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A une époque où la réclame, sous toutes
ses formes et souvent les plus inattendues,
joue un rôle prépondérant non seulement
dans le commerce et l'industrie, mais dans
bien d'autres domaines, il peut paraître su
perflu d'attirer l'attention sur l'utilité de la
propagande.
Une des causes des maux dont souffre
notre marine, et peut-être la principale, celle
dont découlent toutes les autres est le man
que d'opinion publique. Une opinion pu
blique éclairée, tournée vers les choses de
la mer, soucieuse des intérêts de la Belgique
dans ce domaine si important, suffirait
donner notre marine l'esor qu'elle mérite.
Il est étrange de constater combien de
belges, qui connaissent fond leur sport
favori et tout ce qui concerne ses moindres
vedettes, ne savent rien de la mer. Sans
doute y passent-ils quelques journées d'été
mais sans connaître, sans comprendre l'ad
mirable instrument de prospérité qu'ils ont
sous les yeux.
Créer, puis développer cette opinion pu
blique, voila le but utile entre tous et c'est
pourquoi il est bon que la première section
du Congrès International de la Mer consacre
ses travaux la propagande en faveur des
intérêts mairtimes.
Seule, en effet, une active propagande
peut donner naissance ce mouvement d'opi
nion sans lequel plus que jamais rien ne se
crée sous le régime parlementaire et démo
cratique qui est le nôtre. Quels que soient
l'activité intelligente et prévoyante de l'Ad
ministration de la Marine laquelle il
faut rendre .le juste hommage que méritent
les éminents services rendus par elle la
Marine quels que soient les efforts des
uns et de l'autre, rien ne peut se faire contre
une opinion hostile ou seulement indif
férente.
La propagande doit poursuivre son ob
jectif général par deux actions parallèles
l'une visant montrer tous I s Belges leur
devoir envers la Patrie, l'autre qui stimule
les intérêts particuliers en leur indiquant
les incommensurables profits qu'ils peuvent
retirer d'une marine nationale forte et bien
outillée.
Propagande dans l'intérêt général tout
d'abord qui doit toucher tous les milieux
-et aussi bien les habitants des villes que ceux
des campagnes les plus éloignées de la mer.
Il y a une conception fausse qui doit dis
paraître d'après laquelle la mer n'intéresse
pas le fond du pays parce qu'il n'en peut
retirer nul avantage. La Belgique, toute la
Belgique a besoin de la mer
A ce point de vue le moyen le plus sim
ple d'atteindre la masse est de faire une
active propagande dans les écoles. Les na
vires, les aventures lointaines, les pays in
connus et par cela même plus désirables
captivent les enfants. Leur imagination
ne demande qu'à se laisser entraîner par la
grande brise du large, qu'à se nourrir des
récits des héros de la mer. En mettant lar
gement la disposition des maîtres d'écoles
et des professeurs les moyens de propagande
dont nous parlerons plus loin, nul doute
que ne se forme rapidement une vivante
mentalité maritime chez les enfants. N'en
doutons pas nombreux seront les parents qui
se laisseront entraîner eux aussi par la mer,
car leurs enfants seront auprès d'eux les meil
leurs propagandistes.
Dans un autre ordre d'idées, moins élevé
sans doute, mais par cela même plus com
préhensible et plus la portée de tous, la
propagande doit toucher ceux qui ont un
intérêt matériel au développement de la ma
rine et l'on peut dire, sans craindre d'exa
gérer, que cet intérêt est quasi universel. En
effet, tous les corps de métier contribuent
la construction du navire ouvriers de^ mines
et des laminoirs, charpentiers, peintres...
tous concourent l'œuvre commune. Une
fois le navire lancé, tous ceux qui lui pro
curent du fret, industriels et commerçants,
ont intérêt faire transporter leurs mar
chandises par navires belges afin d'échapper
aux conséquences désastreuses de l'espion
nage commercial.
Charger belge n'est pas seulement un de
voir de patriote, c'est aussi la devise que doit
adopter tout exportateur soucieux de ses in
térêts et pour tout dire d'un mot pratique.
La conclusion qui se dégage de ceci est
donc que la propagande doit toucher tous
les Belges, depuis les enfants des écoles et
les plus modestes tâcherons jusqu'aux plus
opulents chefs d'industrie. Tous et chacun
qu'il soit guidé simplement par l'esprit
d'aventure, par le souci du bien du pays,
ou par son intérêt personnel, contribuera
créer cette opinion publique dont nous avons
rappelé plus haut l'impérieuse nécessité.
Mais comment se réalisera cette utile ac
tion
Parmi les divers moyens dont dispose la
propagande, les uns frappent directement
l'intelligence, tels les livres, les revues, les
journaux les autres atteignent indirectement
ce résultat par l'intermédiaire des yeux et
des sentiments la photographie, le film,
l'art sous toutes ses formes et plus spécia
lement la peinture et la sculpture. Enfinla
propagande la plus efficace peut-être
parce que sa forme est la plus agréable
se fait par les voyages et les excursions en
mer. Ici encore, nous rencontrons la belle
activité de notre Administration de la Ma
rine qui, par ses excursions d'un jour, con
tribue certainement pour une large part
faire aimer la mer dans tous les milieux.
Quel surprenant résultat donneraient sans
aucun doute des promenades en mer orga
nisées pour les enfants et au cours desquelles
des explications simples et adéquates leur
seraient données sur les objets qui les en
tourent Semblable récompense offerte aux
premiers de classe ne couvrirait-elle pas ceux-
ci d'un prestige que leurs condisciples leur
disputeraient ardemment.
Sans vouloir empiéter sur le domaine ré
servé dans ce Congrès la Littérature et aux
Arts de la Mer, qu'il nous soit permis d'in
sister sur l'utilité de la diffusion de la lit
térature maritime.
Le journal qui tient au courant chaque
jour des événements maritimes et il est
permis de déplorer le peu d'importance
accordé la mer dans notre presse la re
vue, qui périodiquement condense et com
mente ces événements, en tire les conclusions
expose une doctrine le livre enfin, roman
pour les uns, chiffres et statistiques pour les
autres, autant de moyens puissants qui doi
vent être largement mis en œuvre. Il faut que
chacun ait l'occasion de lire, de se former une
opinion sur la mer et les problèmes qu'elle
soulève.
Les photographies, les films, l'art, œu
vres qui frappent l'imagination et déve
loppent le désir de mieux connaître.
II n'est guère possible, dans ce bref rap
port, d'approfondir la matière si vaste de
la propagande et des moyens mettre en
action pour créer l'opinion publique dont la
Belgique a besoin. Nous n'avois pu qu'ef
fleurer, indiquer la marche suivre, sug
gérer. Que chacun, suivant ses inclinations
et ses affinités, se fasse propagandiste
soit par un des moyens que nous avons in
diqués, soit par tout autre car nous ne pré
tendons pas avoir épuisé la question. Le but
seul compte, et il doit être atteint pour le
Pays, pour notre Marine et pouf nos Marins.
VŒU
Le Congrès International de la Mer.
Considérant qu'une marine marchande mo
derne et bien outillée, puissante et propor-
(Voir suite en 10e page.)
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