Chronique Aéronautique.
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LE SUD, dimanche 26 mai 1935J
MB
•délabrées, écroulées devant lesquelles apla
tis dans les herbes on voyait encore des
•capotes grises et des fusiliers marins au
pompon rouge.
Et puis nous l'avons vu les nuits de l'at
taque, tout éclairé de lumières étranges,
semblable aux paysages d'avant la nais
sance du monde. Nous l'avons revu encore
plus tard, revenu au calme, défiguré, va-
lonné de tranchées et de remblais recou
verts déjà de toute une végétation sortie
•<iu vieux sol des Flandres, reparaissant vic
torieux malgré des siècles de culture. Nous
l'avons revu, enfin, dans la paix et le si
lence, repris par la vie champêtre, au pied
-du monument quadrangulaire, qui semble
seul en ce lieu, modeste stèle de cimetière,
se souvenir de l'heure de gloire qui éclaira
jadis ce coin de terre.
C'est pour tout cela qu'il nous est dif
ficile nous, de parler de Steensttaat.
C'est si simple d'aligner des statistiques
de dresser des plans. Pourtant il y a tant
d'autres choses dans les sursauts de la vie
lmmaine, tant d'autres choses qui ne pren
aient que difficilement place dans les mots.
■Quand nous nous rencontrons, nous les sur
vivants de cette aventure, il nous suffit de
cous dire Tu y étais toi... Tu te rap
pelles...
Nous savons l'image, les images que cela
■évoque en nous, l'image de ces jours, de
■ces nuits surtout où nos corps n'étaient plus
-que des machines mues par notre volonté.
£t cette volonté, de quoi était-elle faite
De ce qu'il y a de plus indéracinable dans
l'âme humaine, de cette force qui pousse
A ne pas vouloir plier devant les volontés
anauvaises, devant le destin lui-même, de
l'instinct de protéger et de défendre ce
quoi l'on tient plus qu'à sa propre existence.
Pénétrés de l'horreur de ces luttes, nous
avons voulu de toutes nos forces faire tout
ce qui était humainement possible pour épar
gner d'autres, nos enfants, de devoir
vivre des heures semblables. Mais ceux qui
voudraient croire que cette volonté de paix
pourrait être exploitée par eux pour de mal
saines conquêtes, retrouveraient devant eux
les mêmes hommes, avec la même foi, car
la seule vie qui vaille la peine d'être vécue
est celle qui n'est pas le fruit d'une aumône.
Nous étions dans ce coin de Steensttaat
comme sur une proue de navire enfoncée
<lans le flanc de l'ennemi. A notre droite,
les lignes étaient enlevées jusqu'à des li
mites qui nous étaûent inconnues. Nous
avions les Allemands en face, de flanc et
même derrière nous. Sur nous convergeaient
les feux de toutes les batteries. Nous étions
comme la pointe d'une digue qui tient en
core quand tout le reste a été emporté, et
sur laquelle viennent se heurter toutes les
vagues, et tous les remous. Les forces enne
mies n'attendaient que notre chute pour dé
ferler. Ce coin enlevé, toutes les lignes au
Nord étaient tournées, et le dernier morceau
rie notre pays était submergé par l'invasion.
C'est une gloire pour l'armée belge que
le point exact ou le recul des alliés se soit
arrêté, soit le terrain occupé son extrême
droite par le régiment des Grenadiers.
La résistance acharnée de celui-ci dans
ses tranchées, dont pas une seule ne fut
abandonnée, permit d'arrêter victorieuse
ment la poussée allemande. Il servit de pi
vot sur lequel purent s'amorcer les défen
ses nouvelles destinées endiguer le flot
dévastateur. Grâce lui, nos troupes réédi
tèrent, en 1915, le geste héroïque des Bel
ges en 1914.
Max DEAUVILLE.
POUR LE BREVET 1
LE GRAND VOYAGE
D'UN POU-DU-CIEL
Comme nous l'avons dit il y a quinze
jours, Henri Mignet est allé essayer quel
ques Pou-du-Ciel Douai.
Parti de Paris, il a fait un grand voya
ge en passant successivement par Dieppe,
Berck et Lille pour faire des démonstra
tions.
Nous extrayons des a Ailes* (1), où il
a fait le récit de son voyage quelques passa
ges qui montrent l'extrême maniabilité du
Pou-du-Ciel et la confiance de son
père
Trois ou quatre mille personnes, con
fortablement assises dans les tribunes de
l'hippodrome de Paris-Plage, verront suc
cessivement les démonstrations acrobatiques
de l'autogire, du Potez 60, de la patrouille
d'Etampes, tout en suivant un match animé
de rugby. Il n'y a pas de chevaux sur la
piste. A moi les obstacles Et le Pou-
du-Ciel accroche la piste un mètre de
hauteur, saute les haies comme un vul
gaire canasson de course, et croise, par
deux fois, la ligne de départ la barbe
des spectateurs dont il voit les 3 ou 4000
sourires et les battements de mains. Le
chef de musique agite sa baguette au-dessus
des instruments, mais il dut y avoir quel
ques bémols effacés, car nous connaissons
tous le bruit de raboteuse du x Pou-du-
Ciel»... N'insistons pas. On nous a assez
vu et il ne faut pas nuire au jeu des équi
pes de football qui, en ce moment, doivent
regarder l'Aéronautique, grosse ou petite,
d'un œil torve...
En rase-mottes je fais toute la plage de
puis le Touquet jusqu'à Berck où l'on m'a
prié d'aller distraire un peu ces pauvres
malades. Ici je suis dans la pleine nature.
A nous deux mon vjeux Pou Pas
de gêneurs. A droite la mer qui déferle,
gauche les petites dunes raboteuses. De
quoi atterrir partout. Des mouettes, quel
ques rares promeneurs. Tantôt le rase-mot
tes 20 centimètres du billard de sable.
Légère dérive. Il y a brise de l'Ouest.
Voyons les ascendances sur la dune de 10
mètres.
Léger coup de manche. La dune se rap
proche, plus haute que moi. Je ne touche
rien le Badin 100, le tachymètre
1450 tours. J'attends. Je prévoyais d'ef
fleurer le sable des premiers replis Pas
du tout. A mesure que j'approche de la
dune, elle s'enfonce sous mes roues. J'in
siste. La voilà 20 mètres sous moi. Et
j'ai l'horizon large tout autour. Je n'ai pas
fait le moindre geste. Cela n'est rien. Tous
les aviateurs connaissent les vents ascen
dants, mais, pour banal que ce soit, même
derrière un moteur, c'est bougrement amu
sant de jouer avec le paysage...
Retour sur la plage. Voici les chalets.
Des jeunes gens, des troupes d'enfants...
partout l'enthousiasme de ces malades qui
ont fui la ville pour trouver l'air pur et
le retour vers un peu de santé...
La plage finit. Virage vers la mer. Ce
n'est pas le moment d'avoir la panne de
moteur. Atterrissage l'aérodrome où le
Pou passe sous les ailes d'un quadri
moteur de plusieurs tonnes, le Syrinx des
Impérial Ayrways amené par le Capi
taine O.-P. Jones.
(1) No 724.
LE MEETING D'AVIATION
DE DIMANCHE, A RONCHIN.
On sait que dimanche 26 mai,
l'aérodrome de Ronchin se déroulera
un meeting aérien, qui présentera le
plus vif intérêt puisqu'en dehors du
match-défi Doret-Cavalli deux véri
tables spécialistes de l'acrobatie aé-
Quiconque visitera
le Musée de guerre du saillant d*Ypres
I ira de l'avant et prêchera toujours la Paix entre Nations
I (Paroles de l'Evêque de Willesden St. Martin's-in-the-
FielJs Trafalgar Square, Londres, le 10-11-32).
rienneles spectateurs assisteront
l'exhibition de l'autogyre de Lepreux
et de la patrouille acrobatique de
Reims.
Cette patrouille militaire n'est pas
loin d'égaler celle d'Etampes.
Retenons encore les descentes en
parachute de Vassart et de Roma-
neschi.
LES ENSEIGNEMENTS
DE LA COUPE DEUTSCH.
Comme nous l'avions prévu, Delmotte a
enlevé la 3e et dernière Coupe Deutsch de
la Meurthe. Mais les performances réalisées
ont dépassé nos prévisions pourtant bien
optimistes la moyenne réalisée sur les
2000 Km est de près de 444 Kmh Et le
record de vitesse sur 100 Km a été porté
469 Kmh, après avoir été battu 31 fois
Ce sont là des résultats extrêmement bril
lants.
La presse quotidienne a donné tous les
détails de la course. Il faut maintenant en
tirer les enseignements. Nous laissons bien
volontiers cette tâche notre très compé
tent confrère R. Peyronnet de Torrès qui
écrit dans L'Intransigeant (1).
La journée d'hier a été l'une des plus
grandes journées de l'aviation contempo
raine.
Si les résultats enregistrés Etampes l'a
vaient été dans un autre pays que le nôtre,
la France serait aujourd'hui en admiration
devant les exploits accomplis par les étran
gers. Avec un petit moteur qui, dans ses
lignes générales est plus simple que celui
d'une automobile, et dont la cylindrée
le volume des six cylindres n'est que le
double d'un moteur d'automobile de 23
CV^ Maurice Arnaux a couvert 100 Km
la vitesse de 469 Kmh. 360. En 12* 47"
il a franchi les 100 kilomètres
Au cours des deux manches de 1000
Km. de la Coupe de vitesse Deutsch de la
Meurthe, le record de vitesse sur 100 Km
a été battu 32 fois et le record du monde
de vitesse sur 1000 Km a été battu quatre
fois et a été porté par Delmotte 446
Kmh.
Nous avons eu la satisfaction de voir
évoluer avec facilité les trois avions les
plus rapides du monde qui, entre chaque
virage, frisaient très certainement le 500
kilomètres l'heure, alors que le record
du monde est 505 Kmh 848.
Du 322 Kmh de 1933 par Détré, nous
sommes passés, en 1934, 389 Kmh avec
Maurice Arnaux et, en 1935, Delmotte a
approché le 444 kilomètre avec 443 Kmh
965, parce que la liberté a été laissée aux
constructeurs et que le service technique
n'a pas eu le droit d'intervenir.
Les enseignements recueillis dans le do
maine de l'aviation de compétition vont
permettre d'appliquer avec succès des for
mules nouvelles dans le domaine de l'avia
tion pratique. Il est peu près certain que
d'ici deux ou trois ans, grâce l'application
des solutions modernes, les conceptions ac
tuelles seront bouleversées des petits mo
teurs haut rendement et de quelques di
zaines de milliers de francs succéderont,
dans certains cas, des moteurs volumineux
et puissants qui coûtent plusieurs centaines
de milliers de francs.
L'aviation sportive a précédé l'aviation
militaire, l'aviation commerciale et l'avia
tion privée. Et c'est la compétition qui a
toujours fait accompjlir le maximum de
progrès.»
Ph. V.
(1) 20 mai 1935.
ami lieutenant aviateur faisant déjà parti
de l'Aéro-Club de Paris. Cette école semble
réunir toutes les qualités avions de diffé
rentes marques, bons moniteurs, société très
agréable et prix intéressants c'est la seule
école ayant fait un aussi sérieux effort.
Pour 2750 fr. il vous font passer le brevet
de lr degré alors que dans d'autres écoles
pour le même travail certaines demandent
jusqu'à 7000 fr. Pour aujourd'hui assez de
bavardage, car mes amis du Sud crie
raient au remplissage la prochaine fois je
vous raconterai mon premier envol.
de Berneray.
Puisque me voici lancée dans cette am
biance si attachante, l'aviation, je vais vous
raconter très simplement quelques impres
sions de mes débuts, je voudrais au moins
arriver convaincre d'autres femmes que
l'aviation de tourisme a ses beautés et ses
charmes très particuliers et que nous autres
femmes, sommes aussi capables que nos
compagnons de nous évader dans les cieux.
Mon amour pour l'aviation est déjà vieux
de quelques années, mais je devais me
contenter de petites promenades d'amateur
et de débutante la Belgique, la Côte d'A
zur, et le superbe voyage autour du massif
du Mont Blanc, spectacle féérique qui m'a
laissé un souvenir ineffaçable. Ceux qui
restent terre s'imaginent difficilement
la beauté d'un paysage vu du ciel le ca
dre si différent de ces lieux ces bois, ces
champs, ces vallées que vous connaissez en
les foulant aux pieds journellement pren
nent un aspect de sérénité et de calme in
habituel et si reposant
Mon rêve va se réaliser et je vais com
mencer mon école de pilotage. Avant de
me lancer dans ces promenades la dé
couverte des cirrus, cumulus et Ge, il s'a
gissait de savoir si ma nature et ma santé
me permettent ce genre de sport. Figurez-
vous que certaines personnes de mon en
tourage (hérétiques de l'aviation allaient
jusqu'à me souhaiter une légère faiblesse
du coeur Au Bourget un service médi
cal fait passer au cand'dat pilote de tou
risme un examen d'aptitude physique là,
cinq docteurs spécialistes vous examinent
avec grand sérieux, le nez, la gorge, les
oreilles, les nerfs, le fameux cœur et, après
une radio générale vous classent bon ov
mauvais. Le jour de ma visite j'étais seule
femme ce qui amena une légère perturba
tion dans le service plusieurs hommes
passant d'habitude ensemble pour gagner
du temps il me fallait attendre mon tour
pour passer solitaire. Ignorante de ce dé
tail, dans la salle d'attente d'un des ser
vices on demande, c un nouveau je me
précipite en disant une nouvelle Gran
de exclamation du garçon de salle Pas
une femme en ce moment... deux hommes
sont en chemise Songez donc Quelle
affaire 1 Dans un 2e bureau où j'étais ap
pelée, deux jeunes aviateurs, beaux gar
çons ma foi, mettaient, paraît-il, d'après le
chef, trop de temps ajuster leurs crava
tes Allons, Messieurs, vous ajusterez vue
épingles cravates dans le couloir
Ah... ces hommes pour la rapidité du
service il valait décidément mieux que je
passe seule. Dans la sal'e de radio rencon
tre du célèbre et sympathique Doret. Puis
qu'il faut en principe utiliser les compé
tences je lui demandais des tuyaux qu'il
m'a donnés avec la plus grande complai
sance.
Sur mon certificat de visite, après deux
heures de travail, était enfin apposé par
le Dr Garsaux APTE servir dans le
personnel navigant.
Succès un premier échelon gravi,
mais pour moi, le seul qui ne m'inquiétait
pas.
2e échelon le choix d'une école. Il y
en a beaucoup, mais laquelle choisir. Il y
en a de très sympathiques d'autres... un
peu moins. Certaines me demandaient plu»
cher parce que... étant une femme... C'est
vexant, les hommes se croient-ils donc si
supérieurs Non, mais nous sommes, pa
raît-il, beaucoup plus nerveuses admet*
tons-le, car il est difficile de dire le con
traire, mais peut-être viendra-t-il après un
homme d'un calme olympien et il y aura
compensation. Une large raie au crayon
rouge sur ces 2 écoles si peu féministes.
D'autres demandent des prix astronomiques,
la question pécuniaire a malgré tout s*
grande importance.
Enfin ma décision est prise et mon choix
fait grâce aux bons et sages conseils d'un
Dans l'exposition Engins défensifs et ffensifs. Equipe
ments, Curiosités d'intérêt technique et historique dont
plusieurs rappellent de notables exploits, de par les faits
qu'elles évoquent. Toutes les armes des différentes ar
mées y sont représentées et des Photographies Officielles
de la guerre, prises par l'ennemi et les alliés, reprodui
sent les faits las phss importants.
En face des Halles. Entrée Rue do Verger. Un
Ancien Combattant donne gratuitement toutes les expli
cations. Conservateur M. L. Murphy, F. I. L., Yprès.
Bureau de Renseignement pour Touristes rue princi
pale, face aux Malles. T lé ihorve 195.