LE SUD DANS LE NORD
Léon Grillet
CESAR MOTTRIE
A Vendre d'Occasion
LE SUD, dim. 29 décembre 1935»
•ABONNEMENT 18 francs français.
LA FAMILLE SEIGNEURIALE
DE ROUBAIX.
Pierre et Isabeau de Roubaix
ont-ils encore
des descendants
Nous faisons écho la note suivante pa
rue dans le JOURNAL DE ROUBAIX
De nombreux lecteurs du «.SUD s'occu
pant d'histoire répondront sans doute cette
question de notre confrère du Nord.
Un de nos concitoyens nous posait hier
cette question
Pierre et Isabeau de Roubaix ont-ils
encore des descendants
Et, en même temps, il nous communi
quait des renseignements dont l'intérêt est
évident et que nous publions avec plaisir.
Nous espérons d'ailleurs pouvoir, très
prochainement, pousser plus avant la pre
mière étude que nous livrons aujourd'hui
nos lecteurs.
f
La famille seigneuriale de Roubaix dont
les érudits historiens Leuridan ont, les pre
miers, écrit l'histoire, s'est éteinte dans sa
ligne masculine le 7 juin 1498, lorsque
Pierre de Roubaix mourut l'âge de 83 ans.
Quatre années plus tard, en mai 1502,
décédait sa file Isabeau, âgée de 68 ans,
veuve de Jacques de Luxembourg.
Isabeau avait trois filles, dont l'aînée,
Isabeau de Luxembourg, était la femme de
Jean de Melun, comte d'Epinoy.
Les seigneurs de Roubaix des maisons de
Luxembourg et de Melun appartenaient
aux premières familles de l'Europe féodale.
Ils ont eu une descendance innombrable
et les généalogistes les plus avertis peuvent
difficilement se retrouver dans les branches
touffues de cet immense arbre familial.
Il est fort probable que de nombreux ar
rière-petits-enfants de Pierre et d'Isabeau
de Roubaix sont aujourd'hui nos contem
porains.
De ces descendants quel est celui qui, en
ligne directe, porterait aujourd'hui le titre
de seigneur de Roubaix si le régime féodal
avait subsisté en France
Ce titre a été porté de 1735 1766 par
l'un des gentilshommes les plus brillants
de la fin de l'ancien régime et les plus
connus de toute l'Europe le prince Charles-
Joseph de Ligne.
Dans l'histoire de ce prince, écrite par
Marthe Oulié (Hachette), on lit, page 12
Le dauphin de la maison de Ligne por
tait un titre français celui de marquis de
Roubaix, qu'il tenait de Marie de Melun.
Charles-Joseph voyagea dans l'Europe en
tière sous le nom de marquis de Roubaix,
jusqu'à la mort de son père, en 1766
Nos lecteurs pourraient-ils nous aider
découvrir parmi les membres actuellement
vivants des familles de Luxembourg, de Li
gne et de Melun, quel est celui qui aurait le
droit de porter les titres des seigneurs de
Roubaix
IL Y A CENT ANS
Le 8 décembre 1835, le préfet du Nord
a reçu la lettre officielle par laquelle plu
sieurs capitalistes de Lille et dê Paris solli
citent du gouvernement l'autorisation de
créer Lille, sous le titre de Banque du
Nord, une banque l'instar de celles de
Bordeaux, Rouen, Lyon et Marseille. A
cette lettre étaient joints les statuts de la
nouvelle banque. Les fondateurs de cet
établissement, vivement désiré et appelé
exercer sur les affaires une si heureuse in
fluence, sont MM. de Rotsschild frères,
de Paris J. Ch. Davillier et C. id. A.
Beaussier, directeur de la monnaie, Lille
Aug. Bernhard, négociant, id. L. Brame,
propriétaire, id. Charvet-Barrois, négo
ciant, id. Charvet-Fivez, manufacture, id.
H. Cuvelier banquier, id. Alex Delier,
propriétaire, id. Desmazières, négociant,
id. J. Marracci, négociant, id. Théodore
Rouze, banquier, id. Charles Verley, né
gociant, id. f
Les statuts de la banque du Nord ont
été immédiatement transmis M. le ministre
du commerce. Déjà la chambre de commer
ce c'est unanimement prononcée sur la
haute utilité de cet établissement qu'elle a
vivement recommandé la sollicitude de
M. le ministre du commerce. Il y a donc
lieu de croire que l'ordonnance d'autorisa-
iont ne tardera pas paraître.
STEENBECQUE
Steenbecque est mi-route entre Boese-
ghem et Morbecque. Son église trois nefs
d'égale hauteur, a conservé son aspect an
cien entrée l'ouest, chœur l'est en
avant du chœur une grosse tour portée sur
quatre robustes colonnes flanquées de co-
lonnettes, est surmontée d'une flèche en
bois qui s'est déformée sous l'action suc
cessive de la chaleur et de l'humidité. Des
boiseries exécutées récemment en style Louis
XV remplaçent celles qui ont disparu et
dans lesquelles avaient pris place les confes
sionnaux conservés. Le chœur est décoré
d'une boiserie datant de la fin XVII siè
cle elle est peut-être un peu lourde elle
ne laisse toutefois d'être élégante dans
chaque panneau s'encadre une tête de saint
vigoureusement sculptée. Sainte Pharaïlde
est particulièrement vénérée Steenbecque
une chapelle lui a été dédiée dans la nef
latérale de gauche on y voit une statue
de la sainte et un tableau qui ne sont pas
sans mérites. M. le chanoine Flahaut a con
sacré au culte de sainte Pharaïlde Steen
becque un opuscule de 32 pages qui a été
édité en 1898 Dunkerque chez M. Michel.
Il y a reproduit un dessin représentant la
s:atue de Steenbecque conservé dans les Al
bums Flahaut qui garde précieusement la
Bibliothèque au Comité Flamand. La chaire
de l'église, en bois sculpté, du XVIIe siè
cle provient de l'église d'Aire-sur-la-Lys
elle a été classée. Une autre richesse de
Steenbecque est a sa croix processionnelle
de 1597 en argent repoussé et fondu en
partie doré elle a figuré très honorable
ment l'Exposition religieuse de Lille en
1874 et a été classée en 1896.
ECHO BIBLIOGRAPHIQUE
Daniel Rops. La Misère et nous.
Grasset. 9 frs français.
Lorsque le mauvais riche eût été jeté en
enfer il demanda Abraham d'envoyer sur
la terre Lazare afin d'avertir ses pères, de
leur éviter un châtiment identique. Abra
ham répondit Ils ont Moïse et les Pro
phètes qu'ils les écoutent. (Luc XVI-29).
M. Daniel Rops joint sa voix celles de
Moïse et des prophètes. La tâche est ingrate
et l'auteur ne se le dissimule point On
donne cinq sous au mendiant de la rue
et l'on s'efforce de n'y plus penser Com
bien fâcheux l'homme qui nous y contrain
dra D'aucuns, côté de nous connaissent
toutes les affres de la misère chômeurs,
étudiants surmenés et sous-alimentés Des
pères die famille, désespérés, se sont donné
la mort. Pendant ce temps, l'on brûle du blé,
et des tonnes de café sont jetées la mer.
Nous nous en soucions si peu nous
sommes négligents. Nous nous accommodons
de cette situation hormis quelques-uns d'en
tre nous, qui vivent de charité, nous nous-
enfermons dans notre existence protégée.
Il y aura toujours de la misère diront
certains, croyant répéter la parole de Jésus.
Suit-il de là que nous devions nous en re
mettre la théorie classique et facile
du laisser-faire Ecoutons Bossuet:
Dieu veut qu'on combatte sa justice par
un généreux effort de charité, et les néces
sités extrêmes demandent que le cœur s'é
panche d'une façon extraordinaire
D'autres objecteront encore La mi
sère est la marque du péché, fille de la
faute du premier homme. Soit. Mais
c'est alors dit l'auteur qu'il faut de
mander Pourquoi eux, et pas moi
J'ai beau me dire Cela peut m'arriver
moi-même, demain je n'arrive pas croire
cette hypothèse plausible. La misère, comme
la mort, c'est toujours pour autrui.
De cette société moderne, orgueilleuse
et absurde, qui secrète la misère comme
une sueur du sang, je ne peux faire que
je ne sois un bénéficiaire. Ce maigre con
fort où je vis, ce calme où j'écris, ils sont,
que je le veuille ou non, contre-balancés,
dans le déséquilibre de notre monde, par
la misère des autres, par ces fils de chô
meurs, par ce poids immense de douleur.
Alors, nous, nous qui n'avons pas-tout re
noncé, tout risqué, nous qui n'allons pas,
comme le Pauvre Dieu, les mains vides et
le cœur dépouillé, n'aurons-nous pas ré
pondre, au jour suprême, de tout ce que
nous avons tenté de sauver et qui voulait
être perdu
Si la misère est la marque du péché,
alors il faut nous souvenir des menaces et
imprécations terribles du chas de l'ai
guille «- et il ne reste qu'à trembler. Car,
si j'accepte ces perspectives, si le misérable
m'apparaît comme celui sur qui la main de
Dieu s'est posée avec une piété infinie, char
gée de promesses, il faut redire le mot de
de Bossuet (encore) Regardez vos accu
sateurs.
Quelques-uns enfin, se risquant pré
tendre la misère peut mener la sain
teté Nous connaissons bien ce pha-
risaïsme qui consiste exiger d'autrui une
néroïcité de vertus dont soi-même on est
bien incapable
Il est possible qu'il doive y avoir tou
jours de la misère. Il est possible, il est mê
me certain que cette souffrance procède des
volontés de la Providence dont les voies
nous sont inconnues. Mais, sans révolte,
sans blasphème de même que, humaine
ment, nous n'acceptons pas la mort, nous
avons le droit .et le devoir de la combattre
cet état du fait que nous subissons, nous
avons le droit et le devoir de ne pas l'ac
cepter.
Avons-nous accompli notre devoir La
révolution serait faite a déclaré un jour
Clémenceau le jour où les chrétiens se
mettraient vivre leur christianisme. Vi
vons-nous notre christianisme Tout est là.
Et pourtant la charité individuelle
ne suffit pas. Il faut qu'elle se fonde sur
la justice. Mais cette justice exige de terri
bles sacrifices tout va être changé, ren
versé. Ce que vous demandez, est-ce au
tre chose qu'une révolution Le mot ne
nous fait pas peur. Nous souhaitons de tou
tes nos forces que la civilisation qui est
la nôtre fasse l'économie de s secousses san
glantes. Nous disions, nous le répétons ici
une fois encore, que tout s'accomplisse dans
l'ordre de la charité et non dans la vio
lence. Mais il faut que cet état de fait
change dans ce monde, riche l'excès,
la misère est plus inacceptable qu'elle n'a
jamais été. Qu'on ne nous dise pas de nous
occuper de ce qui est la fin suprême du
chrétien, laissant les choses de la terre aux
gens pratiques Nous n'acceptons pas
cette césure entre le spirituel et le tem
porel nous voulons une cité juste pour
les corps afin que les âmes puissent ne pas
y être étouffées.
Tout cela avait été dit. Il faut savoir gré
M. Daniel Rops de nous l'avoir répété,
ouisque nous l'avions si mal compris.
Les divers chapitres de cet excellent petit
volume ont paru dans un journal qui les
publie de semaine en semaine. On sait la
puissance du journal et S. S. Pie X a pu
dire jadis C'est un fait que le peuple
chrétien aujourd'hui est trompé, empoison
né, perdu par les journaux impies. En vain
vous bâtirez des églises, vous prêcherez des
missions, vous fonderez des écoles, toutes
vos bonnes œuvres, tous vos efforts seront
détruits, si vous ne savez en même temps
manier l'arme défensive et offensive de la
presse. Encore est-il que l'article de jour
nal, pour suprêmement utile qu'il soit, esr
essentiellement éphémère aussi. L'auteur a
été heureusement inspiré en réunissant les
siens pour les publier ainsi.
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