la Marine marchande Belge \\Cf& I m "LE SUD, dimanche 26 septembre I93I m *- Suite) LE POINT DE VUE SOCIAL. On peut se demander si, au point de vue social, la nécessité d'une marine marchande s'impose. Il n'est pas dou teux que la réponse doit être négative. Des pays sans marine marchande at teignent un niveau social très dévelop pé, et connaissent une législation so ciale incomparable. L'absence de marine marchande n'exerce sur le milieu so cial, dans certains pays, aucune influen ce. Au reste ce n'est pas sur ce terrain qu'il faut poser la question. Ce qu'il faut se demander c'est quelle serait la situation sociale d'un pays, qui ayant une marine marchande prospère la ver rait s'anémier peu peu pour la voir disparaître complètement. Dès présent il convient d'établir une distinction entre les pays grande et petite marine marchande. Si nous prenons l'exemple de l'Angle terre, nous pouvons dire que dans la situation actuelle, la disparition de sa marine marchande, ou même simplement une crise maritime accentuée entraîne rait des perturbations sociales extrême ment graves. Tout d'aboi-d elle con traindrait au chômage un nombre incal culable de personnes qui vivent directe ment de la marine marchande. Mention nons les marins eux-mêmes, puis les rémunérations en nature (nourriture, vê tements de service etc.) évaluées 22 et 25 millions de marks. Finalement, il faut tenir compte du personnel sédentaire, se chiffrant 5.500 employés et environ 7.700 ou vriers dont les rémunérations annuelles s'élèvent respectivement 22 et 18 mil lions de marks» (L. A. 30 avril 1937). En Belgique, naturellement, de par la faiblesse de notre marine marchande, les intérêts en cause ne sont pas aussi étendus. Les conséquences de la dispa rition de notre marine se feraient ce pendant sentir sur l'économie générale du pays, et. par voie de conséquence, sur le domaine social. Tout d'abord, pour le transport des matières premières nécessaires notre industrie, nous serions complètement la merci de l'étranger. Nous avons eu l'occasion d'expliquer que ces derniers seraient entièrement maîtres des tarifs, que nous aurions payer faute de pou voir nous-mêmes assurer nos transports. Cela comporterait des dangers pour no tre industrie, qui se trouverait en pré sence de la nécessité d'accroître ses prix de revient, chose gr-ive dans un pays industrialisé l'excès, et qui. n'absor bant pas sa production, doit vivre de l'exportation. Ou bien l'industrie devrait réduire les salaires, car il ne peut être 1- nons les marins eux-mêmes, puis les reauire ies saia.iv., agents du service général bord des question de réduire la marge bénéfi- naniuJinfs en fin dans une certaine me- ciaire, déjà comprimé» I excèr. Oi, tout le monde sait combien il est dif- paquebots, enfin, dans une certaine me sure, le personnel des grandes agences maritimes. L'activité de la marine mar chande étant réduite, les armements se verraient contraints d'entamer leurs ré serves, ce qui les mettrait bientôt dans l'impossibilité d'assurer le renouvelle ment de leur flotte, et entraînerait la mise au chômage des ouvriers dans les chantiers navals. Cette industrie étant fort développée en Grande-Bretagne, toute régression de son activité cause un ralentissement des commandes passées aux industries secondaires, ce qui aurait pour conséquence presque immédiate une accentuation du chômage dans cel les-ci. L' armement ne réalisant plus de bénéfices suffisants, se verrait acculé, soit la faillite immédiate, entraînant un licenciement de son personnel, soit la demande de crédits, ou d'un mora toire aux Banques. On enregistrerait également des ventes massives de na vires sur le marché mondial, ce qui abaisserait le niveau des prix, par suite de l'abondance de l'offre. Toutes les marines marchandes en ressentiraient les conséquences. Il ne s'agit pas là d'un tableau imaginaire, brossé en noir pour les besoins de la cause, mais d'un simple résumé de la situation que nous avons connue au moment de la dernière crise maritime. L'armement, bout de souffle, se retournerait vers l'Etat pour demander sa protection. Soucieux de ses intérêts, le gouvernement intervien drait financièrement en faveur des ar mements, ce qui se traduirait par un accroissement des dépenses publiques dont la collectivité fait les frais. Une récente statistique publiée par l'Association des armateurs allemands, qui groupe environ 86 p. c. de la flotte marchande du Reich montre quelle est, au point de vue social, l'importance de la marine marchande allemande. c II en ressort que les flottes des mem bres associés occupent au total 39.500 personnes dont 16.400 mariées et 23.100 célibataires. Des gages touchés par les équipages vivent 16.387 épouses, 14.300 enfants mineurs et 1.350 autres personnes charge, ce qui fait au total 71.500 per sonnes vivant de cette partie de la ma rine marchande. Il y a lieu d'augmen ter ce total de 7.500 pour les équipages et le personnel des petits caboteurs. L'ensemble du personnel de la flotte commerciale du Reich a touché en pages en 1935, 104 m'Hinns de marks, auxquels il y a lieu d'ajouter les lUUl X*- ficile, sans provoquer de grave crise so ciale, de toucher aux salaires des ouvriers. Il s'agit ici d'un point de vue géné ral. La crise de la marine marchande tou cherait évidemment en tout premier lieu les marins eux-mêmes. On sait que les marins ont une toute autre formation intellectuelle et morale que les ouvriers de terre. De par leur existence aventu reuse, les dangers qu'ils courent, les fa tigues d'un travail pénible et souvent déprimant, par suite des conditions dans lesquelles il s'exerce, la privation des joies ordinaires que procure un foyer, le marin a tendance se croire un dés hérité. Le peu d'intérêt que l'on porte en Belgique tout ce qui est maritime a accentué cette disposition naturelle d'esprit que l'on retrouve chez les ma rins du monde entier. Il suffit de lire quelques-uns de leurs journaux ou pé riodiques pour s'en rendre compte. Les marins, de ce fait, constituent une classe sociale toujours prête tendre lo'reille aux théories les plus subversives. Au reste plusieurs révolutions n'ont-elles pas eu leur origine dans le mécontente ment des marins et du personnel des ports C'est un danger qu'il faut évi ter. Dans le domaine de la construction navale, le Ministre des Transports s'est chargé, du haut de la tribune du Sénat séance du 27 janvier 1937) de nous donnor toutes les précisions désirables. En 1936 avant l'intervention gouverne mentale, les deux grands chantiers na vals du pays étaient l'arrêt depuis 5 ans. Cela eut pour conséquence de porter 2.500 le nombre de chômeurs directs et de 5.000 6.000 le nombre de chômeurs indirects, par suite du manque de commandes passées l'in dustrie. Le coût d'un chômeur est, par jour approximativement de 11 francs en des sous de 25 ans, et de 13 francs 50 au- dessus de 25 ans, soit, en moyenne avec femme et enfant. 22,50 frs. Pour un an, et pour 4.000 hommes seulement, ce chômaqe entraînait pour l'Etat une dépense de 27 millions de francs. On sait que le gouvernement a affec té. pour les budoets de 1936, 1937 et 1938 une somme globale de 266 millions, dont 106 millions de francs pour la ma rine de 1 Etat et 160 millions pour la flotte de commerce. Dans les milieux compétents on a fixé généralement 73,5 p. c. du prix du navire le montant des salaires directs et indirects payés l'occasion de la construction d'une unité navale. Les 266 millions portés au budget extraordinaire représentent donc «in globo 195.500.000 francs de sa laires. En tablant sur un salaire jour nalier moyen de 40 francs, c'est le paye ment de près de 5 millions de journées dont on soulage le secours chômage (Le Peuple, 22-1-36). Il y a lieu de faire observer que l'ar gent mis ainsi en circulation a profité la communauté dans une plus grande mesure que le secours chômage, plus réduit, et comportant par le fait même toutes sortes de restrictions qui, multi pliées par le nombre d'ouvriers affectés par l'interruption du travail, paralysent certaines branches d'activité. Le Ministre des Transports soulignait également un autre aspect social de la question Il y a deux ans, le chômage était 100 p. c. Les cours des écoles industrielles d'Hoboken, d'Anvers étaient désertés. Il entrait Hoboken 4 élèves en 1935 contre 35 en 1936. Cette industrie manque aujourd'hui d'ouvriers qualifiés de 20 23 ans, qui n'ont pu faire leur apprentissage. Ce sont les classes creuses de l'armée du travail. Ainsi donc, de nouvelles possibilités de travail sont offertes la classe ouvrière dans une mesure limitée sans doute, mais néanmoins intéressante. La construction navale, grâce l'aide gouvernementale, a fait renaître des in dustries anciennes, et a créé des in dustries nouvelles. On construit aujour d'hui, en Belgique, des moteurs élec triques marins. L'industrie belge fabri que maintenant des appareils gouver ner, des pompes marines, des appareils frigorifiques marins, des treuils marins qui sont nécessaires aux navires en chantier. Toutes ces fabrications met tent au travail un très grand nombre d'ouvriers, et si l'effort fourni permet d'arriver l'exportation cette industrie sera contrainte d'embaucher du person nel supplémentaire. Faut-il dire que c'est avec une véri table satisfaction que l'on accueille cha que semaine, les communiqués annon çant une diminution du nombre de chô meurs Cette amélioration de la situa tion du marché du travail est provo quée dans une mesure assez large par le regain d activité qui règne sur nos chantiers navals, et par le réarmement de nombreux bateaux belges. F.L. AU LITTORAL, il faut visiter le LAC AUX DAMES i WES TENDE. L endroit le plus sélect de la côte THE sa PISCINE et son SOLARIUM sont réputés. Pfl H VAHDERMARLIERE Vraies DEPUYDT DE WATERLOO A FLEURUS. Nous avons protesté en temps opp0j tun contre des articles parus dans presse française au sujet du pèlerinai l'Aigle de Waterloo. Depuis lors manifestations de cette année nous 0] donné entièrement raison. Les p£| rins de Waterloo se sont permis huer les membres d'un pèlerinage d'_ ciens combattants belges qui se rei daient le même jour au monument d belges tombés Waterloo. Dans le r. lerinage b<;lge il y avait plusieurs 0f| ciers généraux et l'exécution de la Br bançonne fut sifflée par les autres p lerins. Nous espérions que la presse frj çaise comprendrait l'erreur commii Hélas la leçon fut inutile, et 1' casion de la manifestation de Fleum| nous sommes vraiment peines de dans notre très sympathique confrèl de la Flandre française La Bailli loise l'article que nous découpons, que nous soumettons l'attention... tristée de nos lecteurs. Espérons que 1 an prochain la presj française, qui ne pourra plus allégw d'avoir eu sa bonne foi surprise, auj le tact de ne plus heurter nos senl ments nationaux les plus respectabli Et maintenant, lecteurs, appréciez tofl l'odieux de cette prose «activiste», Fleurus, petite contmOtie sambriennl éminemment walonne puisque hennuq re, où la France s'est retrouvée vieti rieuse sous ses trois aspects est un lii de prédilection pour les Wallons Belgique. Si Waterloo chaque fois que revit* le mois de juin, voit une manifestation au lieu où les derniers aigles s'effroi drèrent, c'est que les Wallons se soi viennent qu'avec les derniers carrés la Vieille Garde périrent tous leurs poirs d'une vie heureuse dans le girol de leur mère spirituelle: 1815, poi^ eux, c'est l'Avènement d'Orange-Ni sau et des vexations dont ils devais se libérer quinze ans plus tard dans dj limites plus étroites qu ils en avaient désir. Ce n'est pas la défaite qu'ils confl mémorent, c'est le regret d'une choi A Fleurus, c'est leur joie qui éclati la joie de la Victoire, de leur Vi< toire car ils en furent. Ils furent volon tairement parmi les troupes royales maréchal de Luxembourg qui, pou§ Louis XIV, tenait tête aux Allemand aux Hollandais, et aux Anglais ligui Ils furent volontairement dans les rang! des troupes républicaines du maréchj Jourdan, dont la victoire les fit Fraj çais pour vingt ans. Ils furent encoij volontairement dans les troupes impi riales de Napoléon. La France de la Royauté, la Franc» de la République, la France Impérial la France Victorieuse, voilà ce que rej présente le mémorial élevé Fleuru» en 1936, par les Wallons. Car, qu®' soit de n'importe quel régime, les Wa Ions conservent un culte profond a France. Malgré les sarcasmes, malgré les p»° testations, malgré les menaces, ils voulu édifier sur un territoire oùseJ maintes fois joué le rôle de 1 Occia®nt^ un monument aux trois victoires ran çaises pour avoir une fois de plus. 1°^ casion de rappeler, de célébrer 1 arnl, tié de la fraternité archi-séculaire qy1 unit nos provinces méridionales a France, depuis Tournai jusqu Lieg® C'est encore toute la Wallonie ce dimanche .venue en délégations Visé, de Liège, de Namur, de Tourna». d'Arlon. de Nivelles, d'Enghien, se reU(_ nissait en foule autour du monuinj'3 sous les signes du Coq Hardy Ligues wallonnes et du Casque g3)1, du Front démocratique wallon, avait là des bourgeois, des intel'e tuels. des ouvriers, des vieux, des JeU nés fraternisant sous l'or des drap®311* wallons et le tricolore du drapeau fran çais dans la Pensée française. Il y avait là des milliers de gens applaudissaient la France célébrée des discours et dans des chants.

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Le Sud (1934-1939) | 1937 | | pagina 4