LE SUD DANS LE NORD
La Princesse de Cambrai
Bailleul
RODKer&eg-VaD Reste
Léon Grillet
"LE SUD
4
M atériauxde construction
LE SUD, dim. 15 septembre 1935.
i ABONNEMENT 18 francs français*.
Sous lu titre Une Héroïne de Bran
tôme Renée de Bussy d'Amboise, Maré
chale de Balagny, Princesse de Cambrai, la
Librairie Pion vient de jaire paraître une
œuvre curieuse de Claude Derblay, dont
notre excellent confrère, le journal La Dé
pêche donne une analyse très complète.
Nous croyons être agréables nos lec
teurs en reproduisant l'intéressant article de
La Dépêche
La montée vers le triomphe
Beaucoup de Cambrésiens, même
parmi les gens instruits, ignorent cer
tainement qu'entre le règne des prin-
ces-évêques ou archevêques et la domi
nation espagnole, Cambrai eut un prin
ce et une princesse, sous le protecto
rat de la France, ou plus exactement
la protection. D après la phraséologie
d'alors, par un traité en bonne et due
forme que, le 29 novembre 1593, si
gna en la ville de Dieppe, aux profits,
droits et avantages, tant du maréchal
de Balagny et de sa femme, née de
Bussy d'Amboise, que des bourgeois et
habitants de la ville de Cambrai.
Cest une histoire la fois héroïque
et sanglante, où les hauts faits d'armes
se mêlent aux intrigues et où la vio
lence domine souvent la morale.
11 convient d'abord et surtout de si
tuer les personnages dans leur milieu,
milieu étrange de leur époque.
Renée de Bussy d'Amboise était
l'aînée des filles de Jacques de Cler-
mont-Gallerande, devenu, par héritage
de son oncle, le fameux cardinal Jac
ques d'Amboise, baron de Bussy, et
de Catherine de Beauvau, de noblesse
angevine elle était la sœur de Louis
d'Amboise qui, la suite d'avatars di
vers, fut tué par le comte de Mont-
soreau, dont il courtisait la femme.
Cette aventure a permis Alexandre
Dumas père d'écrire un de ses livres
de reconstitution soi-disant historique,
la Dame de Montsoreau où l'es
prit critique et le sens de la vérité se
rencontrent plus rarement que la fan
taisie et le brio du style.
Renée de Bussy d'Amboise, d'un ca
ractère violent comme son frère, jura
qu'elle n'épouserait qu'un homme qui
le vengerait et tuerait Montsoreau, ré
concilié du reste avec sa femme et
lui donnant six enfants dans une exis
tence cloîtrée par la terreur que lui in
spirait la sœur de sa victime.
Il fallait trouver ce vaillant ou ce
téméraire décidé exécuter les ordres
de l'impérieuse et haute descendante
d'une maison qui avait brillé la cour
d'un éclat incomparable. Ce fut Jean
de Montluc, sieur de Balagny, une des
figures les plus extraordinaires, quoi
que des moins connues de cette pé
riode de guerres étrangères et civiles.
Ce fut une mésalliance qui, aujour
d'hui paraîtrait peu honorable, même
avec notre esprit démocratique. Jean
de Montluc était le neveu de Biaise
de Montluc, dont le souvenir est resté
dans les sanglants souvenirs des luttes
religieuses, mais neveu de la main gau
che et n'ayant même pas le droit de
porter la barre dans ses armes, puisque
son père, frère du maréchal, était d'é
glise. Autour de la mère, des légen
des s'étaient formées une esclave grec
que venue d'Orient, une abbesse de
Valence, infidèle ses vœux, tandis
que. probablement, la rencontre cou
pable n'eut pas cet éclat mystérieux
dont la vanité chercha l'entourer.
Quoi qu'il en soit, le petit Jean, doté
de la terre de Balagny, en prit le nom,
avec le titre de gentilhomme. Doué de
grandes qualités physiques et de beau
coup de vices moraux, il fit ses aca
démies en Italie, suivit en Pologne
le frère du roi appelé régner dans
cet exil, rentra en France avec Hen
ri III, mais, ayant perdu ses protec
teurs, mit, pour la vengeance, son épée
au service de Renée de Bussy, sensi
blement plus âgée de lui, et qui lui
accorda sa main condition qu'il tue
rait Montsoreau ou le ferait, tuer, car
on n'était pas difficile sur les moyens.
Ce fut cette promesse, précisément
parce qu'elle ne fufc pas réaisée, qui
fut l'origine de la fortune de Balagny.
Mais hâtons-nous d'arriver Cambrai.
Terre d'église, pays souverain. Cam
brai était régie par un évêque-comte,
devenu duc en 1510, par la protec
tion de l'empereur Charles-Quint qui,
sous prétexte de défendre la ville con
tre les Français, l'avait dotée d'une
puissante citadelle sur le Mont des
Bœufs, construite, du reste, aux frais
des bourgeois et dans laquelle il mit
un gouverneur sa dévotion.
Cette tutelle pesait lourdement aux
habitants. Philippe II, tout en faisant
nommer l'évêque archevêque, lui en
leva le reste de son autorité en éri
geant le Cambrésis en fief indépendant
de l'Empire avec pouvoir d'y établir
un commandant et d'y mettre garni
son. C'était la prise de possession de
jure succédant au pouvoir de fac
to
En 1576, Guillaume d'Orange chas
sa les Espagnols de la place et fit dé
signer par les Etats, comme comman
dant, un de ses alliés, Baudouin de Ga-
vre, baron d'Inchy-en-Artois, qui avait
toutes les qualités brillantes et les vi
ces profonds de son époque.
Baudouin de Gave, pour s'emparer
de la citadelle, se présenta comme en
voyé du roi d'Espagne, fut reçu avec
honneur et fit tout simplement arrê
ter le gouverneur, M. de Licques, qu'il
envoya prisonnier Bouchain, puis il
produisit le diplôme des Etats de Hol
lande qui lui conférait le gouvernement
de la Citadelle. C'était ruse de guerre.
L'archevêque-duc de Cambrai, Mgr
de Berlaymont, tout dévoué l'Espa
gne, protesta, mais que faire contre la
force Il s'inclina, mais resta hostile.
(A suivre.)
BOURSE CHANGE
COUPONS
31, Rue de Menin YPRES
Téléphone 144.
Bureau ouvert la semaine et le
dimanche.
Nous os ons retrouvé une notice sur Bail
leul rédigée par l'historien Eugène Cortyl.
Nous ne doutons pas que nos lecteurs li
ront avec le plus vif intérêt ce bref résumé
de la vie de la cité-sœur d'Y près.
SITUATION
La ville de Bailleul, située 29 kilo
mètres de Lille et 1 8 kilomètres d'Y-
pres, était, avant 1 789, le chef-lieu de
la châtellenie de ce nom et de l'un
des doyennés du diocèse d'Ypres. A-
vant 1559, Bailleul faisait partie du
diocèse d'Ypres. Avant 1559, Bailleul
faisait partei du diocèse de Thérouan-
ne. Cette ville est aujourd'hui le chef-
lieu de deux cantons de l'arrondisse
ment d'Hazebrouck siège de deux doy
ennés du diocèse de Cambrai (1).
ORIGINE
Meyer et Grammaye ont reproduit
la légende qui fait remonter l'existence
de Bailleul l'occupation romaine. La
situation de cette localité sur la voie
que les Romains avaient tracée entre
Cassel et Wervicq et les découvertes
de médailles et de débris d'armes de
1 époque romaine, faites non loin de
la ville, près d'une colline appelée le
Mont de Lille tendraient donner
cette légende un fond de vérité. Du
reste, le nom même de la ville paraît
dénoter une antiquité d'autant plus
haute, que les linguistes sont portés
voir dans ses anciennes formes Baliol
(1 102), Bella (1115), Balgiol (1140)
Bellis (1180), Belle (1187), une al
lusion au culte du dieu Baal ou Bel.
Quoi qu'il en soit, les chroniques de
1 abbaye de Saint-Bertin attribuent l'o
rigine de Bailleul un château fort que
les Normands détruisirent en 882' et
qu'Arnould le Vieux reconstruisit dans
de plus grandes proportions en 948.
Robert le Frison en aurait augmenté les
défenses et entouré la ville même d'une
enceinte fortifiée en 1072, ou en 1084.
Il est probable que Bailleul fut _élevé
au rang d'oppidum lorsqu'il reçut ses
premières fortifications (1072-1084),
en tout cas Warnkœnig indique la date
de 1093 comme étant celle d'un docu
ment où se rencontre la première men
tion de la ville de Bailleul.
CHATELLENIE
Vers la même époque paraissent les
premières mentions de la charge de
châtelain de Bailleul, qui primitivement
semble avoir appartenu héréditairement
une famille de ce nom. Au XUIe siè
cle, elle avait passé aux d'Aubigny. Le
5 mai 1295, Jean d'Aubigny vendit,
au prix de 3.000 livres parisis, Guy
de Namur, fils du second lit du comte
Guy de Dampierre, la châtellenie de
Bailleul avec toutes ses terres, revenus,
hommages et autres droits en dépen
dant. Le territoire de la châtellenie était
fort irrégulièrement découpé et formait
diverses enclaves dans la châtellenie de
Cassel. Il comprenait lo la ville elle-
même 2o son métier (ambacht), com
posé de la partie rurale de la paroisse
de Bailleul, de la presque totalité de
la paroisse de St-Jans-Cappel et de ce
qui appartenait au prince en la paroisse
de Berthen 3o les paroisses de Mé-
teren et de Merris' 4o les seigneurie*
particulières a) prévôté de Saint-Do-
nat de Bruges, s'étendant dans la ville
et dans les paroisses voisines b) conv-
manderie du Temple sur Caestre et
Eecke c) seigneurie de Vleninckhove,
entre Berthen et Boeschèpe d) sei
gneurie d'Angest dans la paroisse
d'Arnèke 5e les vassaleries suivan
tes Caestre, Nieppe, Steenwerck et
Flêtre en partie, Westoutre (jusqu'en
1 778), Dranoutre et Neuve-Eglise (jus
qu'en I 769).
(A suivre.)
LE SUD est en lecture dans plu
de cent hôtels et cafés et vous recor
mande
DUNKERQUE
Hôtel des Arcades.
Au Brave Jean Bart.
Café-Restaurant du Vingtième Sièc!-
Café du Commerce.
BAILLEUL
Café-Restaurant de l'Epi de Blé.
Café Français.
Café de la Paix.
Café de Belle-Vue.
BERGUES
La Tête d'Or.
HAZEBROUCK
Hôtel du Nord.
Hôtel St Georges.
Café du Centre.
Hôtel Gambrinus.
au MONT-CASSEL
Hôtel du Sauvage.
Taverne Flamande.
EST LE JOURNAL
DE TOUTE LA RÉGION
II
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A la Douane Française.
Café de la Bourse.
Au Coq Gaulois.
Café Moderne.
Au Prophète.
Estaminet du Bu eau.
LILLE
Hôtel-Restaurant Alcide.
Hôtel Terminus.
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Hôtel-Restaurant Taverne Lilloise,
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9, Marché au Bétail, YPRES
TEL. 120
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Hôtel de Flandre.
Tous travaux de Carrelages,
faïences et éternit, exécutés par
des ouvriers spécialistes.