"AU SUD"
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LE SUD, dimanche 18 août 1935.
un mur, qui ne soit réellement un sym
bole formel, le message d'un homme,
aussi précis qu'un télégramme ou une
carte postale. La rue la plus étroite
possède, dans chaque coude et chaque
tournant qui mène vers son but, l'âme
de l'homme qui l'a bâtie, et qui dort
peut-être depuis longtemps dans sa
tombe. Chaque brique est un hiéro
glyphe aussi humain qu une brique gra
vée de Babylone chaque ardoise sur
le toit est un document aussi instruc
tif qu une tuile ancienne, couverte d'ad
ditions et de soustractions. Tout ce qui
tend, même sous les formes fantasti
ques des minuties de Sherlock Holmes,
affirmer le romanesque du détail dans
la civilisation, tout ce qui tend ap
puyer sur ce caractère insondablement
humain de la pierre et des tuiles est
une bonne chose. Il est bien que l'hom
me ordinaire prenne l'habitude de re
garder dix hommes dans une rue, en
a abandonnant son imagination, mê
me s il n existe qu'une seule chance
pour que le onzième soit un voleur
notoire. Peut-être pouvons-nous rêver
qu'il est possible d'avoir de Londres
une conception d un romanesque plus
ele\ que les âmes des hommes ont
de plus étranges aventures que leurs
corps et qu'il serait plus difficile et
plus excitant de faire la chasse leurs
vertus que de la faire leurs crimes.
Mais puisque nos grands auteurs
1 admirable exception de Stevenson) se
refusent décrire cette minute impres
sionnante où les yeux de la grande
ville, comme ceux d'un chat, commen
cent briller dans la nuit, nous de
vons accorder un large crédit la lit
térature populaire qui, au milieu d'un
caquetage de pédants et de précieux,
se refuse regarder le présent com
me prosaïque et le commun comme
vulgaire.
L'art populaire s'est intéressé dans
tous les siècles aux mœurs et aux cos
tumes contemporains il a revêtu les
groupes entourant la Crucifixion des ha
bits de la noblesse florentine ou de
ceux des bourgeois flamands. Au der-
rt.eri- S C'e 8ran£k acteurs eurent
1 habitude de représenter Macbeth avec
une perruque poudrée et un jabot. A
quel point nous sommes en ce siècle
loin d'être également convaincus
poésie de notre vie actuelle et de nos
mœurs, c est ce que peut aisément con
cevoir quiconque veut s'imaginer un
personnage historique ou légendaire
faisant rôtir des toasts vêtu en tou
riste ou en joueur de golf, ou se fi
gurer Hamlet en redingote avec un
crepe son chapeau. Mais cet instinct
de I époque regarder en arrière,
comme la femme de Loth, ne saurait
durer toujours. Une littérature simple
Ct -Une 'itt®rature populaire des
possibilités romanesques de la cité mo
derne est obligée de surgir. Elle ap
paraît^ déjà dans le romans policiers
aussi simple et aussi rafraîchissante que
les ballades de Robin Hood. Tandis
que la tendance constante du vieil
Adam est de se rebeller contre une
chose aussi universelle et aussi inéluc
table que la civilisation, de prêcher l'é
vasion et la révolte.
Le romanesque de l'activité policière
garde, en un sens, présent notre es
prit le fait que la civilisation est elle-
même la plus sensationnelle des éva
sions et la plus romantique des révol
tes. Quand le détective, dans un ro
man de police, se tient seul, un peu
ridicule, mais sans crainte, au milieu
des couteaux et des poings d'une ta
verne de voleurs, il sert indubitabl
ment nous faire souvenir que c'est
1 agent de la justice sociale qui est la
ngure poétique et originale, tandis que
les bandits et les voleurs de grand che
min sont de vieux conservateurs pla
ides du cosmos, heureux de la respec
tabilité des singes et des loups. Le ro
manesque de la force policière est ainsi
tout le romanesque humain. Il est basé
»ur le fait que la morale est la plus
sombre et la plus audacieuse des con
spirations il nous rappelle que toute
cette organisation d'une police silen
cieuse et hors de notre perception, qui
nous gouverne et nous protège, n'est
due qu'aux heureux exploits d'une che
valerie errante.
G. K. CHESTERTON.
(Traduit de l'anglais
par Charles Grolleau).
de notaires, etc. Le nombre des dépu
tés sera ramené de 444 200.
La Pologne ne veut plus du député
apte tout et bon rien issu trop
souvent du suffrage actuel.
Il sera moins facile de bourrer le
crâne une assemblée composée d'une
élite. Cette assemblée sera bien compo
sée d'élus. Mais élus au suffrage uni
versel indirect, et par leurs pairs, tous
ces dirigeants de syndicats et associa
tions, demanderont aux candidats dé
putés d'autres garanties qu'un peu de
bagout et l'art de faire des promesses.
C'est la fin du député politicien pro
fessionnel et profiteur.
La Réforme du Suffrage Universel.
LA POLOGNE SUPPRIME LE
POLITICIEN PROFESSIONNEL
Le Sénat polonais vient de ratifier
la loi électorale votée par la Chambre.
Cette réforme particulièrement impor
tante, modifie complètement le systè
me parlementaire polonais et vient par
achever la grande œuvre de consoli
dation politique entreprise, il y a deux
ans, Varsovie, sous l'impulsion du
maréchal Pilsudski.
L'élection des députés ne relèvera
plus l'avenir, du vote direct des élec
teurs. Les candidatures seront soumi
ses au choix d'un collège composé des
représentants d'organismes administra
tifs et corporatifs chambres profes
sionnelles et artisanales, universités,
corporations d'avocats, de médecins.
OHMEP
UNE ROYALE IMPERTINENCE.
Une jolie histoire court en Angle
terre au sujet de la petite princesse
Elisabeth d'York. Et cette histoire est
racontée par le Roi lui-même.
Chaque soir ou presque, après dî
ner Grand-papa-Roi et Grand-
maman-Reine font prier la princesse
de descendre leur dire bonsoir. Un
jour, la petite fille, très absorbée par
un jeu nouveau, fit dire que non, dé
cidément, elle préférait rester dans sa
nursery. Le roi monta la voir. Après
quelques nistants de conversation, dé
sespérant de faire descendre l'obsti
née, le souverain s'en va. Il était
peine dans le couloir qu'il s'entend ap
peler. Croyant un changement d'a
vis, il revient, et entend une petite voix
tranquille Voulez-vous fermer
la porte, grand-père, s'il vous plaît
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