LE SUD DANS LE NORD
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A partir de la semaine prochaine
nous donnerons une série d'articles sur
le VOYAGE DU ROI DE FRANCE,
CHARLES X, DANS LE NORD EN
1827, et sur son séjour St Orner en
compagnie du Prince d'Orange.
LA RELIQUE DU SAINT SANG
A VOORMEZEELE
(Suite) (1).
La relique fut mise en sûreté pendant la
période des troubles religieux, mais il n'a
pas été possible de situer le lieu de son
refuge.
Pendant les guerres contre la France, au
XVIle siècle, la relique était cachée dans
le refuge de l'ordre Ypres. C'était dans
cette cachette que se trouvait le Saint-aSng
en 1664. La guerre étant finie les moines
eurent hâte de rentrer en possession de
leur trésor. Comme ils devaient obtenir
l'acquiescement de l'autorité épiscopale, on
fit cette occasion toutes les recherches
permettant l'authentification de la relique, et
c'est ce qui permit de dresser l'acte de 1664,
dont nous avons parlé dans notre article
précédent. Monseigneur Jean François Ro-
bles venait de mourir, et c'est le chapitre
de l'Evêché qui scella l'acte autorisant Ma
thieu-Frédéric ramener la relique d'Ypres
Voormezeele.
C'est le 20 mars 1664, que la translation
eut lieu avec solennité. C'est le général de
l'Ordre des Capucins le Père Marc Antoine
qui eut l'insigne honneur de porter la reli
que, accompagné des Pères Capucins d'Ypres
Menin, Courtrai et Bailleul.
Les prélats de Voormezeele et Zonne-
beke suivaient accompagnés de leurs cha
noines, et des vicaires de l'Evêché. Et der
rière le clergé d'Ypres et la noblesse de la
Ville, la foule des yprois et des habitants
des environs faisait la relique une suite
énorme et pleine de vénération.
ePndant la Révolution française, les moi
nes cachèrent une nouvelle fois leur relique
Ypres, où elle leur paraissait plus en
sécarité que dans la campagne pillée par les
troupes révolutionnaires. Elle resta à;Ypres
jusqu'au Concordat, et fut ramenée une nou
velle fois Voormezeele en 1802 ,où elle
fut déposée pour la première fois la Cure.
Le 27 juin 1804, par une procession
solennelle, on fête son installation dans
l'église paroissiale provisoire.
Au cours de la guerre 1914-1918, la re
lique subit le contre-coup des événements.
L'abbé Desmet curé de Voormezeele en
1914, fit emmurer la relique dans la cave
de la cure. La population s'est enfui. Tout
Voormezeele est détruit.
L'Eglise et la cure subissent le même son.
Le curé de Voormezeele s'était réfugié
Poperinghe, e» vivait des heures d'angoisse,
en songeant son précieux trésor qui se
trouvait «ous le feu des bombardements.
Le 1 1 juin 1915, le Père Keam, Rédemp-
toriEte et aumônier de l'armée anglaise, au
béril de sa vie enleva la relique de sa
cachette, et l'arracha au bombardement. Il
la porta Dickebusch d'où elle fut trans
portée par l'abbé Vantemsche, vicaire de
Voormezeele, Reninghelst. Il confia le
tréior aux religieuses de Voormezeele qui
s'y trouvaient réfugiées. Mais la ligne de
feu avançant, les religieuses s'enfuirent vers
l'Abeele et plus tard en France Lourdes
où l'abbé Desmet était aumônier des ré
fugiés.
Enfin espérons que ce soit pour toujours,
le curé de Voormezeele rapporte sa précieuse
relique de Lourdes en 1920. La même année
le 6 juin, au milieu d'un énorme concours
de pèlerins la première procession de l'après-
guerre eut lieu.
Le reliquaire actuel est en argent, très
ouvragé et représentant tous les instruments
de la passion de Notre-Seigneur. Il porte
je millésime 1892, et le nom du curé de
cette époque abbé Van Hauwaert ainsi
que les armoiries d'une ancienne famille
noble du pays, les de Gheus, qui firent
don de ce reliquaire.
La Confrérie du Saint Sang a été instituée
le 17 mai 1664. Alexandre VII lui accorda
dqs {indulgences par un bref donné au
château de Gandolphi. Cette confrérie
compte de nombreux membres, et leur nom
bre s'accroît chaque année.
La procession qui a lieu chaque année
tombe le lundi après l'octave de la fête
du St Sacrement. Elle aura donc lieu cette
année le 1 juillet après le salut de 4 h.
A cette occasion de nombreux français vien
nent chaque année vénérer la précieuse re
lique de Voormezeele.
(1) Voir Le Sud du 23 juin.
CHEZ LES ROSATI
Nous avons assisté la remise des
Roses d'Or chez les Rosati de Flandre.
Réunion charmante dans le cadre ra
vissant du château Chantecler, appar
tenant M. Hector Franchomme. Au
cours des prochaines semaines nous
donnerons des notes sur les deux lau-
rérats le Chanoine Detrez, curé de
Notre-Dame de la Treille Lille, et
le peintre Joets.
Cette réunion des Rosati fut une vé
ritable joie de l'esprit. Les discours du
président, du secrétaire, des récipien
daires et de notre hôte furent des pe
tits chefs-d'œuvre littéraires.
Il nous fut rarement donné de goû
ter dans une pareille atmosphère de
simplicité, les joies de la civilisation
la plus pure. Aux Rosati on comprend
que la civilisation ne s'improvise pas,
mais qu'elle est le fruit des généra
tions et des siècles d'un milieu et d'une
tradition. La civilisation exige une race.
Mais une race a besoin de siècles pour
créer cette civilisation. Ainsi la race
de Flandre chez les Rosati éprouve-t
ell e la joie spirituelle de sertir dans
l'orfèvrerie des arts, les pierres les plus
précieuses des sentiments élevés et du
raffinement culturel. Nou étions fiers
de pouvoir représenter notre région
cette belle fête des Rosati.
C. v. R.
BRAVO BAILLEUL
Un grand succès des Dentellières.
Les innombrables visiteurs de l'Exposi
tion Internationale de Bruxelles ne man
quent pas de s?arrêter- devant une large
vitrine de la Section Française qui par sa
belle tenue attire tous les regards. Sur un
fond d'étoffe rose se détachent au centre
un merveilleux chemin de table, avec, au-
dessus, une superbe nappe avec douze ser-
'viettes et, de chaque côté, quatre partes
de draps, des taies d'oreillers, des mou
choirs, le tout garni des plus fines den
telles ce sont des travaux de nos ouvrières
de Bailleul, de Méteren, et de St-Jans Cap-
pel. e
Disons-le tout de suite le jury Inter
national vient de les récompenser d'un
Grand Prix. Une si haute faveur, décernée
- Bruxelles, berceau, et fief de la dentelle
des Flandres, sanctionne leur habileté-, leur
talent et indique qu'elles sont dans la bon
ne voie lorsque, reprenant les traditions du
18e siècle elles font servir la dentelle de
Vsdenciennes l'ornementation du linge d'a
meublement.
C'est un grand succès pour les enfants
de l'Ecole de Bailleul, pour les ouvrières
et pour tous ceux qui avec autant de goût,
de science que de dévouement guident leurs
efforts.
M. Nelson Cromwell, le grand bienfai
teur y verra la preuve qu'il n'a pas dé
pensé vainement plus d'un million depuis
quinze ans pour sauver la vieille industrie
locale.
Nous félicitons cordialement Bailleul pour
ce beau succès. Et nous nous disons que
ce qui est possible dans la région de Bail
leul, devrait être réalisé également dans la
rêgiort d'Ypres. La Valencienne d'Ypres,
et toutes les dentelles faites dans notre ré
gion et qui étaient exposées au stand des
Amis d'Y près lors de la Foire Com
merciale en notre ville, auraient mérité de
retenir également l'attention du jury de
l'exposition. Voilà encore un sujet de
méditation pour les animateurs de la pros
périté de notre province. Mais avant
d'encourager l'industrie de la dentelle nos
dirigeants westflamands vont en faire de
la dentelle catholique, ou de la dentelle li
bérale, de la dentelle flamande 100 ou
de la dentelle flamande 50 °/a. Qu'ils pren
nent leçon Bailleul.
CARNAVAL D'ETE A BAILLEUL
Il aura lieu ce dimanche 30 juin.
A 14 h. 30, place de la Gare, inscription
des figurants et passages devant les jurys.
A 17 h. départ du cortège, rue d'Ypres.
Itinéraire du Cortège. Départ du bu
reau des Douanes 17 h. rues d'Ypres, de
Lille, de Coussemaker, du Gén. Cheroutre,
Emile Hié, d'Occident, Contour de la
Grand'Place, par le côté sud, passage de
vant l'Hôtel de Ville, (où les jurys seront
rassemblés), Dislocation vers la Place de
la Fontaine.
Ordre du Cortège
1. Gendarmes cheval, 4 cavaliers.
2. Ecossais Yprois, 50 personnes, (Musi
que). 3. Les Archers du Roy (2).
4. Toto montre son prix (1). 5. Toréa
dors (44 personnes). 6. Clowns Para-
distes et musicaux (2). 7. Le Gamin de
Paris (1). 8. Les Bohémiens et Bohé
miennes, (80 personnes), musique. 9-
Heureux chez soi, (2). 10. Glaneuse
(1). 11. Les Gilles de Jemmappes, (45),
musique. 12. Offrande Cléopâtre, (2).
13. Une Mauresque, (1). 14. Les
Joyeux Toréadors, (18). 15. Les bons
amis, (47), musique. 16. La Princesse
Algane, (1). 17. Rigolos Gilles, Dan
seurs, (96). 18. La Reine du Sérail,
(1). 19. Les Bons Ménages de l'Epine
(19). 20. Hussards Modernes, (50).
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Char.
LE PELERINAGE DE BOURGOURG
A ROOSEBEKE
OU LA TRADITION RENOUEE (1>
(Suite)
Le protocole avait été réglé de façon mi
nutieuse. Derrière le Très Saint-Sacrement
porté par Mgr. de Bruges, suivaient le Ré
vérend Père abbé de West-Vleteren, les
pèlerins de Bourbourg, le Conseil Commu
nal et la foule des croyants. Ecartant les
flots populaires l'organisateur des cérémonies
nous convia du geste et de ce mot expres
sif «Bourbourg d'abord»... Ce ne fut
pas sans une certaine émotion que, songeant
cinq siècles d'histoire et une tradition
renouée en ce jour, les gens de Bour
bourg occupèrent la première place
Mais nul parmi eux n'aurait certes pu:
se douter de l'étendue territoriale de West-
Roosebeke, assurément le territoire oie
peu s'en faut de nos deux communes
de Bourbourg-Ville et Bourbourg-Campagne.
Pendant près de deux heures la procession
se déroula travers places, routes et ruelles.
Le Seigneur bénit toutes les demeures et
toutes les moissons en un parcours où se
prodiguèrent les manifestations d'une foî
aussi profonde que sincère. Le programme
se déroula avec une parfaite ordonnance
sous un soleil éclatant qui jetait sa note
brillante sur les décors de la nature et des
habitants de West-Roosebeke, répondant au;
désir certain du plus dévoué des organisa
teurs. Le village entier constituait un im
mense reposoir. Au hasard d'une rue nous-
aperçûmes l'enseigne de la Brasserie de
Bourbourg abritant, depuis la guerre-
une boulangerie.
Mais nul ne revendiqua les droits sur la
cervoise et sur le vin, encore que leur
augmentation fût sensible, depuis Louis de
Mâle, et que, dans cette journée les fervents,
du pèlerinage eussent, sous la canicule, sa
crifié Bacchus et Gambrinus avec une
ardeur toute flamande, qui, au cours des
siècles, ne s'est jamais démentie.
Pour terminer cette J>elle journée, M.
Forrez bourgmestre de Roosebeke, interprète
de la décision du Conseil communal, lut un
acte de gratitude et de consécration la.
Sainte Vierge. Il remercia ensuite les amis
venus de loin, même de France, avec
ceux de Bourbourg Le vénéré pasteur,
qu'une cruelle infirmité avait éloigné de?
sa paroisse, avait tenu rejoindre son trou
peau et il nous donna une dernière béné
diction. Quelques semaines plus tard il
entrait dans la paix du Seigneur.
A regret nous prîmes congé de nos amis
de Roosebeke... Avant d'atteindre Ypres
l'inviolée, nous traversâmes Poëlcappelle où
Guynemer tomba, frappé, suivant sa der
nière citation en plein ciel de gloire
Le soleil auréolait la cigogne symbolique
dont le vol se poursuit au ciel de la Flandre.
1382 et 1917, ces deux dates ne sym
bolisent-elles pas même vaillance et pareille
union dans le sacrifice pour de grandes-
causes Au lendemain d'une-guerre ou
la France et la Belgique apparurent fra
ternelles nous avons renoué une tradition
plusieurs fois séculaire. Et en franchissant
la -frontière chacun de nous formait le voeu
que cette tradition se poursuivît longuement
dans la paix. Unis leurs amis de Belgique
les pèlerins de Bourbourg iront le deman
der chaque année Notre-Dame de Roose
beke.
Joseph BELLE.
(1) Bulletin du Comité Flamand de;
France.