IN HET WAAR SAYETTE WIJVEKEN 19, Grand' Place, YPRES Vérités bonnes dire. 19. Grand' Plaça, YPRE/ Robei, Manteaux, Bat.Gantf etc. Seul Magasin de confection sur la GRAND'PLACE LE SUD, dimanche 29 Novembre 1936! 11 TEDDY En février mil neuf cent dix huit, une petite ville du Hainaut souffrait de froid, de faim et de misère. L'envahisseur était arrogant et sa morgue tendait les esprits. Un matin, sous la pluie battante, une colonne de prisonniers anglais arriva exténuée et fut parquée dans les locaux d'une tannerie abandonnée. La masse kaki grouillait sur le sol et des plaintes, en même temps que des jurons, s'éle vaient dans la plus navrante des tris tesses. Un herr Hauptmann s'avança, crava chant sa botte vernie. Parfumé, mono cle l'œil, corseté et balafré, les jam bes arquées, il se dandinait en mar chant. Les sentinelles claquèrent des talons dans un mouvement d'automate et se tinrent, raides, au garde vous. Aufstehen Lentement, les prisonniers se relevè rent, irrévérencieusement. Ils obéissent parce qu'ils craignaient la supression de pain, mais grommelaient. Prisonniers, vous travaillerez la boulangerie militaire. Défense ab solue de parler aux civils en traversant la ville. Rompez Les hommes éreintés se laissèrent retomber brutalement sur le sol. Sur leur chemin, et malgré les ordres sévères, les prisonniers acceptaient ce que des mains généreuses leur tendai ent. Ils prenaient avec des gestes brus ques, sans souci de retenue. Les sentinelles fermaient les yeux. Elles n'avaient plus qu'un souci, rentrer dans leur foyer. Gardes et prisonniers n'étaient plus ennemis. Ce n'étaient que des hommes avides de liberté et de quiétude. Tout coup, les feldgrauen changè rent d'attitude. Crosses levées, ils bous culèrent les civils. Un officier monté passa, ricanant, les épaules couvertes d'une longue cape plis. Plus loin, les civils se reformèrent. Des Tommies, deux doigts écartés sur les lèvres, demandèrent de quoi fumer. Une jeune fille, jolie et élégante, par tagea des cigarettes. Timide et incertain, une jeune pri sonnier la regarda et une main gantée se tendit. C'est la dernière, prenez-la. No thanks. Les yeux interrogateurs, l'Anglais se hasarda. You... Mademoiselle Suzanne Oui... comment Achtung Une poussée se produisit. L'impres sionnant officier repassa et gourmanda sévèrement ses soldats pour leur fai blesse. Une huée s'éleva des gens massés •ur les troittoirs. Quelqu'un lança une canne dans les pattes du cheval qui se cabra en hennissant de douleur. Rageur, l'officier fit arrêter les ci vils en masse et on les conduisit escor te la Kommandantur. Suzanne rentra chez elle essayant de comprendre. Qui était donc ce beau garçon qui la connaissait Le soir, les prisonniers rentrèrent, gardés par des hommes plus jeunes et sévères, baïonnette au canon. Teddy Spencer, lance Corporal au 8e Fusiliers connaissait l'histoire la plus belle de sa vie militaire. Rêveusement, il pensait Suzanne en attisant un feu de coke. Le lendemain, le grondement des ca- Par Jean SAUT AIN nons s'entendit plus distinctement et les prisonniers regardaient malicieuse ment des sentinelles groupées qui dis cutaient fiévreusement. On dirigea les Anglais vers un che min défoncé dans la nuit par des bom bes d'avion. C'est là que Suzanne re trouva Teddy, qui, les mains bleuies par la bise, ramassait des pavés. Elle courut lui chercher de gros gants de laine et les laissa prudemment tom ber sa portée. Rougissant, le jeune prisonnier s'em para prestement du cadeau et lança une boulette de papier aux pieds de Suzanne. Merci, Teddy Spencer. Spencer Elle avait eu une amie de ce nom dans un finishing school Folkestone. Un plaisir inouï s'empara d'elle et, chaque jour, Teddy reçut de quoi mieux s alimenter, soit dans la rue, soit par petits paquets lancés au-dessus du mur de la tannerie. Suzanne avait chaque jour sa bou lette de papier, la remerciant chaleureu sement et où s'affirmait de mieux en mieux un sentiment affectueux qui s'a vivait. Un jour, de nombreuses troupes pas sèrent en masses compactes et désor ganisées. De longues files de camions chargé d'objets hétéroclites encombrè rent les rues. Des soudards débraillés, le regard vide, casque en main, tro quaient des bottes et des vêtements mi litaires contre du pain. Les officiers, la mine défaite, commandaient avec peine les hommes fourbus. Des régiments entiers, plus frais, équipés, avançaient rapidement en sens inverse. Ce n'était qu'un entrelac de véhicules de toutes sortes, de gens ar més et de bêtes affolées dans le bruit des commandements, des injures et des klaxons. Les roulements ininterrompus des feux de barrage grondaient au loin. Les blessés affluaient. Les trottoirs où s'entassaient les civières se couvraient de gouttes de sang. Suzanne ne revit plus Teddy. Un ordre avait envoyé les prisonniers aux lignes pour des travaux urgents. Une tristesse infinie la poussa se confier ses parents. Elle aimait Teddy et l'attendrait... L'armistice mit fin au cauchemar gé néral. Les peuples anémiés allaient pou voir se reposer. Profondément déçue de ne pas re cevoir de nouvelles, Suzanne écrivit la sœur de Teddy. Une enveloppe bordée de noir lui apporta la réponse ...tué Lens par une torpille aérienne... parlez-nous de lui, dites- nous tout ce que vous savez... Que n'é tions-nous vos côtés pour le voir en core... pauvre Teddy... Suzanne partit sur un bateau. Elle alla raconter aux parents et la sœur tout ce qu'elle savait. Et lorsque les falaises blanches de la côté anglaise lui apparurent, elle en tra dans sa cabine, ayant eu jadis trop de joie en les approchant, au temps où Teddy, qu'elle ne connaissait pas, vivait encore. DEUIL VOUS Y TROUVEREZ EN RAYONS UN ASSORTIMENT COMPLET POUR ARTICLE DEUIL. AUSSI BIEN POUR PERSONNE TRÈS FORTE QUE POUR TAILLE COURANTE NOUS FAISONS AUSSI SUR MESURES ENDÉANS LES 24 HEURES TOUT MODÈLE CHOISI PAR LA CLIENTE. FOYERS DE HAINE S'imaginer que les hommes se repré sentent le Christ comme ma sœur ou Monsieur le curé le leur ont dé peint est une bien douce illusion. L'hom me est ainsi fait qu'il conçoit plus faci lement les choses matérielles que spiri tuelles, et qu'il se laisse davantage en traîner par l'exemple que par les ar gumentations les mieux bâties. Le Christ, que les dirigeants religieux leur avaient dépeint, ni l'ouvrier ni le bour geois ni l'intellectuel ne l'ont retrouvé dans la vie. Et voilà, pensons-nous, la raison profonde pour laquelle les masses se sont déaffectionnées de la Foi. Pourtant, Dieu fait homme, des cendu sur terre, visible tous, c'était l'essence même du Christianisme. C'est sa définition même être un autre Christ. Nous n'avons pas dire ici tout le tragique des siècles de libéralisme, de l'homme employé par l'homme comme une machine, une machine dévelop per son industrie et son commerce de la vie réduite un chiffre émargeant sur un budget, comme partie intégrante des frais généraux qu'il faut réduire le plus possible d'une façon de diriger les affaires comme si les hommes n'a vaient pas d'âme, tout en osant par ailleurs se prétendre catholique. De toute évidence, une constatation s'impose le socialisme et le commu nisme sont des phénomènes naturels dont sont responsables les chrétiens eux mêmes, ces chrétiens qui ont mis la lu mière du Christ sous le boisseau. Cer tes le communisme n'a pas été le sa lut, mais au moins un grand cri d'alar me. Et précisément parce que le bour geois cupide se présente si souvent en chrétien, cette lutte a été engagée sous le signe de l'anticléricalisme. Aussi longtemps que la réalité restera telle on ne détruira pas dans l'esprit de la masse la caricature que les dirigeants leur ont montrée du Christ-Roi. LA REVOLUTION DANS L'ESCLAVAGE RETENEZ BIEN L'ADRESSE Les insultes ne suffisent pas api toyons-nous plutôt sur les masses so cialistes et communistes systématique- ments prolétariens beaucoup de con que le cœur du peuple vaut mieux que ses théories, et qu'au sein des mouve ments porlétariens beaucoup de con sciences sont irrésistiblement attirées par un idéal supérieur. Ceci est bien le crime de notre époque, le crime de la caste dirigeante socialiste et commu niste. Elle a empêché le véritable salut du peuple. Elle a appauvri spirituelle ment la masse tout en améliorant ses conditions matérielles de vie. Elle a supprimé les taudis mais a refusé aux consciences les réalités supérieures. Elle a peut-être fermé une prison mais pour en ouvrir une autre. Qu'il est triste le paradis soviétique peuplé de moteurs et tracteurs et qu'elle est mesquine cette conception matérialiste de la vie. L'as servissement la matière qui est l'es sence même du communisme n en est que plus grave. QUI NOUS MONTRERA LE CHRIST-ROI ouvert tonte U je Téiéph. 286 C. chèq. Poet. 1046.58. La lutte décisive contre le commu nisme se livre dans le cœur de chaque croyant. Le chrétien parviendra-t-il vaincre son égoïsme et sa cupidité In- troduira-t-il dans sa vie et la conduite de ses affaires l'amour et même la jus tice Les masses pourront-elles enfin se dire Si les chrétiens sont si bons et si probes, le Christ doit l'être sans doute Lui aussi.

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Le Sud (1934-1939) | 1936 | | pagina 11