Toussaint.
Une Enquête
La Question Frontalière,
Cela va mieux.
2e ANNEE No 43.
Hebdomadaire 50 cent, le numéro.
DIMANCHE 27 OCTOBRE 1935.
Pour qu'une nation soit, il faut qu'une
solidarité nationale existe et qu'elle se cris
tallise dans la volonté du pouvoir.
ABONNEMENT 1 AN 20 FRANCS JUSQU'A FIN 1935 5 FRANCS.
Direction-Administration Ch. van RENYNGHE,
19, rue Longue de Thourout, YPRES. Compte-chèques postaux 1003.43.
I
Nos aînés liquident le passé pendant
que nous construisons l'avenir.
Prier pour les morts cesse d'être une
abstraction, quand un deuil a frappé votre
foyer et que vous priez pour vos défunts,
pour vos proches, vos parents, pour un être
cher, que la Mort a arraché votre affec
tion. Vous trouvez dansla prière une con
solation. Vous vous sentez plus près du dis
paru. Et quand autour, de vous, votre foyer,
plusieurs prient avec vous, cette union de
sentiments vous apporte une consolation
plus douce encore.
Ne sont-ils pas émouvants ces fours de
Toussaint et des Morts L'Eglise entière,
unanimement, arec tous ses membres, prie
pour tous les défunts. Et chacun trouve dans
ces journées de prière une consolation, un
réconfort et une grande espérance.
Il n'est pas de chrétien en terre de Bel
gique qui n'évoquera ces jours le souvenir
de la Reine Astrid. Comme l'unanimité du
peuple ennoblira chacun dans cette pensée
collective. N'est-elle pas, la douce Reine
Astrid, le symbole de la fragilité des bon
heurs humains. Pouvait-on imaginer un plus
parfait épanouissement du bonheur dans la
vie. Et. en une seconde, tout s'écroula.
Il reste un émouvant souvenir de la Rei
ne. de l'épouse, de la mère, de cette femme
si parfaitement et si simplement chrétienne.
-On inaugurera ce jour de Toussaint au ci
metière de Werv'tcq une plaque commémo-
rative la Reine Astrid, Mère des Pau
vres 1
Il fallait qu'elle vive. Son foyer et son
peuple le demandaient. Elle ne pouvait
faire que du bien elle ne pouvait semer
que du bonheur. On ne pouvait songer
elle sans comprendre aussitôt ce que peut
être le rayonnement de la vie, quand cette
vie n'est pas vaine, qu'elle n'est pas égoïste,
qu elle se donne pour le bonheur des autres.
Nous avons mené une enquête en Belgi
que et dans le Nord au sujet du renvoi de
nos frontaliers. Ce n'est pas du fait que
les mesures prises par le Gouvernement
sont retardées de quelques jours, que cet
angoissant problème ne doit plus occuper
l'attention de l'opinion publique. Pour
donner cette enquête l'importance qu'elle
mérite, nous avons piloté le sympathique
reporter du Vingtième Siècle Max Ho-
deige. N'étant pas obsédé comme nous le
sommes depuis des mois par cette question
frontalière, il pouvait, mieux que nous,
donner objectivement l'historique de la
question et tirer de nos visites et de nos
démarches les traits essentiels. Nos lec
teurs seront heureux de lire dans nos co
lonnes ces intéressants articles, qui témoi
gnent de l'intérêt que le Vingtième Siè
cle porte aux questions vitales pour notre
région.
C. v. R.
QUELLE SERA LA SITUATION
DE NOS OUVRIERS
FRONTALIERS
Que la mort de la Reine Astrid contri
bue au bonheur de notre peuple. Ce jour
de Toussaint et ce jour des Morts, quand
notre souvenir sera obsédé par l'immaté
rielle présence de Celle dont le corps fut
meurtri, mais qui vivra toujours dans nos
c leur s, que ce souvenir nous serve imiter
les deux grandes vertus de la Reine As
trid 14 vertu de foie qui rend meilleur
tous ceux qu'elle approche, la vertu de
Simplicité qui crée entre les êtres humains
une telle communauté, que devant elle il
n'existe même plus de distinction entre les
classes sociales. La joie que tue l'égoïsme,
lu joie se donne, se propage, rayonne. La
simplicité que tue l'orgueil, est le rappro
chement entre les hommes, l'amour du pro
chain. le fondement de la charité.
Toussaint Que la Reine Astrid nous en
seigne la joie et la simplicité.
C. v. R.
L'EXPOSITION DES PHOTOGRA
PHIES DE LA REINE ASTRID est
ouverte Courtrai les 31 octobre, 1,
2 et 3 novembre. Dans la chronique
de Courtrai vous trouverez tous les ren
seignements complémentaires.
LIRE en page 8 un très intéressant
article sur le port de NIEUPORT.
I. De la prospérité factice
la persécution larvée.
La frontière franco-belge a beau s'in
scrire en traits larges sur les cartes de
géographie et dans les documents di
plomatiques, rien ne correspond moins
la nature des choses et aux réalités
locales que l'espèce de barrière dres
sée de Longwy jusqu'aux dunes. C'est,
de part et d'autre de cette ligne idéale,
la même terre argileuse et grasse, où
des fermes de 10 30 hectares exploi
tent le houblon, la betterave et le ta
bac, la même unité de paysage, plat et
calme, où les arbres, pliés par le vent
de la mer, ont l'air de supporter les
péchés du monde, et l'on met au défi
l'amateur le plus éclairé, de distinguer
une maison belge d'avec ses congénè
res de l'autre côté de la Lys. Et ce qui
est des choses, l'est des hommes, en
vertu d'un brassage étroit et séculaire
qui, sous les différences de langues et
d'usage publics, a laissé subsister la
même race flamande, fière et tenace.
Les échanges quotidiens d'ouvriers, un
long passé de fêtes et de luttes com
munes, joints l'empreinte d'une cul
ture qui domina longtemps l'Europe,
voilà de quoi nouer entre le Sud belge
et le Nord français des liens plus soli
des que ceux de l'éloquence officielle.
C'est pourtant cette sorte d'affinité,
cette forme supérieure d'internationa
lisme, que l'on menace chaque jour
depuis quelque temps.
L'OUVRIER BELGE,
RICHESSE DU NORD.
L'Histoire en est simple et pleine
d'enseignement. Quand le rattache
ment de Mulhouse l'Allemagne eût
orienté de l'Est au Nord un des prin
cipaux bassins textiles de la France,
il se trouva que la main-d'œuvre néces
saire cette adaptation vînt man
quer. Conformément au grand mouve
ment d'expansion industrielle du XIXe
siècle, qui devait arracher la terre
tant de mains aujourd'hui rendues
1 inaction, 1 attrait de l'usine s'exerça
bientôt sur ces paysans robustes, aux
familles nombreuses, et de plus en
plus I étroit sur une campagne mor
celée. Le troisième fils du fermier, son
deuxième, et parfois même son fils
aîné, apprirent vite comparer le gain
rapide d une semaine de peignage au
labeur ingrat de leur père, tandis que
leurs dons naturels d'attention et de
constance en faisaient bientôt des ou
vriers capables et remarqués. La ri
chesse du Nord de la France sortit de
la sorte de leurs mains calleuses et de
leurs yeux agiles. Bien avant la guerre
déjà, tous les métiers de cette région
marchaient au commandement de nos
spécialistes.
Mais c est après la guerre, surtout
que notre main-d'œuvre devait assurer
sa conquête. Des trous d'obus de l'of
fensive et des ruines encore fumantes,
s élevèrent des rivales bourdonnantes
de Manchester, où les règlements d'e-
telier avaient leur traduction flamande.
On se disputait les ouvriers belges
prix d or et rien n'était au-dessus de
leurs exigences. De grands camions au
tomobiles, ancêtres des sleepings ac
tuels, venaient les prendre au gîte pour
les déposer l'usine où l'on recrutait,
toutes portes ouvertes. Les noms il
lustres de Ramscapelle, Reninghe, Lan-
gemarck et Dixmude qui avaient mar
qué durant quatre années l'extrême li
mite du combat, servaient aujourd'hui
délimiter la zone frontalière f
Temps béni de l'idylle franco-belge.
(Voir suite page 4)
USEZ DANS LE SUD
Page 2 Chronique aéronautique.
Propos de l'Oncle Bep.
Page 3 Chronique horticole. Feuil
leton.
Page 4 Le Sud dans le Nord.
Pages 6, 7, 10 et 11 Chroniques de
km
Page 8 Au Littoral.
Page 9 Tovaritch de Jacques Deval.
Page 12 Les Sports.
Page 13 La Bataille d'Ypres. A
l'Exposition.
Pages 14 et 15 Pour la Femme.
Page 16 Annonces notariales.
Dans la chronique d'Ypres vous trou
verez tous les renseignements concer
nant la SEMAINE DE PROPAGANDE
AERONAUTIQUE et des détails sur
la journée du 16 novembre.
L'économie mondiale et l'écono
mie belge sont en voie de redresse
ment. Il devient ridicule de le contes
ter. Et l'attitude de certains polémistes
nous déconcerte. Ce n'est pas parce
que l'économie s'améliore, que le ré
gime politique devient moins mauvais.
On a utilisé la crise contre le régime,
mais on a eu terriblement tort d'idenr
tifier la crise et le régime. Nier la re
prise économique sous prétexte que
l'on est dans l'opposition, c'est aller au
devant d'un échec. Les politiciens
étaient impuissants devant la crise
mondiale ils sont spectateurs de la
reprise. Si vous voulez économie et
parlementarite sont deux domaines
différents et tout le travail constructif
devrait consister s'intéresser directe
ment la rénovation économique, en
laissant aux mandataires politiques leur
petite cuisine électorale. Chacun sa
place, et de petits strapontins réservée
aux mandataires des partis.
Voici ce que dit de la reprise une
personnalité bien placée.
Il suffit de jeter un coup d'oeil sur les
journaux financiers pour constater que les
affaires sont en bonne voie d'amélioration
et autorisent beaucoup d'espoirs. La plupart
des sociétés industrielles enregistrent des
résultats satisfaisants. Toutes sont en pro
gression marquée et certaines d'entre elles
annoncent la distribution de dividendes
après avoir dû se résigner, au plus fort
de la crise, n'assurer aux titres aucune
rémunération. La grosse métallurgie accuse
un mouvement d'affaires sérieux. Les
grands magasins sont en progrès notables.
Les charbonnages sont tous en bénéfice et
non seulement les charbonnages industriels,
mais ceux qui ne livrent que du charbon,
domestique. De ce côté, la situation est
beaucoup meilleure que l'an dernier.
Au chapitre de l'alimentation, on con
state une progression considérable. La ver
rerie et la glacerie vont beaucoup mieux.
L'activité est très grande en produits chi
miques. La consommation d'électricité aug
mente. Chaque jour qui passe amène un
nouveau progrès. Il y a un mieux incon
testable et un mieux général.
Autre signe intéressant l'augmentation
du trafic marchandises constatée la So
ciété Nationale des Chemins de fer. Cette
augmentation est de 8 10 p. c. et la so
ciété réalise des bénéfices. L'an dernier, le
boni d'exploitation était de 12 millions
800.000 francs qui se ramènent 3 mil
lions environ, déduction faite des charges
financières. Cette année, le bénéfice sera de
25 millions qui, charges déduites, repré
senteront effectivement 15 millions de bé
néfices. Et ce malgré l'abaissement des ta
rifs qui furent réduits de 10 p. c. le 20
janvier.
Il y a aussi du mieux dans l'industrie du
zinc, dans l'industrie de la fabrication de*
chaussures, dans les filatures. La construc
tion, seule, paraît un peu en retard et cela
tient vraisemblablement ce fait qu'elle
doit attendre les commandes et que celles-ci
ne lui parviennent que lorsque le» grande»
industries dont elle dépend commencent