Le Congrès des Désenchantés
Le chômage
dans la région
du Sud.
Ministre du Roi.
Lettre de France.
Restons confiants.
3e ANNEE No 28
Hebdomadaire 50 cent, le numéro.
DIMANCHE 2 AOUT 1936
Poux qu'une nation soit, il faut qu'une
solidarité nationale existe et qu'elle se cris
tallise dans la volonté du pouvoir.
I
ABONNEMENT 1 AN 20 FRANCS
Direcîàoo-Adminicirittioa Ch. van RENYNGHE,
19, rue Longue de Thourout. YPRES. Compte-chèques postaux 1003.43.
Nos aînés liquident le passé pendant?
que nous construisons l'avenir.
Combien les temps sont changés
Où en est l'illusion de voir se réorga
niser en Belgique un parti catholique,
large et tolérant, enthousiaste et pa
triote tel que nous l'avions rêvé il y
a dix ans Le coup terrible porté par
Rex met nu, dans la déroute, toutes
les vieilles querelles. Le conseil cen
tral de la Ligue des Travailleurs-Chré
tiens nous en donne la preuve au cours
de son Congrès de dimanche dernier.
Nous savions déjà que la Fédération
des Cercles poussait la disparition du
parti catholique en Wallonie, dans l'es
poir de regrouper autour d'elle le corps
électoral sous une étiquette natio
nale Les Travailleurs-Chrétiens pré
parent la contre-attaque en marquant
leur méfiance vis-à-vis de la Fédération.
Au congrès, le Sénateur Verbist dé
clara que l'entente en Flandre avec
la Fédération des Cercles n'est plus
possible parce qu'elle n'a rien aban
donné de ses errements anciens
Le professeur Eyskens affirme que
Joute sympathie est impossible l'égard
de la Fédération. M. Deghislage ajoute
.que dans le nouveau parti il ne faut
pas de conservateurs. Et enfin le secré
taire général M. Segers conclut La
collaboration confiante avec la Fé
dération des Cercles n'est plus possible.
Nous voulons la collaboration avec
la bourgeoisie catholique. Mais nous
constatons qu'à cette fin la Fé-
dération n'a plus ni la force ni
le prestige nécessaires.»
Après cette conclusion toute discus
sion est superflue
urgence. M. Van Hoeck ne croit
pas que par les moyens envisagés on
reconquiert les rexistes et les nationa
listes flamands. M. Vindevogel es
time que même avec un parti organisé
les voix qui ont été Rex eussent été
perdues, et pour conclure le secrétaire
général Segers paraît avoir une foi
très faible dans l'avenir. Ce que
nous voulons c'est faire une tentative
la dernière peut-être de regrou
per toutes les forces catholiques et ce
que nous ne voulons pas, c'est que
si l'impossibilité apparaît de faire ce
regroupement, la responsabilité en in
combe aux travailleurs-chrétiens.
Un parti catholique unitaire est-il pos
sible L'avenir nous le dira.
Mais quelle position prendront les
démocrates-chrétiens l'égard du Front
populaire flamand. Le député De-
man d'Ypres estime qu'il faut prendre
nettement position contre. Mais le
député Goetgebeur d'Ostende dit que
'le parti catholique en Flandre doit être
nationaliste flamand. M. Eyskens
est partisan de la constitution d'un
parti populaire flamand. Les députés
Van Hoeck et Vindevogel sont favo
rables la création d'un parti catho
lique flamand. Parti flamand qui se
rait dirigé par les Travailleurs-Chré-
|fciefis, ce qui fiait dire par M. Fré-
dérix que les agriculteurs et les Clas
ses Moyennes trouvent déjà que les tra
vailleurs sont trop forts au sein du
parti.
En fait faut-il maintenir la stands-
organisatie M. Kieffer en pré
conise l'abandon parce qu'elle est de
venue un signe de division et de con
tradiction. Le mandataire doit re
présenter tous les intérêts généraux
de la région. C'est également l'avis de
M. Goetgebeur qui estime que le parti
ne doit plus être une organisation de
cadres mais doit devenir un parti po
pulaire ayant une cellule dans chaque
commune.
Et cela assure-t-il l'avenir
M. Bodart estime que l'on va des
catastrophes, moins d'agir de toute
Le thème de ce Congrès des Dés
enchantés avait eu comme base des
constatations que nous avons faites de
puis dix ans, que nous avons dévelop
pées au sein du parti et de l'Union
Catholique, et que les comitards dai
gnent découvrir quand il est trop
tard
Voici le texte savoureux du
«BILAN DES IDEES, DES SITUA
TIONS ET DES ANTAGONISMES
AU SEIN DU PARTI CATHO
LIQUE.
a) Les opinions et les situations en
diverses régions du pays.
1 En Flandre on est fatigué d'un parti
catholique belge unitaire.
Les résultats du 24 mai ont accentué cet
état des choses. Les Flamands ne veulent
plus se plier aux non-Flamands. Le fait
de s'être liés ces derniers dans un passé
trop long et trop pénible n'a eu pour eux
d'autre conséquence que la mutilation et
l'affaiblissement de leur programme fla
mand.
2) Chez les jeunes on est fatigué de la
vieille politique et des vieux politiciens.
La jeunesse éduquée par l'Action catholi
que dans le sens d'un idéalisme très élevé
souhaite de fortes réalisations en vue d'un
programme nettement catholique, basé sur
les encycliques pontificales. Elle ne veut plus
(Voir suite en 16e page.)
M. Spaak a comparu devant le Con
seil du P. O. B., et il a eu le bonheur
inouï de recevoir l'absolution.
Pourquoi encore nous parler de cette
bonne vieille Constitution, qui prétend
que le Roi nomme ses ministres f
Les Ministres appartiennent leur
parti ils représentent leur parti, leurs
comités, même contre la Nation.
Qu'ils soient sincères et clairvoyants,
qu'ils veillent l'intérêt général, et
aussitôt les Conseils rappelleront
les ministres l'ordre. M. Spaak
a servi la Belgique en continuant la
politique du Comte de Broqueville, que
Le Sud a soulignée et approuvée
complètement il y a deux ans.
C. V. R.
Pour les 115 communes comprises
dans la région frontalière, la moyenne
du nombre de chômeurs contrôlés est
tombée de 12.000 en janvier 1936
8.764 en juin 1936, soit une diminu
tion de 27
Ce résultat est dû d'abord la partie
sud de la région frontalière, notamment
pour les bureaux régionaux de place
ment et du chômage de Mouscron et
de Courtrai. Dans ces communes, il
y a plus d'industries et par conséquent
plus de chômeurs.
Comme pour ces deux communes,
nous connaissons les statistiques de chô
mage de l'année dernière, nous pou
vons établir une comparaison signifi
cative entre les années 1935 et 1936.
Remarquons tout d'abord que le
chiffre minimum de chômeurs contrô
lés l'année dernière était de 7.510, no
tamment au mois d'octobre (1935).
Les chiffres que nous publions ci-
après concernent donc les 48 commu
nes groupées dans la région de Mous-
cron-Courtrai et d'une population to
tale de 274.000 habitants.
Mois 1935 1936 Diminut.
Janvier 17.166 8.964 47,2
Février 16.424 9-270 43,5
Mars 15.313 7.733 49,5
Avril 12.220 6.921 43,5
Mai 11.439 6.864 40
Juin 9.923 6.600 35,5
Nonobstant le malaise international
et l'incertitude qui en découle, com
parativement janvier 1936, le mois
de juin nous révèle un nouveau pro
grès de 26.5 dans la lutte contre
le chômage. Ce résultat est en tout
cas encourageant. Il démontre que l'in
dustrie de ces régions est bâtie sur des
bases solides et que la crise a été sur
montée pour entamer une nouvelle pé
riode de prospérité.
Cette période sera d'autant plus du
rable que les produits fabriqués sont
de qualité supérieure et heureusement,
ce point de vue, les produits in
dustriels du sud de la Flandre peuvent
facilement soutenir la concurrence.
A partir de cette semaine vous trou
verez régulièrement en page 4, une
Lettre de France analysant, aussi
objectivement qu'il se pourra, tel as
pect de la vie politique ou tel pro
blème de l'économie française. Nous
sommes convaincus que cette nouvelle
collaboration intéressera nos lecteurs.
En outre dès la semaine prochaine
nous donnerons en page 2 un bref ré
sumé des événements internationaux.
La chronique aéronautique sera re
portée en page 3. Nous accueille
rons avec reconnaissance toutes les sug
gestions que des lecteurs pourraient
nous faire au sujet de la présentation
et des articles du journal.
II y a des broyeurs de noir qui ne
cessent de se plaindre en faisant le»
plus sombres pronostics quant la si
tuation économique du monde. Pessi
mistes, ils n'ont plus confiance en rien
et ne veulent plus croire la possi
bilité d'un relèvement. Ils se trompent
étrangement.
Tout d'abord dans le domaine des
affaires il y a un mieux certain qui
s'affirme nettement sur la plus grande
partie du globe et qui va en s'inten-
sifiant.
La situation économique dans l'Em
pire britannique et aux Etats-Unis, est
en continuelle amélioration.
L'ambiance des affaires est extrême
ment favorable sur la place de Londres
où règne une activité presqu'incroyable.
Les contingences industrielles aux
Etats-Unis, ne cessent de s'améliorer
et exercent déjà une répercussion fa
vorable sur le développement du com
merce de détail qui y est actuellement
en très sériéuse augmentation.
Ce mieux économique, qui s'est pro
duit dans une grande partie du monde,
se propage par contagion et petit
petit atteint chacun des peuples de
l'Europe continentale.
On commence comprendre par
tout pourquoi la crise a perduré anor
malement et a tardé se résorber. On
songe enfin dans grand nombre de
pays, prendre des dispositions pour
détruire les erreurs monétaires, doua
nières et fiscales qui constituent le vé
ritable fléau contre lequel il y a lieu
de lutter sans merci.
Car, ce sont les dépenses gigantes
ques de la guerre, ce sont les folie»
de peuples endettés, ce sont les dés
équilibres budgétaires, la méconnais
sance de la loi des échanges, l'inféo-
dation au régime de circulation du pa
pier-monnaie, les restrictions des chan
ges, les contingentements et en géné
ral toutes les entraves au commerce,
qui sont les causes de nos souffrance»
profondes et de notre misère.
Heureusement la crise a été salu
taire. Elle a ramené dans les esprit»
désaxés, la juste compréhension de»
devoirs en faisant admettre que la vie
doit être faite d'un dur labeur et non
de jouissances, de facilités et de plai
sirs abondants.
Partout se dessinent des réaction*
salutaires contre les fautes et les erre
ments passés.
Partout l'homme travaille et' montre
de la bonne volonté 11 en sera bien
tôt récompensé, car la reprise écono
mique internationale se fait sentir len
tement sous des efforts inlassablement
répétés.
De sérieux indices favorables per
mettent d'avoir entière confiance dans
le proche avenir.
Paul Delleur.