Les Flamands
la bataille
de Cassel
Léon Grillet
Un Coin du
Mont-Canel
4
LE SUD, dimanche 10 mai 1936-
LE SUD DANS LE NORD
'jSFZZZt .jzufttsumm
lABONNEMENT 18 francs français.
Extrait de La Bailleuloise
PAR HENRI LEVECQUE.
(desssin actuellement
exposé
au Musée Merghelynck
Ypres).
Le grand rallye des Flandres
aura lieu les 16 et 17 mai
LES ELECTIONS FRANÇAISES
L Automobile-Club du Nord de la France
vient de publier le règlement de cette ma
gnifique épreuve qui servira de lever de ri
deau la saison automobile dans le Nord
de la France.
Ce règlement, sportif souhait, rend l'é
preuve largement accessible tous, même
aux nouveaux venus ce genre de mani
festation. Innovation on ne peut plus agréa
ble, le circuit du rallye reste cette année li
mité au tour du Nord et du Pas-de-Calais,
soit 520 kilomètres, par les routes les plus
pittoresques de nos régions l'Avesnois,
l'Artois, le Boulonnais, le Calaisis, etc...
La formule du rallye, très simple, con
siste parcourir ce circuit une moyenne
rigoureuse de 50 kilomètres l'heure, arrêts
compris, avec dix contrôles de route obli
gatoires, où tout retard ou toute avance
se trouveront pénalisés la minute exacte.
Voici le programme du meeting
Samedi 6 mai Grand circuit des Flan
dres, 520 kilomètres. Départs de Lille, dès
7 heures du matin. Arrivée Lille, dès
17 heures.
Dimanche 17 mai A 8 heures du matin,
l'Esplanade, grande épreuve de démar
rage, accélération et freinage sur 100 mè
tres grand gymkhana automobile.
40.000 francs en espèces seront distri
bués aux concurrents, ainsi que de nom
breux objets d'art et coupes de grande
valeur.
Faut-il de longs commentaires. Lisez
et relisez ce tableau, et analysez les
chiffres.
Total Gains et Pertes
Communistes 72 62
Communistes dissidents 10 1
Socialistes S. F. I. O. 146 49
Union socialiste 26 19
Socialistes indépendants 9 12
Radicaux-socialistes 115 43
Radicaux indépendants 31 34
Républicains de gauche 83 16
Démocrates populaires 23
Union républ. démocrat. 88 +12
Conservateurs 11 +5
Total
614
Quels sont les vaincus Les partis
de Stavisky, du 6 févries, de Daladier
et Herriot.
Au profit de qui des partis d'ex
trême-droite et d'extrême-gauche.
Comment les partis d'extrême-droite
ont-ils gagné 1 7 sièges Ce n'est cer
tes pas dû leur habileté politique.
Le progrès réalisé est d'autant plus si
gnificatif. Mais cette petite avance de
la droite, est contre-balancée par les
100 sièges gagnés l'extrême-gauche
Vous demandez ce qu'il faut en con
clure C'est que l'escroquerie électo
rale du S. U. est devenue un art, puis
qu'il est permis aux communistes de
faire campagne électorale en arborant
les couleurs tricolores et en promettant
aux électeurs une France heureuse,
prospère et forte. Après cela tirez
l'échelle.
VaNDERMARUERE
"yiws" DEPyypf
Agent de change correspondant
près la Bourse de Bruxelles.
31, RUE DE MENIN, YPRES
Téléph. 144
BOURSE TITRES
COUPONS CHANGE.
Bureau ouvert le dimanche
pendant la saison
La guerre était décidée. Des ordres fu
rent immédiatement donnés pour le ras
semblement de l'armée vers la fin de juillet
1328, sous les murs d'Arras. Le roi ne tarda
pas arriver, et vint camper du côté d'Es-
trun. C'est probablement sur l'emplace
ment de l'ancien camp romain qui existe
sur le territoire de ce village que Philippe
de Valois réunit ses troupes. Le roi n'y fit
pas long séjour et se dirigea vers St-Omer,
où il trouva sa cavalerie qui l'attendait
Arques. Puis vint le roi a tout son ost
et entra en la terre de Flandres et s'en
alla logier oultre le neuf fossé sous une
forest qui est au comte dartois, qu'on ap-
pelle Ruhoult, sur un vivier appelé Scen-
debroum et est l'abbé de Clermaretz.
En franchissant le Neuf-Fossé qui sépa
rait l'Artois de la Flandre, Philippe de
Valois s'était établi sur le territoire enne
mi. Il consacra là plusieurs jours l'orga
nisation de son armée, qu'il divisa par corps,
et auxquels il donna des chefs. Voici quelle
en fut la composition
Le premier corps, avec six bannières,
comprenant les gens de pied avec les baga
ges, était commandé par les maréchaux de
France et le grand-maître des arbalétriers.
Le second, vingt-une bannières, for
mait l'avant-garde sous les ordres du duc
d'Alençon, père du roi.
Le troisième, treize bannières, sous le
commandement du comte de Beaujeu et du
grand'maître des Templiers, se composait
des contingents du Languedoc.
Le quatrième, huit bannières, avait pour
chef le connétable de France.
Le cinquième, trente-quatre bannières,
était commandé par le roi lui-même, qui
avait auprès de lui le roi de Navarre, le
duc de Lorraine, le comte de Bar, et messire
de Noyers, porteur de l'oriflamme (1).
Le sixième, dix-huit bannières, était
sous les ordres de Philippe, duc de Bour
gogne.
Le septième, sous ceux du dauphin de
Viehne, comptait douze bannières.
Le huitième, composé d'Hennuyers (sol
dats du Hainaut), de Frisons, de Hollan
dais et de gens de Bohême, avec dix-sept
bannières, était commandée par le comte de
Hainaut, ayant sous ses ordres Jean, roi de
Bohême, son frère.
Le neuvième, quinze bannières, avait
sa tête le duc de Bretagne.
Le dixième, enfin, qui comptait vingt-
deux bannières, avait pour chef Robert
d'Artois.
Si l'on ajoute toutes ces forces un
corps assez considérable qui portait treize
bannières, et que Louis de Bourbon amena
au roi quelques jours après, on pourra se
faire une idée de l'importance de l'armée
française et du grand nombre de combat
tants qu'elle présentait. La chronique de
Gilles de Muisis, abbé de St-Martin, la qua
lifie de maximo exercitu celle de Jacob
de Muevin, d'infinito exercitu une autre,
des comtes de Flandre, de copiosum exerci-
tum. En la portant au chiffre de 50.000
hommes comme quelques-uns l'ont dit, cette
évaluation ne saurait être exagérée elle
doit être même au-dessous de la réalité, car
on sait que Philippe de Valois avait ap
pelé aux armes tous les hommes valides de
son royaume de plus, il s'était renforcé
des contingents étrangers amenés par le
comte de Hainaut .D'un autre côté, le
(1) L'oriflamme était le grand étendard
de France. On prétendait qu'il avait été ap
porté du ciel Clovis. En temps de paix, il
reposait en l'église de Saint-Denis.
chiffre que nous donnons est bien loin
d'atteindre celui de l'armée de Philippe le
Bel la bataille de Mons-en-Puele, et ce
pendant la situation était la même c'était
toujours le même ennemi qu'on avait
combattre, et il fallait comme alors, pour
s'assurer de la victoire, user de toutes ses
ressources.
Quant l'armée flamande, elle était bien
inférieure en nombre. Comme on ne sa
vait de quel côté le roi de France dirige
rait son attaque, les Flamands avaient dû
occuper différents points de leur territoire,
ce qui avait divisé et conséquemment affai
bli leurs forces. Une partie de leur armée,,
représentant les contingents d'Ypres et de
Courtrai, se trouvait du côté de Lille une
autre, formée de ceux de Bruges et da
Franc, avait pris position vers Courtrai
et le reste, composé des contingents de
Furnes, Dixmude, Bergues, Cassel et Po-
peringhe, occupait le Mont-Cassel.
C'est cette dernière partie de l'armée fla
mande qui eut combattre toute l'armée
française. Les Flamands avaient, selon Frois-
sart, 16.000 hommes, mais ce chiffre doit
paraître trop élevé, si l'on considère qu'un
aussi grand nombre de combattants n'a pu-
être fourni par des villes ou des villages,
qui réunis, représentaient peine la po
pulation d'un seul arrondissement de nos
jours. Mais en admettant même l'exacti
tude de ce chiffre, au moins faudra-t-il re
connaître que la partie n'était pas égale
pour les Flamands, car, dans la lutte qui
allait s'ouvrir, ils avaient se mesurer un
contre trois.
Après avoir pris toutes ses dispositions,
le roi s'avança vers Cassel et vint camper
une lieue de cette ville, sur les bords d'u
ne petite rivière appelée la Peene. Les Fla
mands en apercevant les Français, sortirenr
de leurs murs et s'établirent sur la mon
tagne. Ils menèrent les tentes, dit une
chronique, toutes hors la ville et allèrent
logier sur le mont afin que les Franchois
les peussent veoir Et là, pour narguer
les Français et les provoquer au combat
ils arborèrent un immense étendard où était
peint un coq avec cette inscription
Quand ce coq chanté aura,
Le Roy Cassel conquettera.
Il y avait déjà plusieurs jours que lès
deux armées étaient en présence sans qu'elles
cherchassent en venir aux mains. Philippe
de Valois sentait bien qu'attaquer les Fla
mands dans leur position était par trop té
méraire. Pour les en faire sortir et les atti
rer dans la plaine, il avait donné l'ordre
aux premier et dixième corps de son armée
de faire une pointe vers Bergues et de ra
vager tout sur leur passage. Le roi espé
rait qu'à la vue de leurs chaumières incen
diées et de leurs récoltes détruites, les Fla
mands sortiraient de leur inaction et ne
resteraient pas spectateurs impassibles de
leur ruine mais cette ruse de guerre ne
réussit pas. Les Flamands ne quittèrent pas
leur position, obéissant en cela l'ordre
d'un chef aussi intelligent que brave, Colin
Zannequin, homme du peuple qui s'était
fait un nom dans le pays par son carac
tère résolu et entreprenant. Zannequin sa
vait très bien qu'une bataille rangée ne lui
offrait aucune chance de succès et qu'avec
un ennemi aussi puissant, il fallait choisir
ses moyens et son temps.
Des espions envoyés au camp français
avaient fait connaître au général flamand
l'emplacement occupé par les troupes, et
l'endroit où se trouvait la tente du roi, et
celles des principaux seigneurs. Il avait
appris d'eux que les abords du camp étaient
mal gardés, qu'un petit nombre de senti
nelles en défendait l'entrée, et que lès chefs
et soldats passaient leur temps, selon l'ex
pression de notre chroniqueur, se déduire
en jeu de dés. Il n'en fallut pas davantage
pour faire naître Zannequin, l'idée de
tenter un coup hardi, de surprendre les Fran
çais et de faire leur roi prisonnier.
(A suivre).