Messines
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6 ''"W:
HISTOIRE DE MESSINES
(24me suite)
Que la nuit sembla longue Heureuse
ment le bombardement cessa assez tôt. Les
élèves inquiètes et mal installées ne peu
vent dormit. Enfin le jour arrive et avec
lui un nouveau bombardement. Dans cette
matinée du mercredi 21 octobre, nous pou
vons encore nous tenir dans les cloîtres,
dont les voûtes sont très solides. Tous les
obus qui manquaient le but, tombaient sur
le réfectoire, qui, pour midi, avait les murs
criblés de trous, et toutes les vitres cassées.
Heureusement on nous laisse encore le
temps de diner. Le bombardement cesse
midi pour reprendre 2 heures. Tous les
ouvriers avaient fui, seul Mr Tackx, le chef
de culture, était resté donc personne pour
cuire le pain, pour traire les vaches, ou en
tretenir le bétail heureusement une femme
du village s'offre pour faire cette besogne.
Vers 2 heures de l'après-midi, les obus de
viennent plus terribles, les Allemands em
ploient leurs canons de gros calibre. Cha
que obus qui tombe enlève une partie du
toit de l'église ou de la chapelle, toutes
les vitres cassent. A un moment donné ne
nous trouvant plus en sûreté dans les cloî
tres, nous nous rendons dans la grande
salle de jeu, nous y étions peine qu'un
obus perce le plafond, et vient tomber
3uelques mètres d'un groupe nombreux
'élèves, mais personne n'est atteint. Nous
nous sauvons toutes dans la cave huile
sous la chapelle. (Une faible idée de la
force de ces projectiles un obus passe par
la charpente en chêne du grenier, de là,
travers les 2 matelas d'un lit, dans le
dortoir, puis entre dans ma classe, y per
fore un pupitre, et enfonce encore le plan
cher). Vers 3 heures un obus met le feu
la grange, où nous avons 2.500 fr. de fro
ment. C'est un incendie terrible qui doit
durer 2 jours un autre met le feu au cou
vent des Sœurs, et nous nous trouvions entre
deux incendies. Mais le soir arrivait, il fal
lait songer procurer nos enfants un peu
de repos pour la nuit. Les chaises étant
jugées trop peu commodes, nous faisons
descendre des matelas que nous alignons
dans les cloîtres, nous y installons nos en
fants qui, brisées par la fatigue et les émo
tions s'y endorment bientôt. Je me rends
la ferme, pour constater les dégâts. Quel
triste spectacle L'incendie de la grange
jetant sur tout notre bel Institut, des lueurs
sinistres en fait un point de mire pour les
canons allemands heureusement ils cessent
le bombardement assez tôt. Des soldats an
glais tâchent de limiter l'incendie et se dé
vouent sauver le bétail qui risquait d'ê
tre asphyxié ils envoient les chevaux dans
la prairie, mais ne parviennent pas sauver
nos belles et grandes machines agricoles.
La mine totale de notre belle ferme s'an
nonçait dès lors. Je rentre le cœur navré et
fatiguée, exténuée par plusieurs nuits con
sécutives de veilles, je m'endors profondé
ment I et oublie, pour quelques heures au
moin?, les Allemands et le bombardement.
Le lendemain la journée s'annonce meil-
leurfc les Allemands tirent très mal et nous
pouvons nous faire préparer un dîner chaud.
Par (précaution nous faisons transporter les
chaises de la chapelle dans la grande cave
bière, sous la cuisine, pour pouvoir, en
cas fde nécessité, nous y tenir avec les en-
farits. Bien nous en prit 2 h. le bom
bardement recommençait avec une extrême
vic/ence et chaque obus qui atteignait l'égli
se, i faisait voler en éclats les vitres de nos
c qrîtres. Nous nous rendons donc dans la
c Jve avec 90 élèves, Mme la Directrice, les
2J2 Institutrices, les 11 servantes, Mr le vi-
chire qui restait avec nous pour nous en
courager, Mr Terrier, notre ancien et dévoué
Secrétaire et Mr Tackx qui, après avoir
œonduit le matin, sa femme et ses sept en
fants en sécurité Dranoutre, était revenu
/bravement son poste. Dans la cave
'.huile se tenaient une vingtaine de Messi-
Inois, et 4 invalides venus de Warneton, je
/rie sais comment. L'après-dîner du jeudi
fut pour nous tous une longue agonie. Nous
entendions parfaitement le sifflement des
cbus, qui arrivaient au-dessus de la maison
et instinctivement on baissait la tête, puis
on les entendait entrer dans les murs et les
démolir
Un obus atteignit la rampe de l'esca
lier en pierre de taille, conduisant la cui
sine, deux ou trois mètres de la cave où
nous étions par la force de l'explosion un
soupirail de la cave s'ouvrit et nous vîmes
les flammes, et l'obus détruisit l'escalier et
entra profondément dans le mur. Un autre
abattit d'un seul coup toute la balustrade
en pierre de taille de la tourelle au-dessus
de la cuisine, donc au-dessus de nous et
en même temps toutes les vitres du corri-
doi sous lequel nous étions volaient en
éclats. Une institutrice récitait le chapelet,
CONCURRENCE DES POETES
Dans son Mémorandum d'un édi
teur M. P.-V. Stock donne la dédi
cace que lui fit d'un de ses livres le
chansonnier Gustave Nadaud.
Elle est inspirée par une amusante
et nous y répondions, avec un accent de
ferveur, qui trahissait mieux que nos lar
mes, l'angoisse poignante de chacune nous
sentions que la mon nous guettait non, la
position n'était plus tenable.
(A suivre).
Un Ancien de la Région.
Reproduction interdite.
rancune contre les succès de la jeune
école poétique
Quand vous éditez les oeuvres
Des poètes décadents.
Vous avalez des couleuvres
Et vous vous mettez dedans.
Cher Stock, tenez-vous en garde
Contre tous ces ahuris.
Comptez sur la vieille garde
Bien plus que sur les conscrits.
Rien n'a changé... mais aujourd'hui
l'école moderne française a sa vieille
garde victorieuse M. Paul Valéry est
l'Académie et M. Paul Claudel plein
de gloire. Les conscrits, comme Pa
trice de La Tour du Pin, le jeune poètte
de Quête de joie entre d'un bon
pied dans la carrière...
Les ahuris sont ceux qui se plaignent
de ne pas comprendre