan. de la con
tribution souscrite par les membres de
la SURREY Branch de la British Lé
gion en faveur de cette association.
Cette délégation sera accompagnée
par le «Guildford British Légion Band»
et les Dagenham Girl Pipers
Après réception des notabilités
l'Hôtel de ville une cérémonie religieu
se aura lieu au Mémorial Anglais de
la porte de Menin.
S. M. le Roi des Belges sera re
présenté cette cérémonie par le Ba
ron Jacques de Dixmude, Officier d'or
donnance de Sa Majesté. Son Excel
lence l'Ambassadeur Britannique et
l'Attaché Militaire Monsieur le Major
Paris rehausseront cette fête de leur
présence.
Pour les détails voir dans la Chro
nique d'Ypres.
MADAME VANDENDRIESSCHE,
DENTISTE, 49, rue de Dixmude,
Ypres. Consultations tous les jours.
Spécialité de dentiers perfectionnés et
garantis.
FAITES VOS ANNONCES DANS
exécuté par M. Dewilde. Cette année il
offre dans son stand plusieurs œuvres remar-t
quables, et nous le remercions d'avoir bien
voulu collaborer au stand des Amis d'Y-
pres en exécutant L cadre du portrait de
notre Président d'Honneur M. Baels.
Le Point Bleu a repris son emplacement
de l'an dernier avec un stand aussi réussi.
Après avoir parcouru l'exposition impor
tante de la Maison Masquelier, nous je
tons un coup d'œil de gourmet... sur le
stand de M. Vanden Bossche, vins de
France et vins luxembourgeois.
Nous passons devant les œuvres en fer
forgé de la maison Boutens, pour visiter
ensuite le Kunstkring
Ce sont les artistes de l'an dernier qui
nous avons déjà adressé des éloges mérités,,
et près desquels nous trouvons un nom nou
veau et énigmatique Flosculus
Qu'importe le nom, les œuvres sont remar
quables. Et nous espérons bien le jour où'
l'anonymat sera percé, pouvoir donner ur»
interview important dans Le Sud.» de cet
artiste trop modeste. Cet artiste... ou
cette artiste, car ces œuvres nous font croire
une artiste.
Le téléphone pour les grands et Mecano
pour les petits nous offrent des stands très-
intéressants. Plus loin l'Ecole Moyenne nous
présente les œuvres de ses élèves. Et la-
Brasserie Centrale joignant l'utile l'agréa
ble nous offre sa bière déguster. La mai
son Mottan présente ses installations de
camping..
Passons au Photo-Club. Il nous serait
difficile de donner un compte rendu de-
cette exposition qui attire chaque année
l'attention de tous. Nous pouvons en tout
cas affirmer que nos photographes sont en
progrès. Nous donnerons la semaine pro
chaine un compte rendu détaillé de cette
partie de l'Exposition.
.Et nous laissons aux Confrères le soin
de donner un compte rendu sur le stand
des Amis d'Ypres...
Nous passons ensuite devant le standf
S. B. R. et nous nous arrêtons devant les
tableaux exposés par Mme Van Volxem.
M. Tavernièr expose les produits De
Keyn dans une salle- du rez de chaussée,
ainsi que ses verres vitres. De là nous-
voyons le stand très complet des machines
coudre Anker, et lés vitraux d'art de 1*>
Firme Rossey. Au passage de M. le Gouver
neur l'école dentellière exécute son chant.
Dans la salle voisine nous entendons les-
appareils de radio de l'A. E. G. et divers
produits du meuble et de la céramique.
M. Toussaert nous allèche par tous les
beaux noms des vins de France, la Firme
Quaghebeur nous montre sa collection d'in
struments de musique, et la Maison De
Rynck nous présente Palmolive et les pro
duits de bonneteerie De Schaar
De Quick expose ses cheminées en mar
bre et marbranite, et MM. Viaene leurs
produits en agglomérés de marbre.
Nous voyons ensuite les machines cou-
POUR LES AUTOMOBILISTES
VOYAGEANT EN FRANCE
Il leur suffira désormais
de présenter leurs pièces de police
Paris, 15 avril.
En vue de favoriser le développement
du tourisme automobile international, lé
ministre français de l'Intérieur vient de
modifier la réglementation des voitures de
tourisme et des motocyclettes pour faciliter
leur circulation en France lorsqu'elles sont
immatriculées dans un certain nombre de
pays, dont la Belgique.
A titre d'essai, ces véhicules peuvent cir
culer en France sur la simple présentation
des pièces de police du pays d'origine, dont
ils doivent être munis et qui correspondent
aux cartes roses et grises françaises.
Cette mesure est mise en vigueur par
tir du 15 avril mais pour qu'elle produits
ses effets, la mention des pièces de police
nationale présentées devra avoir été apposée
la frontière par le service des douanes,
sur le titre d'importation temporaire du
véhicule.