Comines
LE SUD, dimanche 13 septem. 1936 -
BILLET COMINOIS
Allo le 334363 Ypres C'est
vous mon cher Monsieur. Dites,
vous prétendez que Comines a une his
toire. Vous alléguez les faits divers que
relatent les journaux locaux. Ce ne
sont que des histoires, qui alimentent
les commérages mais l'histoire, la belle
hstoire de Comines reste ignorée du
grand public. 11 faudrait un connais
seur pour souffler sur la poussière, qui
recouvre notre glorieux passé et don
ner en quelques articles enthousiastes,
un résumé vivant des fastes de Comines.
Quant aux petites histoires, je n'ai ni
le flair d'un pandore, ni la sagacité
d'un détective pour dénouer les intri
gues d'un pauvre homme lardé de
coups... de gens timbrés qui s'en vont
méditer au violon... C est un tableau
demio-bscur la Jordaens et ça vaut
mieux, car tout cela n'est pas fort
propre.
Ah j'allais l'oublier. L'autre soir,
j'ai vu attabler dans un café un groupe
de jeunes gens aux allures... de con
spirateurs. Coïncidence Huit jours au
paravant un vannier amenait dans
la remise du même établissement des
bottes de joncs.
Va-t-on confectionner des balais...
et détourner la Lys pour nettoyer les
écuries cominoises Sans doute ils sont
un peu jeunes et inexpérimentés, mais
peut-être d'honnêtes gens, noyés par
cette race de profiteurs, relèveront la
tête en se voyant soutenus par la gé
nération qui monte.
A propos, mon cher Monsieur, on
parle d'un nouveau commissaire.
Nous lui souhaitons la bienvenue et
osons espérer que non seulement il fera
sortir des cartons le règlement commu
nal mais aussi qu'il le fera appliquer.
Car la moralité de Comines ne
semble pas en hausse depuis l'arrivée
d'un ramassis d'étrangers n ayant d au
tre but que l'exploitation des basses
passions humaines. Nous, Cominois,
nous ne tenons pas ce que notre
ville si hospitalière, devienne le dépo
toir des environs. Quoi qu il en soit,
il y a encore des juges Berlin et
vous pourriez peut-être aviser la Ligue
pour le relèvement de la moralité
publique si on continue a rester
aveugle...
Mais n'exagérons pas, il y a encore des
braves gens Comines. Vous les verrez dé
filer en rangs serrés dans le cortège triompha/
de Bruxelles. Ils seront là, jeunes et vieux,
industriels et ouvriers, attendant comme au
tour d'un fontaine de Jouvence le bain de
rajeunissement, des doctrines claires et pré
cises, des mots d'ordre audacieux, des con
signes sévères pour doubler le cap dangereux
et voir triompher l'Eglise et la Patrie.
AVIS OFFICIEL
Les bourgmestre et échevins portent
la connaissance de leurs administrés qu'un
nouvel appel est fait aux candidats aux
fonctions de receveur communal. Les inté
ressés sont invités introduire leur de
mande avant le 25 septembre prochain et
ils seront soumis l'examen requis, vers la
mi-octobre.
Toutes les demandes qui ont été faites
avant le 15 août sont considérées comme
non avenues. Le nouveau titulaire jouira
du traitement minimum légal et sera astreint
de verser un cautionnement.
Pour tous renseignements utiles, s'adresser
l'Administration communale de Comines.
LA PATRIOTE COMINOISE
Résultat du tir du mois d août 1936.
Carton officiel
1. Georges Folens, 54 points, 6e balle,
lr Haut Nombre. 2. A. Plovier, 53 pts.,
6 b, Belle-Balle. 3. A. Berghe, 59 pts.,
6 b., 2e H.-Nombre. 4. A Verschoore,
48 pts., 6 b., 3e Haut-Nombre. 5. O.
Bartier, 45 points, 6 b., 4e Haut-Nombre.
6. O. Van Hollebeke, 44 pts., 6 b.,
5e Haut-Nombre. 7. Abbé Dossaer, 43
pts., 6 b., 6e Haut-Nombre. 8. V. Du-
vosquel fils, 43 pts., 6 b., 6e Haut-Nombre.
9- V. Duvosquel, 42 pts., 6 b. 10.
Abbé Gryspeerdt, 39 pts., 6 b. 11. Ch.
Brulein, 38 pts., 6 b. 12. J. Coulie,
38 pts., 5 b. 13- J. Douchies, 36 pts.,
5 balle. 14. H. Leleu, 34 pts., 6 b.,
223 Bas-Nombre. 15. R. Brulein, 34 pts.,
6 b. 23e Bas-Nombre. 16. A Bou-
chery, 33 pts., 6 b., lr Bas-Nombre.
17. R. Ledoux, 28 pts., 5 b.
Résultat tir mois de septembre 1936
Carton spécial
1. Abbé Dossaer, 48 pts., 5 b., 1er Haut-
nombre 2. A. Six, 42 pts, 5 b., 2e et 3e
Haut-Nombre 3. A. Plovier, 42 pts, 5 b.,
2e et 3e H.-Nombre 4. Brulein, 41 pts,
5 b., 4e Haut Nombre; 5. G. Folens, 39 pts.,
5e b., Belle-Balle 6. R. Ledoux, 39 pts.,
5 b., 5e Haut-Nombre 7. L. Sieuw, 38 pts.,
5 b, 6e Haut-Nombre 8. L. Desmarets,
37 pts, 5 b. 9- J. Coulie, 33 pts, 5 b.
10. A. Lesaffre, 32 pts., 5 b. 11. V. Del-
rue, 32 pts., 5e b. 12 Ch Brulein, 31 pts.,
5 b 13. A. Berghe, 29 pts, 5 b. 14. Abbé
Gryspeerdt, 29 pts, 5e b. 15. O. Bartier,
27 pts., 5 b. 16. A. Bouchery, 27 pts.,
4 b. 17. J. Odent, 25 pts, 5 b., 3e Bas-
Nombre 18. H. Leleu, 22 pts., 4 b.; 19.
V. Duvosquel, 21 pts., 5 b., 2e Bas-Nom
bre 20. J. Douchies, 16 pts., 5 b., 1er Bas-
Nombre 21. O. Verschoore, 13 pts3 b.
Les membres de la Commission sont piiés
de bien vouloir assister la réunion le
SAMEDI 12 SEPTEMBRE 8 heures du
soir très précises, au local, ordre du jour
très important. Le Secrétaire,
V. D.
L ABCES CREVE
Les Cominois raffolent d'être roulés Car
sinon ils eûssent depuis longtemps tous fait
bloc autour du Sud et de ses campagnes
d'assainissement. Verront-ils enfin qu'il
y a quelque chose faire Comines
Nous ne parlons pas de Léona Tombu
On pourrait longtemps disserter sur le degré
de responsabilité de certains êtres dévoyés,
qui, glissant sur la pente du vice aboutis
sent, tôt ou tard, au crime. Nous aurions
plus tendance les plaindre qu'à les blâmer,
et notre sévérité se reporterait plutôt sur
une société décadente et incapable de pren
dre des mesures susceptibles d'enrayer le
vice.
Il s'agit de l'administration de Comines
Les fonctionnaires de Comines vivaient en
pays conquis. La population tremblait,
et que d'histoires nous a-t-on racontées sur
ce qui se passait Comines. Il y aurait
un livre écrire, s'il fallait les reprendre
toutes. Ne croyez pas que nous ayons
devant nous des monstres, des tytans, des
êtres - pervers et mauvais. Mais non, nous
n'avons devant nous que l'empreinte du ré
gime la médiocrité
Voyez cette affaire de fausses cartes d'iden
tité. Croyez-vous que nous fassions grief
au fossoyeur d'avoir demandé un pourboire
pour service rendu, et d'avoir ainsi abusé
de... son influence. Mais ce pauvre
homme a vu pratiquer le trafic d'influences
du haut en bas de l'échelle sociale. Les
ministres ont donné l'exemple les hauts-
fonctionnaires l'ont fait avec élégance Il
est évidemment fâcheux pour ce fossoyeur
d'avoir creusé sa propre tombe nous vou
drions cependant plaider pour lui le maxi
mum de circonstances atténuantes.
Mais il n'en est pas de même pour ce
qui se passe l'administration communale.
Car, comme nous le disions, l'abcès crève.
Tout va se découvrir, et il eût été si simple
il y a un an ou deux de freiner et de mettre
les affaires en ordre.
Comment pouvez-vous admettre que le
chef du bureau de l'Etat-Civil ait pu non
seulement faire de fausses cartes de fronta
liers, mais ne pas oblitérer des cartes de
résidants français Comines. Quant aux
cartes frontalières, il y aura bien des cir
constances atténuantes, et il prouvera peut-
être l'instruction qu'il était encouragé dans
cette voie.
L'affaire des résidents français est infini
ment plus grave. Il est certain que De-
foer n'était pas seul manipuler ces cartes
et nous ne comprenons pas que les auto
rités communales n'aient pas aperçu cette
irrégularité.
Et la question de l'Etat-Civil. Nous
serions bien curieux de connaître le résul
tat d'une enquête faite l'improviste dans
toute la Belgique sur ce point. Cela
provient de la négligence avec laquelle les
autorités communales, issues de la politique
de parti, s'occupent de fonctions pour les
quelles elles ne sont en rien préparées.
C'est bien ce qui nous fait dire et re
dire que les bourgmestres devraient être
des fonctionnaires nommés et non pas élus.
Un bourgmestre n'a pas le temps ni...
la vocation de gérer sa commune, ou sa
ville. C'est pour lui une corvée et une charge
excessive. L'exemple de Comines illustre
avec netteté cette réforme indispensable de
notre loi communale. D'ailleurs, ce sont les
élections communales qui se trouvent l'ori
gine de toute l'électoralité, qui empoisonne
le pays.
Reste le dernier point les ouvriers et
les employés communaux qui ne sont pas
payés depuis des mois. Nous croyons
qu'ici l'administration de Comines est moins
coupable que l'autorité supérieure qui aurait
dû depuis longtemps intervenir.. De tout
quoi il résulte que quand nous disons de
puis deux ans, que le bistouri devait inter
venir, et que nous demandions aux Co
minois de faire bloc pour arriver ce ré
sultat, Le Sud était sur la bonne voie.
Les Cominois ont préféré écouter ceux qui
voudraient mettre Comines sous la férule
de leur domination... intéressée.
Ironie du sort, il y a précisément huit
jours on pouvait lire dans ce journal, exac
tement la même place que Comines était
une ville heureuse parce que sans histoires
et pourtant en huit jours de temps ntyre
ville a passablement défrayé la chronique
scandaleuse un crime mystérieux, peut-être
passionnel, une affaire de falsification de car
tes frontalières, d'autres sont encore en ges
tation. Toutes ces histoires ont provoqué
plusieurs arrestations.
A propos de l'affaire des fausses cartes
frontalières nous reproduisons un interview
accordé par Mr Dujardin maire de la com
mune un journal français et une lettre
ouverte au Bourgmestre.
Voici l'interview au Réveil du Nord
En substance, M. Dujardin nous a confié
La question pour laquelle vous êtes venu
me voir ne me parait pas revêtir un caractère
particulier ma commune. Il est presque
certain que, dans la plupart des localités voi
sines de la frontière française, depuis
Dunkerque jusqu'au duché du Luxembourg,
des sujets belges parviennent travailler
dans votre pays avec des cartes plus ou moins
régulières.
Il faut reconnaître que cette situation
existe en dépit d'arrêtés sévères, pris oppor
tunément par des administrations soucieuses
de sauvegarder les intérêts de la main-d'œu
vre française.
Les délinquants savent ce qu'ils risquent,
mais l'attrait du change est pour eux ir
résistible. Ils comptent sur leur habileté
falsifier ou faire falsifier une carte devenue
inutile pour le précédent titulaire, laquelle
carte ils adoptent leur profit.
Le plus souvent, le camouflage est gros
sier. Le frontalier se contente de changer la
photographie et... ça passe
Des explications
Cependant pour René Clément et
Notredame, pour ne parler que des cas con
nus, il y eut falsification, M. le bourgmestre,
puisque l'identité fut également changée.
Connaît-on les responsables
Lorsque Notredame a été arrêté, il
n'a pas manqué de se défendre en accusant
d'autres personnes. Il a parlé, vous le savez,
d'un ouvrier, rétribué par la commune, qui
aurait servi d'intermédiaire pour lui procurer
une carte en faisant valoir ces relations. En
échange de ce service, cette personne aurait
même touché une certaine somme. L'intéressé
nie et on ne peut relever contre lui d'autre
charge que l'affirmation, somme toute gra
tuite, de Notredame.
Par ailleurs, Notredame désigne nom
mément la personne qui aurait falsifié la
dite carte. Il s'agit d'un employé de la maison
'1/
communale, en service depuis vingt ans,
qui je n'ai jamais eu personnelllement rien
reprocher et qui s'acquitte de son travail
avec beaucoup de zèle.
Des cartes furent-elles dérobées
Informé des dires de Notredame, il a
nié son tour. Toutefois, d'après lui, il se
peut que les cartes ayant servi Clément et
Notredame aient été dérobées son insu
dans son bureau où il avait le tort d'accueillir
trop facilement les gens qui se présentaient.
Je lui ai ordonné de mettre bon ordre sa
classification afin de découvrir le nombre
exact de numéros manquants
Ces cartes peuvent provenir de fron
taliers qui ne purent obtenir le renouvel
lement de leur autorisation ou encore de
femmes ayant, par le mariage, acquis la
nationalité française. Dans ces deux cas, le
document devenait inutile pour le titulaire et
devait être restitué la mairie.
Plusieurs de ces cartes purent ainsi être
utilisées des fins frauduleuses, mais ceci
ne prouve pas forcément la participaiton la
fraude de la personne incriminée.
Je me suis d'ailleurs rendu avec elle
vendredi après-midi, au parquet d'Ypres, sur
sa demande même.
Le procureur du roi m'a reçu seul et m'a
conseillé de laisser l'enquête se poursuivre.
LETTRE OUVERTE A MONSIEUR
LE BOURGMESTRE DE COMINES.
J'ai lu avec un certain étonnement l'in-
terwiew que vous avez donné un reporter
d'un quotidien du Nord de la France assez
répandu en Belgique. Je suis un de vos ad
ministrés et permettez-moi en cette qualité
de vous dire que je considère votre inter
vention comme imprudente ou tout au moins
inconsidérée car je suis persuadé qu'elle
n'était pas intéressée...
Avouez que vous avez été un peu fort en
insinuant que dans toutes les communes
échelonnées de Dunkerque au Grand Du
ché de Luxembourg on tripotait et même
on falsifiait quelquefois des pièces officielles.
Ce n'est pas flatteur pour vos collègues, les
bourgmestres de ces différentes communes
situées le long de la frontière française de
supposer que leurs administrations laissent
autant désirer qu'ici Comines, qu'il existe
dans leur Hôtel de Ville un désordre et un
gâchis au moins égal celui qui règne ici.
Estimez-vous heureux que les fonctionnaires
de ces communes ne soient pas des gens
susceptibles car ils auraient pu vous deman
der raison de vos déclarations imprudentes
c est grave de prétendre que ces honnêtes
fonctionnaires sont des faussaires et des
prévaricateurs.
Et une petite mise au point en passant
les délinquants ne sont pas les ouvriers ou
les employés, eux ce sont des victimes, mais
les criminels ce sont les fonctionnaires qui
ont accepté de l'argent pour fournir des
pièces en règle et qui en fournissaient de
fausses.
A l'heure actuelle vous devez sans doute
amèrement regretté d'être sorti d'une réserve
qui s'imposait pour vous en l'occurrence.
Au lieu de faire auprès du Parquet d'Ypres
en compagnie de votre subordonné des dé
marches spontanées... de le couvrir par vos
déclarations dans la presse, vous auriez dû
mettre en congé ce subordonné sur qui pla
naient des soupçons aussi graves et même
devancer l'instruction judiciaire en ouvrant
une enquête administrative. Remarquez-moi
je comprends très bien votre façon d'agir car
elle fut certainement inspirée par des sen
timents généreux mais malheureusement il
y a beaucoup de mauvaises langues Co
mines qui ne la comprennent pas comme
moi.
D'ailleurs pourquoi avez-vous jugé utile
de colporter certains ragots dénués de fon
dements sur le compte de la principale vic
time des agissements de votre subordonné...
ça ce n'est pas inspiré par des sentiments
généreux.
La conclusion de cette malheureuse affaire
c est qu'il ne faut pas laisser les guides
trop larges ses subordonnés et je vous con
seille, Monsieur le Bourgmestre, de redoubler
de vigilance. Par exemple assurez-vous si les
registres de l'Etat-civil sont jour, si les
cartes d'identité des étrangers sont en règle,
si les licences de» coureurs cyclistes sont ré
gulières, etc, etc, etc... A. S.