CHRONIQUE AGRICOLE CHRONIQUE HORTICOLE
Marchés
15
LE SUD, dimanche 26 mai 1935.'
LA PRODUCTION
DE CHOUX FOURRAGERS
ACCLIMATES
DANS NOS REGIONS
Par choux fourragers, nous entendons ici
non les choux-navets ou rutabagas, mais
Lien les choux dont le produit essentiel est
le feuillage proprement dit. On les désigne
d'ailleurs communément sous le nom de
choux feuillus.
Ces plantes sont peu cultivées en Belgi
que et c'est un tort car il s'agit, comme
nous le verrons plus loin, d'une spéculation
vraiment intéressante tous points de vue.
Dans certaines régions belges, dans le
Tournaisis en particulier, la production des
choux fourragers rustiques en culture dé
robée se fait couramment en vue d'obte
nir un fourrage bien appété par les ani
maux pendant la mauvaise saison alors que
les herbages ne peuvent plus être exploités.
Avantages de cette production.
Le chou fourrager peut venir en culture
•dérobée après une culture enlevée assez tôt
Lien entendu mélange fourrager, trèfle
incarnat, lin escourgeon, etc.
Dans ces conditions, le prix de revient
est très économique. Il faut noter que le
chou fourrager, d'abord produit en pépi
nière pour être repiqué ensuite, tout com
me les choux potagers, est traité comme
■culture sarclée et fait l'objet de binages as
sez nombreux.
En année En année propice, c'est-à-dire
assez fraîche, le rendement des variétés pro
lifiques atteint de quarante quatre-vingt
tonnes par hectare les produits sont ré
coltés au fur et mesure des besoins et dis
tribués tels quels aux animaux. Même l'an
dernier, bien que l'été ait été sec, les ré
sultats furent très bons en maints cas, con
trairement certaines affirmations.
Les caractères essentiels de
quelques variétés.
Les variétés de choux potagers et fourra
gers sont très nombreuses. Nous ne consi
dérerons ici que quelques variétés fourra
gères susceptibles de rendre des services
dans nos contrées. Tout d'abord, remar
quons qu'il existe des variétés dont la ré
sistance au froid est faible elles convien
nent seulement, pour la production d'été et
jusqu'en octobre par exemple. Dans ce cas
les pépinières sont établir en avril-mai.
Ensuite il existe des sortes beaucoup plus
mstiques «supportant parfaitement l'hiver
nage. Ici les repiquages se font en général
plus tard et la récolte s'opère dès l'hiver.
La pépinière est établie partir de mai
jusqu'au début de juillet selon l'époque
choisie pour le repiquage, qui varie avec
le précédent.
Variétés d'été et d'automne.
Celles-ci sont très peu connues en Belgi
que. Par contre, dans les départements
climat maritime et doux, elles occupent
une situation vraiment privilégiée. On es
time que le chou fourrager occupe dans
cette partie de la France entre 225 et
250.0000 hectares. A titre d'exemple, si
gnalons que la Vendée elle seule en
cultive environ 45.000 hectares.
Parmi les variétés groupées dans cette
catégorie des choux d'été et d'automne,
notons
1°) Le chou fourrager de la Sarthe aux
feuilles très amples quoique de taille ré
duite celle-ci atteint au maximum quatre-
vingt centimètres.
2°) Le chou branchu du Poitou dont la
taille atteint 1 m. 1 m. 50. Ses ramifica
tions sont nombreuses et il nous paraît
plus productif que le précédent. C'est d'ail
leurs le plus cultivé en France.
3°) Le chou mille-têtes ou Polo, sous-va
riété du précédent, est plus petit mais la
tige, raccourcie somme toute, porte des ra
mifications multipliées, d'où son nom de
mille-têtes. Toutes ces variétés sont feuil
les lisses, c'est-à-dire non frisées et de co
loration verte.
4°) Le chou moëllier doit son nom sa
tige renflée qui renferme, quand elle est
jeune, une moelle succulente. Plus tard les
tissus durcissent et sont beaucoup moins
appétés. On distingue un type vert et un
type rouge. Cette variété est fort sensible
au froid c'est d'ailleurs la moins résis
tante de toutes.
A ce sujet, il est sans doute utile de men
tionner ici les chiffres rapportés par MM.
Leizour et Nivet concernant le degré de
résistance des choux feuilles lisses pen
dant l'hiver 1879-1880. Ils indiquent le
nombre de pieds gelés pour cent Caulet
des Flandres 1,2 Cavalier 2,7 Branchu
de Poitou, 23,5 et 27,4 Moëllier rouge,
34,5 Moëllier blanc 39,2.
Dans nos régions, les choux appartenant
au groupe que nous venons de caractériser
résisteraient beaucoup moins bien.
(Suite la semaine prochaine).
Louis DELMEE.
JARDINAGE
M. Brown. On me dit que c'est
toi qui a le rateau de Smith.
M. White. En effet.
M. Brown. Prête-le moi et je te
prêterai sa tondeuse en échange.
LES SOINS ANNUELS
A DONNER A LA VIGNE
(Suite)
Les seringages
Dans les serres froides, dès que le mo
ment approche où la vigne se met en vé
gétation, il est utile, mais non indispensable
d'avoir recours aux seringages l'eau tiède.
Ces seringages se font une fois par jour de
préférence pendant la matinée et même
deux ou trois fois, les jours de soleil. Ils
seront suspendus pendant la floraison, et
aussi lorsque plusieurs jours pluvieux se
suivront.
On aura soin de cesser complètement les
seringages avant que les raisins commen
cent se colorer.
L'effeuillage
Cette opération qui consiste enlever une
partie des feuilles de la vigne, pour aider
la coloration du fruit en lui procurant de
la lumière lors de la maturation du raisin,
n'est, selon plusieurs auteurs, pas con
seiller. En effet, je n'ai jamais observé,
nous dit Mr Theyskens, que les raisins ex
posés en plein soleil, mûrissaient mieux
que ceux ombragés par le feuillage, et j'ai
même remarqué que le contraire a fré
quemment lieu. Aussi, je pense que l'opé
ration est souvent nuisible en ce qu'elle
enlève la vigne la vigueur nécessaire pour
opérer la coloration du fruit. L'épampre-
ment ou effeuillage peut être utile dans
quelques cas exceptionnels pour ralentir, par
exemple, en automne, la croissance exagérée
de la vigne et concourir l'aoûtement du
bois.
La ventilation
En hiver, il est utile de ventiler, c'est-à-
dire, d'ouvrir les fenêtres, d'aérer, presque
journellement, moins qu'il ne gèle plus
de 10 degrés. Dès le commencement de
Mars, on les ferme et il n'est nécessaire
d'aérer que lorsque les bourgeons se déve
loppent et que la température dépasse 29
degrés. Dans le cas où plusieurs jours plu
vieux se suivraient, il serait cependant utile
de donner de l'air par un temps calme, bien
que la température ne le réclamât pas, afin
d'éviter l'accumulation de l'humidité. Durant
la floraison, il faudra aérer le plus souvent
possible, sans cependant produire un trop
grand refroidissement.
En été, et par un soleil brûlant, on ouvre
largement les portes et fenêtres ou ventila
teurs. La vigne supporte cependant très bien
une température de 40 degrés et même
45 degrés produite par les rayons solaires.
En général, les serres ne s'ouvrent jamais
le matin avant que le soleil ne donne bien
sur le vitrage elles se ferment le soir tou
jours avant que le soleil les quitte. En tout
temps, on évitera de laisser pénétrer dans
les serres, des courants d'air froids.
(A suivre)
Ja. V.
YPRES, Marchés du samedi 18 mai 1935.
Froment, 78-82,Seigle, 76-78,
Avoine, 82-86,Orge de brasserie, 88-
92,Orge fourragère, 78-82,pois,
100,fèverolles, 84-88,pommes de
terre, 28-38,beurre, 14,50-15,50 œufs,
0,30-0,32 Porcelets, 150-170,— par tête,
5 le kgr. Paille de Froment, 12-16,
Paille de Seigle, 15-17,— Paille d'avoi
ne, 10-13,Paille d'orge, 10-11,
Foin de prairie, 23-26,Foin de trèfle,
30-33,Foin de lucerne, 34-38,lin
brut, 90-100,trèfle ordinaire, 16-18,
trèfle blanc, 17-19,trèfle bâtard,
15-16,trèfle rouge, 8-10,trèfle
blanc, 10,betteraves, 82-88 les 1000
Kgr.
COUTRAI, Marchés du 20 mai.
Pommes de terre jaunes, 45 55 beurre,
15,50 le kilo œufs, 0,30 0,35 pièce
Volailles, gibier, etc. Lapins, 5 fr. le
kilo poulets, 7 10 fr. le kilo poules,
8 14 fr. pièce pigeons, 2 fr. canards,
9 fr. oies, 20 fr. Légumes et fruits.
Carottes, 1,25 le kilo tomates, 12 fr.
choux-fleurs, 1,25 pièce céleris, 1,30 la
botte poireaux, 2,50 pommes, 6 fr. ce
rises, 16 fr. raisins, 20 fr.
POPERINGHE, 17 mai. Beurre, 14-
16,Œufs, 0,29 Pommes de terre, 30-
35,Froment, 80,Seigle, 80,
Avoine 82,
DIXMUDE, 20 mai. Beurre, 14-
15,Œufs, 0,29-0,30 Pommes de terre,
30,Froment, 80,Seigle, 78,
Avoine, 80-82
ROULERS, 21 mai. Beurre, 14-
15,50 Œufs, 0,28-0,29 Pommes de terre,
60-65,Froment, 77-82,Seigle, 74-
Avoine, 91-92,
DEINZE, 22 mai. Beurre, 13-14,50
Œufs, 0,30 Pommes de terre, 35,
FURNES, 22 mai. Beurre, 14-15,
Œufs, 0,32-0,36 Pommes de terre 32-
38,Froment, 76-78,Seigle, 78-
80,Avoine, 82-84,
WERVICQ, 24 mai.
Œufs, 0,30-0,32.
Beurre, 14-15,J
No 71.
par
HONORE DE BALZAC
Je te ramasserai des pièces d'or, des
hollandaises, des portugaises, des rou
pies du Mogol, des génovines et, avec
celles que je te donnerai tes fêtes,
en trois ans tu auras rétabli la moitié
de ton joli petit trésor en or. Que dis-
tu, fifille Lève donc le nez. Allons,
va le chercher, le mignon. Tu devrais
me baiser sur les yeux pour te dire
ainsi des secrets et des mystères de vie
et de mort pour les écus. Vraiment, les
écus vivent et grouillent comme des
hommes ça va, ça vient, ça sue, ça
produit.
Eugénie se leva, mais, après avoir
fait quelques pas vers la porte, elle se
Tetourna brusquement, regarda son pè
re en face et lui dit
Je n'ai plus mon or.
Tu n'as plus ton or s'écria
Grandet en se dressant sur ses jarrets
comme un cheval qui entend tirer le
canon dix pas de lui.
Non, je ne l'ai plus.
Tu te trompes, Eugénie.
Non.
Par la serpette de mon père
Quand le tonnelier jurait ainsi, les
planchers tremblaient.
Bon saint bien Dieu voilà ma
dame qui pâlit, cria Nanon.
Grandet, ta colère me fera mou
rir, dit la pauvre femme.
Ta, ta, ta, ta I vous autres, vous
ne mourez jamais dans votre famille
Eugénie, qu'avez-vous fait de vos
pièces cria-t-il en fondant sur elle.
Monsieur, dit la fille aux ge
noux de madame Grandet, ma mère
souffre beaucoup. Voyez, ne la tuez
pas.
Grandet fut épouvanté de la pâleur
répandue sur le teint de sa femme, na
guère si jaune.
Nanon, venez m'aider me cou
cher, dit la mère d'une voix faible. Je
meurs.
Aussitôt Nanon donna le bras sa
maîtresse, autant en fit Eugénie, et ce
ne fut pas sans des peines infinies
qu'elles purent la monter chez elle, car
elle tombait en défaillance de marche
en marche. Grandet resta seul. Néan
moins, quelques moments après, il
monta sept ou huit marches, et cria
Eugénie, quand votre mère sera
couchée, vous descendrez.
Oui, mon père.
Elle ne tarda pas venir, après avoir
rassuré sa mère.
Ma fille, lui dit Grandet, vous
allez me dire où est votre trésor.
Mon père, je vous aime et vous
présents dont je ne sois pas entière
ment maîtresse, reprenez-les, répondit
froidement Eugénie en cherchant le
napoléon sur la cheminée et le lui pré
sentant.
Grandet saisit vivement le napoléon
et le coula dans son gousset.
Je crois bien que je ne te don
nerai plus rien Pas seulement ça dit-
il en faisant claquer l'ongle de son
pouce sous sa maîtresse dent. Vous
méprisez donc votre père, vous n'avez
donc pas confiance en lui, vous ne sa
vez donc pas ce que c'est qu'un père.
S'il n'est pas tout pour 'vous, il n'est
rien. Où est votre or
Mon père, je vous aime et vous
respecte, malgré votre colère mais je
vous ferai fort humblement observer
que j'ai vingt-deux ans. Vous m'avez
assez souvent dit que je suis majeure,
pour que je le sache. J'ai fait de mon
argent ce qu'il m'a plu d en faire, et
soyez sûr qu'il est bien placé...
Où
C'est un secret inviolable, dit-
elle. N'avez-vous pas vos secrets
Ne suis-je pas le chef de ma fa
mille Ne puis-je avoir mes affaires
C'est aussi mon affaire.
Cette afafire doit être mauvaise,
si vous ne pouvez pas la dire votre
père, mademoiselle Grandet.
Elle est excellente, et je ne puis
pas la dire mon père.
Au moins, quand avez-vous don
né votre or Eugénie fit un signe de
tête négatif. Vous l'aviez encore le
jour de votre fête, hein Eugénie, de
venue aussi rusée par amour que son
père l'était par avarice, réitéra le même
signe de tête. Mais l'on n'a jamais
vu pareil entêtement, ni vol pareil, dit
Grandet d'une voix qui alla crescendo»
et qui fit graduellement retentir la mai
son. Comment ici, dans ma propre
maison, chez moi, quelqu'un aura pris-
ton or 1 le seul or qu'il y avait I et je
ne saurai pas qui L'or est une chose
chère. A suivre).