La Princesse de Cambrai
Bailleul
Léon Grillet
4
RAQUETTES
Belgo-/port
LE SUD, dim. 22 septembre 1935.
LE SUD DANS LE NORD
iABONNEMENT 18 francs français.!
(Suite)
La France, en ce moment, nous étions
en 1576, était en pleines guerres de reli
gion. Le Béarnais, qui venait de révoquer
sa répudiation du protestantisme, obtenue
par crainte lors de la Saint-Barthélemy,
guerroyait contre le roi de France.
Guillaume d'Orange, ne pouvant tenir
sa conquête, l'offrit son coreligionnaire
qui devait devenir, plus tard, Henri IV, et
celui-ci envoya Cambrai sa sœur, la reine
Margot, qui était une fine mouche. L'arche
vêque la reçut pompeusement avec sa suite.
Avec beaucoup d'habileté, la reine de Na
varre, sous prétexte de faire une cure d'eau,
poussa une pointe jusqu'à Liège, reçut des
Espagnols un accueil non moins cérémonieux
et prépara ses batteries, après avoir leurré les
uns et les autres.
Entretemps, par une ruse analogue celle
qui avait si bien réussi Bauduin de Gavre,
don Juan, accompagné du comte de Berlay-
mont, père de l'archevêque, et des frères
de ce dernier, récupéra la citadelle et en
fit sortir la garnison, s'étant introduit l'in-,
téreiur en se faisant offrir un banquet.
La pensée de Marguerite était de remettre
Cambrai son frère, le duc d'Anjou, qui
leva, cet effet, des troupes, dont il confia
le commandement Bussy d'Amboise, alors
en pleine faveur. Mais les Etats de Hollande,
craignant l'influence française, refusèrent, et
Monsieur découragé, se retira jusqu'à
Alençon, désavouant Bussy.
Nous ne sommes pas au bout des in
trigues. D'Inchy était parvenu chasser l'ar
chevêque de la ville et reprendre la cita
delle qu'il livra une garniscon hollan
daise, ce qui amena l'intervention d'Ale
xandre Farnèse, le général espagnol le plus
réputé.
Puis, nouveau coup de théâtre les Cam-
brésiens, qui détestaient l'Espagne, offrirent
au duc d'Anjou la protection de leur ville
et du Cambrésis. Le duc, changeant d'avis,
accepta et, pour délivrer Cambrai, pressée
par Alexandre Farnèse, il envoya 4.000 hom
mes Balagny qui, avec une partie de ses
troupes, put entrer dans la ville, récon
forter le moral des habitants et tenir jus
qu'à r envoi d'une armée conduite par le
duc d'Anjou et qui força Farnèse se re
tirer.
C'était, on le voit, la marche lente vers le
triomphe qui allait éclater subitement, mais
qui ne fut pas de grande durée, car la
Roche Tarpéienne est près du Capitole.
Le Capitole et la Roche Tarpéienne
Voilà donc notre homme introduit dans
la vieille cité fondée par Rome et qui ne
savait quel souverain se vouer. L'occa
sion était tentante et nous entrons dans le
vif d'un sujet où l'imprévu, abondant jus
que-là, n'était pas sur le point de faire dé
faut. Le duc d'Anjou avait promis Ba
lagny la souveraineté de Cambrai il oublia
cette promesse et lui offrit, en échange, la
ville et le duché de Château-Thierry.
Balagny fit contre mauvaise fortune bon
cœur, mais resta Cambrai et, par des pro
cédés assez mystérieux, trouva le moyen de
se débarrasser du baron d'Inchy, mort d'une
arquebusade, dans une surprise ou autrement.
Il lui fit faire de splendides funérailles,
mais devint, en fait, le maître de Cambrai.
C'est en cette qualité que, recrutant des
trodpes, il prit partie pour la Ligue con
tre le Béarnais se fit même servir par
Farnèse une pension de 15.000 pistoles frap
pées avec l'or provenant des Amériques
mais en fin renard qu'il était, il refusa de
livrer Cambrai aux Espagnols, réservant la
ville pour celui qui sera roi de France.
Mais les affaires de Henri de Navarre
progressent, et Balagny, qui a été étrillé
Arques avec l'armée de Mayenne, songe,
poussé par sa femme, retourner sa veste,
mais en se faisant payer son évolution par
un titre souverain. La sœur de Bussy veut
devenir princesse de Cambrai Et cette
quasi-couronne, elle l'obtint après beaucoup
d'intrigues, de négociations qu'elle conduisit
elle-même. Et, finalement, Dieppe, un
véritable traité fut conclu, donnant Ba
lagny la citadelle et ville de Cambrai et
pays du Cambrésis, au titre de principauté
ou duché pour lui et les siens.
La fine mouche rencontra, du reste, un
précieux auxiliaire en la personne de la belle
Gabrielle d'Estrées, très en faveur auprès du
roi, mais -et ce fut, dans son immora
lité, la revanche de la loi morale, elle
ne se doutait pas qu'elle morte, Balagny
épouserait, dans des conditions aussi peu
honorables que possible, la sœur de celle
dont elle sollicitait l'appui.
(A suivre.)
Société Coopérative
110 Rue Ste Catherine 110
BRUGES
Les marques pour 1935
J. D. M. PRINCE ARIANE
ASTRA.
(Suite)
SEIGNEURIE
La ville même formait une seigneu
rie appartenant déjà aux comtes de
Flandre au Xlle siècle. La terre de
Bailleul fit ce titre partie du douaire
de Mathilde de Portugal, veuve de
Philippe d'Alsace. Elle sortit des mains
des comtes de Flandre dans le cours
du XlIIe siècle. En 1281les droits
seigneuriaux appartenaient Jean de
Dampierre, sire de Saint-Dizier en
1287, le comte Guy de Dampierre, les
racheta pour en investir son fils puîné,
Guy de Namur.
DEVELOPPEMENT
Bailleul avait acquis au XlIIe siècle
un grand développement et une im
portance commerciale que ne purent lui
enlever l'incendie et le pillage dont
cette ville eut souffrir lors de l'inva
sion française de 1213. L'industrie de
la laine y avait pris une telle exten
sion que Bailleul prit alors rang cô
té des grandes métropoles commercia
les de Bruges, de Lille et d'Ypres, par
mi les dix-sept villes qui formèrent,
sous le nom de Hanse flamande de
Londres, l'une des plus puissantes li
gues des cités commerçantes du Nord.
L'importance industrielle amena l'au
torité et le crédit politiques. En 1257
et en 1275, les échevins de Bailleul fu-
LE SUD est en lecture dans plu»
de cent hôtels et cafés et vous recoin
mande
a DUNKERQUE
Hôtel des Arcades.
Au Brave Jean Bart.
Café-Restaurant du Vingtième SiècF
Café du Commerce.
BERGUES
La Tête d'Or.
HAZEBROUCK
Hôtel du Nord.
Hôtel St Georges.
Café du Centre.
Hôtel Gambrinus.
au MONT-CASSEL
Hôtel du Sauvage.
Taverne Flamande.
ARMENTIÊRES
A la Douane Française.
Café de la Bourse.
Au Coq Gaulois.
Café Moderne.
Au Prophète.
Estaminet du Bu.eau.
BAILLEUL
Café-Restaurant de l'Epi de Blé.
Café Français.
Café de la Paix.
Café de Belle-Vue.
STEENVOORDE
Hôtel de Flandre.
LILLE
Hôtel-Restaurant Alcide.
Hôtel Terminus.
Hôtel Continental.
Hôtel-Restaurant Taverne Lilloise.
HONDSCHOOTE
Hôtel-Restaurant Corion.
NIEPPE
Estaminet Saint-Eloi.
Café de l'Hôtel-de-Ville.
PARIS
Hôtel LUTETIA.
LE SOUVENIR
DE LA REINE ASTRID.
En parcourant les journaux du Nord,
nous sommes vraiment émus de consta
ter combien la population du Nord
participe au deuil de la Belgique. Cha
que jour nous relevons des comptes
rendus de messes et de manifestations
qui prouvent tout ce que nos popula
tions ont de pensées communes et de
relations d'affection. Nous sommes
certains de traduire le sentiment de nos
lecteurs en marquant cette occasion
toute notre gratitude aux Français du
Nord.
LE SUD.
rent appelés par les rois de France
Louis IX et Philippe III donner ces
princes des sûretés contre la violation
des traités conclus entre ceux-ci et la
Flandre. Les magistrats de la ville,
comme ceux de toutes les grandes cités
flamandes, durent promettre alors so
lennellement ces rois, toujours in
quiets de voir les comtes de Flandre
proclamer leur indépendance les armes
la main, qu'ils se rangeraient sous la
bannière du roi de France, contre leur
comte lui-même, s'il violait son ser
ment de vasselage et entrait en lutte
contre son suzerain. Nous voyons en
core figurer les mandataires des éche
vins de Bailleul au nombre des repré
sentants des villes de Flandre qui ac
compagnèrent Robert de Béthune
Paris en 1320, pour ratifier et jurer
avec lui la paix conclue entre la Flan
dre et Philippe IV.
FRANCHISES ET COUTUMES
Dès l'an 1281, Bailleul avait un
avoué, sept échevins, et probablement
déjà quatre apaiseurs (paysierders)
appelés imposer aux bourgeois la sû
reté et paix du seigneur déjà en 1237,
la communauté avait un sceau et était
représentée juridiquement par huit
bourgeois suffisants. Les officiers du
comte étaient Bailleul le bailli de la
ville et de la châtellenie, plus tard
grand-bailli, le lieutenant-bailli et le
maïeur de la ville et du métier, appelé1
dans la suite écoutète. Si l'on consi
dère que durant près d'un siècle et
demi, de 1158 1295, les villes de
Bailleul et d'Ypres eurent les mêmes
châtelains et que l'organisation muni
cipale de la première était calquée sur
celle de la seconde, on peut admettre
avec beaucoup de probabilité que Bail
leul obtint, comme YpTes, une keure
générale vers la fin du Xlle siècle. Loui»
de Namur, son seigneur confirma se»
privilèges en 1 249 et, en 1 5 1 7, la ville
obtint de Charles-Quint, une reconnais
sance nouvelle de ses droits dans un
document appelé communément la Ca
roline ou Grand Privilège qui resta la
charte de la cité.
Le jour de Pâques 1548, le magistrat
de Bailleul adressait aux commissaire»
du prince une rédaction de la coutu
me de la ville, dont il demandait l'ho
mologation. Près de vingt ans après,
en février 1567, celle-ci n'avait pu être
obtenue, et le Conseil de Flandre ren
voyait le texte de la coutume aux éche
vins de Bailleul pour y apporter certai
nes modifications.
Il existe une rédaction de la coutume
particulière de la châtellenie, écrite
comme la précédente en exécution de
l'ordonnance de 1531 elle ne fut ja-
mais homologuée. Plus tard, les deux
coutumes de la ville et de la châtelle
nie furent fondues en une seule qui
reçut l'homologaton du roi Philippe IV
le 9 janvier 1632.
(A suivre).
BOURSE CHANGE
COUPONS
31, Rue de Menin YPRES
Téléphone 144.
Bureau ouvert la semaine et le
dimanche.