Les monts de cafts.
Lettre de France.
La colline inspirée des Flandres,
Voulez-vous connaître R E X 1
Lisez alors...
ceci'
A
LE SUD, dimanche 4 avril 1937.
LE SUD DANS LE NORD
jm
1 ABONNEMENT 18
LA NATIONALISATION DES
INDUSTRIES AERONAUTIQUES
H ne se passe pas une seule semaine sans
■que l'on apprenne, par la lecture des jour-
eaux français que l'Etat a procédé la na
tionalisation d'une industrie travaillant pour
le Ministère de l'Air. Cette question fait na
turellement couler beaucoup d'encre, car,
tort ou raison, on y voit le prélude de
la socialisation de l'industrie. A vrai dire,
comme il arrive le plus souvent en ces ma
tières où s'enchevêtrent la fois les ques
tions d'intérêt économique, les doctrines po
litiques et les tendances sociales, la plus
grande confusion semble dominer ici, et c'est
jsourquoi il semble utile de mettre les cho
ses au point.
La nationalisation de l'industrie aéronau
tique se rattache la grande question de la
nationalisation des industries de guerre. On
se souviendra de ce qu'au mois d'août der
nier le Parlement français avait voté une
loi, dans ce sens.
Il faut chercher la cause de cette loi, tout
d'abord dans les doctrines socialistes en
suite dans le fait que certaines Associations
d'anciens combattants répugnaient, non sans
laison, l'idée que la guerre, qui fait par
tout des victimes, puisse constituer une sour
ce de profits pour les industriels qui alimen
tent les armées en canons et en munitions
enfin, le Pacte de la Société des Nations,
auquel les socialistes tiennent par dessus tout,
malgré le discrédit dans lequel il est tom
bé .demande que les Etats mettent fin
la fabrication privée des armes de guerre.
Pour appliquer la loi votée l'industrie
aéronautique, le ministère de l'Air a élaboré
un statut qu'il a communiqué la Chambre
syndicale des industries aéronautiques et
la Confédération générale du travail, puis
que, depuis l'arrivée au pouvoir du Front
Populaire, il faut passer par la volonté de
tcelle-ci.
Officiellement, le nouveau statut a pour
but d'augmenter la puissance de l'industrie
aéronautique. C'est en quelque sorte la fa
çade derrière laquelle on s'abrite pour* ca
cher une étatisation plus prononcée. On a
d'ailleurs vu que le rendement de cette in
dustrie avait, en très peu de temps considé
rablement diminué,
Le statut proposé suppose la création de
sociétés régionales fondées sous le régime de
la loi de 1867 sur les Sociétés. Dans ces
sociétés régionales, l'Etat aura la majorité
des actions et par conséquent voix prépon
dérante aux Assemblées Générales. Au-des
sus ide ces groupes deux organismes généraux
sont prévus d'une part un comité de Coor
dination réunissant les chefs des sections
régionales pour leur permettre des échanges
de vues sur les grandes questions qui inté
ressent l'ensemble de l'industrie aéronautique
td.fautre part, un organisme chargé des ques
tions financières, de la recherche scientifi
que et des ventes l'étranger.
Ce nouveau régime doit avoir 'pour con
séquence l'organisation plus rationnelle de
la production, il doit permettre notamment
de résoudre le problème de la mobilisation
industriele, problème demeuré insoluble jus
qu'aujourd'hui et qui se pose impérieuse
ment. L'industrie aéronautique doit pouvoir,
avec le nouveau système, en quelques heu
res, passer du rythme ralenti un rythme
accéléré.
En fait, bein avant l'arrivée au pouvoir
du gouvernement socialiste le Ministère de
l'Air avait plusieurs reprises, essayé de
concentrer l'industrie aéronautique. Il avait
surtout en vue la concentration base régio
nale, facilitant les échanges de vues,
et de matériel. Mais, si quelques concen
trations eurent lieu, ce furent surtout des
concentrations base financière, ne donnant
pas les résultats auxquels on désirait arriver.
Le gouvernement du Front Populaire ne
pouvait manquer d'exploiter son profit,
cette tendance qui était déjà imprimée
l'industrie, et profiter du manque de résul
tats auxquels on était arrivé, sous un régime
libre pour imposer sa solution, de force.
C'est en accord avec les groupements ré
gionaux que l'Etat peut préparer la mobili
sation industrielle laquelle suppose la mul
tiplication des outillages spécialisés sans la
quelle on ne aurait accélérer intensivement
le rythme de production. Ces outillages spé
cialisés avaient toujours fait défaut jusqu'à
présent, parce que les industriels n'avaient
pas d'intérêts suffisants le développer. Dans
le nouveau régime, l'Etat pourra orienter
l'industrie aéronautique vers la création de
ces outillages. L'Etat peut seul faciliter 1a
vie financière de l'industrie aéronautique, in
dustrie encore jeune pour laquelle, en Fran
ce, les banques n'ont jamais osé risquer
de grosses avances. Mais, on ne voit pas
pourquoi la chose était impossible sous un
régime de libre concurrence, puisque l'Etat
adopte le principe de la nécessité des sub
sides.
Le nouveau régime, s'il fonctionne bien,
peut faciliter l'essor de l'industrie aéronau
tique. Il peut encourager les inventeurs et
les techniciens, et ,on peut même drire qu'il
le doit, en compensation de l'atteinte qu'il
a porté leur liberté .On doit craindre, en
effet, qu'une fois les plans adoptés, les chan
gements de modèles ne seront pas aussi fré
quents qu'il ne le devraient. Il suffit de
voir ce qui se passe dans les administrations
étatisées pour s'en rendre compte.
On ne peut pas dire que les chefs d'en
treprise resteront libres. Tout le jeu des
autorisations entrera dans la danse, et les
lenteurs administratives auront leur mot
dire. Les chefs d'entreprises, dans le nou
veau régime .seront choisis et contrôlés par
les administrateurs des Sociétés nationales et
ceux-ci seront désignés par l'Etat au lieu de
l'être par tel ou tel groupement financier.
On voit immédiatement que l'on ouvre la
porte l'intrigue et au favoritisme. Les grou
pements financiers, ayant le souci du rende
ment des capitaux, choisissaient souvent avec
beaucoup de compétence ceux qui étaient
chargés de les défendre, et les renvoyaient,
dès la première faute grave. Tout permet de
croire qu'il n'en sera plus de même actuelle
ment.
Le nouveau statut, comme on le voit, n'im
plique donc pas une. socialisation ou étati
sation de l'industrie aéronautique. Il s'agit,
en quelque sorte, d'une étape intermédiaire,
entèrement nouvelle mais qui, si elle ne
porte pas tout fait atteinte la liberté de
l'entrepreneur, puisque éventuellement, il
aurait une part dans les bénéfices contient
cependant, en germe, tous les défauts que
l'on reproche d'habitude, et juste raison,
la gestion d'Etat. Il faudra, avant de por
ter un jugement plus approfondi, attendre
le développement de la situation. Mais,
comme nous l'indiquions en commençant, on
constate déjà un fléchissement dans l'activité
des industries nationalisées. N'est-ce pas
l'indice même d'une situation mauvaise, et,
dont les résultats sont craindre, pour le
développement final de l'industrie aéronau
tique en France
Fernand LELEUX.
Le Dentiste A. BOUCKAERT
agréé de Chemins de fer Belges
et du ministère des Postes. Té'égraphes
et Téléphones
(Suite)
Le mont des Cats est désormais cé
lèbre dans la France lointaine la devi
se du Canada Je me souviens est
reproduite sur du marbre, son som
met, et l'an dernier, en juin, 4.000 an
ciens combattants canadiens vinrent y
revivre leurs souvenirs et péleriner avec
les enfants de leurs frères d'armes, tom
bés là. Le général Weygand, qui fut
l'un de ses familiers avec le généralis
sime, l'amiral Lacaze, le cardinal Lié-
nart, y présidèrent les fêtes du souve
nir et l'apposition contre les murs de
l'abbaye relevée d'un émouvant mémo
rial.
Nous voici sur la route de Gode-
waersvelde, le village frontière tapi au
pied du mont.
Les houblonnières grimpent de cha
que côté de la route qui monte entre
elles, élevant leurs guirlandes blanches
et vertes les enfants, nombreux* que
l'on vient croiser saluent Dacht
meinherr avec un sourire et une voix
étonnamment graves. Tout est douceur
et sérénité... Là-haut, tout là-haut, les
tourelles du monastère semblent vous
faire signe. Et combein de voyageurs
comprennent ce signe et, dans l'hospi
talière demeure des moines silencieux,
s'arrêtent quelques jours en une halte
bienfaisante sur les routes de leur vie
A l'orée des chemins de terre con
duisant aux petites fermes éparses, sur
les flancs de la sainte montagne se dres
sent humbles et solitaires, de ces petites
chapelles si nombreuses sur les routes
de Flandre elles portent leur fronton
le salut flamand la Vierge Onze lie-
ve vrouw, notre chère Dame... Au
fur et mesure que la route monte,
l'horizon s'élargit de partout comme
s'ouvrirait un livre immense déroulant
ses pages coloriées de vert, de roux,
de doré par les portes ouvertes des
chaumières accrochées ici ou là, on en
tend les petits métiers qui ronronnent
nous sommes dans le pays du lin.
Et voici, brusquement, le panorama
solendide étendu nos yeux, au flanc
des murs rouges aux croix blanches de
la grande abbaye la Belgique avec les
monts qui continuent la chaîne com
mencée ici et le Kemmel dans un
creux s élève la tour de Locre, dont les
cloches, en une splendide sonorité ,s'é-
pendent aux heures d'Angélus sur toute
la frontière. Voici le Pas-de-Calais, la
forêt de Nieppe ,1a tour de Lorette, aux
feux nocturnes pour la yeillée d'autres
morts voici Casse! et le mont de Wat-
ten, les tours de Bergues derrière les
quelles se profilent celles de Dunkerque
et la ligne grise de la mer du Nord.
Sur la place où nous sommes, un
grand calvaire étend ses bras, comme
pour étreindre cet horizon pâle et doux
qu'estompe peine la brume légère des
Flandres des moulins tournent lente
ment au loin des clochers, trapus du
XVIe siècle ou sveltes du XVIlIe pi
quent l'océan des moissons qui ondulent
entre les grasses pâtures...
La porte crénelée du monastère por
te ces mots Ecce elongevi fugiens at-
que mansi in solitudine.Je me suis,
éloigné par la fuite et j'ai demeuré dans]
la solitude.
La solitude N'y sera-t-elle pas trou
blée nouveau Ce bien insigne que
l'on ne trouve plus nous sera-t-il de
nouveau enlevé là où il en restait des
brides
Ici près se creusera, en effet, la cein-J
tude sournoise, mystérieuse et puissan
te qui, venant de Lille, doit se diriger I
vers le pays des eaux et vers la merl
pour défendre le sol de la patrie. Desl
officiers du génie s'y recueillent déjà,!
des soldats terrassiers s'y affaireront au|
printemps.
L'éternelle destinée de la Flandrel
continue..Son sol n'a pas fini de boi-|
re le sang d'une génération, une autrej
bataille s'y prépare déjà... Le douii
et mélancolique visage de la Flandre
n'a jamais connu l'insouciance des len-j
demains.
Gaspard VAN DEN BUSCH.
Lire en page 10 la suite de l'ai l
ticle Le Cortège Historique du 4 Juil-f
let Bailleul.
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Bilan des révolutions sanglantes.
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