LE SUD, dim. 15 septembre 1935.
'13
LA PRESSE ALLEMANDE
ET L'EXPOSITION DE BRUXELLES
LA PLUS GRANDE DEPUIS 1900
LA VIE EST BELLE
LE CONGRES INTERNATIONAL
DE L'HISTOIRE DES RELIGIONS.
LE CONGRES DE L'ALLIANCE
AGRICOLE BELGE.
UNE MISSION FRANÇAISE
A L'EXPOSITION DE BRUXELLES
AVEZ-VOUS VU
A L'EXPOSITION
LE PAVILLON DU
GRAND DUCHE DE LUXEMBOURG
LE CONGRES
DES AMITIES FRANÇAISES
LE RYTHME CROISSANT
DES ENTREES.
LE PAVILLON DE LA GRECE.
LES DISTRACTIONS DU SOIR.
LES IVOIRES
DU HALL INTERNATIONAL
Le Sud l'Exposition.
(Suite)
On pouvait il s'agit de la Belgique,
qui est en fin de compte un petit pays
se demander s'il n'y avait pas ici une ambi
tion démesurée si derrière ces façades im
posantes, on trouverait dignement repré
sentées les forces culturelles et économiques
de nombreuses nations Cette Exposition
est la plus grande depuis celle de Paris en
1900 ainsi jugent les représentants de la
Presse internationale et l'on peut ici, sui
vre dans l'ensemble, la marche en avant des
peuples. Si l'on ajoute cette considération
que l'œuvre a été réalisée en pleine crise,
l'Exposition de Bruxelles est, pour la Bel
gique, une preuve d'une confiance trop rare
en l'avenir, du'ne vitalité, d'une énergie peu
communes, tant l'intérieur du Pays que
dans la Colonie.
(^Koblenzer Volkszeitung du
3/4 août 1935).
Il y a cinq heures que nous parcourons
l'Exposition le train nous attend. Mais,
avant notre départ, une impression nous est
réservée, la plus favorable de toutes celles
que nous emportons.
Le soir est venu, la nuit étend son ciel
étoilé au-dessus des Halles imposantes. Plus
de cent vingt mille personnes ont envahi
l'avenue du Centenaire, au milieu de la
quelle d'admirables jets d'eau fascinent les
yeux. Nous cherchons un café où prendre
une dernière consommation, une réclame
frappe nos yeux, qui semble un symptôme
de la vie bruxelloise a La Vie est belle
dit cette enseigne. La vie est belle c'est
devenu pour nous le leit-motif d'un beau
voyage, la devise d'un jour inoubliable...
C'est dans ces sentiments que nous pre
nons congé de l'Exposition de Bruxelles, la
mémoire chargée de vivantes images, em
plie de visions artistiques. Ce départ nous
afflige, en vérité mais il nous demeure
cette réconfortante assurance cinq heures
peine nous séparent de ce lieu placé sous le
signe de la beauté, de ce centre du rappro
chement des peuples, où la devise est
Travail et Compréhension
Koblenzer General Anzeiger
Koblenzer Zeitung
du 2 août 1935).
Le VIme Congrès International de l'His
toire des Religions, qui est organisé par les
représentants des quatre Universités belges,
avec l'approbation du Gouvernement et sous
le haut patronage de S. M. la Reine Eli
sabeth, s'annonce dès présent sous les
plus heureux auspices. Le nombre et l'au
torité des personnalités de toutes les nations
qui y prendront part, le haut intérêt des
communications et des débats auxquels ces
assises donneront lieu lui confèrent déjà le
caractère d'un événement scientifique d'une
importance exceptionnelle.
Le Congrès se tiendra Bruxelles, du 16
au 20 Septembre. Son programme s'étend
toutes les aires de recherches de la science
des religions Peuples non-civilisés, Egypte,
Indo-Europiens, Antiquité classique, Proche-
Orient ancien, Judaïsme, Christianisme,
Islam. Il comportera en outre des séances
plénières où seront traitées des questions
d'un ordre général ou de synthèse.
Dès maintenant près de deux cents sa
vants étrangers ont annoncé leur participa
tion 80 Universités et Institutions savantes
seront représentées par un ou plusieurs dé-
légués.
Il va de soi que le Congrès est exclusive
ment scientifique et seuls seront admis
y prendre la parole les Spécialistes les plus
autorisés d'une science qui, on le sait, exige
infiniment d'érudition, de pénétration et
d'objectivité.
M. Franz CUMONT membre de l'Acadé
mie Royale de Belgique en présidera les
réunions.
C'est dimanche 10 heures que s'ouvrira,
en présence de M. Bovesse, en la Salle
des Conférences de l'Exposition le Con
grès International des Amitiés Françaises.
Ce Congrès se propose d'examiner spéciale
ment la situation de la langue française
dans les pays étrangers, l'enseignement de
la langue française, la diffusion l'étran
ger des livres, périodiques et journaux de
langue française dans tous les pays étran
gers.
Le succès et le retentissement de l'Expo
sition de Bruxelles l'étranger ont été tels
que les dirigeants de l'Exposition de Paris
ont décidé de déléguer Bruxelles une mis
sion qui sera chargée de l'étude de l'orga
nisation de notre c World's Fair Cette
mission, qui sera Bruxelles la fin de
ce mois, sera dirigée par M. Georges Bon
net, Ministre du Commerce de France, et
comprendra MM. Labbe, Commissaire géné
ral de l'Exposition de Paris Henri La-
tour et Paul Léon, Commissaires généraux
adjoints.
La mission aura des entretiens avec les
dirigeants de l'Exposition de Bruxelles ainsi
qu'avec M. Raymond Vaxelaire, Commis
saire général de la Belgique près l'Expo
sition de Paris.
...Une vitrine, placée auprès d'une des
entrées du Palais des Textiles, ou Palais
de l'Elégance enferme une curieuse ré
trospective de l'histoire du chapeau tra
vers les âges. Non seulement les dames,
mais tous les visiteurs s'intéresseront ce
chapitre de annales de la coquetterie fémi
nine. Sur des bustes coiffés la mode du
temps, on voit le hennin, coifure haute et
conique, enroulée d'un long voile et qui,
fut au temps des ducs de Bourgogne, le
fin du fin le large feutre empanaché, dit
albanais que portaient les élégantes du
XVIe siècle le bonnet la Fontange, évo-
cateur du règne de Louis XVT et de ses
favorites du Roy le béret Régence, roman
tique avant la lettre le feutre Marie-An
toinette, le grand cabriolet des Merveil
leuses, la capote Empire, le c bibi roman
tique, popularisés naguère par la gravure
et le théâtre, aujourd'hui par le cinéma.
Encore, le grand chapeau des premières an
nées du XIXe siècle il réveillera bien
des souvenirs et enfin, le panama mo
derne...
En attendant que la mode, éternelle re-
commenceuse, nous ramène la capote Empire
ou le béret Régence car l'auto aérodyna
mique se prêterait mal au retour du hen
nin ou du feutre Marie-Antoinette..;'
Le Congrès de lAlliance Agricole Belge
qui se tiendra l'Exposition durant la se
conde quinzaine de septembre se clôturera
le dimanche 22 septembre, 10 h. 30, par
une séance solennelle qui se tiendra dans
la Salle des Fêtes et au cours de laquelle
M. De Schryver, Ministre de l'Agriculture,
prononcera un discours sur la situation de
l'agriculture.
Un des caractères les plus séduisants du
Pavillon du Grand-Duché de Luxembourg
est l'ordre qui a présidé la présentation
des produits exposés.
La plus grande partie de l'élégant bâti
ment est consacré comme il sied l'indus
trie métallurgique et au tourisme.
La première est représentée par les acié
ries, les fers et métaux, les charpentes mé
talliques. Les ardoisières, les poudreries et
fabriques d'explosifs complètent la parti
cipation industrielle grand ducale.
Les aspects grandioses des sites du Lu
xembourg sont mis en valeur par des diora-
mas d'un charme captivant et par la par
ticipation de la station balnéaire de Mont-
dorf.
La viticulture, l'élevage, la production
du tabac, la fabrication des cigarettes occu
pent également une place éminente dans
la section luxembourgeoise.
Il y a encore la poterie représentée par
quelques pièces d'un goût exquis la fa
brication des orgues évoquée par un ma
gnifique instrument d'une sonorité incom
parable la T.S.F. avec une vue d'ensem
ble de la station si réputée de Radio-Lu
xembourg enfin les assurances sociales et
les habitations bon marché, un domaine
dans lequel le Grand-Duché n'a rien en
vier ses grands voisins.
A l'extérieur du pavillon, un énorme py
lône de 35 mètres de haut et d'un poids
de 35 tonnes, formé d'un assemblage de
trois poutrelles dont chacune est constituée
d'un seul lingot, attire le regard.
Tous les jours aussi, sauf vendredi, le
public pourra assister au Pavillon de I'I.
N. R., l'exécution de concerts variés. Sa
medi prochain notamment aura lieu la ra
diodiffusion de Véronique l'exquise
opérette d André Messager.
Si le visiteur préfère des représentations
dramatiques, il aura l'occasion d'applaudir
les jeudi 12, vendredi 13, samedi 14 et
lundi 16 21 heures une série de spectacles
d'art donnés par le Ratai)Ion au Théâ
tre du Commissariat Général. Tous les soirs
aussi Monsieur Peperbol l'Exposition
attire au Théâtre de l'Alberteum un public
nombreux.
Les multiples cafés-concerts de l'Exposi
tion, du Parc des Attractions ou du Vieux-
Bruxelles offrent aux amateurs de musi
que l'occasion de s'adonner leur plaisir
favori.
Bref, les soirées offrent mille attraits va
riés, en dehors même des illuminations dont
on ne se lasse pas d'admirer la féerie im
pressionnante.
Le succès de l'Exposition continue, écla
tant, prodigieux le nombre des entrées en-
régistrées du mardi 3 au vendredi 6 sep
tembre s'est élevé 309.417.
Ce chiffre est plus éloquent encore lors
qu'on le compare la moyenne des entrées
constatées pendant la même période hebdo
madaire des mois précédents, qui n'avait
été que de 295.051.
Il indique que malgré l'avancement de
la saison, la fréquentation de la Worlds'
fair ne cesse de s'accroître.
Jusqu'à la date du vendredi 6 septembre
le nombre total des passages devant les
compteurs électriques s'élève 14 millions
236 mille 186.
Dans l'un des coins les plus pittoresques
de la World's Fair, sous de frais ombrages
s'élève le coquet Pavillon de la Grèce. Au
tour du tronc d'un magnifique saule s'étend
une pergola. Un drapeau d'or surmonte un
obélisque de 30 mètres. Les murs du pa
villon sont décorés de fresques antiques
d'une beauté captivante.
L'intérieur offre une vue d'ensemble
complète sur le commerce hellénique mi
nerais, éponges, tabacs, fruits et vins doux
des Cyclades. La faïence, la poterie, les
soies, les tapis achèvent de donner la pré
sentation un caractère hautement artistique.
Le folklore y est évoqué par la reproduc
tion de costumes nationaux d'un coloris in
comparable. Le long des cimaises de magni
fiques agrandissements photographiques re
présentent les sites grandioses, les monu
ments historiques si impressionnants de la
Grèce.
La patrie spirituelle de l'Humanité se
devait aussi de mettre la disposition du
visiteur une documentation abondante sur
son passé et sur son évolution économique.
Les organisateurs de la section n'y ont pas
failli des ouvrages de luxe permettent
l'helléniste de parcourir toute l'histoire de
la civilisation grecque, depuis l'antiquité
jusqu'à nos jours.
Par ces belles soirées de septembre, il
ne manque pas de distractions l'Exposi
tion. En dehors même du Parc des Attrac
tions et du Vieux-Bruxelles, le visiteur en
quête de spectacles attrayants trouve sans
peine satisfaire ses goûts.
C'est ainsi que la semaine prochaine
l'occasion lui sera offerte d'assister tous les
jours 17 heures partir de mercredi
des concerts de musique de chambre au
Théâtre du Commissariat Général, sauf jeu
di où la même heure se donnera dans
la grande salle des fêtes une audition d'or
gue.
Le lundi 16 septembre 21 heures un
grand Concert symphonique aura lieu dans
cette même salle de fêtes.
Au milieu du jardin des dahlias, se
dresse la haute façade grise du Hall Inter
national on y trouve bien des choses at
trayantes et diverses broderies, articles de
ménage, ivoires japonais... Un des stands
du fond du Hall enferme une collection
d'ivoires sculptés, d'un prix inestimable. Il
y a là des pièces uniques, taillées dans une
seule défense entre autres, les statues co
loriées d'un Empereur et d'une Impéra
trice. L'usage de polychromer l'ivoire est
très ancien, mais il n'est plus guère en vi
gueur. Ces œuvres d'art, extrêmement ra
res, voisinent avec des objets de pierre ou
de bois, la plupart du temps, faits d'une
pièce, dont le sculpteur respecta la forme
primitive, lorsqu'il ne s'en inspirait pas.
La collection exposée dans le Hall In
ternational a été formée par son proprié
taire au cours de.plusieurs séjours en Chine
et au Japon. Elle se compose de véritables
pièces de musée et c'est une occasion très
rare que celle-ci, d'admirer des objets d'ha-
bitude enfouis dans les collections publiques
ou privées et que de rares connaisseurs ont
la permission d'apprécier.