L'Attentat aux Moeurt La Vie Bruxelloise Grand hôtel [Moderne SUD, dimanche 26 septembre 1937 CHRONIQUE ARTISTIQUE ET LITTERAIRE (Suite) Dans l'importante cohorte des écri- rains condamnés pour attentat aux Joeurs, ce n est pas sans étonnement pie I on trouve les Ooncourt. Mais l'histoire est suffisamment plai nte pour être racontée erf détail. Les Joncourt collaboraient un pamphlet Le Paris Un beau jour Anastasie tcouvre dans un article quelques vers lien anodins. Inculpation, comparution, interroga- jire. Léo Poldes relate l'entretien avec on humour habituel. Le J"ge Votre cas est grave, n'avez vous dire pour votre défen- Jules de Concourt Peu de cho is, les 5 vers que vous poursuivez sont u bon poète Tahureau décédé en Le juge Je vous prie de ne pas laisanter avec la justice. Jules de Concourt Voici le ixte exact, c est a Ste Oeuve que nous ivons emprunté je vous prie de m'ex- iser, monsieur la Juge mais les vers criminés sont extraits du Tableau «torique et critique de la poésie fran- lise et du théâtre français au XlVme scie». Et ce livre que vous frappe- iz en nous frappant a été couronné ir 1 Académie Française. Il ne fallut rien moins que l'inter- sntion de Napoléon III pour que les oncourt soient acquittés. Avec le procès de Richepin nous immes en plein procès politique. Tou- la presse réactionnaire s'attaque la -Chanson des Gueux et si quelques |outes étaient permis sur le caractère olitique du Procès ces lignes de Louis euillot les dissiperaient sans peine, irdent pamphlétaire concluait en ef- t: A la place de Monsieur Marcere ou même de Monsieur Gambetta nous prendrions garde ces paysanneries qui pourraient bien devenir un jour les Marseillaises plus efficaces que luutre, laquelle fait son temps. .Cette mise en demeure porta ses frits et Richepin purgea une peine de mois de prison au régime de droit fmmun. Et pourtant La Chanson des freux était-elle immorale ous n'hésitons pas faire noter la (dense que Richepin publiait dans La ubune du 27 août 1876. f J ai peint les gueux, les va-nu- P'eds, les meurs-de-faim et j'ai dit 3 soc'été voilà ce que tu fais des pauvres, respires leur puanteur, mets e doigt dans leurs plaies, vois grouil- er leurs tares, leurs vices et frappes- la poitrine en songeant que tout wa s'est fait par ta faute. Et les onnêtes gens viennent me clore la °rrche avec l'éternel cri des heu- reux Silence aux Pauvres. Monsieur Venus l'œuvre qu'écri- I oachilde 20 ans fut préfacée par "nce Barres, elle n'en fut pas moins "damnée en la personne de son Edi- Par les Juges bruxellois. Ur la plainte du maniaque de la ai qu était le ministre Bérenger l'ex- j» Poète Hughe Delorme fut condam- "10 frs. d'amende malgré l'admi- *e plaidoirie de son défenseur qui avec raison I r ;e "ui défend un poète contre cénité. c'est l'Art, l'Art qui voile la ,.U ^es statues et laisse chastes et lerges les corps de femmes dévê- es par le crayon et le pinceau. De e' ne nous condamnez pas un poè- Nous avons vu toute l'implacahilité des lois qui permettaient d'envoyer en prison les Ecrivains qui font la gloire d un Pays. Et pourtant les nouvelles lois de 1881-82 sont encore plus sé vères et marquent de ce fait une date dans la répression de l'attentat aux mœurs. Si vexatoires qu'aient été les lois en la matière, il était de tradition cou sante de comprendre l'attentat aux mœurs dans la catégorie des délits de presse, ce qui le rendait justiciable de la Cour d'Assise. Les nouvelles lois, renforcées encore par celles de 1898 qui valurent au ministre Bérenger sa triste célébrité mettent l'artiste et l'écri vain sur le même pied que l'exhibition niste. La définition de délits est élargie et ceux-ci sont correctionnalisés les peines sont accrues et si la loi de 1881 ordonne la restitution des livres saisis, celle de 1898 en ordonne 1^ destruc tion. Nous vivons donc sous le régime de lois dont l'implacabilité n'a d'égale que la stupidité. Nous pourrions nous éten dre sur ce qu'elles ont d'inefficace, de véxatoire et de grotesque. Mais nous préférons laisser le soin de conclure une voix plus autorisée que la nôtre. Contentons nous de citer Raymond Poincaré qui n'a cependant pas laissé derrière lui le souvenir d'un libertin ni même d'un plaisantin. Il disait Si vous faites le procès de Pot- Bouille ou de Germinie Lacerteux vous voilà forcés de n'épargner ni Candidex ni les Contes de La Fontaine Je tremble que dans votre rage de morale vous n'alliez expurger Aristophane, émonder Juvenal et sup primer Rabelais. Grand Dieux, quel abattage I Un homme ne suffirait pas cette œuvre de bourgeois gâteux. Où s'arrêter dans la destruction Il vaut mieux ne pas l'entreprendre et professer que dans tous les temps et chez tous les peuples il n'y a, en litté rature d'autre immoralité que de mal écrire. Et c'est ce que comprennent tous les hommes de bon sens. Que l'on soit sé vère contre les revues et les illustrés bêtement immoraux et sans aucune va leur artistique, d'accord. Que 1 on chasse l'animal, qui se vautre, mais que l'on respecte l'homme 1 Charles BERSEZ. CHERCHEZ-VOUS... i être bien aervi pour vos légume- primeur», fruits. Pewrs. hoequeS gerbes et ggsuitoseï de tahle 7 Adressez-vous alors es toute cor fiance Jacques VEYS La Butte WARNETON BILLET BRUXELLOIS L'AEROGARE D'EVERE. Toutes les villes d'Europe qui possè dent un champ d'aviation avec aéroga re ont eu soin de procéder l'aména gement des voies d'accès en même temps qu'à l'aménagement du terrain. Ceci est tellement raisonnable, qu'au cun étranger ne suppose qu'il puisse en être autrement. Aussi, lorsque le même étranger se permet un voyage Bru xelles, par avion, il reste stupéfait de constater que l'aérogare n'est reliée la capitale que par des chemins tortueux, des rues étroites perpétuellement encom brées, en un mot, par des artères lamen tables comme confort routier et comme esthétique. La première impression est donc net tement défavorable la ville de Bru xelles. Il y a des années, que l'on dé plore cet état de choses; qu'il est dénon cé dans toute la presse l'occasion des manifestations diverses qui ont lieu au champ d'aviation. On en parle la Chambre et au Sé nat, chaque année, l'occasion de la discussion des budgets. Rien n'y a fait jusqu'à présent l'itinéraire Bruxelles- aérogare est toujours le même qu'au jour de la création de ce dernier. Ce n'est pas que de temps autre d'intelligentes initiatives n'aient tenté de faire admettre un projet de nouvelle artère. Chaque fois, elles ont échoué devant la plus grosse desl difficultés. Nous avons cité l'autonomie commu nale et l'électoralisme conjugués. 11 est bon de rappeler qu'à la capitale de nombreux problèmes d'intérêt général ne trouvent pas de solution, parce que le territoire du grand Bruxelles s'étend sur de nombreuses petites communes. Chacune de ces petites communes jouit de son autonomie de son autonomie ad ministrative et malheureusement, tou jours, cette autonomie administrative, qui avait été assurée aux communes pour défendre leurs vrais intérêts, est exploi tée par les conseils communaux pour la satisfaction d'appétits électoraux. Dès lors, on comprendra qu'un projet d'in térêt général pour le grand Bruxelles soit difficile, pour ne pas dire» impos sible, réaliser. La liaison Evere-Bru- xelles était dans ce cas, comme les pro blèmes qui concernent la police, les pom piers ,etc... Ce sera le plus beau fleuron de la couronne ministérielle de Monsieur M.- H. Jaspar, l'actuel ministre des Trans ports, d'avoir vaincu les difficultés que nous avons citées et d'avoir constitué un groupement intercommunal capable de donner une solution au problème. Ce 24 septembre, les travaux d'une avenue de 800 mètres de longueur se ront mis en adjudication. Cette avenue reliera le boulevard Wahis l'avenue Quand vous devez loger Bruxelles que demandez-vous l'hôtel de votre choix Des agréments du confort moderne Une cuisine saine et soignée Des communications rapides avec le centre de la Ville Vos vœux seront comblés en descendant au Place Princesse Elisabeth, BRUXELLES III Bordet. C'est dire. que. de la ville, on atteindra l'aérogare en ne passant que par les nouveaux quartiers dont les avenues et boulevards ont été créés en vertu des meilleures règles d'esthétique en urbanisme. L'avenue aura une aération de 52 mè tres 8 mètres de servitude pour jardi nets de chaque côté, et 36 mètres de plate-forme répartis en trottoirs et en double voie carrossable. Dans tous les milieux compétents, on est d'accord pour reconnaître que le choix ne pouvait se faire en un endroit mieux situé. Il est souhaiter qu'une fois l'ad judication faite, les travaux soient con duits bon train et qu'à partir du pro chain printemps, l'étranger qui arrivera par avion Bruxelles, n'ait plus l'im pression de débarquer dans une ville déshéritée, et dirigée par des édiles peu soucieux de certaines nécessités com merciales et touristiques. P. L. T. LES ACCIDENTS DANS L'AVIATION LE SUD a déploré, combien de fois, l'état de notre aviation. Il y beaucoup de choses que l'on sait, mais qu'il vaut mieux ne pas dire. Si depuis quelques temps nous n'insistons plus sur ce su jet, c'est que nous attendons patiem ment la publication des travaux de la commission d'enquête sur l'accident d'Oran. Ces travaux vont, paraît-il être publiés brève échéance. Nous sommes heureux de souligner cette occasion la vigilance de la LI BRE BELGIQUE, et nous déplorons l'inertie de la presse d'opposition, qui devant un problème d'une pareille im portance, n'a jamais pris catégorique ment position. Mais ce que le public doit savoir, ce que notre devoir de journaliste indé pendant nous oblige dire, et redire, c'est que la presse dirigée de Belgique ne donne qu'une partie des accidents d'aviation. LA PLUPART DES AC CIDENTS D'AVIATION NE PA RAISSENT PAS DANS LA PRES SE BELGE. L'AERONAUTIQUE BELGE S'EFFORCANT DE NE PAS LES EBRUITER. Voici d'après la LIBRE BELGIQUE... le bilan d'un mois, et les commentaires qui suivent cette liste tragique. 1. Vers le 7-8 un appareil tombe Gossoncourt (perte de vitesse). Le lieutenant qui le pilote s'en tire avec une chance extraordinaire. Dégâts ma tériels. 2. Huit jours après, même aéro drome avion capote :pilote grave ment blessé fracture du crâne. Dé gâts matériels. 3. Vers le 23-24 août, Schaffen. chute d'un avion. Le pilote est tué sur le coup. Dégâts matériels. 4. Le 3 septembre, (relaté par la presse) Meerhout-lez-Schaffen, col lision d'avions. Le commandant Dumont est tué. Dégâts matériels. 5. Le 4 septembre, atterrissage for cé Haelen-Donck, d'un appareil. Dé gâts matériels. - 6. Vers le 6-7 septembre, avion tombe Houtvenne, lieu dit Hoek- lei Pilote indemne. Dégâts matériels. (Voir suite en 9e page.)

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Le Sud (1934-1939) | 1937 | | pagina 3