par le comte Xavier de Grimne.
LE SUD, dimanche 26 juillet 1936
3
Le
programme
corvsfructif
de REX
(suite voir No du 12 et 19 juillet)
LE BUT DE REX.
Le but essentiel de notre mouvement n'a
rien d'original. La plupart des politiciens
l'expriment dans leurs discours. C'est le re
lèvement progressif aussi bien matériel que
spirituel, du peuple. Seulement REX le veut
réellement et la poignée des jeunes gens
qui ont donné l'élan, l'ont prouvé, en s'at-
raquant seuls, abandonnés de tous les par-
ris, presque sans moyens matériels, aux puis
sances financières que nul n'est parvenu
abattre jusqu'alors.
Contrairement aux socialistes, nous mét
rons la base d.e ce progrès le renforcement
de la cellule familiale et de toutes les for
mes de production qui permettent de tra
vailler en famille, résistant de toutes nos for
ces au courant qui nous porte faire de la
collectivité, une sorte de divinité, une sorte
d expression mathématique dont les indi
vidus ne sont que des unités.
Dans cet ordre d'idées nous tenons tout
spécialement considérer les enfants jusqu'à
leur majorité comme appartenant aux parents
et non pas l'Etat. Nous n'admettrons ja
mais que l'Etat, par des moyens indirects,
comme vous avez toujours essayé de le faire
jusqu'à présent, Messieurs de la gauche,
mette les parents dans l'obligation de choisir
une autre éducation que celle qui a leur pré
férence.
Une politique sociale orientée dans ce
sens mettra tout l'accent sur
te foyer familial (construction d'habitations
bon marché)
le salaire familial
la réduction du travail de la femme mariée
une fiscalité favorable l'artisanat et la
petite entreprise
une organisation commune assurant l'har
monie ou l'entente entre les petits produc
teurs et commerçants.
Cette fiscalité et ces organismes s'oppo
seront naturellement aux trust et la gran
de concenration engendrée par l'hypercapi-
talisme.
Je n'ai pas m'étendre sur le salaire
vital
la lutte contre le chômage
les congés payés
la semaine de travail réduite...
Tout cela est naturellement souhaité par
tout le monde.
A REX, nous savons comme, vous MM.
les socialistes, que s'il en est ainsi, la faute
principale en incombe avant tout un pa
tronat qui n'a en vue que les bénéfices, et
pour lequel la main-d'œuvre est une ma
tière et non pas une question d'âme hu
maine.
Je dirais même que la vue de cette ex
ploitation de l'homme par son semblable, et
la volonté d'y mettre un terme dans la
mesure du possible font le moteur prin
cipal de notre mouvement.
CONDITIONS DE REDRESSEMENT
un étude technique approfondie.
Ce n'est pas dans les assemblées houleuses
de vos maisons du Peuple ou dans vos as
semblées syndicales politiques, ni encore
dans l'atmosphère empoisonnée du Parle
ment moderne que des décisions sages peu
vent être prises. La-dessus, notre opinion
est radicale. Chaque jour elle gagne du ter
rain dans le pays.
LA CORPORATION
Le progrès utile se fera, répétons-le, au
sein de la Corporation.
La Corporation, dont M. le Premier mi
nistre demandait la définition, nous dirons
que ce fut tout simplement les anciens syn
dicats ou unions professionnelles délivrées
des politiciens, où les délégués des sa
lariés, en contact avec ceux des patrons et
en compagnie de spécialistes envoyés par
l'Etat, examineront les problèmes du sa
laire, des heures de travail, des règlements
d'atelier, etc., dans un esprit essentiellement
technique.
Moralement si vous le voulez, la Cor
poration, c'est encore un état d'esprit selon
lequel une affaire ne sera bonne que lors
que salariés et employeurs seront satisfaits.
Aujourd'hui, ces deux clans coalisés l'un
contre l'autre, vivent en état de guerre per
pétuelle. L'arme des employeurs est le ren
voi ou lock-out. Celle des salariés, la grève
ou le sabotage. Il n'y a pas de traité de
paix, il n'y a que des armsitices, chaque
partie étant décidée reprendre les armes
pour tenter d'avoir le dessus, la pre
mière occasion.
C'est le terme de cette lutte sans merci
que votre Gouvernement tripartite aurait
dû chercher avant tout, bien plus encore
que la solution monétaire. Mais il aurait
fallu renoncer votre esprit de partisan et
vous savez bien que pour vous, c'est im
possible.
Au sein de REX, nous avons réalisé ce
miracle. Et c'est pourquoi le mouvement
étant peine amorcé, les salariés que nous
avons pu toucher sérieusement, ont déjà
compris le non-sens du système syndical ac
tuel. C'est pourquoi aussi les patrons com-
préhensifs se détachent tout jamais du
Comité Central Industriel.
Aujourd'hui et demain nos cadres pour
suivent, patiemment leur travail, car l'œu
vre est immense et pour la réaliser il faudra
autre chose que le formalisme de cette as
semblée ou le spectacle donné dans la salle
où siègent nos collègues de la Chambre.
Faut-il avouer que pour les nouveaux venus
que nous sommes, ce spectacle fut l'occasion
d'un véritable écœurement.
Mais les progrès réaliser, les amélio
rations obtenir, vous le savez aussi, MM.
les socialis'es et communistes, mieux que
nous peut-être ne peuvent pas être déter
minés par des vagues élans révolutionnaires
mi par une propagande électorale, mais par
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Tel se présente l'idéal de Rex, qui n'est
pas de faire triompher un clan de la société
sur l'autre, mais de découvrir le point de ren
contre où la presque totalité des citoyens
pourront se retrouver avec des sentiments
communs.
Avant d'aboutir cependant, il est néces
saire de liquider des vieilles querelles qui
nous divisent. Nous les citons pour mémoire
et pour montrer en même temps comment
nous comptons procéder pour refaire l'union
trop longtemps brisée.
LA QUERELLE RELIGIEUSE
Si les politiciens et les clubs qui les sou
tiennent pouvaient disparaître pendant un
mois, si en même temps le clergé pouvait
s'interdire toute déclaration politique, les
9/10e de la population accepterait avec joie
le Concordat que nous voulons obtenir et
qui réglera définitivement les points sui
vants
Statut des traitements du clergé.
Statut de l'action religieuse.
Statut de l'école.
Pour l'école, tout homme en Belgique, li
béré du virus politique, est prêt accepter
la solution suivante que je résume en trois
points
1) Reconnaissance d'un état de fait dans
le pays.
Parents qui désirent faire élever leurs en
fants dans les écoles religieuses.
Parents qui préfèrent un enseignement
laïque et neutre.
Ce choix existe dans toutes les localités
importantes du pays. A la campagne, il n'y
a que peu d'infimes minorités qui peuvent
ne pas trouver l'enseignement selon leur
désir.
2) Cet état de choses étant reconnu, l'Etat
se préoccupe uniquement de la qualité de
l'enseignement et de l'éducation par une dé
termination des programmes et l'inspection.
3) Dans tous les établissements privés
qui acceptent l'inspection comme dans les
établissements officiels, le personnel en
seignant sera payé par l'Etat suivant des ba
rèmes identiques, quant aux traitements et
aux pensions.
Tout cela étant inscrit dans le concordat,
entrera dans la Constitution et ne pourra
plus jamais devenir un tremplin électoral.
Voilà du coup, la lutte cléricale-anticlé
ricale éteinte. Ce serait évidemment le coup
de grâce pour votre parti, Messieurs les ca
tholiques. Mais croyez bien que si les con
sciences chrétiennes se sentent en sécurité,
il y aura peu de monde pour pleurer la dis
parition de votre groupe politique.
LA QUERELLE LINGUISTIQUE
Il faut reconnaître l'erreur commise par
l'Etat belge en 1830, erreur due aux circons
tances mêmes de la Révolution faite ce
moment.
Nos ancêtres luttaient contre une Hollan
de incompréhensive et tyrannique, ils avaient
les yeux rivés sur la France. En outre, sous
le régime censitaire, la bourgeoisie entiè
rement francisée tenait seule le pouvoir,
n'imaginant pas pour le pays, d'autre cul
ture que la sienne.
Soixante ans plus tard, les masses popu
laires flamandes tenues l'écart de toute po-
lit que comme celles de Wallonie manifes
taient leurs aspirations culturelles parallè
lement leurs aspirations sociales. Dans ce
sens, elles manquèrent cette époque d'une
équipe capable, comme les socialistes, de fai
re peur aux cadres bourgeois conservateurs.
A nsi, les Flamands virent trop longtemps
leurs aspirations profondes négligées. Il en
résulta entre eux et l'Etat Belge, ce divorce
effrayant, dont les conséquences catastro
phiques apparurent surtout pendant la guer
re. Il faut pourtant comprendre que, si une
partie des habitants de notre pays arrivèrent
voir dans leurs gouvernants un ennemi
plus haïssable que l'étranger, ce n'était pas
pour des motifs purement intéressés, mais
par une véritable mystique culturelle, tout
aussi respectable que le patriotisme ortho
doxe.
Il faut comprendre que ce sont nos di
rigeants des générations précédentes qui sont
responsables de cette coupure, tout comme le
Roi Guillaume avant 1830.
Si les menaces de rupture se prolongèrent
jusqu'aujourd'hui, c'est surtout l'esprit po
liticien que nous le devons, cet esprit qui
empêche les anciens cadres de comprendre,
et qui font qu'ils s'obstinent défendre pied-
à-pied un terrain perdu d'avance.
REX ET LA FRANCE
Oui, Messieurs, celui qui vous parle a
des liens nombreux avec la France, liens du
sang, liens d'amitié, liens de formation cul
turelle. Mais je connais mon pays, je l'ai
me tel qu'il est, et non pas tel que vou
draient qu'il fût, certains esprits qui ont les
yeux rivés sur Paris.
Au sein du mouvement de REX, je me
trouve donc peut-être plus qualifié que d'au
tres pour déclarer d'abord que le peu-
pie Belge en entier doit savoir que la gran-
deur de la culture flamande ne peut que
contribuer la grandeur du pays Et
ensuite que la complète émancipation de
cette culture dans les provinces du Nord
assurerait, seule, cliez leurs habitants, le
plein développement de leurs facultés in-
tellectuelles et économiques.
Chez nous cette vérité est reçue avec sym
pathie. Il est inadmissible qu'elle soit en
core reçue avec résignation. Quand le peu
ple sera éclairé il ne tardera pas com
prendre.
Et nous verrons dans les provinces du
Sud, les Wallons continuer comme par le
passé, vivre de leur culture française,
tandis que Bruxelles, avec ses environs de
meurera la zone de contact. Dans la partie
germanique des provinces rédimées, l'alle
mand restera la langue véhiculaire dans la
région.
Le pouvoir de l'avenir sera uniquement
préoccupé d'assurer le bon voisinage de ces
différents groupes et de permettre aux di
verses formes de cultures existant dans le
pays, de s'épanouir librement chacune chez
elle. Alors seulement, l'Etat Belge cessera
d'apparaître comme un instrument d'impé
rialisme l'inguistique aux mains de telle ou
telle faction politique.
Mais l'heure actuelle, nous ne voyons
nulle part dans ces assemblées, les hommes
prêts mettre bas les armes. Pendant que
les uns attaquent et que d'autres résistent,
il y a ceux qui se résignent cette troisième
espèce ne vaut pas mieux que celle des com
battants, car elle laisse subsister au fond du
cœur la lutte sourde des antipathies pro
fondes.
Notre ami, M. Paul De Mont parlera,
mardi, au nom des Flamands. Il ne traduira
pas littéralement mes paroles, car d'autre»
cultures, d'autres âmes.
En effet, quoique le mouvement rexisre
soit originaire de la Wallonie, il contient
des éléments universels, que même les payys
les plus éloignés peuvent adopter. Dès lors,
chacun peut se développer d'après sa propre
mentalité et sa propre nature. Une mésen
tente navrante, aggravée par la politique, a
causé dans notre pays une séparartion pres
que irréparable.
suivre) j