Déception
1
Autobus Ypret-Roulert
Après
le fécond tour
4e ANNEE No 43. Hebdomadaire 80 cent, le numéro. DIMANCHE 24 OCTOBRE 1937
Pour qu'une nation soit, il faut qu'une
solidarité nationale existe et qu'elle se
cristallise dans la volonté du pouvoir.
ABONNEMENT
DwcHoo-Adi>À:ut«tk>
19» rue Longue de Tfcoorout. YPRE5,
1 AN 20 FRANCS
Ch. van RENYNGHE,
Compte-chèque» postaux 1003.43.
Nous ne cachons pas que nous attendions
ivec beaucoup de curiosité la première réu
nion du Bloc Catholique belge. Non pas
pour ce que les politiciens réunis allaient
v raconter autant en emporte le vent des
discours et des promesses politiciennes. Mais
nous espérions y trouver un climat, une
mentalité, un enthousiasme, en un mot un
(dynamisme» nouveau.
Hélas nous sommes loin de compte. Il
ne s'agit pas d'analyser les discours pronon-
ds, mais, ce qui est beaucoup plus impor
tât, de constater que toutes les discussions
tournèrent rapidement en disputes, et que
b débats au lieu d'être inspirés par un
idéal élevé, démontraient que les parties ou
b partis en présence se méfiaient l'un de
l'autre, 'défendaient des positions et des
influences, et que le souffle large et géné
reux, dont notre génération avait souhaité
ivec tant d'ardeur la naissance, ne vivifiait
encore l'atmosphère de cette assemblée
de délégués du pays légal catholique.
Ht pour le pays c'est profondément fa-
ieux. Car le régime étant ce qu'il est, le
nécanisme de ce régime exige que chaque
Mrti remplisse son rôle. II serait vain de
nier que chacun ait un rôle remplir, mais
1 est souhaiter que chacun évolue de
manière le remplir ie mieux possible. Cette
solution était impossible tant que ne nais-
lait pas l'extérieur des partis un mouve
ment populaire, qui obligeait ceux-ci se
esaisir. Ce mouvement, que nous avons sa-
ué avec joie, et qui a encore une mission
très importante remplir le rexisme. au-
ait dû provoquer dans les partis un sur
sit, un renouveau et selon une parole de
Jiarles du Bus, la défaite du 24 mai ne
xwvait être considérée comme un coup de
Dassue, mais comme un coup de fouet.
Le parti qui a le mieux compris la leçon
lu moins dans sa fraction gouvernemen-
>'e. c'est le parti socialiste. Des hommes
'•omme Spaak et de Man, ont parfaitement
lu qu'il y avait quelque chose de changé,
luelque chose de nouveau, et que le socia-
Ssnte belge devait emprunter la voie prati
que du travaillisme anglais. Ceux parmi les
fcialistes, qui n'y ont rien compris sont
e vieux pontifes Vandervelde. de Brou
ette et consorts. Cetta évolution intéres-
Hnte du parti socialiste nous a fait deman
der combien de fois, et toujours sans ré-
Nse, aux mandataires socialistes de la
^estflandre quelle école appartenez-
tous, celle des vieux internationalisies ou
felle des néo-socialistes Malheureusement
plupart de ces mandataires la petite
leittaine, politiciens de village, n 'ont jamais
tompris rien rien, et vivent simplement
^r le petit fumier de leur démagogie.
Le pauvre vieux parti libéral n'a absolu
ment rien tiré de la leçon. Il est totalement
Womifié. Et des discours comme ceux de
Loulonveau 'ont certes pleurer. Cependant
lutl rôle magnifique pourrait appartenir au
Parti libéral, s'il abdiquait définitivement un
^tarisme qui n'est plus de mode, et s il
"Pnait. entre les remous des partisdé
magogiques, la position sereine de la rai-
^n. du parti de l'intelligence. Mais il fau
drait pour cela que le cadre libéral dans
s arrondissements soit... intelligent Ici
Jjhs i jooig; sjpmmes loin de compte Habi
Nos aînés liquident le passé pendant
que nous construisons l'avenir.
lement conduit, le parti libéral a un rôle
d'arbitre jouer, mais comment y arri
ver avec les lamentables recrues qui lui res
tent, les meilleurs éléments veillant unique
ment être rapidement nantis d'un fromage
lucratif ou d une place de tout repos.
La responsabilité du parti catholique est
énorme. Le pays a le droit de mettre les
catholiques devant cette responsabilité. In-
indiduellement la plupart des dirigeants ca
tholiques le comprennent. Mais aussitôt
qu'ils se trouvent réunis, il se regardent
comme chiens et chats. Est-il possible de
s'affirmer aussi bruyamment catholiques et,
d'être aussi peu chrétiens. C'est le perpétuel
conflit entre la sagesse du conservateur et
l'appétit du démocrate entre ceux qui se
contentent de la vérité et ceux qui cher
chent la popularité entre ceux qui envi
sagent les solutions possibles et ceux qui
prétendent se maintenir en flattant les mas
ses par la surenchère.
Querelles byzantines palabres stériles
motions et vœux. Ce n'est pas ce que le pays
demande. II se contente d'une chose bien
simple que les politiciens lui flanquent la
paix et lui permettent de régler lui-même,
chacun dans son métier, dans son foyer, dans
sa cité, ce qui lui paraît le plus en accord
avec ses intérêts professionnels, familiaux et
régionaux.
Organisation des professions, économie
familiale, respect des nécessités régionales
ce qui signifie l'abdication du régime poli
ticien. Chacun sa place, pour restaurer la
vie économique, familiale et spirituelle. Est-
ce si compliqué Mais cela tue une pro
fession celle du politicien
C. v. R.
Le second tour du scrutin a confirmé les
indications du premier tour. C'est la sta
bilisation des élections législatives de 1936.
C'est surtout la consolidation du cabinet
Chautemps.
Dans le Nord la Présidence du Conseil
Général passe au Ministre socialiste Lebas.
Un vice-président est communiste. Cela
notre frontière. Nous demandons que l'on
veuille y réfléchir.
Les conseils généraux ont été convoqués,
et les présidents ont prononcé leurs dis
cours. Nous épinglons ces extraits.
De M. Caillaux Les Français doivent
réaliser les rapprochements indispensables
entre citoyens et faire passer les grands in
térêts de la Patrie avant les préférences
partisanes.
De M. de Monzie Les agitateurs re
muent sans discernement les mots de la lan
gue populaire, comme certains joueurs re
muent les dominos. La pause n'est pas suf
fisante, nous voulons aussi la paix civique.
De M. Lyautey La France désire ar
demment l'ordre équitable dont elle a be
soin. Il est urgent que les républicains se
rassemblent pour rendre notre pays cette
atmosphère de calme et de fraternité qui
faisait son attrait et sa force, fondement
primordial de sa sécurité.
De M. Briquet Plus de désorganisation
sociale, d'occupations illégales d'usines,
En mettant en regard d'une part les cla
meurs enthousiastes des défenseurs de la
région d'Ypres, chantant sur le mode ly
rique l'œuvre grandiose accomplie par la re
mise en activité des trains Ypres-Roulers, et
d'autre part les protestations véhémentes et
constantes des usagers de la ligne d'autobus,
nous estimions utile de nous rendre compte
sur place de la situation exact". C'est
pourquoi nous nous sommes rendus Zon-
nebeke, Passchendaele et Moorslede, et nous
ne pouvons que remercier cordialement les
autorités locales pour l'accueil empressé et
sympathique qui nous a été réservé.
Le fait est que ce problème si simple, a
été singulièrement compliqué par des mé
diocres querelles de personnes, dont pour
le moment les auteurs eux-mêmes ne sont
pas très fiers. La question des moyens de
communications entre Ypres et Roulers au
rait pu trouver une solution beaucoup plus
rapide, si politique et politiciens n'y avaient
apporté leur... contribution.
De quoi s'agit-il La Société Nationale
des Chemins de fer, désireuse de rétablir son
équilibre financier, a mis l'étude la pos
sibilité d'adapter les moyens de transport aux
nécessités actuelles. Deux principes devaient
être la base de cette adaptation les moyens
de communication entre les villages doivent
être nombreux et permettre aux ouvriers,
paysans, voyageurs de commerce de se ren
dre aisément d'un village l'autre les rela
tions entre villes doivent être rapides et
confortables.
Premier acte intensifier le trafic de vil
lage village, et des villages vers les villes,
afin de décongestionner les agglomérations
industrielles, en donnant aux ouvriers 1 oc
casion d'habiter dans les villages environ
nants et en leur procurant un coin de jardin
ou de terre et l'air de la campagne pour
leurs enfants.
Deuxième acte pareil moyen de transport
étant démontré rentable veiller ce qu en
tre les villes des relations rapides soient ren
dues possibles.
Et la Société Nationale des Chemins de
fer choisit pour tenter l'expérience une li
gne qui paraissait présenter toutes les chan
ces de succès la ligne V pres Roulers. En
effet celle-ci était fortement déîi-ttaire com
me rendement, et son tracé se trouvait éloi
gné des villages au point d'en rendre 1 usage
d'ateliers ou de fermes plus de dépenses
disproportionnées avec les ressources retour
une politique saine pour laquelle 1 équi
libre réel du budget est une nécessite
voilà la volonté de la France.
Tout cela ne sont que des mots des
mots et encore des mots. Comment obtenir
cette pause, ce rapprochement entre fran
çais, cette paix civique, cette atmosphère de
calme et de fraternité, cette politique saine,
tant que les politiciens grouilleront comme
des larves des moustiques dans la mare
stagnante de la politique française Pour
eue ces mors deviennent des réalités
il faudrait offrir tous les politiciens un an
de congés payés, avec femmes et enfants,
Pour une superbe croisière aux îles de 1 O
céanie. Ce serait alors, réellement, la pause
pratiquement illusoire. Voyez les cas de
Moorslede et Passchendaele.
1 Les événements donnèrent raison la
S.N.C.F.B. Les habitants des villages des
servis, les cultivateurs se rendant au mar
ché, la population ouvrière, les voyageurs de
commerce parcousant la région, les élèves
des collèges et ceux notamment, de l'école
professionnelle d'Iseghem, tous usèrent de
plus en plus régulièrement de la ligne d'au
tobus et se félicitèrent de pouvoir ainsi être
déposés au pas de leur porte par un service
comportant des moyens de communications
aussi nombreux quinze fois par jour
Les ouvriers, tout particulièrement, appré
ciaient la fréquence de ces autobus, qui les
ramenaient chez eux dès que le travail était
terminé, et sans astreindre devoir accom
plir une marche d'une demi-heure une heu
re de la gare leur maison.
D'ailleurs le rendement de la ligne témoi
gnait de son succès croissant, et c'est avec
satisfaction que la S.N.C.F.B. enregistrait
pour le mois de juillet un résultat positif,
pour le mois d'août un bénéfice substantiel,
et pour le mois de septembre une recette dé
passant les prévisions les plus optimistes.
L'expérience était faite elle était con
cluante. La Société y trouvait son intérêt. Les
populations desservies étaient enchantées. Ce
la ne veut pas dire que tout était parfait. De*
améliorations devaient être apportées. Cer
taines négligences devaient disparaître. Mais
ce n'étaient là que questions de détail et
d'adaptation.
if. 3f.
Le moment de passer au second acte est
venu. Et nous eussions été volontiers aux cô
tés de ceux qui auraient demandé, d'une
manière intelligente, de rétablir, tout en
maintenant la ligne d'autobus, un service ra
pide de Michelines entre Ypres et Roulers.
Nous savons parfaitement que ces trains
n'auraient eu qu'une très minime clientèle,
mais une clientèle de qualité. Les personnes
qui souhaitent voyager avec un certain con
fort, et peuvent y mettre le prix n'ont cer
tainement pas satisfaction dans l'autobus, et
surtout aux heures de pointe. De plus l'au
tobus ne peut être considéré comme un
moyen de transport rapide. Aller d'Ypres
Roulers par cette voie n'est pas un voyage
d'agrément, et est encore moins un attrait
pour le touriste.
Il était loeique et normal de demander,
dans l'intérêt de la région, du moins un
essai de liaison rapide Ypres-Roulers par
Micheline. On aurait pu constater, après
expérience, si économiquement cette tenta
tive était viable. Et nous croyons que con
çue de cette façon, elle est viable. Nous
avons eu l'occasion de le dire et le redire
pour les lignes Ypres-Bruges et Ypres-Os-
tende. Faites de bons trains et vous aurez
de nombreux voyageurs. Maintenez d infec
tes tortillards et vous ne ferez aucun pro
grès dans les recettes.
II fallait donc poser le problème, comme;
hélas nous ne l'avons jamais vu poser par
les défenseurs de la région I expérience
de l'autobus est concluante, et nous y ap
plaudissons rflai le moment est venu de
nous donner la compensation demandée
des trains rapides Ypres-Roulers.