LE SUD DANS LE NORD
Positions Rexistes
Léon Grille!
José Streel.
Lettre de France.
LE SUD, dimanche 8 novembre 1936
ABONNEMENT 18 francs français,
Agent de change correspondant
près la Bourse de Bruxelles.
31, RUE DE MENIN, Y P R E S
Téléph. 144
BOURSE
COUPONS
- TITRES
CHANGE.
Bureau ouvert le dimanche
pendant la saison
lègues. Pensons Delcassé, et M. Tardieu,
renversé en pleine conférence navale de Lon
dres.
Mais on a l'impression qu'il a été dé
passé par les événements. Pendant qu'il tra
vaiilait remettre sur pied l'alliance avec
la Pologne, et qu'il prenait l'initiative de
la non-intervention en Espagne, M. Delbos
voyait s'écrouler, dans les Balkans, un des
derniers piliers de l'amitié française.
Après ces échecs sensibles, il ne fallait
pas attendre de décisions senationnélles de
la dernière réunion de la Société de Na
tion. On sentait que l'organisme de Ge
nève avait besoin d'être réformé. Quelques
esprits clairvoyants ne manquèrent pas de
signaler qu'il fallait surtout un redressement
moral, les textes étant amplement suffisants
si on se contentait de les appliquer. Mais
les hommes politiques renconnaissent rare
ment leurs erreurs. L'instrument fut dé
crété mauvais parce que l'on n'avait pas
voulu s'en servir convenablement. Le forma
lisme juridique constituant un des défauts
caractéristiques de la politique française ac
tuelle, faut-il s'étonner de ce que l'initia
tive de cette réforme soit partie de France
Une commission, pour la réforme du
pacte, a été instituée, avec mission d'abou
tir aussi rapidement que possible, des con
clusions pratiques. La commission a un dou
ble but s'assurer la collaboration du plus
grand nombre, et tendre, si possible, l'uni
versalité donner au Pacte les moyens de
iouer coup sûr, en excluant l'agresseur de
la règle de l'unanimité, et en superposant,
l'article 16, qui n'obligerait plus qu'aux
sanctions économiques et financières, des
pactes régionaux d'assistance mutuelle, en
traînant aux sanctions militaires
Ce serait naturellement très bien, mais on
remarque immédiatement qu'avant d'exclure
l'agresseur, il faut commencer par le dé
finir. Ce n'est qu'alors que les sanctions
peuvent entrer en jeu. Or, l'expérience de
l'Ethiopie est là pour prouver que l'on met
énormément de temps avant d'arriver cette
définition. Plus près de nous, même, après
la violation du traité de Locarno, n'a-t-on
pas attendu 10 jours avant que l'Angle
terre voulut bien reconnaître que l'Alle
magne avait rompu les traités
La France a compris que l'on ne pouvait
arriver un accord que dans l'apaisement.
Sans vouloir tenir compte du fait que la
nervosité actuelle était due principalement
aux conséquences du pacte soviétique, elle
a attribué le malaise actuel la course aux
armements. L'idéologie socialiste aidant, la
France a pris l'initiative de réveiller l'an
cienne conférence du désarmement. Une pre
mière étape a été franchie par la réunion de la
troisième Commission de la S.D.N., en som
meil depuis 3 ans. Vraisemblablement le
buneau sera convoqué, dans le cours de ce
mois, et la Conférence se réunira peut-être
au début de l'an prochain. Mais on ne sait
si l'Allemagne se fera représenter, tandis
que le récent discours de M. Mussolini n'in
dique que trop l'attitude prochaine de l'Ita
lie.
Cette conférence peut-elle réussir Sans
doute, mais deux conditions. Il faut qu'on
se persuade qu'aucune atteinte n'est portée
la sécurité des nations, puisque chacune
d'elles garde son entière liberté, jusqu'à la
mise en œuvre d'une convention internatio
nale, et il faut ensuite qu'on s'avance pru
demment, et progressivement en s'attachant
d'abord aux mesures les plus élémentaires et
les plus immédiatement réalisables, et atten
dre que le sysème ait fait ses preuves avant
de s'engager plus au fond.
Ces deux conditions sont-elles pratique
ment réalisables C'est la question que l'on
se pose. Les échecs ont été si nombreux
jusqu'à présent qu'il ne reste que fort peu
d'espoir. Comment veut-on dire qu'au
cune atteinte ne sera portée la sécu
rité des nations, lorsqu'on entend dans les
discours officiels parler ouvertement de croi
sade des démocraties contre les fascismes,
lorsqu'on voit comment la Russie intervient
dans les affaires d'Espagne, et comment le
communisme tâche de faire germer partout
la guerre civile, génératrice de la guerre
étrangère. Et comment d'autre part peut-
on avoir confiance dans les tentatives de
LES INITIATIVES FRANÇAISES
EN POLITIQUE EXTERIEURE
On ne peut pas dire que la politique
extérieure du gouvernement du Front Popu
laire ait été couronnée de succès. Il est juste
cependant de partager les responsabilités. A
son arrivée au Quai d'Orsay, M. Delbos
trouvait devant lui une tâche particulière
ment lourde. Le conflit italo-éthiopien, con
sidéré du point de vue français, avait abouti,
avant tout, mettre en lumière la faiblesse
des principes de Genève. Assistance mu
tuelle, sécurité collective. Des autres articles
du pacte, il ne restait pas grand'chose. En
plus de cela, par suite d'un manque de lar
geur de vues, de la part de ses prédéces
seurs, la Petite-Entente, travaillée par !a
propagande allemande, donnait des signes,
non équivoques, de dissociation prochaine.
Enfin, il y avait le fameux traité franco-
soviétique.
II faut reconnaître en toute sincérité, que
M. Delbos a fait ce qu'il a pu, avec les
moyens dont il disposait. Il n'est pas res
ponsable des troubles sociaux qui produi
sent une si déplorable impression l'étran
ger. Il ne faut d'ailleurs pas être fort au
courant de la politique française pour sa
voir que le miinstre des Affaires Etrangères
n'est que fort rarement écouté par ses col-
UN MOUVEMENT JEUNE
A l'origine, comme nous allons le voir,
Rex est un mouvement de génération. Très
rapidement il a dépassé les cadres de la
génération dont il est issu et il s'est étendu
tous les âges.
Les hommes de la génération de la guerre
y trouvent l'espoir d'une compensation aux
désillusions amères qu'ils ont connues. Sa
crifiés, ils l'ont été de toute façon leur
victoire qu'ils ont si durement gagnée, d'au
tres l'ont exploitée, et comment
Parmi les hommes cheveux blancs, beau
coup également se joignent nous, voyant
ce qu'on a fait des espérances de leur jeu
nesse et comprenant que ceux de leur âge
qui dirigent n'ont pas su opérer les adap
tations nécessaires. Tous les âges se con
fondent dans nos rangs et on ne peut vrai
ment pas dire, de bonne foi, que Rex est
aujourd'hui un mouvement de jeunes.
Mais c'est un mouvement jeune. Sa jeu
nesse se marque, non son recrutement,
mais son rythme, son allure, cette
allégresse qui éclate dans toute son action,
même aux moments les plus douloureux,
cette faim de vivre, ce goût de l'action,
i ce désir de transformations profondes qui
exige un détachement du monde dans le
quel on vit. Devenir conservateur même
conservateur d'une révolution, c'est perdre
la jeunesse la contemplation stérile du
passé, la complaisance dans le présent, avec
la part de résignation qu'elle comporte, la
crainte du changement, tout ce croupisse-
merct, c'est la conservation sociale.
Nous respectons le passé, nous ne né
gligeons Pas ses leçons, mai' le passé °sf
mort. Nous prenons le présent comme il
est, avec réalisme. Mais c'est vers l'avenir
que notre pensée et notre cœur sont tour
nés c'est pour le façonner l'image de
notre dure volonté que nous travaillons.
Nous ne nous plaignons pas, nous lais
sons d'autres les gémissements et les la
mentations avec colère, avec humour, avec
joie toujours, nous nous efforçons d'égaler
notre esprit aux besoins de l'époque pour
la mieux pétrir aux dimensions de notre
cœur.
La génération qui tient en mains tous
les postes de commande est, en gros, la
génération de Lophem elle s'attarde, elle
s'accroche alors que son heure a depuis
longtemps sonné. Le monde n'est plus ce
qu'il était quand ces hommes l'ont abordé
ils ont vieilli tandis que lui, d'une cer
taine façon, rajeunissait en se renouvelant.
A mesure qu'ils perdaie: t la souplesse, qui
leur eût permis de s'adapter, le monde
posait des problèmes nouveaux. Ils ont
ignoré ces problèmes et, s'installant avec
quelque confort, ils expédient les affaires
courantes, improvisant au petit bonheur II
y a près de vingt ans qu'ils expédient les
affaires courantes. Tout change autour d'eux:
ils restent immuables et inamovibles. Qu'im
porterait qu'ils fussent chauves ou barbus
s'ils avaient gardé assez de hardiesse et de
disponibilité pour entreprendre les trans
formations inévitables Cette inadéquation
des nécessités nouvelles, dont nous avons,
nous, un sens extrêmement vif, est ce qui
nous irrite le plus. Tant de choses sont
faire et personne ne bouge.
L'UNITE
Le régime parlementaire inplique néces
sairement le fractionnement du peuple en
clans rivaux ce fractionnement est la con
dition même du fonctionnement du régime
de plus, il est la raison d'être des politi
ciens et ceux-ci, si les motifs de division
venaient disparaître, devraient les faire re
naître artificiellement pour justifier leur exis
tence et faire tourner la machine. Une paci
fication complète des esprits dans une com
munion unanime comme cela s'est vu
pendant la guerre est un danger pour
les professionnels de la politique.
"v la division se bornait, comme au siècle
passé, deux ou trois groupements puis
sants, le système pourrait se défendre des
oppositions d'idées, de sentiments et d'in
térêts étant inévitables, le parlementarisme
peut être tenu pour une soupape de sûreté
permettant aux minorités de s'exprimer et
l'évolution sociale de se produire sans trop
de heurts.
Mais bientôt au sein des partis des am
bitions ou des intérêts se manifestent par
fois aussi, comme ce fut le cas pour la
démocratie chrétienne, de nouvelles tendan
ces idéologiques se font jour le morcelle
ment du peuple s'accentue, les clubs acquiè
rent une influence de plus en plus consi
dérable et toute la vie publique se ramène
un système de marchandages. C'est ce
stade de décomposition que nous en som
mes arrivés.
Rex avec sa mystique populaire et sa con
ception de la solidarité profonde de tous
les hommes ne pouvait trouver place dans
ce système et l'a répudié.
Un peuple est un bloc d'hommes qui vi
vent ensemble et qui doivent s'entr'aider
voilà la réalité première. Un gouvernement
ne sera vraiment populaire que s'il s'appuie
désarmement naval alors que, dans ce do-
échecs successifs des diverses conférences du
désarmement naval alors que, dans ce do
maine, par suite de l'impossibilité de dis
simuler les unités lancées, et du nombre
relativement restreint de catégories différen
tes, il y avait le plus de chances d'aboutir.
D'ailleurs, le dernier discours de Musso
lini, condamnant la fois la S.D.N., le dés
armement et la sécurité collective, marque
une date dans l'histoire de la politique fran
çaise car le Duce condamne toutes les thè
ses soutenues jusqu'à présent par le quai
d'Orsay. D'autre part, il serait vain de vou
loir bouder la fois l'Allemagne et l'Italie,
qui représentent en Europe une force énor
me. Àjoufons-y l'appui, plus moral que ma
tériel qui leur viendra d'Espagne, après que
le Général Franco aura pris le pouvoir.
Le moment est venu, pour la France, de
repenser sa politique extérieure comme
le disait fort judicieusement le Temps
il y a quelques mois.
Le gouvernement du Front Populaire en
aura-t-il le courage, et surtout le temps
On en doute. Pris entre le feu commu
niste, dont le discours de M. Thorez per
met de mesurer la violence, et les déclara
tions du Congrès radical de Biarritz, le gou
vernement Blum n'a pas les mains assez li
bres pour pouvoir entreprendre une tâche
de cette envergure. Dès lors on peut crain
dre, si le gouvernement Blum se maintient
au pouvoir, que d'ici quelques mois, la
France ne devienne bientôt plus qu'une
puissance de deuxième rang, comme le signa
lait son gouvernement un ambassadeur,
au lendemain des désastreuses élections fran
çaises.
Voilà ce qu'a fait le socialisme, de ce
qu'on nommait autrefois le plus beau pays
du monde. F. L.
UNE MAISON A LOUER au GODS-
HUIS, ancienne boulangerie et mai
son de commerce avec 300 de terres»
Libre au 1er janvier.
S'adresser Mlle MISSIAEN, Rue
de la Gare, 21 COMINF.S
Rilllilllll!IIHIIIIIIIIIIIIIl!ll!!ll!lll!l!li!llllllll!lltl!ll
sur le consentement, non seulement légal
mais complet, affectueux et confiant de tout
le peuple ou au moins de la plus grande
part de ce peuple, d'une unanimité suffi
sante. Nous ne concevons pas d'autre gou
vernement stable et populaire.
Qu'on veuille le noter cet unitarisme est
fort éloigné du totalitarisme fasciste. Ce der
nier consiste essentiellement identifier la
nation au parti fasciste, jusqu'à faire de
celui-ci et de ses organes des institutions
officielles. Dans ce cas, on voit une mino
rité vigilante et organisée faire la loi la
masse de citoyens. Dans un esprit fort dif
férent mais avec une structure institution
nelle assez semblable, la Russie soviétique
connaît également un système totalitaire.
Cette conception politique peut être morale
ment défendable. Mais elle n'est pas appli
cable chez nous.
Au lieu qu'un parti accapare tous les pou
voirs, nous voulons que les citoyens se met
tent d'accord pour confier le gouvernement
des hommes qu'ils aiment, en qui ils ont
pleine confiance et qui expriment sa volonté
profonde. Au lieu d'un gouvernement de
minorité, nous voulons un gouvernement de
majorité non seulement parlementaire mais
populaire, ou plus exactement d'unanimiré
suffisante.
A noter également que notre unité n'est
pas confusion. Il ne suffit pas de rassem
bler Dêle-mêle les citoyens et d'en faire un
conglomérat indistinct.
L'unité de l'Etat sera une unité orga
nique, un bloc compact mais un bloc de
familles, de corporations, de corps consti
tués, un bloc ordonné selon la nature de la
réalité sociale.
(A suivre