Lettre de France.
LE SUD
Voulez-vous connaître/'[R EX"?
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ceci
LE SUD, dimanche 18 avril 1937.1
LE SUD DANS LE NOR
■ABONNEMENT 1S
français.
LA POLITIQUE
EXTERIEURE FRANÇAISE
Terminant son livre intitulé His
toire de France Jacques Bainville écri
vait Quand on compare la France
aux autres pays, quand on se repré
sente les hauts et les bas de son his
toire, on voit qu'elle n'est pas la plus
mal partagée. Exposée aux tribulations,
souvent menacée dans son être, elle
-Ta encore été, et terriblement en 1914
elle n'est pas sujette ces affaisse
ments ou ces longues éclipses dont
tant d'autres nations offrent le modèle.
Sa structure sociale reste solide et bien
équilibrée. Les classes moyennes, sa
grande force, s'y reconstituent toujours
en peu de temps. Après toutes ses con
vulsions, parfois plus violentes qu'ail
leurs, elle ne tarde pas renaître,
l'ordre et l'autorité dont elle a le goût
naturel et l'instinct... Si l'on n'avait
pas cette confiance, ce ne serait pas la
peine d'avoir des enfants
Plus que jamais .c'est le moment de
lire cette phrase, de l'apprendre par
cœur et de se la répéter avant d'ouvrir
n'importe quel journal français. Il est
certain, en effet, qu'au cours de son
histoire, la France a passé par des pé
riodes aussi difficiles, sinon plus que
celle qu'elle vit actuellement. Mais tou
jours, au moment où la situation était
la plus désespérée, elle a trouvé un sau
veur. Nous avons la ferme conviction
qu'il en sera encore de même cette fois-
ci.
La situation en France est en effet
loin d'être brillante. Le cotnmerce tra
verse une période de marasme dont on
ne se fait ici qu'une faible idée. Tout
est désorganisé. Les commandes aban
donnent les industries françaises, qui ne
peuvent donner aucune précision au su
jet des dates de livraison des produits.
La marine marchande est condamnée
mort par la semaine de 40 heures.
M. Marchegay. vient encore de le sou
ligner preuves l'appui dans le rapport
annuel du Comité Central des arma
teurs de France. Les prix haussent na
turellement exigeant sans cesse de nou
velles adaptations de salaires, que les
industries ne seront bientôt plus en me
sure de payer. Les grosses entreprises
résistent comme elles peuvent, mais les
petites et moyennes installations fer
ment leurs portes. Il a fallu, pour évi
ter l'affollement, cesser la publication
mensuelle des faillites. Le franc résiste
péniblement, et la situation en Bourse,
ces derniers jours, laisse prévoir la pos
sibilité d'une nouvelle dévaluation.
Dans le domaine intellectuel, même
carence. La littérature offre un aspect
désolant. Toutes les idées saines sont
battues en brèche, par des écrivains de
talent, malheureusement La famille, la
Patrie, les vertus sociales semblent em
portées dans une immense tempête. Le
Ministre de l'Education nationale eut
naguère des injures, que l'on n'oserait
reproduire, l'égard du drapeau de son
pays. Les instituteurs soufflent la ré
volte, prêchent la désobéissance et ne
pensent au gouvernement que lorsoui'ls
touchent leurs appointements, ou lors
qu'ils songent demander des augmen
tations. Les périodiques font peine
voir. Lorsque l'on étudie un peu la si
tuation, on a l'impression que la France
va la dérive.
Que dire de la politiaue extérieure
Plus qu'on ne le croit généralement, la
politique extérieure d'un pays dépend
étroitement de la politique intérieure de
celui-ci. On lit de temps en temps dans
les journaux nue. tout en réprouvant 'n
politique intérieure du gouvernement du
Front Populaire, il faut reconnaître qu'il
n'a pas trop mal manoeuvré en poli
tique étrangère. Il n'y a là qu'un sem
blant de vérité. Sans doute la France
a proposé la non-intervention dans les
affaires d'Espagne. Sans doute cette
politique a-t-elle porté des fruits. Mais
ce n'est que grâce la duplicité des
puissances qui ferment les yeux devant
les ingérences dans les affaires espa
gnoles.
La France, depuis Talleyrand, tâchait
de s'appuyer sur les petites puissances
de l'Europe centrale. Cette tactique, si
ingénieusement inventée au Congrès de
Vienne, a été reprise plus tard par
Briand ,et a donné d'assez bons résul
tats, pendant quelques années. Mais on
peut dire qu'actuellement la France a
perdu tout crédit dans ces pays. La
Yougoslavie vient de traiter séparément
avec l'Italie. Qui oserait lui jeter la
pierre La Roumanie s'apprête en
faire autant. Que restera-t-il alors effec
tivement de la Petite Entente ,qui con
stituait une des forces de la France.
Sans doute conserve-t-elle l'amitié de
la Tchécoslovaquie, unie la Russie,
mais que valent ces deux alliances, très
lointaines, et qui ne sont pas suscep
tibles d'apporter la France un secours
immédiat, dont elle pourrait avoir be
soin
On dit que les relations avec l'An
gleterre sont excellentes. C'est incon
testable, mais chacun sait que les al
liances de l'Angleterre sont peu stables,
et qu'elles se dénouent avec une décon
certante rapidité. La Pologne ne tient
la France que par des liens finan
ciers. Qu'adviendrait-il de cette amitié,
si jamais la France connaissait un dés
astre monétaire, dont l'éventualité ne
doit pas être exclue, si l'on continue
appliquer rigidement la semaine de
40 heures Quant la Belgique, il y
a longtemps qu'elle désire s'affranchir
de tous liens avec sa voisine du Sud.
Actuellement, la France est isolée.
Elle a l'appui de. l'Espagne gouverne
mentale, ce qui ne signifie plus rien du
tout. Elle peut vaguement compter sur
l'assistance anglaise, sur l'aide de la
Tchécoslovaquie et de la Russie. En
core fait-on courir actuellement le bruit
d'une réconciliation entre le Reich et
l'U.R.S.S. La nouvelle a été démentie,
mais on sait que les démentis consti
tuent souvent des aveux, en matière de
politique internationale.
Que l'on se tourne de n'importe quel
côté ,on est effrayé par la faillite de
la politique française. Sécurité collec
tive, assistance mutuelle, société les Na
tions, Conférences, entretiens, accords,
tout cela est branlant, n'offrant plus la
moindre résistance. Et pourtant, la
France s'y cramponne obstinément, ne
voulant pas abandonner les instruments
qu'elle a forgés, et oui ne sont plus
pour elle d'aucune utilité.
Pendant ce temps, l'Allemagne et
l'Italie agissent sans trêve, portant les
coups de bélier dans un édifice qui ne
demande qu'à s'écrouler.
Faut-il désespérer de la France, en
la voyant tombée si bas en la vovant
rouler dans le précipice, qui semble sans
fond Non Il faut au contraire actuel
lement reprendre courage et espérer.
Ouvrez un livre d'histoire de France.
Qu'y voit-on Les seigneurs, les villes,
les provinces en révolte, l'économie en
faillite, tout cela rétabli par Louis XI.
Puis la guerre civile sur tout le terri
toire. et l'ordre renaissant grâce Hen
ri TV. La misère provoquée par la dé
chéance du pouvoir, enrayée par Louis
XIV.. gui fit connaître la France en
Europe et oui l'a fortifiée. On crovait
la France terrassée, quand Napoléon
la releva, et la porta iusau'à Moscou.
Regardez le redressement de 'a Fr?n.
ce après la guerre de 1870. redresse
ment effectué en 5 ans, et atteignant
un tel degré que l'Allemagne, s'en in
quiétant, songeait une guerre préven
tive. Toujours on voit des changements
profonds dans la situation. Foch sau
vant la France et le monde au moment
où le succès des armées allemandes fai
sait prévoir un écrasement des puissan
ces. Et dans le domaine économique,
après guerre, le redressement financier
de Poincaré émerveille encore actuelle
ment tous ceux qui avaient mesuré
l'étendue du désastre, qui la menaçait.
Ce que l'on nomme le miracle fran
çais s'est toujours reproduit au cours
de son histoire Pourquoi ne peut on
pas espérer en lui cette fois encore Il
faut que l'on ait cette espérance, car,
comme le disait Bainville, si on ne l'a
vait pas, ce ne serait pas la peine d'a
voir des enfants
LES VINS DE FRANCE
LA DECOUVERTE
DES CLASSES MOYENNES
Suite de la première page
On sait la réputation des vins fran
çais l'étranger. On sait aussi com
bien de vins produits par d'autres pays
sont vendus dans le monde entier sous
le nom de Champagne, de Bordeaux ou
de Bourgogne c'est là une rançon de
leur renommée.
Afin de lutter efficacement contre
cette concurrence et de redonner nos
vins la place qu'ils méritent dans la
hiérarchie des crûs ,les Associations Vi-
nicoles Françaises ont invité 756 Né
gociants américains appartenant l'AL-
COHOLIC BEVERAGE IMPORTERAS
ASSOCIATION accomplir un
voyage aux régions vinicoles de France.
Ils se sont embarqués le 1 er avril
New York, sur ILE DE FRANCE
La première leçon de ce voyage d'étu
des sera pour nos visiteurs la traversée
bord d'un des paquebots de la Cie
Gle Transatlantique .dont la cave et la
cuisine ont acquis outre-Atlantique, une
juste renommée. La Compagnie fran
çaise est d'ailleurs aujourd'hui une des
seules avoir conservé la tradition d'of
frir aux passagers des vins sans sup
plément de prix.
Arrivés au Havre le 7, ils ont suc
cessivement été reçus par les Associa
tions Vinicoles locales de Reims, Dijon,
Bordeaux, Cognac et Angers et après
la visite de caves, de vignobles et de
distilleries réputés, se sont embarqués
nouveau le 14 avril sur ILE DE
FRANCE
tants des professions libérales et de l'aj
tisanat ,ont fourni dans le passé et coJ
tinuent de fournir un nombre imposai
de savants, de littérateurs, de poètT
d'artistes, d'inventeurs, en un Cii
d'hommes et de femmes qui font ho]
neur l'humanité et la patrie.
Pourquoi donc les classes moyenjJ
puisqu'il faut les appeler par leur nol
ont-elles été délaissées, au point d'ê]
oubliées tout fait
Est-ce parce qu'elles sont rangs
sous un vocable dont le petit air péjfl
ratif est assez déplaisant FrançJ
moyen ne veut pas dire grand'chosJ
mais classes moyennes n'a pas bea]
coup plus de sens. Moyennes
quoi On les appelle quelquefois ch]
ses-tampon. Ce n'est pas plus beau maf
c'est plus vrai.
Bref, les prospecteurs de la poli]
que, ceux qui sont chargés de veiller i
salut des partis et de découvrir les foj
ces électorales latentes, viennent
faire une trouvaille magnifique J
classes moyennes .avec leur énorme co]
tingent d'électeurs, sont la suprême rq
source de demain. Oui, on les a laia
tomber c'est une faute, une grandi
faute. Vite qu'on s'occupe d'ella
L'heure de ces citoyens d'élite, de cfl
bons serviteurs du pays a sonné. Ce
une honte de n'avoir pas songé pl«
tôt leur malheureux sort. Car ils
malheureux, ces commerçants, ces
tits industriels écrasés par les charge^
empoisonnés par le fisc, victimes de i
glementations arbitraires et contradi(|
toires. Il faut que tout cela change.
Cette campagne en faveur des da
ses moyennes est touchante. Puis]
t-elle ne pas se borner des effets ort
toires faciles et des gestes parlementa
res théâtraux Ces classes mérita
mieux que des manifestations platoa
ques de sympathies qui ne peuvent
empêcher de mourir. Elles ont beauco]
plus besoin d'aide efficace, urgente
pratique que de bonnes paroles.* Ml
Autrement, ce n'est pas les moya
nés qu'il faudra les appeler, mais i
accablées
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