LE SUD DANS LE NORD Lettre de France "AU SUD" 4 LE SUD, dimanche 3 janvier 1937 ABONNEMENT: 18 francs français.! L'EXPOSITION DE RUBENS ET SON TEMPS Depuis quelques années, on constate, non sans le plus vif plaisir, que la France fait un très gros effort dans le domaine des expositions rétrospec tives. C est une initiative qu'il convient de souligner, car elle est de nature rendre les plus grands services tous les amateurs d'art, qui, peu ou pas for tunés, désirent cependant apprécier la valeur des chefs-d'œuvres de l'art an cien, ne fut ce que pour mieux se ren dre compte de la médiocrité d'un très grand nombre d'artistes qui, sous des apparences de modernisme, cachent une profonde ignorance de la techni que même de la peinture. Nous avons eu il y a de cela en viron deux ans, l'exposition d'art Fla mand, qui a connu un succès sans pré cédent. Puis le salon de l'art italien a attiré les foules au Petit Palais. Ac tuellement, l'exposition Rubbens et son temps retient toutes les conversa tions de Paris. Le visiteur, qui pénètre dans L'ex position s'attend y retrouver de vieil les connaissances, car, même sans cul ture approfondie, il s'attend trouver là quelques oeuvres souvent reproduites par l'image ou la photographie. En réalité cependant, beaucoup de nou veautés l'attendent. D'une part, si pres que tout le monde connaît La Fécon dité de Jordaens et la Kermesse de Rubens, nombreuses sont les preu ves moins populaires. Leur présenta tion très étudiée, et l'éclairage soigneu sement mis au point font mieux appa raître, dans tout leur éclat certaines toi les moins connues. Jamais par exemple, dans les diverses salles du Louvre, où il fut successivement installé, le Char les Ir de Van Dyck n'a été aussi bien mis en relief, et grâce la présenta tion impeccable, bien des visiteurs y découvrent des détails qui se révèlent eux pour la première fois. Le catalogue de l'exposition consti tue lui seul un chef-d'œuvre. Il a été composé avec infiniment de talent par M. Charles Sterling. Non seulement la biographie de chacun des artistes ex posés est retracée et parfois avec des détails assez copieux, mais encore cha que tableau est l'objet d'une descrip tion et d'une notice historique. C'est dire qu'une visite cette exposition, précédée et suivie de la lecture de ce volume constitue une véritable étude et la meilleure leçon d'histoire de l'art qu'on puisse désirer. Le grand public, qui a si souvent considéré, notamment dans les troD ri ches scènes de la vie de Marie de Mé- dicis, là peinture opulente de Rubens, ne sait pas toujours ce qu'il peut y avoir d'émotion dans ses tableaux. Sans dou te certains sujets conventionnels impli quent la douleur et la tristesse, que Ru bens rend avec sa maîtrise habituelle, (par exemple dans ses Descentes de croix mais une étude attentive de quelques uns de ses tableaux révèle le sens de la réalité, le souci de ne pas ajouter de la littérature l'objet qu'il traite aussi objectivement que pos sible A cet égard, la lamentation du Christ mort qui a été prêtée l'Orangerie par le Keiser-Friederich Muséum de Berlin est assurément une des œuvres les plus poignantes de Ru bens. Rien ne peut faire plus contraste avec la célèbre Kermesse qui est au Louvre et que l'Orangerie a emprunté également. Af'n de faire mieux connaître 1 œu vre, dans son entièreté, on a expose quelques toiles de Rubens, représentant des paysages. Certains d'entre eux ré sument en quelque sorte tous les pay sagistes flamands, qui surent rendre l'humble vie des champs avec vérité avec bonhomie et même avec une certaine tendresse. Les organisateurs de l'Exposition ont eu bien soin de nous donner quelques- unes des grandes œuvres de Rubens auxquelles collaborèrent d'autres artis tes éminents, tel Snyders, ajoutant une de ses immortelles natures-mortes un tableau du maître tel encore Van Dyck, collaborant cette splendide Bacchanale où 1 on retrouve les chairs pesantes et lumineuses de Rubens et cette sorte d'élégance la Van Dyck, qui frappe dans le corps de l'ad mirable ménado qui accompagne Silène ivre. Du seul Rubens on nous présente 39 tableaux d'inégale importance, mais qui sont assez différents les uns des autres pour que l'on ait une idée com plète de toute son œuvre. A coté de Rubens, Van Dyck et Jordaens sont probablement les deux artistes que le public aime le mieux. Les Quatre Evangélsites de Jordaens ont I Orangerie un éclat tout particulier, c'est assurément le type de la peinture religieuse la plus profonde, où les per sonnages sont tellement vrais, telle ment près de nous qu'on ne peut pas ne point ressentir leur émotion que nul prcoédé factice ne contribue augmen ter. Ce tableau est un merveilleux con traste avec les œuvres de joie débor dante où Jordaens excelle, et dont Le Roi Boit constitue le chef-d'œuvre le plus connu. II est impossible d'essayer ici même une énumération des toiles maîtresses qui se détachent sur un si merveilleux ensem ble. Disons que cette exposition est en tout point parfaite. Une visite rendue ces chefs-d'œuvre constitue dans les circonstances actuelles une véritable dé tente. Il faut la fois féliciter les orga nisateurs de l'Exposition et la bienveil lance des directeurs de musées étran gers qui n'ont pas hésité mettre la disposition de leurs collègues français des toiles d'une valeur inestimable. F. L. M. HUBERT CARTON DE WIART Premier Secrétaire l'Ambassade de Belgique, Paris l'honneur. secrétaire de légation Buénos-Ayres, pour être actuellement premier secré taire de l'Ambassade de Belgique Pa lis. Il est officier de réserve de l'armée belge. Dans les intervalles, il accomplit de grand voyages en automobile. Le pre mier, en automobile quatre roues, avec une expédition belge conduite par Jacques Lamarche travers le conti nent africain d'Alger par le Congo jus qu'au Cap (1928). Le second tra vers l'Asie de Peking au Caire, accom pagné seulement par un mécanicien (1931). Le troisième travers le con tinent Sud-Américain de Buenos-Ayres par Lima jusqu'à Caracas, accompli pour la première fois de cette manière (1934). L'itinéraire suivi de Beunos- Ayres travers l'Argentine va jusqu'à la capitale du Vénézuéla en passant par le Grand Chaco, les Andes Bolivien nes et Péruviennes, l'Equateur et la Co lombie. Ces magnifiques randonnées n'ont pas seulement prouvé le courage, l'esprit de décision et d'organisation, l'endurance de celui qui les a menées bien, mais elles ont fourni aussi de nombreux éléments dont la science géo graphique peut tirer parti. Plusieurs sociétés savantes de l'étran ger et notamment la Société de géo graphie de Paris ont reconnu les mé rites de notre compatriote en lui décer nant des distinctions honorifiques. Hubert Carton de Wiart fit par deux fois une conférence la Société de Géo graphie d'Anvers, la première en 1928 après sa traversée du continent africain, la seconde le 28 janvier 1933 après sa traversée du continent asiatique. Il re çut alors le diplôme de Membre d'Hon neur et il y a une quinzaine de jours la Médaille d'Or lui fut décernée. LA CULTURE DU HOUBLON EN FRANCE Nous sommes heureux d'apprendre la nomination de M. Robert Carton de Wiart l'Ambassade de Belgique Pa ris, en qualité de premier secrétaire, et nous félicitons bien cordialement notre ami pour cette promotion. Voici ce que le Belge de France écrit son sujet Hubert Carton de Wiart né avec le siècle Bruxelles, possède déjà un pas sé de vie intense vouée la fois et l'étude et l'action. Ses audacieuses traversées en auto mobile de trois continents, d'où il a rapporté des observations fort intéres santes, constituent des exploits qui, au point de vue géographique et sportif, sont mettre hors pair. Docteur en droit et licencié en scien ces politiques et diplomatiques (1924), Hubert Carton de Wiart poursuit des études aux Etats-Unis d'Amérique et l'Université John Hopkins (1925- 1926), puis fait un stage auprès de so ciétés ferrorivaires en Espagne et au Maroc (1927), suivi d'une mission en Afrique pour l'aéronautique en 1928. Entré dans la carrière diplomatique, il est attaché de Légation de Belgique Tokio en 1929. Il est successivement secrétaire de légation Peking en 1 930, C'est en parfaite communion d'idées avec les Planteurs d'Alsace et de Bour gogne que les Planteurs des Flandres unanimement réunis mardi sous l'égide de leur syndicat, si dignement dirigé par M. Joseph Degrendel, président des Agriculteurs du Nord ont tenu des Assi ses dont l'importance n'avait jamais été égalée. Les parlementaires des Flandres ain si que les représentants des syndicats brassicoles et de houblons avaient ré pondu l'appel du Comité. Nos voisins belges apportèrent le concours loyal qui n'a jamais fait dé faut ceux qui malgré tant de vicissi tudes ont tenu ce que demeure La vigne du Nord 11 n'est pas d'irrémédiable découra gement chez les agriculteurs flamands dont la récolte laisse depuis cinq ans un déficit qui s'amplifie sans cesse. On pourrait croire que cette situa tion est due une accroissement des surfaces cultivées. Le tableau suivant établira qu'il n'en est rien. Année 1935. Surfaces cultivées 1953 hectares donnant 23.125 quintaux dont pour le Nord 237 hectares avec 3081 quintaux métriques. Année 1936. Surfaces cultivées 2025 hectares produisant 16.535 quin taux. Le Nord avec 240 hectares a ré colté 2.400 quintaux On remarquera que le déficit de là production nationale Nord, Bourgo gne, Lorraine et Alsace est en diminu tion de 6.590 quintaux. Le Nord seul en accuse 681 Cette diminution n'a pas empêché les cours de demeurer insuffisants pour assurer aux planteurs une rétribution ■sa convenable. C est vers les pouvoirs pgM'cs que le syndijc-t des Planteurs s est porté seule uni protection plus efficace par 1 augmentation des droits de douanes de 400 800 frs sur les houblons- étrangers peut assurer la vie de la pro duction Française. La question est complexe en raison des traités commerciaux en vigueur; elle ne peut être insoluble et des réunions comme celle de mardi ont pour effet de souligner l'unanimité avec laquelle tous les producteurs de France enten dent chercher des solutions destinées porter remède leur désastreuse si tuation. M. Joseph DEGRENDEL, Président a des paroles aimables pour remercier les personnalités qui ont répondu l'ap pel du Comité. Il souligne l'union magnifique réali sée avec les Planteurs d'Alsace et de Bourgogne et la nécessité de perfection ner la culture du houblon. Le sympathique président s'élève contre les difficultés éprouvées pour obtenir la main-d'œuvre nécessaire lors de la cueillette et demande l'appui des pouvoirs publics pour aider cette cul ture. Il appartenait M. J.-P. PL1CHON, le très actif député de la deuxième Cir conscription d'Hazebrouck, d'élever courageusement la voix en faveur de l'Agriculture trop facilement sacrifiée. Aujourd'hui ce sera le grand mérite, dit-il, des parlementaires de l'opposi tion, de faire des démarches inlassa bles auprès des Pouvoirs Publics. Nous voulons non des faveurs mais un régime plus équitable pour la terre de France. Il y a sur un budget de 50 mil liards... un seul milliard pour l'Agri culture de France M. G. PLANCKE expose que plusieurs moyens peuvent être employés en fa veur du houblon la hausse des droits de douane la prime l'exportation, ou encore que le houblon national soit obligatoirement consommé par la Bras serie Française. M. le sénateur URBAN rappelle les efforts entrepris, assurant que le meil leur moyen pour parer la crise était la fermeture des frontières. Ce vœu ayant été refusé, il est main tenant question de l'obligation de la consommation nationale. M. Urban espère en un succès pro chain. Gaston GERARD estime qu'il faut marquer la volonté de sauver le hou blon. Rappelant la période d'après-guerre il s'écrie Nous nous étions imaginés, au sortir du cataclysme, voir la fin de nos misères il n'en est rien 20 ans plus tard, la Paix apparaît avec un vi sage de sphynx. Il n'y a qu'une politique possible le protectionnisme, et cette politique nous conduira l'amélioration de la déplorable situation actuelle. Il salue en terminant l'union des Bourguignons, Flamands et Alsaciens. M. l'Inspecteur Général LECOMTE clot les discours il s agit d une ques tion de vie ou de mort qui retient 1 at tention des Pouvoirs Publics. La solution n'est pas facile et, il est nécessaire que les Planteurs; recherchent des variétés pour concurrencer les pro duits étrangers les résultats obtenus permettront de sauver le houblon Na tional. ABOWNF7-VOITS

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