LE SUD DANS LE NORD Positions Rexistes Lettre de France Streel. par José 4 'LE SUD, dimanche 15 Novembre 1936 VERS UNE NOUVELLE FRANCE ■ABONNEMENT 18 francs français.1 On ne se demande parfois, et non sans raisons, si la France ne se ressai sira pas, et si, imitant en cela l'exem ple de presque tous ses voisins, elle ne fera pas, son tour, sa révolution na tionale. Pour qui connaît la France, la ré ponse cette question ne peut faire aucun doute. Le Français, quoiqu'on en dise, est nationaliste de nature. Qu'il soit de droite ou de gauche, il a ten dance se croire supérieur aux au tres, dans tous les domaines, et, de plus, il pense sincèrement, que l'on ne fait rien de mieux que ce qui se fait chez lui. Cette mentalité explique d'ail leurs en très grande part la faible sym pathie dont les Français jouissent l'é tranger, ou généralement, on aime la France, sans aimer les Français. Le sentiment national existant de puis longtemps, il n'y a pas de diffi culté de créer une mystique française. C'est une question de propagande l'aide de moyens appropriés. A l'heure actuelle chacun sait comment on prend les foules. La difficulté n'est donc pas de ce côté là. Seulement, nous assistons actuelle ment en France a une véritable course au sentiment national. Une foule de chefs et de sous-chefs, d'une valeur très différente, revendiquent, pour leur mouvement, le sentiment national, qui en France se symbolise actuellement par La Marseillaise Cela va jus qu'au radicaux, fusilleurs du 6 février, corrompus dans les affaires Stavisky et signataires du contrat de création du Front Populaire. Malgré son danger pour la véritable tache de réconcilia tion et renationalisation du pays, cet te situation comporte en elle un germe heureux, car dans chaque groupe on retrouve ce que l'on nomme le pré jugé favorable l'idée nationale. Mais si, en général ce sentiment na tional est resté intact, les manifestations extérieures ne le démontrent pas claire ment. Sans aucun doute, les radicaux français peuvent être considérés, dans leur majorité, comme nationaux. Ils ont toujours eu le souci de la grandeur de la France, ils ont presque toujours voté sans réserves les crédits militaires et maritimes. Leurs congrès n'ont jamais eu l'occasion d'entendre des discours d'un défaitisme scandaleux. Mais sur le terrain parlementaire, ils se compor tent comme des gens de gauche. La peur de l'électeur, dont le cœur est gauche, mais le porte-monnaie droite, les te naille. Pour les autres groupes, nous nous trouvons devant le même phénomène, peut-être un peu moins accusé. Toute fois, aucun groupe parlementaire n'a le courage de s'intituler ouvertement de droite,, même pas l'U.R.D.. (Union Républicaine et démocratique) que pré side Louis Marin. On se souvient d'ail leurs ce propos que l'Action Françai se, désireuse de faire passer un de ses candidats Marseille l'ayait présenté sous le titre Socialiste Patriote Naturellement, parmi les parlementai res français, y a-t-il quelques individus qui sont nettement catalogués droi te. Pierre Taitinger, Ybarnegaray et Henriot, par exemple sont des hommes de droite. Mais leur action est assez restreinte et reste sans grande influen ce sur la masse compacte des 600 dé putés. Maurice Barrés et Léon Daudet, dans leurs courtes apparitions au Par lement, ont eu l'occasion d'observer et de décrire magnifiquement cette lamen table inertie parlementaire française. L'opposition au gouvernement Blum ne peut donc pas compter sur l'opposi tion parlementaire. Celle-ci devra au contraire compter avec l'opposition de la Rue, et s'en faire le porte parole. Mais avant d'en arriver là, il faudra encore beaucoup de temps. Les ennemis du gouvernement actuel seront peut être déjà entièrement d'accord entre eux, l'extérieur du Parlement, que leurs re présentants dans l'Hémicycle s'injurie ront encore. Ce qui a toujours fait la faiblesse de la Droite française, ce'st son extrême division et le manque d'en tente. Dans la France actuelle, on doit ce pendant reconnaître qu'une tentative de groupement des forces de droites se produit. Naturellement, le gouvernement Blum y est-il pour quelque chose. Usant de mesures illégales pour frapper ses ennemis, travaillant lâchement dans l'ombre grâce des mesures arbitraires, il doit, par la force des choses, rappro cher ses ennemis. Or, ceux-ci consti tuent en France une redoutable force. Tardieu, dans son livre Un révolu tion refaire a nettement montré que le gouvernement au pouvoir représente peine 25 p. c. de la véritable France. C'est sur cette opposition là qu'il faut compter. L'activité du parti social français dont le chef est le Colonel Larocque multiplie ses réunions. Chaque fois, les adhérents sont plus nombreux, tant le dégoût du régime actuel est grand et il en est de même des autres partis na tionaux. La solidarité française, les Jeu nesses patriotes, le parti paysan de Dorgeres, tout cela travaille l'heure actuelle avec fébrilité que l'heure peut devenir décisive. Et l'on assiste l'éclo- sion d'un autre mouvement. Le parti populaire français, la voix de l'ancien communiste Doriot, recueille surtout dans les milieux ouvriers les plus gran des sympathies. La question qui se pose est celle de l'entente entre ces chefs rivaux. C'est un problème infiniment délicat, que l'on a plusieurs fois déjà taché de résoudre sans succès. Cependant, après quelques discussions, le Parti social français- vient de s'étendre avec l'union des an ciens combattants dont le chef est Jean Goy qui, on s'en souvient, eut des en tretiens avec des anciens combattants allemands en vue de tacher de trouver un terrain de rapprochement. Il faut bien dire que les différents groupes nationaux, en France, ne peu vent rien s'ils travaillent isolement. Ré unis en une association puissante, ils sont en mesure de parler haut d'autant plus que leurs chets ont plus de valeur que le primaire Jouhaux, qui, lui, im pose sa volonté au gouvernement Blum. Seulement, la lutte sera dure. Le février, les groupes nationaux ont perdu l'occasion de s'emparer du pouvoir a tout jamais. Ils se trouvaient alors de vant des forces de gauche, désorgani sées, tandis qu'il n'en est plus de même actuellement. Pourtant leur programme est si beau, leur enthousiasme si grand, qu'il n'est pas douteux que l'avenir appartient ces groupements dont nous exposeront le programme, une prochaine fois. Ce programme est véritablement celui de la France nouvelle, que l'on aimera l'étranger au lieu de le redouter comme c'est le cas actuellement. (Suite) REAUSME Dans son activité comme dans sa doctrine, Rex se caractérise par un es prit profondément réaliste. Prendre les choses telles qu'elles sont, travers le voile des apparences et des idées toutes faites, porter son regard jusqu'à la réa lité même et l'appréhender dans sa vé rité et dans toute sa complexité c'est l'attitude normale. Attitude non pas de méfiance et de prudence timorée, mais de sain appétit, d'amour généreux de la vie et de tout ce qu'on y peut faire de grand. Le monde ne nous apparaît pas laid, ni mesquin il est le théâtre où les âmes médiocres révèlent leur bas sesse mais où les âmes héroïques trou vent toujours s'employer. L'important n'est pas que le monde soit laid, il n est pas que rêvions un monde parfait 1 im portant est qu'à un monde qui est ce qu'il est, avec ses grandeurs et ses fai blesses, nous appliquions notre ardeur créatrice, que par la lutte de chaque jour nous contribuions la transformer. Nous voulons nous mêler généreuse- - ment la vie, être présents dans notre «ècle, sans dédain comme sans opti misme facile, avec le sens très vif du possible. Mais ce possible n'est pas dé terminé seulement par ce qui est donne, par ce qui se présente comme possible, car alors on ne bouge jamais le possi ble est déterminée pair ce que nous pou vons réaliser, si nous le voulons. Dans le domaine spéculatif, notre réalisme se marque par une aversion pour les idées toutes faites et par une certaine méfiance l'égard des théo ries et des systèmes. Nous estimons qu'une connaissance non pas livresque mais vécue de la psychologie, jointe une fermeté rigoureuse des principes moraux est, plus que tout, nécessaire au conducteur d'hommes, l'animateur que doit être un véritable homme d E- tat. Il doit laisser les problèmes techni ques aux techniciens quant aux sys tèmes, ils ne sont utilisables que dans la mesure où ils ne sont pas des sys tèmes. La doctrine sociale dont Rex s'inspire présente cet avantage qu'elle n'est pas un système, qu'elle reste ou verte. Elle fournit des indications, des principes, des orientations. Son fond est immuable elle donne certaine con ception de l'homme et des devoirs de justice et de charité qui unissent les hommes entre eux. Cela ne change pas. Mais ce fond s'applique de diverses ma nières selon les contingences historiques concrètes et on peut imaginer de nom breux types de sociétés chrétiennes, voir même de civilisations chrétiennes, édi fiées sur cette conception de l'homme et de ses devoirs. Comparée la rigi dité des schémas marxistes, cette doc trine laisse voir sa souplesse, son éter nelle jeunesse. Elle peut être adoptée par tous ceux qui sont restés fidèles aux valeurs chrétiennes de civilisation, mê me s'ils ne sont plus catholiques prati quants. Elle ne fournit aucune solution mais elle enferme le principe de toutes. Ce qui fait sa valeur, c'est qu'elle se base sur une vue exacte des besoins de l'homme, de sa position dans la société et du but de sa vie qui est le dévelop pement de sa personnalité, c'est-à-dire le bonheur. Le problème' essentiel de la politi que est de permettre l'homme de s'in sérer sa juste place dans la société avec le minimum d'inconvénients et le maximum d'avantages en vue de son bonheur personnel. Il s'agit de faire que les hommes, puisqu'ils doivent vi vre ensemble, le fassent le moins de mal possible, et même le mieux possible, la société servant chacun au maximum. On est aussi loin du marxisme que du to talitarisme fasciste ou du racisme na- ziste. On est en plein bon sens en plei ne réalité. On est également éloigné du libéralisme qui considère l'homme en dehors de la société et ramène toutes les obligations de celle-ci au devoir de ne pas entraver la liberté individuelle. Nous croyons que la société doit con courir positivement au bonheur de cha cun, mais non pour autant se charger seule de faire ce bonheur. CONTRE LE LIBERALISME Il est superflu, après tant d'autres, de refaire le procès du libéralisme l'anarchie économique et la décomposi tion politique actuelles témoignent suf fisamment contre lui une fécondité économique qui paraît d'ailleurs épui sée aujourd'hui et qui fut basée sur une exploitation des plus faibles ne peut suffire le justifier. Outre ses conséquences pratiques dés astreuses, nous avons dresser au libé ralisme un reproche considérable dans l'ordre théorique celui précisément d'avoir manqué de réalisme dans son appréciation de l'homme et de la so ciété. L'individu n'existe pas l'état pur ce n'est que par une abstraction qu'on l'arrache, pour le considérer iso lément, du complexe des relations qu'il soutient avec les autres hommes. Cette abstraction peut être un artifice com mode pour le raisonnemnt il simplifie les choses mais il les fausse. Dans la réalité, l'homme n'est jamais séparé des autres hommes, il n'est jamais indépen dant des relations très nuancées qui l'unissent ceux de son espèce. Il est permis de raisonner sur l'individu d'une manière purement logique, vide dès qu on passe l'ordre ontologique, cela n'est plus permis parce que l'individu comme tel n'existe pas. L'homme réel est, avant tout raisonnement, par la nature même des choses, affecté de cer tains rapports il est membre d'une famille, habitant d'une région, il a une profession, il est citoyen d'un Etat. Les droits dont on peut le parer, il les tient de ces rapports mêmes que par nature il soutient, ils résultent de ces rapports et des devoirs que ceux-ci impliquent. A suivre

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