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CHRONIQUE/ DE 1A REGION
Ce fut une véritable invasion. Quel
cortège d'autocars. Et lundi matin la ville
fut très animée. Parmi toutes les im
pressions qui se dégagent de cette visite,
n'avez-vous pas été frappé par cette sin
gularité des hommes parlant l'anglais et
la figure pourvue... de grosses moustaches.
La feuille di'érable, le bonnet et l'insigne
de Vimy remplissaient la ville.
Faut-il dire que l'organisation du pèle
rinage fut parfaite Ce serait... excessif.
Car il y eut pas mal de dîners commandés
qui restèrent sans... dîneurs. Aussi cer
tains hôteliers et restaurateurs yprois con
serveront-ils de ce pèlerinage un souvenir
pas trop enthousiaste.
La délégation officielle fut reçue l'hô-
tel-de-Ville par le Bourgmestre et les Eche-
vins Van der Mersch et Lemahieu. Parmi
Jes conseillers communaux, il n'y avait de
présents que M. Biebuyck et Mlle Cornélie.
Quand une délégation aussi importante
-vient Ypres ne serait-ce pas trop demander
aux conseillers communaux d'avoir le mini
mum de politesse d'être présents On
peut avoir des empêchements, mais qu'au
moins les différents groupes soient repré
sentés.
On a surtout remarqué l'absence du bloc
libéral
A 1 heure, la délégation du Comité du
pèlerinage de Vimy, ayant sa tête le bri
gadier général Alex Ross et accompagnée
du colonel Higginson, chef du service des
sépultures britanniques Arras, était pré
sentée par M. Libotte, du ministère de
l'Intérieur, aux membres de l'Administration
communale d'Ypres.
Le bourgmestre, entouré des échevins et
du Colonel Legros, représentant le Ministre
de la Défense Nationale, souhaita la bien-
avenue en anglais.
Il rendit hommage aux Canadiens et re
traça le martyre de la ville.
Il pria le général Ross de bien vouloir
allumer la flamme de la Lampe britannique
du Souvenir.
Le général répondit avec émotion
Les Canadiens reviennent Ypres. Ici il
y a vingt et un ans nous combattîmes pour
défendre votre ville et quoique nous n'ayons
pu la préserver de la destruction, nous som
mes fiers d'avoir participé sa défense en
cette occasion et d'autres en empêchant l'en
vahisseur de fouler ses rues. Pendant ces
années de guerre, Ypres resta ferme comme
un rocher contre la marée symbole de cou
rage, de force d'âme qui est le caractère
du peuple belge.
Lorsque pour a première fois nous vîmes
votre ville, elle était encore presque intacte
dans tout le charme de son antiquité, avec
tous ses édifices magnifiques, témoignages
de la culture de votre population pendant
des siècles. Voa citoyens, oublieux des dan
gers qu'ils couraient, s'attachèrent leurs
foyers avec un courage que nous admirâmes
tous. Mais graduellement nous avons vu
votre ville s'effriter, graduellement votre
-population maintenant sans foyers fut obli
gée de se transporter, ruinée mais encore
■courageuse, dans d'autres endroits. Et lors
que nous quittâmes ce secteur, en 1917,
YPRES était une cité de la mort.
Mais aujourd'hui nous revenons et nous
-sommes émerveillés de ce que vous avez
accompli. II est vrai que vous ne pouvez
retrouver l'atmosphère d'antiquité qui était
la vôtre et dont les signes visibles sont dis
parus, mais l'esprit qui a triomphé des guer-
Tes des siècles reste toujours et une nou
velle Ypres s'est élevée triomphante des
ruines de jadis.
Pour nous, Ypres est un endroit sacré. Un
grand nombre de nos amis, nos proches et
nos êtres aimés dorment leur dernier som
meil l'ombre de vos murs et de vos clo
chers. Nous venons aujourd'hui visiter leurs
tombes les honorer dans leur temple, et
nous venons aussi offrir nos hommages
vos citoyens.
Les années se sont écoulées mais dans le
cœur des survivants de l'Armée Canadienne,
ces souvenirs ne sont pas effacés, et nous
venons aujourd'hui comme groupe délégué
du pèlerinage qui est aujourd'hui chez vous,
vous dire que nous ne vous avons pas ou
bliés. La vaillance de votre armée, le cou
rage et la force d'âme de votre population
en ces jours de souffrances ne seront ja
mais oubliés.
Lorsque nous allons d'un endroit l'autre,
visitant de nouveau ces scènes que nous con
naissions si bien et où la mort planait tou
jours, nous restons émerveillés du courage,
de l'industrie et du zèle que vous avez mis
réparer les ravages de la guerre. Mais si
les blessures visibles ont disparu, les meur
trissures cachées demeurent. Les tombes des
morts représentent les cœurs brisés et des
foyers ruinés. Ni le temps ni l'habileté hu
maine ne pourront jamais ramener la vie
ces corps broyés qui reposent un peu partout.
Vous savez tout aussi bien que nous, ce
que signifie le mot guerre et lorsque
nous nous en retournerons dans nos foyers
nous partirons en faisant une prière fer
vente afin que vos souffrances ne soient pas
oubliées, que le sacrifice des morts ne reste
pas sans récompense, que vos efforts ré
parer les ravages de la guerre n'aient pas
été en vain mais que la justice et l'huma
nité puissent prévaloir afin que plus jamais
la guerre ne fasse son œuvre de souffrance
et de mort.
Le bourgmestre remet au général une mé
daille reproduisant les célèbres halles.
Le général Ross offre son tour au bourg
mestre l'insigne du pèlerinage de Vimy.
Les personnalités signèrent ensuite le livre
d'or.
Un pieux hommage fut ensuite rendu par
la délégation canadienne aux Yprois morts
la guerre.
A 2 h. 30, une émouvante cérémonie
se déroula Porte de Menin.
Le brigadier général Ross déposa une cou
ronne faite de coquelicots des Flandres.
Puis ce fuc la dernière montée aux
tranchées La caravane des autocars prit
le chemin de St-Julien elle passa par St-
Jean, Wieltje, la ferme Vanhoute, le Moulin,
où les cimetières britanniques et canadiens
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