LE SUD DANS LE NORD
"LE SUD" HAZEBROUCK
Léon Grillet
LE SUD, dimanche 26 janvier 1936.
i ABONNEMENT 18 francs français.
Une page d'Histoire Régionale
LES SOCIÉTÉS DE RHÉTORIQUE
(Suite).
Nos lecteurs ayant marqué tout leur inté
rêt pour les aritcles de M. Van Belle pa
rus dans les Annales du Comité Fla
mand et repris par La Bailleuloise
nous leur donnons bien volontiers la suite,
qui est pour tout le sud de la Flandre une
petite tranche de sa propre histoire folklo
rique.
La mise en scène des œuvres dramati
ques étaient des plus uniformes. Les sociétés
de rhétoriques n'avaient pas de grand théâ
tre leur disposition souvent une salle
d'auberge ou de cabaret constituait leur
salle de spectacle aussi quelques colonna
des et deux ou trois fonds de toile peinte
ou même de papier peint faisaient tous les
frais de décoration pour n'importe quelle
pièce. Quant aux costumes, on n'en con
naissait que de trois espèces le costume
romain ou le turc, pour la tragédie, et
l'habit de l'époque pour les pièces comi
ques. On se servait de ce que l'on avait
le cœur des acteurs était plus riche que
leur bourse. Les rhétoriciens flamands se
recrutaient dans l'humble bourgeoisie et
c'est une gloire pour notre contrée d'avoir
si longtemps conservé le sentiment popu
laire l'abri des jouissances grossières, pour
l'occuper aux nobles plaisirs de la poésie
et de l'art.
Les sociétés de rhétorique étaient nom
breuses en Flandre Française. Leur diffu
sion s'étendait jusque dans les moindres
villages. En voici quelques unes
BAILLEUL, cinq sociétés, que nous avons
signalées dans notre dernier article.
CAESTRE. Une société de rhétori
ciens nommée de Lybertynen avait été
constituée en 1540. Deux siècles plus tard
une réunion de jeunes gens se joignirent
aux débris de cette ancienne chambre le
patron fut St-Nicolas, et la devise Wy
leven door victorie (nous vivons pour
la victoire). La chambre des Lybertynen
disparut en 1792. Dans le même village
existait une association d'amateurs libres.
Le blason de la première société représen
tait la résurrection du Christ qui avait
ses pieds le Monde, le Démon, et la Mort
tenant en main un dard brisé
EECKE. Les rhétoriciens d'Eecke re
çurent leurs lettres d'agrégation de la so
ciété maîtresse d'Ypres le 19 mai 1542 et
furent dénommés Verblyders in het
Cruys (se réjouissant dans la Croix).
C'est la seule Société existant encore en
Flandre elle conservé son étendard, son
local, son matériel, le costume du fou
et de nombreux manuscrits et enluminés,
suspendus aux poutres du local .Son acti
vité est malheureusement très restreinte et
die semble entrée en léthargie. Son blason
représente une croix sur laquelle est atta
ché Jésus-Christ, surmontée d'un St-Esprit
dans les nuages et entouré de rayons.
FLETRE. Constiuéet le 10 mai 1548,
sous le nom de Tytverwachters (tempori
sateurs) la Rhétorique de Flêtre a joui
d'une assez grande célébrité .grâce la pro
tection de la famille de Wignacourt .Son
blason portait la Ste-Vierge d'un côté, la
Rhétorique personnifiée, de l'autre, et
entre les deux, un homme armé ge
noux, tenant dans la bouche une bande
role avec ces mots Expectans expectavi
dominum. La Rhétorique montre du doigt
le St-Esprit qui descend d'un nuage en
touré de rayons.
STRAZEELE. Une chambre de rhé
torique fut établie vers le milieu du XVIIe
siècle (16 juin 1663). Elle prit part aux
concours de Bailleul (1769) et de Pope-
ringhe (1782). Ces rhétoticiens se recon
stituèrent en 1803 avec cette devise Offe-
ning verlicht den geest (le devoir éclaire
l'intelligence). Au mois d'août 1832 eut
lieu une dernière assemblée de la ghilde.
Il s'agissait d'approuver l'acte du prési
dent L. Maerten qui avait transporté chez
lui le drapeau de la société parce que
depuis six ans, il se détériorait dans la
poussière d'une vieille armoire
HAZEBROUCK. Une société fut in
stituée le 26 mai 1526 avec la devise Obe-
dientig in 't werck (Obéissants l'œu
vre).
STEENWERCK. Les Ongeleerde
(ignorants) furent installés le 2 août 1734.
Il existait également des Chambres flo
rissantes Cassel, Wormoudt, Bergues,
Dunkerque, Bourbourg, Steenvoorde, etc...
Dans un prochain et dernier article nous
examinerons le répertoire des Rhétoriques
ainsi que le rôle des auteurs principaux.
VAN BELLE.
(d'après les Annales du
Comité Flamand).
LA LUTTE
CONTRE LE CHOMAGE
DANS LE NORD.
Voici le texte de la note que les syndi
cats libres du Nord ont adressé aux auto
rités du Nord, et dont nous parlons en
première page.
Jusqu'à présent .différentes études et :n-
terventions ont été faites soit par les mu
nicipalités, soit par les syndicats ouvriers
ou encore par les organisations patronales,
se rapportant au moyen de résorber le chô
mage dans notre région.
Chacun envisage le problème d'après des
points de vue particuliers.
Les groupements patronaux et ouvriers
ont des conceptions générales visant ré
sorber le chômage. Ce sont par exemple
une reprise de l'exportation envisagée sur
tout par les premiers et la réduction géné
ralisée des heures de travail envisagée par
les seconds. Il convient de laisser ces
groupements dans les domaines qui leur
sont propres, toute liberté d'action. Il sem
ble toutefois que, dans le cadre de notre
région textile, il est une série de mesures
particulières qui pourraient être réalisées et
qui auraient pour effet de réduire sérieuse
ment le chômage.
Sur ce terrain limité, pour l'étude et la
mise au point de ces mesures, il est in
diqué, croyons-nous, de réunir les efforts
des municipalités de la région, des syndi
cats ouvriers et des organisations patronales.
Dans les premières questions qui pour
raient être inscrites ce programme, les
Syndicats libres signalent les points sui
vants
1° Révision de l'accord franco-belge con
cernant la délimitation de la zone fronta
lière. Cette zone est actuellement beaucoup
trop étendue, puisque sur certains points elle
atteint 15 et 16 kilomèrest en profondeur
2° Application d'un pourcentage spécial
du nombre des frontaliers dans la limita
tion générale de la main-d'œuvre étrangère,
limitation non appliquée pour l'instant en
bien des cas, il faut le dire. Le contingente
ment du nombre des frontaliers doit éviter
le renvoi des étrangers résidant dans notre
région.
Pour ces deux points, des interventions
communes pourraient être effectuées auprès
du Gouvernement français
3° Etablissement d'une taxe sur les fron
taliers, dont le produit serait affecté au
Fonds de chômage de nos différentes villes
4° Aménagement meilleur de la main-
d'œuvre dans les usines de la région fron
tière belge qui ,en occupant davantage les
frontaliers chez eux, pourrait aider la
solution du problème du chômage dans
nos centres. Les usines de la région de
Mouscron-Courtrai profitent en effet d'un
grand nombre de travailleurs belges venant
de l'intérieur par des trains entiers. Ces
derniers ne pourraient-ils davantage être
occupés plus au centre de leur pays
Il faut signaler en outre certaines in
dustries nouvelles que le Gouvernement
Van Zeeland veut introduire en Belgique
pour réduire certains produits d'importa
tion.
Il serait désirable qu'un certain nombre
de ces industries soient situées sur la fron
tière belge, afin d'occuper un bon nombre
de frontaleirs. Les Syndicats chrétiens bel
ges sont intervenus dans ce sens auprès de
leur Gouvernement.
Précisons que dans ces industries nou
velles, il ne s'agit pas d'industries textiles.
Sur ces différents points, il serait dési
rable d'engager la conversation avec des
autorités belges
5° Des industriels français possédant des
usines en Belgique réalisent depuis quel
que temps un rendement assez élevé .Ces
industriels ne pourraient-ils également oc
cuper dans leurs usines belges des fronta
liers actuellement occupés dans leurs éta
blissements français
6° Rééducation des chômeurs pour occu
per les emplois devenus libres par le dé
part des frontaliers, certaines garanties de
salaires et de durée de travail étant ac
quises
7° Orientation professionnelle des jeu
nes vers les professions moins encombrées,
des indications étant fournies ce sujet aux
intéressés et leurs parents.
Ces différents points démontrent suffi
samment que des échanges de vues entre
les municipalités, les groupements patro
naux et les groupements ouvriers pour
raient être particulièrement féconds. Ils
pout raient servir de base des enquêtes
et préparer des interventions auprès des
pouvoirs officiels.
Devant ces nécessités d'intérêt général,
on ne peut pas penser qu'aucun groupe
ment se refuse un travail de collaboration
pour le bien de no? centres industriels. Si
des défections pourtant se produisaient, il
resterait chacun des groupements et des
municipalités qui veulent collaborer, s'en
tendre ensemble, laissant aux autres la res
ponsabilité de leur abstention.
On ne peur se résoudre en effet, au
maintien de a plaie du chômage qui at
teint 15.000 chômeurs pour notre région,
sans parler des chômeurs partiels, ni non
plus se désintéresser du préjudice qui at
teint en outre le commerce local.
C'est une sorte d'union sacrée contre
le chômage que nous voudrions voir par
ticiper toutes les organisations profession
nelles et les municipalités.
Que l'on n'objecte pas que tel ou tel
point n'est pas facilement réalisable. Il ap-
pratiendrait l'ensemble des groupements
de définir le champ d'action et toutes les
solutions raisonnables doivent être envisa
gées.
Les Syndicats libres renouvelant leurs
interventions antérieures demandent aux
municipalités de Roubaix et de Tourcoing
de prendre les initiatives nécessaires pour
la réalisation du programme que nous ve
nons d'exposer.
Le Secrétaire général,
Louis BLAIN.
CONFÉRENCES SUR L'ESPAGNE
o
Notre ami, Alfred Camdessus, ré-
dacteur en chef du Courrier de
Bayonne vient donner en Belgique
une série de conférences sur l'Espagne.
Camdessus est le Français qui connaît
le mieux toutes les Espagnes, leurs ha
bitants, leurs us et coutumes.
Camdessus est aussi un grand ami
de notre pays et nous nous souvenons
avec plaisir de ses nombreux articles
préconisant une union étroite entre la
France et la Belgique et s'élevant
avec énergie contre le protectionnisme
de nos voisins du Sud.
LE SUD est en lecture dans plu»
de cent hôtels et cafés et vous recom
mande
ARMENTIÈRES
A la Douane Française.
Café de la Bourse.
Au Coq Gaulois.
Café Moderne.
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