LE SUD DANS LE NORD Lettre ouverte la PRE//E du NORD BELGA contre FRINC. Léon Grillet VANDERHARLIERE 'ypnïs DE;PUY!DT LE SUD, dimanche 20 septem. 1936 i ABONNEMENT 18 rrancs français, a LE SUD. M. SALENGRO PREND ACTE. Agent de change correspondant près la Bourse de Bruxelles. 31, RUE DE MENIN, Y P R E S Téléph. 144 «AIDE-TOI ET LE CIEL T'AIDERA» aurait pu dire un Salengro moins laïque ON DEMANDE DEUX BONS TRIEURS DE BRIQUES DE FA ÇADES, MUNIS DE LEUR CARTE D'OUVRIER FRONTA- LIER. Chers Confrères, Depuis plusieurs mois nous lisons les protestations des commerçants et des hôteliers français du fait que vos com patriotes du Nord viennent en Belgique pour dépenser leur argent. Et nous avons l'impression que vous nous en faites reproche. Il ne faut vous en prendre qu'à vous- mêmes Tout d'abord si, économiquement la dévaluation du belga a permis la Bel gique de rentrer dans le mouvement de Y économie mondiale, tout en main tenant une vie relativement moins chère qu'en France, il est tout logique que le Français profite de l'avantage qu'il peut trouver se fournir en Belgique. Le patriotisme pourrait être le seul ob stacle cette tendance économique na turelle. Mais si l'Angleterre, une démocratie parlementaire, a conservé ce patrio tisme dont elle a fourni la preuve il y a trois et quatre ans, la France di- vdsée, épuisée par son régime, ané miée par les campagnes anti-patrioti ques et anti-nationales des gauches, est incapable de réagir. Elle a exalté l'individu, l'égoïsme de l'individu. Cet égoïsme cherche actuellement son intérêt, et le trouve en franchissant la frontière, malgré tous les obstacles douaniers anti-libéraux et anti-démocratiques. Car en bons démocrates les politiciens français de vraient se réjour de la puissance d'achat que les congés payés trouvent en Belgique. Si nous nous adressons la Presse du Nord, ce n'est pas pour lui deman der de cesser de faire campagne en faveur des produits français... C'est plus grave. Nous voudrions, chers Confrères, que vous insistiez auprès de vos lecteurs pour que ceux-ci, venant en Belgique, observent un minimum de courtoisie et respectent les lois de l'hos pitalité qui existent, d'ordinaire, chez les peuples civilisés. La démocratie et l'influence de la politique de gauche auraient-elles tué la vieille politesse française Il n'est pas de semaine où nous n'ayons l'occasion de constater le man que de tact, ou même la muflerie de citoyens français séjournant en Belgi que. Faut-il citer les excursionnistes se lavanit les mains dans le bénitier de l'église de Coxyde ces manifestants français brandissant le poing en pas sant Bruxelles devant le Palais du Roi ces français se levant de table, le poing fermé, et sortant d'un hôtel d'Ypres parce que celui-ci était un local de Croix de reu chaque jour ces in cidents au littoral où des Français bran dissent le poing parce que tel automo biliste belge leur paraît avoir une voi ture trop luxueuse Nous vous demaiv dons, chers Confrères, d'insister auprès de vos lecteurs, afin qu'ils laissent au bureau des douanes leurs opinions po litiques et qu'ils cessent, non seulement de favoriser une mentalité anti-française en Belgique, mais de nous donner le spectacle profondément désagréable de gens par trop mal élevés. Nous espérons que cette requête trou vera audience et nous vous en remer cions cordialement. Voici un article suggestif de l'Indica teur au sujet de cette lutte économique dont nous parlons dans la lettre ouverte adressée la presse du Nord M. Roger Salengro, Ministre de l'Inté rieur, était lundi, Malo-les-Bains. A cette occasion, le maire M. Schipman remit au Ministre une délibération du Conseil Muni cipal demandant des dégrèvements pour les commerçants en raison de la crise causée par la dévaluation du belga. Cette délibération est des plus intéres santes. Voici d'ailleurs des extraits de ce rapport, que nous empruntons au Journal des Flandres L'an dernier, dans sa séance du 17 nov. le Conseil Municipal avait attiré l'attention des Pouvoirs Publics sur la situation cri tique faite aux commerçants et aux stations balnéaires du Nord, par suite de la déva luation du Belga. La délibération prise cette époque faisait ressortir que Malo-les-Bains, située huit kilomètres de la frontière a vu toute sa clientèle, se rendre sur les plages belges afin d'y béné ficier de la hausse du change que l'essence pour automobile est payée deux francs fran çais Malo et un franc français quelques kilomètres que le prix des hôtels et res taurants étaient les mêmes sur les plages belges (en francs belges) que dans les hôtels de Malo-les-Bains (en francs français) Inutile de souligner qu'aucune suite pra tique n'y fut donnée La situation grave en 1935, est devenue aujourd'hui, particulièrement angoissante. C'est par centaines de mille que les fran çais ont pris le chemin de la Belgique allé chés par le change favorable. La plage de Malo a été la plus durement touchée... En effet, notre station tire le plus clair de sa clientèle des régions industrielles de Lille, de Roubaix, Tourcoing en raison de la facilité des communications. Aujourd'hui cette clientèle est en Bel gique et ce qui est plus gros de consé quence pour l'avenir un grand nombre de Français de cette région ont acheté ou fait construire sur la côte belge. Les preu ves peuvent en être administrées par milliers. Ce n'est pas seulement l'industrie hôte lière qui a été touchée par la dévaluation du belga. C'est tout le commerce du Nord sans distinction de spécialités Nous citerons quelques exemples PARTIE AUTOMOBILE En France, l'essence coûte 2 francs, en Belgique, 1 franc. Une batterie d'accumulateurs de même marque coûte le même prix en francs belge qu'en francs français Les réoararions et révisions de voilures coûtent le même pri- en frar.-s brî-cs "l'en francs français, etc... En un mot, sur tout, 50 pour cent de dif férence. Il en est de même pour l'« habillement et l'alimentation RESULTAT Les automobilistés s'approvisionnent la frontière, en essence renouvellent leurs accumulateurs, et font faire leurs réparations en Belgique. Les habitants de nos régions vont se faire habiller en Belgique. Les femmes partent en combinaison sous leur manteau et reviennent avec une robe. Les hommes partent vêtus d'un vieux costume qu'ils abandonnent en Belgique. Complétons par un exemple typique Les malades de la région profitent de la faveur du change, les uns, pour se faire opérer par les chirurgiens belges, les autres pour se faire soigner les dents et acheter les appareils de prothèse dentaire en Bel gique. ECOUTEZ BIEN CECI Tous les ven dredis, un autocar au service d'un chirurgien belge vient prendre les clients français place Jean-Bart Dunkerque et les ramène le soir après consultation. Inutile d'ajouter que les voyages aller et retour sont gratuits.- Les commerçants de nos plages escomp taient une certaine compensation apportée par la clientèle des congés payés. Le Chemin de Fer du Nord, les hôteliers, la Chambre d'Industrie Climatique avaient fait un effort de compression des prix. Le résultat a été lamentable. Sur 1.200 bénéficiaires de congés payés partant de Roubaix le même jour, 900 au moins ont passé la frontière 22 sont venus Malo-les-Bains. Le Gouvernement se rendra compte que, dans de telles conditions tout commerce est impossible pour les patentés de la région. Aussi, très respectueusement le Conseil Municipal Considérant que la dévaluation du belga a causé la Plage de Malo un préjudice sans précédent Qu'il n'a été donnée aucune suite au cri d'alarme jeté par l'Assemblée Communale le 17 novembre 1935 Qu'il est du devoir du Gouvernement de venir en aide aux contribuables Que l'exposé est rigoureusement exact Par ces motifs, sollicite Pour les Commerçants et Patentés, une réduction très importante des droits de pa tente, délais de paiement des contribuables et suppression de toute poursuite jusqu'au 1er septembre 1937 Pour la Commune, les moyens de conver tir les emprunts contractés un taux élevé Une subvention de un million de francs pour réparer le préjudice causé par la déva luation du belga et lui permettre de con tinuer ses travaux d'aménagement et d'ex tension, etc... Le Ministre dans sa réponse, parlant des congés payés, dit que le but de ces congés n'est pas atteint quand nous voyons des mil liers de travailleurs passer leurs vacances sur les plages belges. Les Belges sont nos voisins, nos frères, dit-il, mais il est regret table que d'autres bénéficient des réformes BOURSE TITRES COUPONS CHANGE. Bureau ouvert le dimanche pendant la saison apportées par le gouvernement pour le bien- être des travailleurs Il assura ses interlocuteurs qu'il pense aussi aux besoins de nos plages, de notre situation économique et assure que le gou vernement fera l'impossible pour parer ces problèmes. une doléance de plus mettre dans les cartons une promesse ministérielle de plus et c'est tout. Que les Malouins ne se frappent pas. Jusqu'ici commerçants et petits industriels ont bien senti leurs charges s'aggraver. Dimanche, tout comme son confrère Sa lengro, le ministre de l'Economie Nationale, M. Spinasse, a répété, une fois de plus, qu'il va alléger la fiscalité qui écrase les classes moyennes françaises. Chacun sait que ROSENDAEL est voi sine de Malo-les-Bains. On sait aussi que cette commune a débarqué de la mairie M. Mahieu, sénateur et s'est offert com me maire un fonctionnaire S.F.I.O. Or dans Le Nord Maritime du 8 cou rant nous lisons sous la rubrique ROSEN DAEL Une excursion des élèves appartenant aux cours de vacances. Demain 9 septembre, les garçons fré quentant les cours de vacances de la ville de Rosendael, seront conduits par les soins du Denier des Ecoles Laïques, en autocar, Y près, Dixmude, la forêt d'Houthulst et visiteront les champs de ba taille de la région. Le départ aura lieu 8 heures 15 de la place de la Mairie où le retour est prévu pour 19 heures ...Evidemment si les Malouins, Rosen- daliens, sous la conduite du Denier Laïque, se mettent eux-mêmes fuir leur plage pour la Belgique M. Salengro n'a plus qu'à payer et a leur faire la morale. Mais voyez-vous Roger disant Aide-toi et le Ciel S'ADRESSER BUREAU DU JOURNAL.

HISTORISCHE KRANTEN

Le Sud (1934-1939) | 1936 | | pagina 4