LE SUD DANS LE NORD
Les Flamands
la bataille
de Cassel
Léon Grillet
LE SUD, dimanche 17 mai 1936.
ABONNEMENT 18 francs français.)
Extrait de La Bailleuloise
Suite
La veille de la St-Barthélemy, le 23 août
fut choisi par l'intrépide chef flamand pour
mettre son projet exécution. Dans la ma
tinée, les Français étaient venus escarmou-
cher autour du camp flamand, puis s'étaient
retirés. L'après-midi, alors que tout était
rentré dans l'ordre, Zannequin rassembla sa
petite armée. Il la divisa en trois colon
nes la première, qu'il commandait lui-
même, devait se dirigers vers la tente de
Philippe de Valois et s'emparer de sa per
sonne les deux autres devaient suivre et
attaquer les troupes du comte de Hainaut
et du roi de Bohême, qui, par leur posi
tion, pouvaient se porter plus rapidement
au secours du roi.
Au moment de partir, Zannequin adres
sa ses gens cette courte, mais énergique
harangue Ne sommes-nous pas ces hom-
mes courageux qui ont soumis leur pou-
voir toute la Flandre et qui ne sont habi-
tués avoir peur de personne Rien ne
nous faisait plus envie que de rencontrer
le roi de France, afin de pouvoir abaisser
son orgueil. Eh bien le voilà, ce roi
Il est devant nous, avec une poignée de
monde, marchons lui résolument...
N etes-vous pas toujours les mêmes, ou le
cœur vous manquerait-il aujourd'hui
Et tous de protester et de s'écrier Allons,
courons au roi
Comme, dans une expédition de cette na
ture, le silence est la condition du succès,
recommandation avait été faite aux com
battants de marcher sans bruit de garder
les rangs et de ne faire usage de leurs ar
mes qu'au dernier moment
Zannequin sut si bien diriger ses hom
mes par des sentiers détournés qu'ils arri
vèrent au camp sans être aperçus. Un gen
tilhomme, Renauld de Lor, les vit paraître
le premier, mais, les prenant pour des
Français qui venaient rejoindre le roi, il
allait leur demander quelle bannière ils
appartenaient, lorsqu'il fut tué d'un coup
de javelot.
Les Flamands s'avançaient toujours et
touchaient presque la tente du roi quand
ils rencontrèrent un détachement français
qui revenant de fourrager les força s'ar
rêter.
C'est cette circonstance toute fortuite,
ce bonheur providentiel que Philippe de
Valois dut son salut. Il venait de termi
ner son repas et prenait quelque repos se
lon son habitude, lorsque son confesseur
accourut le réveiller et lui annoncer tout
éperdu que l'ennemi était cent pas de sa
tente. Le roi ne pouvant le croire, le raillait
déjà de sa poltronnerie, quand messire de
Noyers vint lui confirmer le fait et l'aver
tir du danger qu'il courait. Philippe saisit
aussitôt ses armes et monta cheval pour
charger les Flamands avec une partie de
ses gardes qui venaient son secours, mais
le sire de Noyers l'en dissuada et le sup
plia d'attendre les renforts qui allaient lui
arriver.
Pendant que cette alerte avait lieu au
quartier royal, les deux autres divisions de
l'armée flamande tombaient l'improviste
sur le camp du comte de Hainaut, et, dans
dans le désordre qu'elles y causaient man
quaient de le faire prisonnier avec son frère,
le roi de Bohême.
Le moment était critique, l'épouvante se
répandait partout. Déjà la route de Saint-
Omer était couverte de fuyards. La défaite
semblait imminente, quand on vit appa
raître sur une hauteur l'oriflamme que le
roi venait de faire déployer. La vue de ce
signe vénéré de l'honneur rassura les plus
timides et ranima le courage des plus bra
ves. Rien n'était encore perdu, et on cou
rut se rallier autour de l'étendard sacré
pour le défendre au besoin jusqu'à la mort.
Pendant ce temps-là Zannequin, qui avait
vu échouer tous ses desseins comprit que
son rôle était changé, et qu'au lieu d'atta
quer, il n'avait plus qu'à se défendre. Il est
vrai qu'au milieu du désordre général, et
pendant que les Français cherchaient se
rallier, il aurait pu facilement se retirer et
regagner la montagne, mais cela eut été
pour lui une retraite honteuse. Le sort était
jeté, la partie était engagée, il fallait vain
cre ou mourir. Ce chef intrépide rassem
bla sa petite armée, la forma en rond, in
rotunditate ad modum et attendit de pied
ferme l'attaque des Français.
Le combat ne tarda pas s'engager. La
cavalerie française commença l'action. Cette
cavalerie nombreuse et brillante n'avait de
vant elle que l'infanterie des Flamands,
qui, manquant de cavaliers, avaient eu soin
de planter des piquets en avant de leurs
lignes pour empêcher les chevaux d'avan
cer. Cet obstacle n'arrêta pas longtemps les
escadrons ennemis, la valeur flamande dut
seule en repousser les efforts. Depuis plus
d'une heure, les charges se succédèrent, et
ces braves demeuraient inébranlables. Mais
enfin des brèches se firent dans leurs rangs,
et, tandis que les soldats français s"y préci
pitaient en renversant tout sur leur passage,
le comte de Hainaut, avec ses troupes tour
nait l'armée flamande et l'enfermait com
me dans un cercle de fer qui lui rendait
toute retraite impossible.
Alors commença une lutte horrible. Zan
nequin, en se défendant avec un courage
héroïque, tomba percé de mille coups. La
perte de leur chef, loin de décourager les
Flamands, ne fit qu'accroître leur fureur,
mais ce fut en vain qu'ils déployèrent la
plus grande intrépidité. Ecrasés par le nom
bre, beaucoup périrent et couvrirent de leurs
corps le champ de bataille. Ceux qui échap
pèrent au carnage se réfugièrent Cassel
et en fermèrent les portes mais le roi fit
donner l'assaut la ville, qui fut prise et
détruite de fond en comble.
Agent de change correspondant
près la Bourse de Bruxelles.
31, RUE DE MENIN, Y P R E S
Téléph. 144
BOURSE TITRES
COUPONS CHANGE.
Bureau ouvert le dimanche
pendant la saison
La bataille de Cassel fut suivie de la
soumission de toutes les villes rebelles, qui
furent frappées d'une contribution de guer
re. De plus, le comte de Flandre ordonna
la confiscation des biens de tous ceux qui
avaient pris part la lutte.
La liste des victimes, quelle que longue
qu'elle soit, ne l'est pas autant toutefois
que se sont plu le dire la plupart des
historiens et des chroniqueurs. Meyer en
évalue le nombre 6.000 Loys Brésin
et l'auteur de la chronique des comtes de
Flandre 9-000 un manuscrit de la Bi
bliothèque de Bourgogne sur l'histoire des
Pays-Bas 11.000 Gilles le Muisis et Ja
cob Muevin 12.000 Oudegherst
13-000 Froissart 16.000 les chroniques
de Nangis et de St-Denis 19-800.
Ces chiffres ont été enflés évidemment
pour donner plus d'importance la victoire
remportée par les Français. Comme on avait
amplifié les forces de l'armée flamande, de
même on a pu exagérer ses pertes.
De Bailleul, fuéent tués dans cette ba
taille
Jehan et Mickiel Mié Pieter le Tem-
plars Clais le Vinc Neudin le Mester.
FIN
LA FETE DES ROSES
DES ROSATI DE FRANCE.
La Fête des roses des Rosati de France
est devenue une des grandes solennités sep
tentrionales. Toutes les personnalités de nos
départements du Nord tiennent s'y re
trouver, Fontenay-aux-Roses. Celle de
cette année aura lieu le dimanche 14 juin.
Elle sera pacée sous la présidence d'un Ar-
dennais, M. Lucien Hubert, vice-président
du Sénat.
Les honneurs de la rose seront rendus au
professeur Camille Guérin, de l'Institut Paul-
Elie Gernez.
C'est au cours de cette fêe que sera attri
bué le Grand prix de peinture des Rosati.
Le jury sera présidé par M. Paul-Elie
Gernez. On peut demander les conditions
du concours M. Paul Demarquet, 117, rue
Notre-Dame-des-Champs, Paris.
Jeunes ouvriers frontaliers
Il est intéressant de signaler la décision
qui vient d'être prise par les industriel^ de
la région de Roubaix-Tourcoing au sujet de
la formation des jeunes ouvriers.
Comme on avait constaté dans la région,
deux pas de notre frontière, d'une défi
cience marquée de la main-d'œuvre qualifiée
du textile, une commission avait été chargée
d'étudier ce problème si grave pour l'in
dustrie roubaisienne.
Cette commission vient de déposer son
rapport. Celui-ci formule, en conclusion, le
vœu de voir les ministres du Travail et de
l'Education nationale assurer la création de
centres de rééducation professionnelle dans
les industries en vue de l'éducation et de
la rééducation des jeunes chômeurs.
C'est évidemment fort bien.
Mais on se demande avec un peu d'in
quiétude si nos jeunes chômeurs du textile
de la région frontalière, qui prennent or
dinairement embauche dans les usines fran
çaises, vont pouvoir bénéficier d'une for
mation professionnelle de ce genre. Et où
et comment
Un jugement intéressant
pour les frontaliers.
Il y a quelque temps ,un frontalier belge,
travaillant dans le Nord, se voyait brutale
ment congédié avec une indemnité égale
un mois de traitement mais le certi
ficat de travail, qui doit être remis par le
patron au départ de son employé, ne lui
parvint que vingt-trois jours après.
Incontestablement, cette façon de faire lui
était préjudiciable puisqu'il était privé, pen
dant ce temps, d'un document de nature
lui permettre de trouver plus facilement un
autre emploi. Par l'intermédiaire d'un orga
nisme professionnel dont l'intéressé fait par
tie, le patron fut appelé devant le Tribunal
des Prud'hommes de Valenciennes en paye
ment de dommages-intérêts.
Après examen de l'affaire, et avoir tenu
son jugement en délibéré, ce tribunal a ac
cordé une indemnité de 800 francs justifiant
ainsi le bien-fondé de la demande et le res
pect du Code du Travail
Le nouveau régime
d'interdiction de séjour
Le Journal Officiel a publié le décret du
18 avril (J. O. du 22-4-36 portant règle
ment d'administration publique fixant les
modalités d'application du nouveau régime
d'interdiction de séjour tel qu'il a été édicté
par le décret-loi du 20 octobre 1935. Le
nouveau régime entrera en vigueur le 1er
juillet prochain.
Aux termes des nouvelles dispositions, la
liste des nombreuses villes actuellement in
terdites aux condamnés a été considérable
ment réduite, laissant ainsi aux intéressés la
faculté de résider librement dans toutes les
autres localités qui leur sont ouvertes, sous
réserve du visa périodique par les autorités
de police d'un carnet anthropométrique. Les
individus actuellement condamnés l'inter
diction de séjour pourront demander le bé
néfice du nouveau régime, en s'adressant,
dater du 1er juillet 1936, au commissariat
de police de leur résidence.
Il importe de remarquer que ce régime
nouveau apporte aux interdits une amélio
ration de leur situation ,dans le but de fa
voriser leur classement. Il prévoit, par con
tre, des pénalités sévères, notamment pour
le cas où le contrôle périodique du carnet
ne serait pas observé. H. H.
EXPOSITION REINE ASTRID
L'Exposition rétrospective des pho
tographies, peintures de la reine Astrid,
qui ne comprendra pas moins de 2.000
souvenirs, sera ouverte du 22 mai au
14 juin, au Cercle Artistique, avenue
Gabriel, Paris.
Cette Exposition, qui est patronnée
par M. le premier ministre van Zee-
land, et le sera vraisemblablement par
le Président de la République, est ap
pelée au plus grand succès.
Elle est organisée par la Section de
France de la Fédération Nationale des-
Mutilés et Invalides Belges de la Guer
re, au bénéfice de son Foyer et de-
l'Association des Grands Mutilés
Français sous la présidence de la
comtesse de Kerchove de Denterghem.
Nos amis et lecteurs apprendront
avec plaisir que la collection de photos
réunies par Le Sud et qui a connu
un si gros succès Lille, sera égale
ment le clou de cette exposition de
Paris.
Le Sud expose Paris Bientôt
Le Sud ira au Midi
UNE GRANDE FETE D'AVIATION
LE 31 MAI
...Ainsi qu'il a déjà été donné d'y faire
allusion, Union Aéronautique du Cambré-
sis organise pour le dimanche de la Pen
tecôte, 31 mai, sur le terrain de Niergnies,
une fête d'aviation comportant un program
me absolument sensationnel.
Cette manifestation, qui commencera
15 heures, comportera notamment des dé
monstrations relatives aux dernières créations
de l'aviation actuelle en même temps que
d'impressionnantes acrobaties réalisées par-
des as d'entre les meilleurs pilotes des
ailes françaises.
Les efforts réalisés, les heureuses dispo
sitions prises ne peuvent manquer d'assurer
cette fête un superbe succès, et d'attirer,
au champ d'aviation de Niergnies, la grande
foule passionnée pour les réunions de oc
genre.