Texte de l'accord franco*belge pour Steenstraat. les ouvriers frontaliers. Allégement des Charges fiscales LE SUD, dimanche 26 mai 1935». Dispositions particulières SOUVENIRS D'UN COMBATTANT samedi, hypothèse non confirmée par les journaux du dimanche matin, de vint une quasi-certitude le dimanche après-midi. Le franc français s'échan geait entre 120 et I 30 I II ne faut pas en conclure un traquenard de la part des Belges, mais une simple mesure de protection. D'ailleurs les chan geurs improvisés, hôteliers ou commer çants, demandaient les adresses de leurs clients français, et leur donnaient un reçu garantissant le remboursement de la différence au cours de lundi. Et lundi matin un abondant cour rier quittant Ypres vers le Nord, fai sant parvenir la différence entre 120 ou 130 francs, et le taux du change 191 ou 192 d'après la somme. L'orage était passé. 11 laissait comme trace une avalanche de billets fran çais Ypres au point qu'il fallut cher cher du numéraire pour permettre de continuer les opérations du change. Lundi soir tout était rentré dans l'ordre. Moralité de cette petite aventure. Le jeu de confiance des masses dans les déclarations des dirigeants. Il est vrai que plusieurs leçons justifient cette méfiance. Le fait n'en est pas moins typique, et méritait que nous nous y arrêtions, ne fût-ce que pour couper les ailes certains canards. Un de ceux-ci consisterait prétendre que les Belges ont voulu tirer quel que profit de cette panique. Au cas où des Français auraient été frustrés par nos compatriotes, nous leur demandons avec insistance de nous adresser leurs plaintes. Mais nous ne croyons pas que le cas se soit présenté. L'alerte a été chaude. Elle prouve que la confiance est bien faible, et que malgré toutes les déclarations gouver nementales, le pays sent parfaitement que l'hypothèse d'une dévaluation du franc français entre dans les possibi lités. La date est inconnue, mais déjà on prend ses précautions pour éviter le jour fatal un samedi C. v. R. Voici dans quel esprit M. Van Zeeland conçoit l'allégement des charges fiscales. Nous avions annoncé la semaine dernière que nous donnerions cet extrait de son dis cours prononcé au déjeuner de la Presse étrangère. La réalisation a commencé. Les premières mesures de dégrèvements fiscaux ont été prises elles s'inspirent toutes essentielle ment du désir de favoriser la reprise des affaires. La réduction de l'impôt foncier facilite la position de la première des industries de notre pays l'agriculture. En même temps, elle rend moins diffi cile la position d'une série de commerçants, d'artisans et petits industriels appartenant aux classes moyennes. Des aménagements de caractère administratif, mais fort importants, ont réduit, pour les usines qui ne travail lent pas plein rendement, le poids des impôts fonciers. La réduction de 50 p. c. de la taxe qui grève les livraisons d'électricité, favorise toute une série de producteurs, la plupart petits ou moyens, qui se srevent du cou rant pour actionner leurs machines. Je pourrais ainsi, en continuant l'énumé- ration des dégrèvements, montrer chaque fois, comment et dans quelle mesure ils favorisent le développement de telle ou telle branche de l'activité. Ces dégrèvements continueront nous rassemblons, en ce moment, les suggestions qui nous parviennent de nombreux côtés et qui attirent notre attention sur des ano malies particulièrement nocives de notre système fiscal. Bien entendu, aussi longtemps que les re cettes n'auront pas fortement augmenté, nous ne pourrons plus envisager de dégrè vements nouveaux pour des sommes impor tantes, parce que nous ne perdons jamais Voici le texte de l'accord intervenu entre la Belgique et la France relativement aux travailleurs frontaliers 1. Par travailleurs frontaliers, il y a lieu d'entendre les ressortissants belges et fran çais qui, tout en conservant leur résidence effective dans la zone frontalière d'un des deux pays où ils retournent en principe chaque jour, vont travailler dans un établis sement industriel, commercial ou agricole, situé dans la zone frontalière de l'autre pays 2. Les frontaliers de chacun des deux pays contractants seront autorisés passer la frontière pour travailler dans la zone frontalière de l'autre pays s'ils sont en possession de la carte frontalière dont le modèle et les conditions de délivrance et de validité sont déterminées dans l'annexe A. 3. Les cartes de travailleurs frontaliers délivrées en vertu du présent accord sont valables, en principe, deux ans. Elles sont délivrées et visées gratuitement. Exceptionnellement, des cartes de travail leurs frontaliers peuvent être délivrées pour une durée inférieure deux ans, notam ment lorsqu'il s'agit de monteurs ou d'autres ouvriers venant travailler dans la zone fron talière d'un des deux pays pour un temps limité tout en continuant résider dans l'autre pays, même en dehors de la zone frontalière de celui-ci 4. Les zones frontalières l'intérieur des quelles le présent accord est applicable sont déterminées dans les accords B et C. Elles pourront être modifiées d'un com mun accord par simple échange de notes diplomatiques si les circonstances justifiaient pareille modification BILLET DE BRUXELLES La visite de la Reine de Hollande nos Souverains a passé, bêlas assez inaperçue du gros public. C'était voulu, sa visite n'étant pas officielle., Son deuil en fut peut-êtie l'obstacle. Mais j'aurais voulu acclamer cefte Reine trop inconnue par ses voisins. Elle fut infiniment bonne pour les réfugiés Bel ges de la grande guerre. On l'a trop vite oublié et trop méconnu, et je crois bien que ceux qui ont mangé le pain hollan dais, loin de la grande tourmente, auraient voulu lui manifester ne fût-ce que quelques secondes, leur reconnaissance en l'acclamant son passage Cette Reine est une grande Reine et son peuple l'adore. Elle a su pendant 38 ans garder le calme et la paix dans son pays elle est bonne et compatissante toutes les misères. Sa fille la Princesse Juliana a certes hérité des grandes qualités morales de sa mère. Nous eûmes l'agréable coup d'oeil de la voir aux côtés de nos Souverains au grand concours hippique du Cinquantenaire L'accueil du public fut très cordial, la Co lonie Hollandaise très nombreuse put s'en donner cœur joie, et nous nous sommes joints elle pour l'acclamer côté du Roi et de la Reine, formant le vœu que ce rap prochement momentané des deux dynasties dev ienne un rapprochement durable. ONCLE BEP. un instant de vue la nécessité d'arriver un équilibre rigoureux du budget. Mais nous savons que certains dégrèvements, certaines simplifications portés au bon endroit, peu vent avoir un effet économique favorable, hors de toute proportion avec l'effort qu'ils imposent la Trésorerie. En outre, nous avons de sérieuses raisons de croire que les réductions de taux aux quelles nous procédons, n'entraîneront pas des réductions exactement correspondantes dans les recettes. Partout où le taux de l'im pôt dépasse le px>int d'équilibre, il se mu tile lui-même et le retour un niveau plus raisonnable peut, dans certains cas, per mettre des rentrées peu près aussi favo rables, tout en rendant la charge de l'im pôt plus facile supporter dans son en semble. 5. En cas de délit commis par le por teur d'une carte de travailleur frontalier, les administrations compétentes de l'un ou de l'autre pays pourront lui retirer ladite carte. Les canes retirées par l'administration compétente du pays dans lequel le porteur était autorisé travailler sont renvoyées l'administration compétente de l'autre pays, avec indication du motif du retrait. 6. Le présent accord sera ratifié. Les ra tifications seront échangées Bruxelles aus sitôt que possible. Il entrera en vigueur dès sa publication dans le Journal officiel de chacun des deux pays contractants. Il restera en vigueur jusqu'au 31 décem bre 1936. Il sera renouvelé en suite taci tement d'année en année, sauf dénonciation. La dénonciation devra être notifiée trois mois avant l'expiration de chaque terme. Les accords du 4 juillet 1928, du 31 mars 1931 et du 8 mars 1934, cesseront de pro duire leurs effets la date de l'entrée en vigueur du présent accord. L'annexe jointe l'accord fixe les con ditions auxquelles la carte sera délivrée aux ouvriers intéressés, notamment sur le vu d'un certificat de travail. Une seconde an nexe détermine avec précision les arrondis sements et communes faisant partie de la région frontalière française et belge. La note suivante de M. Laval détermine les règles générales concernant le renouvel lement des cartes frontalières valables dans la zone frontière française Il y a lieu de distinguer trois catégories de frontaliers a) Frontaliers travaillant en France, com me tels depuis l'année 1925. Le renouvellement de la carte s'effectuera d'une façon automatique. b) Frontaliers travaillant en France com me tels postérieurement 1925, mais anté rieurement au 1er juillet 1929. Le renouvellement de la carte s'effec tuera d'une façon automatique, sauf pour ceux qui seront en chômage depuis plus de six mois l'époque où doit avoir lieu ce renouvellement. S'ils sont en chômage depuis moins de six mois, ils ne pourront obtenir le renouvellement de leur carte que s'ils justifient avoir retrouvé du travail avant que les six mois soient écoulés. Tous ceux de cette catégorie, dont le chô mage excéderait six mois, seront traités comme ceux de la catégorie c). c) Frontaliers ne travaillant en France comme tels que depuis le 1er juillet 1929. Le renouvellement de la carte sera Sub ordonné l'état du marché du travail dans la région et la profession. La durée de la carte renouvelée pourra être inférieure deux années. 1. Les frontaliers qui, travaillant en France comme tels, avant le lr juillet 1929, n'ont pu obtenir leur carte qu'après cette date, du fait qu'ils effectuaient leur ser vice militaire en Belgique, continueront être rangés dans la catégorie a) ou dans la catégorie b) suivant qu'ils avaient la qualité de frontaliers avant ou après 1925. 2. Il en sera de même des frontaliers qui n'ont pu obtenir leur carte qu'après le 1er juillet 1929, du fait qu'à cette date ils n'avaient pas atteint leur quinzième année. 3. Il en sera de même des frontaliers qui, sans cesser de travailler en France, n'ont obtenu leur carte frontalière qu'après le 1er juillet 1929, du fait qu'avant cette date ils résidaient en France et n'ont transporté que postérieurement leur domicile dans la zone frontalière belge. 4. Les frontaliers qui, au moment du prochain renouvellement, ne pourront faire renouveler leur carte parce qu'ils effectue ront lèur service militaire en Belgique, se ront admis demander ce renouvellement dans le mois de leur libération et continue ront être rangés dans la catégorie la- L'histoire officielle se lit comme de* problèmes de mathématiques. Mille morts» deux mille, cinq mille, ce sont des chiffres» mais en nous demeure le souvenir de quel ques morts dont la grimace ou le sourire ironique nous suivent et ne*nous abandon nent plus. Et quand nous prenons notre- tête dans les mains et que nous fermons, les yeux, aux seuls noms de Lizeme, d» moulin, de la tranchée en potence, nous- revoyons se mouvoir étrangement cette his toire, dans une lumière de rêve, dans un paysage aux limites imprécises. Voici no*, anciens uniformes aux écussons rouges, les zouaves jaunâtres, ceux du deux cent dix- huitième d'un bleu terne. C'est notre his toire. La nôtre. Nous les voyons passer ea files de sept ou huit au clair de lune, avec des reflets étranges dans leurs baïonnettes inutiles. Nous les retrouvons ensuite affa lés au pied des arbres éclatés en écharde» blanches. Leurs faces grises, dures, volon taires nous réapparaissent. Dans ce monde- ressurgi de l'ombre les motrs reprennent leur place. Pour nous qui avons vécu des jours et des jours dans cet enfer de Steenstraat, il y a dans ces simples lettres assemblées pour constituer ce mot, une magie singulièrement évocatrice. Elle fait apparaître en nous une vision poignante, une matière de jours eo- fuis, si fluide, si fuyante qu'il est difficile de la saisir. Nous y avons dû lutter contre nous-mêmes avec une force décuplée, nous- y avons dû conduire notre tête humaine avec une dureté sans égale. Tous ceux que nous aimions tombaient l'un après l'autre. Chaque vision qui apparaissait nos yeux pouvait être la dernière. Comment pour rait-on nous reprocher d'attribuer cha cune d'elles une si grande importance. No tre souvenir de toutes est si vivant, si di vers, que nous avons, ceux qui en sont revenus, une pudeur d'en parler. Elle- vient de la crainte de faire naître l'idée- que nous voudrions nous enorgueillir, la. crainte de faire naître chez d'autres le dé sir de voit des spectacles semblables, la crainte de sembler par quelque commen taire mal çonçu, renier ce que nous avonx fait. Ce coin de terre, nous l'avions vu riant en 1914, quand nous avions aidé le mettre en état de défense. Nous y avions effectué- les premières destructions. Le pays était clair, les frondaisons vives, les prairie* pleines de sève. Au-dessus des toits rou ges des maisons s'élevait le geste pacifique- des moulins en croix. Nous y avions tu creuser les premières tranchées, brunes dan* la digue verte, le long du canal glauque aux écluses blanches. Nous l'avions revu au printemps lors que nous reprîmes le secteur aux Fran çais, presque inchangé, avec pourtant se* moulins renversés, ses fermes éventrées, se* champs retournés l'état sauvage, couverts de nappes de coquelicots et de graminées gris mauve, avec ses arbres éclatés, ébran- chés, aux silhouettes noires, ses tranchée* MADAME VANDENDRIESSCHE, DENTISTE, 49, rue de Dixmude, Ypres. Consultations tous les jours. Spécialité de dentiers perfectionnés et garantis. quelle ils appartenaient avant leur service militaire. 5. A titre transitoire, les travailleurs an térieurement en France comme frontaliers et qui auront perdu cette qualité, par suite de la nouvelle délimitation de la zone fronta lière, pourront obtenir la prorogation de leur carte pour une durée qui ne pourra pas dépasser les trois mois qui suivront la mise en vigueur de la nouvelle délimitation. Leur carte pourra être renouvelée, si, dan* ce délai de trois mois, ils justifient avoir, transporté leur domicile d'une façon défi nitive et permanente dans la nouvelle zone: frontalière. d

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