Eoganie HIQET
CHRONIQUE HORTICOLE CHRGN QUE AGRICOLE
Marchés
LE SUD, dimanche 30 juin 1935.
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LA RHUBARBE
1. Ses Caractères
La rhubarbe, dont le nom scientifique
est Rheum urbanus, appartient la famille
des Polygonées. C'est une plante vivace,
provenant du Rheum hybridum ou du
Rheum undulatum. Les racines qui sont
d'une couleur jaunâtre, sont épaisses, char-
nues et ramifiées.
La tige est creuse et cylindrique quant
aux feuilles, elles sont longuement pétio-
lées pétiole charnu canaliculé et limbe
cordé avec le bord ondulé.
Les fleurs sont petites et verdâtres les
graines triangulaires et ailées.
2. Ses Usages
Les racines sont utilisées en médecine
comme purgatives et les pétioles des feuil
les sont employés pour les tartes, les con
fitures et pour le vin.
Le limbe des feuilles peut-être mangé en
guise d'épinard et les fleurs se préparent
comme le chou-fleur, d'où chourfleur du
pauvre homme.
3. Ses Variétés
Elles sont nombreuses. La Rhubarbe Pa-
ragon est celle qui ne monte pas en grai
nes. Comme autres variétés, nous avons la
Victoria, La Royal Albert, la vroege spriet.
4. La Culture
La Rhubarbe exige pour se développer
normalement un sol profond, très riche en
Azote.
La multiplication se fait, soit par semis,
soit par division des touffes.
A. LE SEMIS A lieu en aut'ômne ou
au printemps en pépinière, sur plate-bande
bien exposée. Par ce procédé, on obtient
un bon nombre de pieds, mais ils ne sont
malheureusement pas toujours identiques au
pied-mère.
B. LA DIVISION DES TOUFFES Se
fait également en automne ou au printemps,
1 m. de distance. On prépare des trous
de 40 X 40 X 40. Au sol, on incorporera
du fumier, de la Sylvinite et des scories.
Le purin et le nitrate seront donnés en
abondance.
Une fois le terrain préparé' on arrache
les pieds-mères, puis au moyen de la bêche,
on divise les touffes de rhubarbe en 2, 3, 4
parties, suivant la grandeur et la grosseur
du pied-mère. Chaque partie Coupée doit
posséder un œilleton vigoureux pour que
la reprise puisse se faire. Une fois ces par
ties ainsi préparées, on les plante aux en
droits indiqués.
5. Les Soins
Les binages, sarclages et arrosages l'en
grais liquide, se feront après chaque ré
colte pour donner convenablement le pu
rin, en creuse des rigoles, entre les plantes.
On les remplit de fumier décomposé et
célui-ci est alors imprégné de purin. Après,
on referme les rigoles pour maintenir la
fraîcheur. La suppression des hampes flo
rales aura lieu dès leur apparition. Un bon
moyen pour rendre les pétioles plus tendres,
consiste les butter.
6. La Récolte
Les pétioles ne se coupent pas on les
arrache en les tordant ensuite, on sup
prime le limbe. La récolte commence fin
mars et finit fin août. La plantaion se re
nouvelle tous les 6 ou 7 ans.
7. Les porte-graines
On choisit quelques plantes vigoureuses
ayant le plus de caractères possible de la
Variété. On aura Soin de ne pas récolter
sur ces plantes et de lès tuteurer on pince
la tige principale et la maturité a lieu au
mois d'août.
Ja. V.
LES CULTURES MARAICHERES
ET FRUITIERES AU DEBUT
DU MOIS DE JUIN 1935
Cultures maraîchères
Le temps exceptionnellement froid et plu
vieux du mois de mai, exerça une influence
nettement défavorable sur la situation des
cultures maraîchères du pays.
La végétation des légumes en général a
subi un retard sur la période normale.
La récolte des asperges fut inférieure
la moyenne celle des choux-fleurs hâtifs
s'effectua dans de mauvaises conditions, une
partie de la récolte ayant d'autre part été
détruites par la grêle qui tomba vers la fin
de mai.
Les jeunes pousses de pommes de terre
hâtives ont été détruites maintes reprises
par la gelée et l'on craint que le rendement
de cette culture ne soit très faible. La le
vée des pommes de terre de provision se
fait mieux.
Les premières plantations de haricots ont
mal levé, gc il «a fallu les renouveler en
plusieurs endroits.
Les cultures de pois, de laitues, de poi
reaux, de céleris et de choux se présen
tent dans de bonnes conditions. La levée
des semis de chicorée witloof s'effectue nor
malement.
Les premières fleurs des fraisiers furent
quasi partout détruites par les gelées. On
escompte encore toutefois un rendement sa
tisfaisant de la seconde floraison.
Les cultures diverses effectuées sous verre
ont donné satisfaction.
Les prix de la plupart des légumes se
sont améliorés. Toutefois, les asperges et les
choux-fleurs de plein air, dont l'exporta
tion fut entravée, se sont vendus dans de
moins bonnes conditions.
Cultures fruitières
La mise fruits de la plupart des espèces
fniitières a été sensiblement entravée par
L'OIE
Dans nos Flandres on n'élève guère l'oie.
De ci de là on rencontre des fermes où
quelques femelles sont conduites par un
jars. C'est le chef de la bande, furieuse
ment jaloux qui ne supporte pas un 2e ou
3e mâle dans une basse-cour.
L'oie l'état domestique est polygame.
Cinq six femelles lui suffisent, mais
l'état sauvage le jars ne sert rarement qu'u
ne femelle, jamais plus de deux c'est com
me la pintade.
L'oie est admise dans les fermes, les
maisons isolées pour ses grandes qualités de
fidélité au logis et d'une vigilance toute
épreuve. Pour sa vigilance, l'oie surpasse le
chien. Rien ne peut, en cas d'alerte ou de
visite intempestive d'un intrus, l'empêcher
de sonner de sa trompette pour avertir les
habitants du logis qu'un étranger s'introduit
dans le domaine soit de jour soit de nuit.
L'oie est très profitable son proprié
taire
L'oie donne une chair très fine, son vo
lume est très appréciable. Deux fois par
an on peut lui arracher le duvet du ventre.
Elle donne une graisse bien plus fine
que celle du porc. Les Juifs en font une
grande consommation parce que leur reli
gion défend l'usage de la viande de porc.
Le foie de l'oie est très recherché.
L'élevage des oisons est facile seule
ment je conseille de surveiller les premières
éclosions parce que les petits peuvent naître
un certain temps des premiers et des
derniers cause de la ponte distancée des
premiers et derniers œufs. L'oie couve 29
jours. Pendant l'incubation surveillée de
très près par le jars, celui-ci remplace "la
femelle qui s'absente du nid momentané-
T—iiiiBiBii miTOfmnwir»—
le temps froid et humide qui régna en mai.
La récolte des pêches sera quasi nulle
dans tous le pays celle des prunes se pré
sente de façon très variable, et -'Sera en gé
néral en-dessous de la moyenne.
La fructification des cerisiers est bonne
dans les Flandres, et de moyenne faible
dans les autres centres fruitiers.
La fructification des poires est bien réus
sie dans la plupart des régions du pays
la poire cerise et la Légipont donneront
toutefois de moins bons résultats.
La floraison des pommiers a été en par
tie détruite par le froid dans certaines con
trées, elle a été bonne dans le Hainaut, les
provinces d'Anvers et de Liège, et problé
matique ailleurs.
La récolte des cerises du Nord sera en
général faible, il en est de même pour celle
des espèces de groseilles.
L'état sanitaire des vergers donne satis
faction. (Comm. de l'Office Horticole du
Ministère de l'Agriculture).
ment. Et si on remarque trop d'assiduité
du mâle pour sa femelle, il serait prudent
de l'enfermer pendant la durée de l'incu
bation.
L'oie sauvage niche dans les infractuo-
sités des rochers baignant la mer en Nor
vège, en Suède en Islande et le nord de
la Russie. Dans les basses-cours on rencon
tre plusieurs races d'oies dont l'origine est
l'oie sauvage.
Par ordre de taille il y a l'oie de Tou
louse. Elle est énorme, un jars peut peser
vivant jusqu'à 20 et 24 livres. La couleur
est d'un gris cendré, le long du cou une
large bande noire de 5 centimètres part
de la tête massive jusqu'à la naissance des
ailes. Le ventre est blanc, les ailes sont plus
foncées que le corps. Sa démarche massive,
lente est en corrélation avec son volume.
(La suite la semaine prochaine).
YPRES, Mercuriale du samedi 22
juin 1935. Froment, 76-80,
Seigle, 74-78,Avoine, 80-85,
Orge (Brasserie), 87-90,Orge
(Fourragère), 77-80,Pois, 95-
100,Féveroles, 85-92,Pom
mes de terre, 45-55,Beurre, 13-
14,Œufs, 0,38-0,40 Porcelets,
140-180,la tête, 5,le kilo;
Paille de Froment, 12-1 5,Paille de
Seigle, 15-1 7,Paille d'Avoine, 10-
12,Paille d'Orge, 9-11,Foin
Ordinaire, 22-26,Foin de Trèfle,
30-34,Foin de Luzerne, 34-
38,Lin Brut, 90-100,Graine
de Trèfle - Ordinaire, 16-18,id.
Blanc, 1 7-20,id. Bâtard, 15-
17,id. Rouge incarnat, 9-11,
id. Incarnat blanc, 10-12,Bette
raves fourragères, 82-88,
POPERINGHE, 21 juin. Beurre, 12-
14,— Œufs, 0,38 Pommes de terre, 50
Froment, 80,seigle, 80,avoine, 88-
90,—.
COURTAI, 24 juin. Beurre, 14,50-
15,50 œufs, 0,45.
DIXMUDE, 24 juin. Beurre, 13-
14,œufs, 0,40-0,42 pommes de terre,
80-90,froment, 78-82,seigle, 80-
84,avoine 86-88,
ROULERS, 25 juin. Beurre, 13-
13,50 œufs, 0,40 pommes de terre, 90-
100,— froment, 81,— seigle, 74,50
avoine, 96,
DEINZE, 26 juin. Beurre, 10-12,50
œufs, 0,42 pommes de terre, 55,
FURNES, 26 juin. Beurre, 13-14,
œufs, 0,41-0,47 pommes de terre; 60-70
froment, 81-83,-1- seigle, 80-82,avoi
ne, 90-92,—.
No 76.
par
HONORE DE BALZAC
Qui n'a pas observé le phéno
mène de cette transfiguration sur de
saints visages, où les habitudes de
l'âme finissent par triompher des
traits les plus rudement contournés, en
leur imprimant l'animation particulière
due la noblesse et la pureté des pen
sées élevées I Le spectacle de cette
transformation accomplie par les souf
frances qui consumaient les lambeaux
de l'être humain dans cette femme
agissait, quoique faiblement, sur le
vieux tonnelier, dont le caractère resta
de bronze. Si sa parole ne fut plus
dédaigneuse, un imperturbable silence,
qui sauvait sa supériorité de père de
famille, domina sa conduite. Sa fidèle
Nanon paraissait-elle au marché, sou
dain quelques lazzis, quelques plaintes
sur son maître lui sifflaient aux oreil
les mais, quoique l'opinion publique
condamnât hautement le père Gran
det, la servante le défendait par or
gueil pour la maison.
Eh bien, disait-elle aux dé
tracteurs du bonhomme, est-ce que nous
ne devenons pas tous plus durs en
vieillissant Pourquoi ne voulez-vous
pas qu'il se racornisse un peu, cet
homme Taisez donc vos menteries.
Mademoiselle vit comme une reine.
Elle est seule eh bien, c'est son
goût. D'ailleurs, mes maîtres ont des
raisons majeures.
Enfin un soir, vers la fin du prin
temps, madame Grandet, dévorée par
le chagrin, encore plus que par la ma
ladie, n'ayant pas réussi, malgré ses
prières, réconcilier Eugénie et son
père, confia ses peines secrètes aux
Cruchot.
Mettre une fille de vingt-trois
ans au pain et l'eau s'écria le
président de Bonfons, et sans motif
mais cela constitue des sévices tortion
naires elle peut protester contre, et
tant dans que sur...
Allons, mon neveu, dit le no
taire, laissez votre baragouin de Pa
lais. Soyez tranquille, madame, je fe
rai finir cette réclusion dès demain.
En entendant parler d'elle, Eugénie
sortit de sa chambre.
Messieurs, dit-elle en s'avançant
par un mouvement plein de fierté, je
vous prie de ne pas vous occuper de
cette affaire. Mon père est maître chez
lui. Tant que j'habiterai sa maison, je
dois lui obéir. Sa conduite ne saurait
être soumise l'approbation ni la
désapprobation du monde, il n'en est
comptable qu'à Dieu. Je réclame de
votre amitié le plus profond silence
cet égard. Blâmer mon père serait at
taquer notre propre considération. Je
vous sais gré, messieurs, de l'intérêt
que vous me témoignez mais vous
m'obligeriez davantage si vous vou
liez faire cesser les bruits offensants qui
courent par la ville, et desquels j'ai
été instruite par hasard.
Elle a raison, dit Madame Gran
det.
Mademoiselle, la meilleure ma
nière d'empêcher le monde de jaser
est de vous faire rendre la liberté, lui
répondit respectueusement le vieux no
taire frappé de la beauté que la re
traite, la mélancolie et l'amour avaient
imprimé Eugénie.
Eh bien, ma fille, laisse mon
sieur Cruchot le soin d'aranger cette
affaire, puisqu'il répond du succès. Il
connaît ton père et sait comment il
faut le prendre. Si tu veux me voir
heureuse pendant le peu de temps qui
me reste vivre, il faut, tout prix,
que ton père et toi, vous soyez ré
conciliés.
Le lendemain, suivant une habitude
prise par Grandet depuis la réclusion
d'Eugénie, il vint faire un certain nom
bre de tours dans son petit jardin. 11
avait pris pour cette promenade le mo
ment où Eugénie se peignait. Quand
le bonhomme arrivait au gros noyer,
il se cachait derrière le tronc de l'ar
bre, restait pendant quelques instants
contempler les longs cheveux de sa
fille, et flottait sans doute entre les
pensées que lui suggérait la ténacité
de son caractère et le désir d'embras
ser son enfant. Souvent, il demeurait
assis sur le petit banc de bois pourri
où Charles et Eugénie s'étaient juré un
éternel amour, pendant qu'elle regar
dait aussi son père la dérobée ou
dans son miroir. (A suitre).