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I
1938.
La main tendue.
Propagande touristique.
«e ANNEE No 1.
Hebdomadaire 80 cent, le numéro.
DIMANCHE 2 JANVIER 1938.
ABONNEMENT, FIN 1938 VINGT FRANCS
DiMCtto»-Arf»«aMr»r* Ch. van RENYNGHE,
19, rue Longue Su TWwoul. Compte-chèque» postaux 1003.43.
V
Pour qu'une nation soit, il faut qu'une
olidarité nationale existe et qu'elle se
ristallise dans la volonté du pouvoir.
Nos aînés liquident le passé pendant
que nous construison.* 1 avenir.
Nous devons nos lecteurs de leur adres
ser des vœux. Ceux-ci ne pouvant que leur
être agréables, nous voudrions faire baigner
cet article dans l'optimisme.
Tant de raisons d'espérer existaient l'an
dernier qui se sont volatilisées Souvenez-
vous de nos articles en 1934 et 1935 Nous
protestions ce moment-là contre les pessi
mistes qui prétendaient nier une reprise
économique mondiale. Les événements nous
ont complètement donné raison, et la reprise
qui s'annonçait en 1934, se précisa en 1935,
pour s'affirmer dans les pays sagement gou
vernés en 1936.
Mais cette reprise mondiale, trop rapide,
ne fut pas dirigée pat l'économie anémiée de
la plupart des pays. D'autre part les fac
teurs politiques atténuèrent l'effet de cette
reprise, et particulièrement les deux princi
paux les sanctions contre l'Italie et la ten
dance autarcique des pays totalitaires.
L'année écoulée a connu un premier se
mestre très brillant, mais dont les esprits
prudents devaient se méfier. La réaction fut
brutale surtout sur le marché des matières
tières premières, et nous en sentons les con
séquences en fin d'année. Tous les marchés
se rétrécissent. Les commandes sont passées
au compte-goutte, comme en pleine crise.
Les une n'étendent que la violence même de
cette réaction permettra un prorapt et com
plet rétablissement de l'éconorpie. D'autres,
et nous penchons vers leur avis, estiment
que nous nous adoptons lentement la sé
vère médiocrité d'une économie européenne
aux prises avec la concurernce d'extrême-
orient.
Nous ne pouvons ici nous étendre lon
guement sur cette question, mais nous don
nons comme fil conducteur nos lecteurs
l'examen attentif des événements d'extrême-
Orient. C'est là, et là seul que réside le
nœud de l'économie européenne.
En dehors du problème de l'économie gé
nérale, il existe un problème de l'économie
nationale. Celle-ci est victime de l'emprise
du trust et de l'hypercapitalisme sur le ré
gime. Car ce n'est pas en sauvant la grande
industrie que l'on sauvera un pays comme
la Belgique, mais en faisant naître dans no
tre pays de transformation (qui doit équi
librer sa balance commerciale par des pro
duits manufacturés plus que par des produits
pondéreux) un réseau de petites industries
artisanales, de ces industries dans lesquelles
de Belge a excellé de tous temps l'indus
trie de famille, l'atelier.
La condition première de cette industrie
est une réorganisation du crédit par une com
plète décentralisation de celui-ci ce qui
signifie la restauration de ce crédit person
nel, qui fit la prospérité de Courtrai, de
Roulers, de Renaix et de tous les centres
industriels de nos provinces flamandes.
En d'autres termes il faut rendre de l'air
notre économie qui étouffe. Il faut per-
inettre au belge un complet épanouissement
de ces deux grandes qualités l'esprit d'ini
tiative et l'esprit d'épargne.
0f les conditions premières de cette ré-
-fiovati00 de l'esprit industriel sont actuelle
ment méconnues. Elles ne peuvent naître
•que dans l'ordre et la sécurité. L'ordre dans
l'économie ne consiste pas éviter qu'en
cas de grève le sang coule dans les rues,
il réside essentiellement assurer une sta
bilité dans la production. Et celle-ci ne peut
être obtenue, que lorsque les conditions
d'établissement du prix de revient ne sont
pas continuellement boulêversées par l'in
tervention législative de l'Etat.
Et l'esprit d'épargne, moteur de l'esprit
d'initiative n'agit son tour, que si une
fiscalité excessive et une gabegie des deniers
publics ne découragent pas l'épargnant en
mettant continuellement en péril le fruit de
ses économies.
La politique gouvernementale va nettement
l'encontre de ces principes fondamentaux.
Rien, ou quasi rien n'est fait pour encou
rager la petite industrie nationale. Nous
avons souligné plusieurs reprises la diffi
culté que l'on éprouvait faire fonctionner
la lourde machine administrative, quand il
s'agit de défendre nos producteurs. Ce qui
est loin d'espérer que cette machine s'in
génie susciter la naissance de producteurs
nouveaux.
t
Tant que les politiciens auront en mains
les leviers de commande de l'économie natio
nale, il n'y a aucun espoir d'assister au relè
vement de celle-ci. Nous ne nions ni leur
bonne volonté, ni leur compétence. Mais
même pétris de bonne volonté et archi-com-
p/tents... ILS N'ONT PAS LE TEMPS DE
S'EN OCCUPER. C'est le régime du dés
ordre, de l'agitation, de la totale désorgani
sation. On court au plus pressé, et parfois,
par hasard, un Ministre approche la solu
tion du. problème. A ce moment intervien
dra toujours une influence politique adverse
qui obligera le Ministre l'inaction.
C'est pourquoi dans le domaine de l'éco
nomique, qui se trouve au premier plan de
nos préoccupations en 1938, nous sommes
pessimistes. L'expérience Van Zeeland se ter
mine par un échec économ'que qu'il est
absurde de nier. Nous sommes en moins
bonne posture qu'il y a un an vis-à-vis de
nombreux marchés qui étaient fort impor
tants pour notre économie notamment l'Ita
lie, l'Espagne et l'Extrême-Orient. Nous n'a
vons fait que fort peu de chose pour assu
rer nos marchés extérieurs. Il eût été plus
utile de dépenser cent millions de ce côté,
que dans certains travaux de l'OREC. Mais,
et c'est le point névralgique, cette organi
sation de notre commerce extérieur ne rap-
porrera que dans deux ou tiois ans, et ne
se fera pas sentir électoralement.
Ainsi continue la tragédie de notre ré
gime on prépare les élections et on né
glige l'avenir. Tant que les politiciens se
mêleront de ce qui ne les regarde pas, tant
qu'ils se substitueront l'executif au lieu
de simplement le contrôler, tant que le dis
cours l'emportera sur le travail nous ne sor
tirons pas de nos difficultés.
Les gouvernements ne nous apportent que
des remèdes de bonnes femmes. Nous de
cesserons de demander que le pouvoir passe
des hommes qui travaillent pour l'ave
nir, et non des rebouteux qui défendent
les intérêts immédiats de leurs boutiques élec
torales.
Les dernières déclarations de Sa Sainteté
le Pap>e provoquent dans la presse des «mou
vements en sens divers Et pourquoi Si
les hommes se rangeaient tous sous l'épi-
thète hommes de bonne volonté il n'y
aurait qu'un concert anonymes d'applaudisse
ments et de louanges. Mais nous sommes
loin de compte.
Comment pourrions-nous mieux passer de
la théorie la pratique, qu'en soulignant
l'évolution du SUD. Nous tenons la col
lection du SUD la disposition de ceux qui
désirent s'en convaincre. Notre journal est
né, uniquement sous le signe de la bonne
volonté, dans le but de faire triompher l'in
térêt général, au-dessus et en dehors des que
relles de parti et des cliques politiciennes.
Cela a suffi pour que les politiciens fas
sent le front unique contre LE SUD. Indé
pendant du parti catholique, mais imprégné
de l'idée catholique (ce qui ne peut déran
ger, en théorie, ni les socialistes qui décla
rent que la religion est affaire privée, ni
les libéraux qu prétendent défendre la li
berté de conscience), c'est par les .politi
ciens catholiques que LE SUD a été com
battu au début. Ceux-ci ne pouvaient ad
mettre qu'un journal ne soit pas asservi, in
féodé, domestiqué aux comitards.
Mais comme nous défendions les thèses
constitutionnelles du rôle naturel du parle
ment en tant que contrôleur du budget, de
l'indépendance nécessaire, de l'économique,
de l'erreur du politicien qui s'occupo de
tout, se mêle de tout et gâche tout, les plu
mitifs de la presse socialiste nous injuriè
rent, nous insultèrent (ce sont les seuls ar
guments de ces pauvres types) et nous accu
sèrent de fascisme
Nous n'avons en rien changé notre atti
tude. Et au lieu de voir notre effort sou
tenu par ceux qui se prétendent les défen
seurs attitrés du patriotisme et de l'intérêt
général les libéraux, nous avons été atta
qués par les répugnants politiciens de vil
lage qui exploitent honteusement les idées
libérales.
Nous voulions maintenir LE SUD en de
hors des querelles politiques, pratiquer loya
lement la politique de la main tendue. Les
politiciens ont prouvé que cela n'existe pas.
Tant que les partis politiques tiennent tous
les leviers de commande de l'Etat, il est
impossible d'opérer le rapprochement des
citoyens, parce que les politiciens vivent
essentiellement des luttes, des divisions et
des vieilles querelles de village.
LE SUD reste inébranlablement attaché
son idée première. Que demain un socia
liste défende l'intérêt général, en dehors de
tout appétit électoral, nous serons ses cô
tés. Que demain les libéraux ou les ca
tholiques s'unissent pour restaurer un pa
triotisme indispensable, ou que chacun de
son côté stimule le loyalisme l'égard de
la dynastie, sans .préoccupation électorale,
nous y applaudirons. Que les rexistes créent
un mouvement de grandeur nationale, de
mandent que plus d'ordre règne dans la mai
son Belgique, nous les soutiendrons. Que
les Dinasos forment une élite, créent un ca
dre et donnent des hommes du peuple un
idéal élevé, nous les approuverons.
Hélas jusqu'à ce jour nous avons con
staté que la politique de la main tendue,
était, dans la pratique, une totale illusion.
Ce qui ne nous fait changer en rien notre
attitude. Car il nous reste l'espoir, que, 1
force d'insister sur ce point, une élite d'hom
mes de bonne volonté aura finalement rai
son de ceux qui poignardent la Patrie
LE SUD.
Nous lisons dans le Journal de Rou-
baix
Quelques-uns de nos lecteurs nous prient
d'insérer la lettre ouverte suivante qu'ils
adressent leurs amis des Flandres belges
Nombreux sont les Français du Nord,
pour qui la Belgique est une seconde patrie.
Nous y trouvons un pays magnifique, des
monuments admirables, un accueil toujours
aimable et nous nous plaisons venir pas
ser chez vous le temps de nos loisirs.
Vous ne vous en plaignez pas, nous en
sommes sûrs. Si nous y trouvons notre plai
sir, vous y trouvez votre profit et nous y
gagnons de part et d'autre de mieux nous
connaître et de mieux nous apprécier.
Mais, entre amis, la franchise est de rè
gle.
Laissez-nous donc vous dire, franchement,
que quelque chose chez vous nous a péni-
Notre vœu pour 1938 est que les Belges,
dans le calme t) la confiance, organisent dès
maintenant leurs cadres professionnels, qui
formeront la structure de la Belgique éco
nomique de demain.
C. t. R.
blement surpris.
Le voyageur qui arrive sur la place d'Y-
pres et ce n'est pas seulement le cas d'Y-
pres voyait naguère sur vos murs les indi
cations suivantes, indiquant les directions des
routes «Lille, Armentières et, en dessous.
Ryssel
Or, cette première indication est barrée
ostensiblement d'une grande ligne blanche.
Pourquoi cela
Nous le savons la ville que nous appe
lons Lille, vous l'appelez Ryssel, et nul ne
vous conteste ce droit.
Par une attention courtoise, et que nous
avons longtemps appréciée, vous teniez au
trefois nous montrer que vous n'ignoriez
pas le nom français d'une ville française
et vous teniez ce gue tous ceux, Français
ou Belges, qui vous rendaient visite et qui
ignoraient votre langue, ne fussent fias pour
cela privés des renseignements qui leur
étaient utiles.
Il vous a semblé que cette attention était
de trop. Vous revendiquez le droit de ne
parler chez vous que votre langue.
Nous pensons, de notre côté, qu'elle n'au
rait rien perdu se montrer accueillante-;
mais nous reconnaissons sans hésiter que
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