Chez PASCAL
Maître-Tailleur
23, Rue au Beurre, YPRE/
Mouscron
Coupe
10
LE SUD, dimanche 18 octobre 1936
LES IDÉES DE M. VAN SEVEREN,
LEIDER DU VERDINASO
Interview paru dans Le Soir du
14 octobre.
En quittant la gare de Bruges, on traverse
un passage niveau, on franchit un pont
étroit sur un canal aux eaux croupissantes
et on arrive dans un quartier rustique que
divisent des allées fraîchement tracées et
où se dressent de jolies villas. Saint-Michel,
Veldstraat, n" 1. Une maison avec un petit
jardin devant du lierre aux pignons. C'est
ici qu'habite M. Joris Van Severen, chef du
Verbond van Dietsche Nationaalsolidaris-
ten autrement dit Verdinaso
M. Van Severen nous reçoçit la main ten
due et nous introduit dans une vaste pièce
où les couleurs rouges, jaunes et vertes se
marient harmonieusement. Des rayons de
livres courent, au long d'un mur. De grandes
cartes, des tableaux et des portraits d'hom
mes d'Etat et d'écrivains tapissent les iutres
parois. Un poêle ronfle dans un coin. De
confortables fauteuils sont disposés de-ci de
là. Maison d'un artiste.
Alliance avec Rex et le V.N.V.
Nous demandons tout de suite M. Van
Severen de nous parler des négociations qu'il
a entreprises avec le Vlaamsch Nationaal
Verbond qui vient de conclure un accord
politique avec Rex.
Ce Lundi après-midi, nous répond-il,
mes délégués ont une entrevue avec ceux du
V.N.V. La base de cet accord doit être le
programme du Verdinaso dans ses grandes
lignes. Il faudra admettre, même dans la
propagande, qu'il est nécessaire de construi
re l'Etat thiois, le Dietsche Rijk autre
ment dit les Pays-Bas de la mer. Nous vou
lons en, effet, réunir le peuple thiois et lui
donner un Etat le Dietsch Volkstaat
Nous voulons ensuite grouper autour de cet
Etat la confédération, plutôt le Rijk de
la Frise, de la Wallonnie et du grand-duché
de Luxembourg, chacune de ces régions
étant dotée de l'autonomie culturelle. Cet
immense Etat de plus de seize millions d'ha
bitants, nous l'organisons suivant notre con
ception nationale-solidariste ou corporative.
Là-dessus M. Van Severen, qui est glabre,
petit de taille et agile comme un écureuil,
saute de son fauteuil et désigne une carte
du Dietsche Rijk où l'on voit Bruxelles
semblable un hanneton qu'un entomologis
te aurait épinglé sur ses planches. Après
avoir tendrement passé la main sur ce magni
fique royaume de rêve, le leider des Di-
naso's reprend son exposé.
Je pense, dit-il, que cette construction
des anciens Pays-Bas est le seul lien commun
entre les divers groupes actuellement en pré
sence. Le V.N.V. a toujours été partisan ce
la Grande-Néerlande, ce qui signifie ipso
facto la destruction de la Belgique. D'autre
part, Rex s'est contenté de résoudre le pro
blème Flandre-Wallonie par des formules
vagues et sentimentales, se rendant compte
qu'il n'est point aisé d'y trouver une solution
précise dans le cadre de l'Etat belge. Par
parenthèse, je ne sais au juste où il en est,
car Rex est une force en perpétuel devenir.
Vous voyez qu'entre ces deux groupements
il y a place pour le nôtre. Nous disons au
V.N.V. Votre idée de la Grande-Néerlan
de ne peut se réaliser que par la guerre.
Nous disons Rex: «Il est possible de mettre
un terme au conflit Wallonie-Flandre en ne
détruisant pas la Belgique, mais en l'agran
dissant jusqu'à en faire les anciens Pays-
Bas.
M. Van Severen se tait un moment. Puis
il ajoute
Pas de fédéralisme. Ce serait le com
mencement de la fin. Les conversations que
nous avons avec Rex V.N.V. roulent sur
la base que je viens de vous indiquer.
Le leider cela posé, y va d'une cita
tion latine -car il a des lettres citation
qui signifie qu'il n'a pas envie de perdre les
raisons essentielles de sa vie. Il précise aus
sitôt sa pensée
Si je signe un accord, il sera honnête,
conçu en termes précis, car je ne veux point
qu'au bout de quelques temps on se cha
maille.
Négociations avec la droite flamande
Nous demandons aussi M. Van Severen
s'il est d'avis que son alliance éventuelle
avec les rexistes et les nationalistes flamands
doive être élargie encore du côté catholique,
ainsi que le bruit en a couru.
Bien sûr. nous répond-il. Le groupe
catholique flamand viendra peut-être nous.
Ce serait désirable, puisque les buts sont com
muns. Le groupe de droite (ce mot droi
te m'ennuie terriblement) peut-être con
stitué par les nationalistes flamands, les rex
istes, les catholiques flamands et les Di-
naso's. Il serait souhaitable que pareille
concentration ait un état-major commun et
suive des directions communes. Bien enten
du, elle doit s'appuyer sur une base sérieuse.
Nous entreprenons des conversations dans
ce sens avec des personnalités du nouveau
parti catholique flamand tel qu"l sort de
l'assemblée tenue dimanche dernier par l'U
nion catholique belge, aujourd'hui défunte.
Mais et j'y insiste -nous n'en restons
pas là. Nous comptons bien nous aboucher
prochainement avec des socialistes, notam
ment avec ceux qui répudient le marxisme
et paraissent évoluer vers un socialisme na
tional. Car je ne suis pas partisan d'une mys
tique révolutionnaire. Je n'éprouve nulle en
vie de faire une révolution. Je voudrais réa
liser mon plan politique, social et économique
si possible en év tant toute effusion de sang.
Instaurer l'ordre nouveau en faisant appel
tous et en écartant les préjugés tel est mon
rêve. Je crains, voyez-vous, que l'on mette
en marche ces forces de droite qui, automa
tiquement, susciteraient le bloc des gauches
et aboutiraient aux chocs sanglants.
Programme immédiat.
Vous avez dit un jour, M. Van Seve
ren, que vous étiez antiflamingant. Qu'est-
ce dire et avez-vous un programme prc-~is
que vos co-contractants pourraient adop
ter
Je suis certes antiflamingant. J'estime
qu'on s'est assez abruti sur cette question
des langues. On a déclaré que les fransquil-
lont ne sont pas des Flamands Qu;-
conque est né en Flandre est Flamand, ciu'il
parle français ou parle néerlandais. La lan
gue n'est qu'une des composantes de la na
tionalité d'un individu il y a d'autres fac
teurs considérer et notamment la race.
L'Etat thiois se fera un devoir de reconqué
rir les fransquillons.
Comme programme immédiat, je propose
d'abord de conclure un accord économique
avec la Hollande. Les avantages de pareille
entente, souvenez-vous-en, furent mis en re
lief lors du référendum hollandais Bru
xelles. Cet accord économique serait suivi
d'un accord militaire, mais la condition
que l'accord franco-belge soit préalablement
résilié. La Hollande et la Belgique en pos
sédant une soUde armée, bien équipée, saurai
ent imposer le respect l'envahisseur, qu'il
vienne de l'Est ou du Sud.
Dans votre pacte éventuel avec Rex-
V.N.V., il sera ausi question de la dynas
tie
- Ce problème ne sollicite pas une so
lution urgente. Mais nous l'avons envisagé
dans notre conception des Pays-Bas de la
mer. Trois hypothèses se présentent, selon
nous une des dynasties disparaît et l'autre
règne sur le royaume thiois ou bien elles
se maintiennent toutes deux, comme ce fut
le cas outre-Rhin quand Bismarck commença
son œuvre d'unification et laissa subsister
les dynasties issues des ancienne Allemagne
ou enfin nous créons le Dietsche Rijk
sur le modèle du Troisième Reich de Hitler.
Les événements nous guideront.
On dit que si vous vous accordez avec
le V.N.V., vous rentrerez dans la lutte po
litique.
C'est-à-dire que si des élections ont
lieu bref délai, la Verdinaso participera
la campagne, aux côtés de Rex et du
V.N.V. Personndllemrjnt, je ne rentrerai
plus la Chambre.
Là-dessus, nous terminons cet entretien
politique. M. Van Severen tourne le bouton
de sa radio et nous parle de littérature, de
M. Mauras, puis de M. Mussolini, puis de
MM. Hitler et Goebbels. Dans un coin du
bureau, il y a une épée côté d'une canne.
Escrimeur
-Souvenir de la guerre. Mon épée d'of
ficier.
Au mur. nous remarquons le masque iro
nique de Charles Baudelaire.
-Ah je l'aime beaucoup, dit M. Van
Severen. Un grand poète.
Sur cette parole, nous quittons le lei
der du Verdinaso la mémoire. Notam-
der du Verdinaso. Des vers de Baudelaire
nous reviennent la mémoire. Notamment
ceux-ci
Je sortirai content
D'un monde où l'action n'est pas la sœur
du rêve...
Nous n'avons pas demandé M. le poète
Van Severen protagoniste des Pays-Bas de
la mer, ce qu'il en pensait.
D. DENUIT.
ON N'A JAMAIS VU ÇA
Bouleversé par les embarras chro
niques de son petit Cirque, le révérend
Conseiller moral de la rue St Pierre, en
attrappe des cauchemars épouvantables.
Tous ceux qui, d'aventure, l'ont ren
contré depuis huit jours sont unanimes
lui avoir trouvé un air particulière
ment absent. 11 en reviendra vieux
avant l'âge
En attendant, ses tribulations lui va
lent d'être distra't au-delà de toute
imagination Ainsi ne lui est-il oas ar
rivé dimanche dernier d'oublier de don
ner la bénédiction après la messe
Vraiment, on n'a jamais vu ça
DU TACT
On connaît les causes de la grève
qui a éclaté lundi au Bâtiment mous-
cronnois la révocation du Directeur.
Or cet homme, dont le dévouement
n'est même pas contesté par ceux-là
qui ort voulu s'en débarrasser, est chef
d'une famille nombreuse. Son traite
ment de Directeur n'était pas en rap
port avec les services qu'il rendait
l'entreprise et moins encore avec les
besoins de sa nombreuse famille. Un
jour, sa femme s'enhardit demander
une modeste amélioration la situation,
de son mari. Non seulement le refus
suivit, irrévoquable, mais il s'accompa
gna d'une boutade du plus mauvais
goût Sans doute. Madame, avez-
vous envie d'une belle fourrure
EST-CE VRAI
Le personnage caser au Bâti
ment contre la volonté du Directeur
et du personnel n'est-il pas un protégé
du groupe financier que l'ancienne
Banque populaire a appelé son
secours
Ce serait même paraît-il, le parent
d'un gros politico-financier... Si cela
est vrai, on conçoit que les vrais amis
et défenseurs des organismes démocra
tes-chrétiens en l'occurrence le per
sonnage du Bâtiment se sont
opposés cette manœuvre
TOUT S'ENCHAINE
L'immixion do ces financiers venus
la rescousse de la Banque du Bien-
être n'est pas précisément le signe d'une
situation rassurante. Les tripotages de
tous genres, libéralités électorales et
autres, imprudences etc.devaient fa
talement aboutir cette extrémité.
On se souvient de ce qui fut publié
ici-même il y a quelques mois sur les
aventures fameuses de la Bonneterie de
Leuze Sogebebo que patronnait la
dite Banque.
A nos accusations, La Démocra
tie a répondu par un mutisme qui en
dit long sur la sérénité de conscience
de ces Messieurs On comprend pour
quoi La Démocratie a des scrupules
lorsqu'il s'agit de toucher aux déboi
res bancaires des Socialistes
LE LEOPARD
EST FORT POPULAIRE
Voulant jouer au Dictateur en face
des ouvriers du Bâtiment le député-
léopard a failli, paraît-il, attraper une
râclée. Heureusement pour lui, le télé
phone n'était pas loin et... les gendar
mes non plus
LES BAVARDS
A tous les échelons des partis s'ac
crochent et se balancent une nuée de
clowns la sénilité verbeuse.
Nul ne s'en plaindrait si les glapis
sements de ces pîtres ne coûtaient pas
au pays, qui n'en demande pas tant,
des sommes vraiment fabuleuses.
Jusqu'ici, le refuge par excellence
des plus beaux spécimens de cette faune
parasitaire semblait être le Parlement.
11 faut déchanter le mal s'étend. Les
Conseils provinciaux qu'on avait cou
tume de trouver plus raisonnables, ver
sent leur tour dans ces fâcheux et
coûteux travers.
Citons, titre d'exemple, le cas da
Conseil provincial de la Flandre Occi
dentale.
La séance du 14 octobre fut acca
parée quasi-exclusivement par la discus
sion d'un projet de subside de 43.000
frs. allouer en vue de l'amélioration
des races chevaline et bovine. Or, cha
que séance du Conseil coûte aux con
tribuables de la province, au-delà de
8.000 fr. Voilà donc la charge fiscale
de ce subside aggravée de 20 par
la seule faute de quelques bavards plus
préoccupés de parade électoraliste que
des intérêts les plus élémentaires des
citoyens.
Ces caquetages éperdus étaient d'au
tant plus vains que personne, parmi les
conseillers n'était hostile l'octroi du
subside en question.
Les conseilles rexistes, par la voix
de notre ami NEIRYNCK, re manqué-