LE SUD DANS LE NOR
Van Ledel
Un homme, un chef
Lettre de France.
LE SUD. dimanche 14 mars 1937.
ABONNEMENT: lf
LE DISCOURS DE LA METHODE
On a célébré cette année, non sans quel
que exagération, le centenaire de la mort du
poète russe Pouchkine. Il n'est pas exagéré
de dire qu'avant les manifestations diverses
qui eurent lieu ce sujet, il n'existait pas
50.000 Français qui aient entendu parler
de ce fameux poète russe, dont tout le mon
de s'est mis parler et écrire, sans le con
naître la plupart du temps.
Un événement qui nous touche de bien
plus près, et du même ordre risque fort
de passer inaperçu. Pourtant, il eut sur la
culture française une influence considérable,
primordiale même, et l'on peut dire que sans
lut, la France actuele ne serait pas la France.
Nous voulons parler du tri-centenaire de la
parution du livre c Le discours de la Mé
thode
L'influence de ce livre a été aussi grande,
sur la France, que celle Je la Bible de Lu
ther, sur l'Allemagne, que celle de la Divine
Comédie, sur le peupiitalien, que celle
de Shakespeare sur les Anglais.
Avant la parution de ce livre, les Fran
çais présentaient, dans l'ensemble, les carac
téristiques d'un peuple curieux, amoureux de
l'expérience, préférant de beaucoup le con
cret l'abstrait. Des deux grandes figures
de saints qui dominent la France du XlIIme
siècle, l'une est surtout un homme d'action
c'est saint Bernard qui organise les croisa
des, fonde des ordres religieux, épure l'ar
chitecture de son temps. L'autre, le génie
abstrait, Saint Thomas, nous vient d'Italie.
Les savants et les philosophes que la
France a eus avant Descartes, Ambroise Pré,
fondateur de la Chirurgie, ou Montaigne,
multiplient les expériences pour élargir l'es
prit, mais se méfient infiniment des abstrac
tions, des systèmes, des raisonnements.
Depuis 1637, tout a changé. Descartes
entre dans l'éducation. Les deux grandes éco
les d'éducateurs du XVIIe siècle, les Jésuites
-et les Jansénistes se servent aussitôt de lui.
On retrouve ,dans les comédies de Molière,
que les femmes ont été gagnées son sys-
îtëme, et que les gens du mondé y sont ve
nus. Désormais toute l'éducation et sur
tout tout l'enseignement des sciences vont
relever de lui.
Vous êtes-vous parfois demandé pourquoi
les étudiants en médecine et en pharmacie,
«a Heu de commencer leurs études, tout sim
plement, par la médècine, ou la pharmacie
étaient obligés de subir une lonçnie initia
tion la physique, la chimie et la biologie
C'est cause de Descanes.
Quels avantages apportait-il la pensée
Il apportait tout d'abord une simplification
étonnante. If v avait dix sciences exactes,
dans les mathématiques, qui s'ignoraient les
unes les autres. II les réduit en une seule,
il les éclaire, il Jes simplifie l'une par l'au
tre il abrège, par l'algèbre, les démonstra
tions dé la géométrie, il trouve le moyen
d'inscrire des suites et des variations du
monde dans l'espace, par des courbes qui
parlent l'imagination. La courbe de vo
tre température, si vous avez la fièvre. la
courbe d'une inondation, ou bien celle du
baromètre enregistreur que maintenant tout
le monde peut lire, viennent de cette in
vention géniale des afccisses et des ordon
nées. si simplement indiouées dans le Dis
cours de la Méthode.
D'après Descarres, si l'on veut s'instruire
sur la nature, il faut d'abord apprendre les
vérités les plus évidentes, les mieux grour
fées Icis plus abstraites' c'est-à-dire, les
mathématiques ensuite, on passera aux par
ties les plus exactes de la physique, les plus
voisines des mathématioues la mécanique,
l'optique et l'astronomie. Là-dessus, on éta
blira le reste de l'expérience sur cette *4r*-
siaue rigoureuse on assoira le reste de la
science. Oui ne reconnaît dans cette marche
du développement de l'esprit, dictée <^ar D'é
cartés. la base des rrorrarrmes d'enseisne-
ment que l'on retrouve dans nos univer
sités et nos grandes écoles.
Ce n'est d'ailleurs pas seulement dans le
domaine strictement pédagogique que l'on
retrouve l'influence de Descartes. Plusieurs
grands penseurs ont tenté ,en France, de
créer un ensemble systématique des sciences
mais tous, ou presque, dont Auguste Comte,
le fondateur de positivistes se réclament
de Descartes et n'hésitent pas se montrer
ses continuateurs.
C'est Descartes, écrivait dernièrement
Jean Prévôt, que la France doit cette clarté
française, tellement plus difficile com
prendre que l'obscurité. Descartes se refu
sait, tant qu'il pouvait, aux termes techni
ques et employait le langage de tout le
monde. Aussi, on s'imagine le suivre en le
lisant distraitement, et tout coup on est
stupéfait de voir que l'on ne comprend plus
rien. C'est la même difficulté qu'une dé
monstration de géométrie dont chaque ligne
est claire et évidente, mais dont la page de
mande parfois des heures d'attention sou
tenue pour aboutir la compréhension vé
ritable. On a retrouvé depuis, cette même
clarté traîtresse dans Pascal, dans Rousseau,
dans Comte, dans- Henri Poincaré. On la
retrouverait encore aujourd'hui dans Berg
son.
On a souvent reproché aux Français d'être
un peu théoriciens, pas assez empiristes. Ce
défaut français remonte sans doute au (grand
enivrement de raison, de simplification, de
reconstruction qui a saisi tous les esprits li
bres, il y a 300 ans, devant le Discours de
la Méthode.
Descartes a obligé son siècle de prendre
plus nettement conscience de son propre es
prit. il lui en donne d'impératives et clai
res formules. Ni la psychologie de Racine ne
serait peut-être aussi bien ordonné jusque
dans ses moindres nuances, ni l'esthétique
de Boileau aussi nette et aussi absolue, ni
l'élocuience de Bossuet aussi dominée par
le bon sens et la raison si Descartes ne
leur avait servi de maître. Enfin, si tous les
écrivains classiques français se sont renfer
més dans la littérature purement humaine,
sans ouvrir les yeux au monde extérieur, et
s'ils sont demeurés impersonnels et géné
raux. au lieu de traduire les mouvements
de leur sensibilité ou leurs impressions réa-
Fwr c'est encore narce que la philosophie
de Descartes avait fortifié chez eux la rai
son, aux dépens de l'imagination.
L'influence de Descartes, sur toute la vie
scientifique actuelle est considérable. Aussi,
il serait souhaitable que le tricentenaire de
la rarurion du livre, le Discours de la Mé-
ch"J" fut célébrée avec tout l'éclat dési
rable.
Fernand Leleux.
LES TTJAVATTV Ar. FO^TingATTON
A LA FRONTIERE FRANÇAISE
DE FLANDRE SONT AJOURNES.
Du Soir
On sait qu'à la suite de l'inspection qu'il
avait effectuée, fin octobre dernier, en com
pagnie du vénéra! Gsmelin, sur la frontiè
re du Nord de la France. M. Daladier,
ministre de la Guerre, avait Dris la déci
sion de faire prolonger jusqu'à la mer les
travaux de fortification actuellement arrêtés
dans la région de Saint-Amand, entre Va-
Ienciennes et Lille.
De rpmbmix ouvra ces, échelonnés en
profondeur, devaient être construits entre
Armentières et Dqpkeroue. tandis qu'un
Han de protection spécial était établi pour
la région de L;l!e. Roubaix, Tourcoin". oui
forme dans la frontière un saillant difficile
défendre.
Les adjudications pour les travaux de bé
ton devaient avoir lieu ces jours-ci. D'autre
part, on attendait cette semaine la venue de
plusieurs centaines de soldats du génie des
tinés encadrer les travailleurs cîvi?r Des
cantonnements leur avaient été révérés, no
tamment A-mentïères, Handschqqte e:
Steenvoorde. Or, les adjudications ont été
ajournées et les soldats ne sont pas venus.
Par une lettre adressée M. Hémar, con
seiller municipal de Bailleul, le directeur
des travaux de fortification vient de lui fai
re savoir que ceux-ci sont remis plus tard
et que les cultivateurs dont les terres de
vaient être réquisitionnées pouvaient en dis
poser cette année encore.
Cette décision a provoqué dans la région
une certaine émotion.
LA MAIN-D'ŒUVRE BELGE
EN FRANCE
bles qu'aux seuls étrangers entrés en FrJ
ce avant le 1er janvier 1936.
Les travailleurs étrangers entrés en FrJ
ce après cette date ne peuvent donc en I
néficier et ceux qui viendraient pénétJ
sur le territoire sans être pourvus d'un J
trat de travail régulier dûment approt
par les services du ministère du Travail s'«j
poseraient une mesure de refoulement,!
LA NOUVELLE ROUTE
PARIS-BRUXELLES EST EN VC
D'ACHEVEMENT.
Le ministre du Travail Paris a invité
les services compétents organiser le re
classement de la main-d'œuvre étrangère ac
tuellement disponible en France et diri
ger celle-ci sur les centres où la mise en
application de la loi du 21 juin 1936 sur
la semaine de 40 heures crée des besoins
de main-d'œuvre que les disponibilités exis
tant sur notre territoire ne suffisent pas
satisfaire. Il est craindre toutefois que les
dispositions contenues dans cette circulation
fassent naître dans les milieux étrangers
l'opinioii que le marché français est de nou
veau même d'absorber un appoint con
sidérable de travailleurs étrangers et n'aient
tendance, de ce fait, provoquer un mou
vement d'immigration clandestine.
le ministre du Travail entend s'opposer,
avec la plus grande énergie, la reprise
de tels mouvements d'immigration.
Dans le cas où la main-dœ'uvre, tant
nationale qu'étrangère, résidant en France,
se révélerait insuffisante et rien ne le
prouve l'heure actuelle pour faire face
aux besoins de l'économie renaissante, ce
n'es: que par la voie d'introductions ré
gulières et dûment contrôlées par l'admi
nistration compétente que les introductions
de travailleurs étrangers pourraient être opé
rées.
II convient donc, sans attendre, de met
tre en garde les ressortissants étrangers qui.
se trouvant sans travail dans leur pays d'ori
gine. nourriraient le dessein de venir spon
tanément rechercher une activité sur notre
sol. contre les inconvénients auxquels ils
s'exposeraient.
Les dispositions qui font l'objet de la
circulaire précitée ne sont en effet applica
Les Ponts et Chaussées, en prévision!
l'accroissement du trafic routier provo
par l'Exposîtoin de 1937, activent lac!
vement, pour le mois de mai, du denJ
tronçon de la nouvelle route nationale!
relie Paris Bruxelles p>ar Bavai. G
la voie la plus courte entre les deux cal
taies, car son parcours ne sera que de a
kilomètres.
La chaussée directe p>asse par Senlis, CJ
piègne, Noyon, Ham. Saint-Quentin, Ma
roy, Maretz, Englefontaine, Bavai, Moral
Bruxelles et emprunte des chaussées Bn
nehaut, voies tracées pour les légions 1
mai nés.
Les travaux s'achèvent sur la .partie
Bavai- Malplaquet.
Bavai, axe de la nouvelle route, et pd
être du futur autostrade Madrid-Paris-ftl
xelIes-Amsterdam, étudié par les organisa
internationaux, était jadis le chef des
grandes voies romaines construites vers I
25 avant Jésus-Christ par Marcus Agnri
lieutenant de César Auguste, et restau:!
par la reine Brunehaut, morte en l'an fil
et conduisant Trêves, Cologne, UtredJ
Tournai, Amiens, Soissons et Reims
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Brillants et diamants de 1er cho1
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LES DOIGTS TRUQUES,
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