Le Canal
cnronipe Horticole
PETITES NOUVELLES
Ph. V.
L'OIDIUM DE LA VIGNE
Caractères de la maladie
LES AILES
LE POU DU CIEL
No 85.
HONORE DE BALZAC
LE SUD, dim. 15 septembre 1935.
La Chambre de Commerce d T près
a fêté samedi dernier le beau succès,
résultat de tant d'efforts la restaura
tion du canal Comines-Vpres.
Le Sud s'associe de tout cœur
aux chaleureuses félicitations adressées
M. Vermeuilen et la Région d'Ypres.
Nos lecteurs se souviendront de ce qu'à
l'initiative du Sud M. le Gouver
neur Baels avait visité l'an dernier la
tranchée dTIollebeke et des tronçons
du canal. Cette visite avait complè
tement rallié M. le Gouverneur la
restauration du canal, et depuis lors il
ne manqua d'insister auprès de l'admi
nistration centrale pour que cette juste
revendication trouve un écho Bru
xelles. Nous l'en remercions bien vive
ment.
Et nous ne pouvons mieux traduire
notre point de vue, qu'en reproduisant
la lettre ouverte la région d'Ypres qui
a paru dans le Sud en février 1934.
Nous souhaitons que notre confrère sou
tienne dans le même esprit les initia
tives prises par le Sud et les Amis
d'Ypres pour le bien général de la
région.
Nous écrivions
Grâce la Région d'Ypres la ques
tion du canal Yser-Lys est restée une
question d'actualité. Tous les efforts
ont été tentés pour que ce projet soit
abandonné. Chaque fois avec opiniâ
treté la Région d'Ypres relevait le défi,
ravivait le débat, remettait au premier
plan ce que trop d'intérêts opposés pré
tendaient rejeter dans l'ombre. Depuis
quinze ans la Région d'Ypres a exigé
cette voie de communication destinée
A relier la mer la Lys, et sans cette
ténacité, depuis longtemps on n'en par
lerait plus. Le jour où nous aurons no
tre canal, ce ne sera que justice de met
tre notre confrère l'honneur.
Et il ne faut pas oublier que dans
cette lutte menée pas pas nous trou
vons un homme qui. l'esprit toujours
en éveil, saisissait la moindre occasion
de reparler de son cher projet, inlas
sablement, avec une confiance entière
dans sa persévérance et sa ténacité.
Cet animateur est le Président de
la Chambre de Commerce d'Ypres,
M. Vermeulen, et c'est pour nous l'oc
casion heureuse de lui rendre un pu
blic hommage. Une œuvre n'est jamais
réalisée que par la volonté d'un hom
me M. Vermeulen sera dans l'his
toire de notre région, 4' homme du ca
nal de la mer la Lys.
Par Nieuport il faut que la voie de
communication soit complète pour don
ner ce port un hinterland et pour
r« hinterlapd le port ne sera avan
tageux que quand l'habitude sera prise
d'utiliser cette voie de la mer la Lys.
Pour toute notre région ce sera un
élément évident de prospérité, et pour
nos classes ouvrières il ne faut pas sous-
évaluer les avantages qu'elles en reti
reront, le coût de transport de nom
breux produits étant beaucoup moins
élevé par eau que par rail.
La guerre a supprimé de nombreu
ses sources de revenus pour notre ré
gion. Il faut tout mettre en œuvre pour
donner du travail nos ouvriers, et
susciter des initiatives. Le canal est un
de ces moyens et c'est parce que nous
en sommes convaincus, que nous re
disons la Région d'Ypres, combien
nous la félicitons d'avoir tenu bon, et
l'assurer de ce que dans l'avenir nous
serons ses côtés, poursuivant ainsi le
programme économique que nous nous
sommes tracé la défense de l'intérêt
général.
Ch. van RENYNGHE
d Les courses de Cleveland disputées par
des américains auraient pu, toutes, être ga
gnées par des Français En effet, si la France
avait envoyé Cleveland ses petits Caudron
de 8 lirtes de cylindrée elle aurait aisément,
et de très loin, battu les concurrents amé
ricains dans les courses en circuit fermé.
Et même la course Los Angelès-Cleveland
(3300 km) enlevée par Benjamin Howard
sur un appareil de 880 Cv, 370 kmh,
devant Roscoë Turner (recordman de la
traversée des Etats-Unis) 23 secondes
seulement, aurait pu être gagnée par
Delmotte qui, on s'en souvient, a récemment
couvert 1000 km 430 kmh sur son Cau
dron de 360 CV seulement
Détroyat, de retour de Cleveland où il a
remporté le tournoi d'acrobatie, a exprimé
le regret d'avoir été le seul Français Cle
veland Quel prestige la France ne reti
rerait-elle pas d'une victoire au nez des
Américains, spécialistes de la vitesse
Plusieurs personnes ayant des serres
vignes, ont constaté, leur plus grand re
gret, que leurs raisins, une fois arrivés
leur maturité, se couvraient de taches bru
nes-noirâtres et qu'en même temps les baies
se crevassaient. Il s'agit ici de la maladie,
appelée l'Qïdium de la vigne
Afin d'être agréables nos nombreux
lecteurs, dans notre Chronique de cette se
maine, nous traiterons cette maladie redou
table.
L'oïdium de la vigne, appelé scientifi
quement Uncinula spiralis, est une maladie
d'origine américaine qui a fait son appa
rition en Europe, en Angleterre en 1845
et s'est répandue depuis, un peu partout,
sur le continent, occasionnant, durant cer
taines années, telles que de 1851 1855,
de grands ravages dans les vignobles des
régions méditerranéennes.
Mais elle nous intéresse surtout, parce
qu'elle atteint très fréquemment, nos vignes
tant en plein air que dans les serres.
L'Oïdium se manifeste sous l'aspect d'un
duvet farineux, blanc, puis grisâtre, qui fait
bientôt place une coloration brune des
parties atteintes.
Ce duvet est formé par le mycélium du
champignon portant des chapelets de pores.
Ces petites vésicules qui sont disséminées
par le vent, vont propager la maladie sur
des organes saius.
Cette maladie cryptogamique, attaque les
feuilles, les bourgeons et les fruits.
La maladie apparaît plus ou moins tôt,
suivant les climats et suivant la tempéra
ture. Un fait est certain, c'est qu'une at
mosphère chaude et humide, favorise la pro
pagation du parasite.
En serre, on observe l'oïdium, souvent
dès que la vigne s'est couverte de feuilles.
Lorsque la maladie envahit les jeunes
fleurs, elle en provoque l'avortement, mais
d'ordinaire elle n'apparaît que lorsque le
grain est déjà formé sous l'aspect d'un du
vet grisâtre qui se fonce rapidement.
La pelure altérée et rendue inextensible
par le champignon, pendant que s'accroît
la pulpe de la baie, cède et se crevasse.
Si l'atmosphère est sèche, le grain peut en
core mûrir plus ou moins complètement,
si au contraire elle est humide, la partie de
la pulpe mise nu se couvre rapidement
de moisissure et pourrit. Heureusement, la
maladie ne met toutefois pas en danger la
vie de la plante, car elle n'atteint que des
parties vertes et caduques feuilles, fruits,
L'excellent pilote amateur André Japy
s'est envolé il y a quelques jours du Bour-
get 3 h. 15 il arrivait Oslo 10 h. 30
pour en repartir midi et être de retour
Paris pour dîner.
Il a réalisé la vitesse moyenne de 195 Km
heure avec son Caudron Aiglon-Benjali ju
nior de 100 CV. gréé en monoplace. Un
réservoir supplémentaire d'essence avait été
installé la place du passager. Il a par
couru 2880 Km en 14 h. 45 de vol. Avec
un avion de tourisme de 100 CV de grands
voyages aériens peuvent donc être réalisés.
de Bernera y.
Une tournée de propagande en faveur du
Pou du Ciel a été organisée en Angleterre.
Il fut décidé que Mignet et son lr disciple
Bobineau présenteraient le Pou l'un au Sud,
l'autre au Nord de l'Angleterre. Bobineau
s'embarquait destination de Glasgow et
Mignet ralliait St Inglevert avec l'intention
de réaliser la Ire traversée de la Manche
par un Pou Ce qui fut dit, fut fait.
Décollé de St Inglevert 19 h. 05 il
était au-dessus de Douvres 19 h. 40 et
Lympne 19 h. 55. Consommation 9 L,
régime 1530 t./m. Altitude 600 m.
Quelques personnalités de l'aéronautique
civile qui l'attendait furent surprises de voir
atterrir le petit appareil, ils marquèrent leur
étonnement devant une machine aussi étran
ge, ils firent Mignet un acceuil très cha
leureux.
Mignet est allé communiquer nos amis
anglais sa foi et son enthousiasme. Il y t
longtemps que l'aviation française n'avait
obtenu en Angleterre un pareil résultat.
de Berne ray.
Pour vos Fruits, Pleurs, légumes, pri
meurs, Bouquets, gerbes, garnitures de ta
ble, adressez-vous en toute confiance
Jacques VEYS
La Butte
WARNETON
jeunes rameaux et ne perdure pas sur les
ceps atteints.
Cependant, lorsqu'une vigne est attaquée
par l'Oïdium, durant plusieurs anées con
sécutives, elle languit et reprend très dif
ficilement sa vigueur primitive.
(A suivre.)
JA. V.
P«r
Enfin hormis le nombre des person
nages, en remplaçant le loto par le
whist, et en supprimant les figures de
Mr et de M™' Grandet, la scène par la
quelle commence cette histoire était
peu près la même que par le passé. La
meute poursuivait toujours Eugénie et
•es millions mais la meute plus nom
breuse aboyait mieux et cernait sa proie
avec ensemble. Si Charles fût arrivé
du fond des Indes, il eût donc retrou
vé les mêmes personnages et les mê
mes intérêts. Madame des Grassins,
pour laquelle Eugénie était parfaite de
grâce et de bonté, peristait tourmen
ter les Cruchot. Mais alors, comme au
trefois, la figure d'Eugénie eût dominé
le tableau comme autrefois, Charles
eût encore été le souverain. Néanmoins
il y avait un progrès. Le bouquet pré
senté jadis Eugénie au jour de sa fê
te par le président était devenu pério
dique. Tous les soirs, il apportait la
riche héritière un gros et magnifique
bouquet que madame Cornoiller met
tait ostensiblement dans un bocal, et je
tait secrètement dans un coin de la
cour, aussitôt les visiteurs partis. Au
commencement du printemps, madame
des Grassins essaya de troubler le bon
heur des Cruchotins en parlant Eu
génie du marquis de Froidfond, dont
la maison ruinée pouvait se relever si
l'héritière voulait! lui rendre sa terre
par un contrat de mariage. Madame
des Grassins faisait sonner haut la pai
rie, le titre de marquise, et, prenant le
sourire de dédain d'Eugénie pour une
approbation, elle allait disant que le
mariage de monsieur le président Cru
chot n'était pas aussi avancé qu'on le
croyait. Quoique monsieur de Froid-
fond ait cinquante ans, disait-elle, il ne
paraît pas plus âgé que ne l'est mon
sieur Cruchot il est veuf, il a des
enfants, c'est vTai mais il est mar
quis, il sera pair de France, et par le
temps qui court trouvez donc des ma
riages de cet acabit. Je sais de science
certaine que le père Grandet, en réunis
sant tous ses biens la terre de Froid-
fond, avait l'intention de s'enter sur
les Froidfond. Il me l'a souvent dit. II
était malin le bonhomme.
Comment, Nanon, dit un soir
Eugénie en se couchant, il ne m'écjira
pas une fois en sept ans
Pendant que ces choses se passaient
Saumur, Charles faisait fortune aux
Indes. Sa pacotille s'était d'abord très
bien vendue. Il avait réalisé prompte-
raent une somme de six mille dollars.
Le baptême de la Ligne lui fit perdre
beaucoup de préjugés il s'aperçut
que le meilleur moyen d'arriver la
fortune était, dans les régions intertro
picales, aussi bien qu'en Europe, d'a
cheter et de vendre des hommes. Il
vint donc sur les côtes d'Afrique et fit
la traite des nègres, en joignant son
commerce d'hommes celui des mar
chandises les plus avantageuses
échanger sur les divers marchés où l'a
menaient ses intérêts. 11 porta dans les
affaires une activité qui ne lui laissait
aucun moment de libre. Il était domi
né par l'idée de reparaître Paris dans
tout l'éclat d'une haute fortune, et de
ressaisir une position plus brillante en
core que celle d'où il était tombé. A
force de rouler travers les hommes et
les pays, d'en observer les coutumes
contraires, ses idées se modifièrent, et
il devint sceptique. Il n'eut plus de no
tions fixes sur le juste et l'injuste, en
voyant taxer de crime dans un pays
ce qui était vertu dans un autre. Au
contact perpétuel des intérêts, son cœur
se refroidit, se contracta, se dessécha.
Le sang des Grandet ne faillit point
sa destinée, Charles devint dur, âpre
la curée. Il vendit des Chinois, des
Nègres, des nids d'hirondelles, des
enfants, les artistes il fit l'usure en
grand. L habitude de frauder sur les
droits de douane le rendit moins scru
puleux sur les droits de l'homme. Il
allait alors Saint-Thomas acheter k
vil prix les marchandises volées par les
pirates, et les portait sur les places où
elles manquaient.
Si la noble et pure figure d'Eugénie
1 accompagna dans son premier voya
ge, comme cette image de Vierge que
mettent sur leur vaisseau les marins es
pagnols, et s il attribua ses premiers
succès a la magique influence des vœux
et des prières de cette douce fille plus
tard, les Négresses. les Mulâtresses,
les Blanches, les Javanaises, les Ai
mées, ses orgies de toutes les couleurs
et les aventures qu il eut en divers pays
effacerent complètement le souvenir de
sa cousine, de Saumur, de la maison,
du banc, du baiser pris dans le cou
loir. (A suivre).