La vie et l'œuvre
du compositeur cassellois
Auguste Tac-Cœn
LE SUD, dimanche 12 juin 193g,
de leur vie propre et suivi, chacune, un
développement distinct
En attendant qu'on veuille bien
faire attention cette question, je
m'empresse de livrer au public les no
tices que j'ai recueillies la hâte, dans
l'espoir qu'une main plus habile et
moins pressée que la mienne viendra
fouiller un jour ce riche dépôt, qui est
malheureusement dans un effroyable
désordre.
Interrompons un instant Altmeyer
pour insister une nouvelle fois sur l'im
portance du dépôt d'archives de Pope-
ringhe. Ces archives furent sommaire
ment classées au cours du dix-neuvième
siècle, mais elles ne furent jamais étu
diées, comme le souhaitait notre histo
rien en 1840. Ce n'est point qu'elles fu
rent ignorées, et l'abbé Opdendrinck
s'intéressa vivement l'histoire de Po-
peringhe, encouragé par le mécène que
fut M. Arthur Merghelynck. Mais où
trouver actuellement les généreux
Yprois qui soutiendraient les recher
ches historiques dans la région
La guerre épargna une grande partie
des archives de Poperinghe. Leur clas
sement eut évidemment souffrir des
transports en caisse, et plus encore de
VII ou la Hache (1097) qui le pre
mier opposa le frein des lois la ty
rannie des nobles et Philippe d'Alsace
(1190), si célèbre par ses principes li
béraux et par ses brillantes prouesses
de Palestine, citent tous les deux Ar-
nould-le-Vieux, comme donateur. Ce
que l'on peut dire de plus certain, c'est
que Baudouin II, son fils Arnoud, et
auparavant son frère, qui n'étaient guè
re portés pour le clergé, avaient eux-
mêmes occupé cette abbaye.
Cependant Arnould fut amené,
dans la suite, par le repentir, une
telle libéralité envers les prêtres qu'on
lui donna le nom de Grand. En 944,
il cessa de s'établir abbé de Saint-Ber-
tin, et rendit au monastère son indépen
dance et ses biens.
Quoi qu'il en soit on peut dire que
l'abbaye de Saint-Bertin exerça de
bonne heure sa suzeraineté sur la vil
la de Poperinghe, et qu'elle y fut
protégée, depuis 944, par les Comtes
de Flandre
Rien de plus fier que ces abbés de
Saint-Bertin ils étaient crossés et mi-
trés, portaient de l'or et ne pouvaient
être consacrés que par un évêque.
C. v. R.
Eglise St Jean Poperinghe
la négligence de l'après-guerre.
Heureusement M. Oscar Fiers prit
coeur de s'en occuper. En 1923 nous
avons passé de nombreuses heures
dans la salle des archives de l'hôtel de
ville de Poperinghe, et nous compre
nons tout l'étonnement d'Altmeyer
Nous avons demandé alors au Bourg
mestre t^haye de bien vouloir soute
nir l'effort de M. Fiers. Ce qu'il fit
avec une juste compréhension de la va
leur des archives de Poperinghe. Mal
gré cette initiative tout reste faire,
et nous souhaitons que l'Académie de
Belgique s'intéresse au classement et
l'inventaire, sur place, Poperinghe,
des archives de la Ville.
Altmeyer donne les renseignements
suivants sur les origines de Pooerin-
ghe appelée primitivement Pupur-
ningahem, Poperingahem, et Poperin-
ghem, elle passa, sous les Mérovin
giens, avec un territoire étendu, 1 ab
baye de Saint-Bertin Saint-Omer
(658 ou 668), aolrs qu'un comte Wal-
bert de ia maison royale, céda ce
couvent Arkes (villa Arcarum) la
quelle doit avoir appartenu Pope
ringhe.
La villa Pupurningahem était si
tuée sur la grande chaussée romaine.
Des bois épais la couvraient de toutes
parts.
Par une charte de 1 an 877, Char-
les-le-Chauve confirma l'abbaye la
propriété de Poperinghe. Suivant Bu-
selin et Sanderus Poperinghe fut dé
truite par les Normands mais ce fait
n'est confirmé par aucun document con
temporain.
«Dans les chartes de l'année 1107,
la propriété de l'abbaye de Saint Ber-
tin sur Poperinghe est attribuée la
libéralité de différents comtes. Robert
II, qui la couronne royale de Jéru
salem avait été déférée, doit avoir con
firmé les droits de l'abbaye. Baudouin
CONGRES DE GEOGRAPHIE
A AMSTERDAM
L'air du Reuze est un des plus po
pulaires de nos provinces il est le lien
folklorique le plus vivant entre nos vieil
les villes de Westflandre et les châtel-
lenies perdues de Cassel, Bailleul. Bour-
bourg et Bergues.
Un de nos collaborateurs et amis, le
sympathique André Biebuyck, qui as
siste toutes nos fêtes folkloriques et
en donne dans la presse du Nord d'ex
cellents comptes-rendus, a fait une étude
très fouillée sur le musicien cassellois
Taccoen qui harmonisa et compléta ce
vieil air flamand.
Conférencier charmant, André Bie
buyck a communiqué ses notes de
nombreux auditeurs, et il a d'autre part
rédigé un article très documenté pour le
Grand Echo du Nord Les Yprois
qui ont une prédilection toute spéciale
dans cet air, qui est un peu leur air
national liront avec le plus grand
plaisir le résultat des savantes recher
ches de notre confrère.
On nous communique
Bien que des centaines de Congres
sistes de toutes nationalités se soient dé
jà fait inscrire, il manque encore sur la
liste des participants au Congrès Inter
national de Géographie, Amsterdam,
18-29 uillet 1938, les noms de nom
breux amis sur lesquels nous comptons
cependant, en particulier pour l'excur
sion en Zélande, qui aura lieu avant le
Congrès, du 11 au 16 juillet.
Pour prendre part cette excursion,
on doit être inscrit comme membre du
Congrès, ce qui n'oblige pas assister
ou participer aux travaux du Congrès
ou aux autres excursions on peut s'in
scrire exclusivement pour l'excursion
en Zélande.
Le montant des frais d'inscription,
comme membre est de Fl. 12.50 pour
les personnes appartenant aux familles
des membres la cotisation est de 5 flo
rins le prix de l'excursion est de Fl.
52.50 par personne et comprend cham
bre, pension, voyages et guide.
L'excursion commence le 11 juillet,
16 heures, de sorte que l'on peut dîner
l'hôtel et assister ensuite la Récep
tion officielle.
Les membres inscrits pour cette ex
cursion recevront un très joli livre sur
la Zélande de 151 pages, et écrit l'oc
casion du Congrès en français par des
savants qualifiés.
Il est certainement très important de
visiter sous une direction experte cette
province dont la beauté est renommée
et qui a conservé un caractère si ori
ginal.
Il est indispensable que tout soit ré
glé d'avance, pour l'organisation des
voyages et du séjour des excursionnis-
Le lundi de Pâques est un grand jour
de fête pour Cassel. Les géants, Reuze-
Papa et Reuze-Maman, escortés de
joyeux masques, parcourent les rues de
leur bonne ville, et inlassable, la Musi
que joue le vieil air du Reuze cet air
venu du fond des âges, qu'un vrai Fla
mand ne peut entendre sans tressaillir
Sait-on que ce fut le compositeur
Tac-Coen qui harmonisa et compléta
l'air populaire primitif Il en écrivit les
partitions destinées la Musique Com
munale qui joua pour la première fois
au Carnaval de 1882, l'air du Reuze
tel qu'on l'entend aujourd'hui encore.
Tac-Coen, fut Paris de 1875
1891, le compositeur succès, le Chris
tine, le Vincent Scotto de l'époque.
SA VIE.
Nous allons brièvement raconter sa
vie.
Le père de Tac-Coen, Constantin-Fi
dèle-Armand Taccoen, était Cassellois,
issu d'une famille aisée de cultivateurs.
En 1840, il épousait Fidélia Rency,
dont le père, Francis Rency était fer
mier et éleveur de l'Estaminet de l'Ho-
flandt, Hazebrouck.
Le jeune ménage s'en alla chercher
fortune en ville et reprit Lille, l'Au
berge de la Tête d'Or, qui portait le
n° 27 de la Grand'Place.
La Tête d'Or était une des plus vieil
les tavernes de Lille, déjà citée dans
les comptes de la ville en 1381. Elle
formait, vers' la rue Esquermoise, le
coin de la rue de Tenremonde qui, élar
gie, devint la rue Nationale.
C'est là que, le 8 novembre 1841,
5 heures du matin, naquit Auguste-Al
fred Tac-Coen. L'enfant fut élevé
Cassel par ses tantes paternelles, Rose
et Pélagie, deux vieilles filles qui te
naient une épicerie au numéro 16 de
la rue de Lille, devenue rue du Maré-
chal-Foch.
Tout jeune, il s'inscrivit la Musique
Communale dont il ne tarda pas de
venir l'un des bons éléments. Son pre
mier professeur, fut Louis Marin, qqi
était alors receveur buraliste.
tes. Nous attirons votre attention sur
ce point, car plusieurs Congressistes qui
ont manifesté l'intention de prendre
part l'excursion ont jusqu'à présent
négligé de s'inscrire, (et aussi parce que
le nombre des particioants est limité
400). Le nombre des Congressistes
français est particulièrement élevé.
Middelburg, mai 1938.
Lorsque Tac-Coen eut 15 ans, sn
parents le rappelèrent Lille. Il fut p]a.
cé en apprentissage chez un commer
çant ce qui ne l'empêcha pas de con-
tinuer ses études musicales, sous la di-
rection de M. Dubaele, l'un des meil
leurs professeurs de ce moment.
Quelques années plus tard, le jeune
comptable eut l'idée de former une cho
rale composée des employés de la mai
son de commerce où il travaillait tant
bien que mal.
Cette fantaisie n'eut pas l'heur de
plaire son patron qui le pria poliment
d'aller exercer ses talents ailleurs.
Voilà, 18 ans, le jeune homme sut
le Davé.
Bravement, Tac-Coen, qui ne se sen
tait aucune disposition pour les affai
res, chercha des engagements comme
pianiste accompagnateur dans les cafés
chantants. Le métier était d'un maigre
rapport, et le jeune musicien mangea
plus d'une fois, de la vache enragée.
Il voyagea au Danemark, en Belgique
en Hollande. Dans ce dernier pays,
fit la connaissance de celle qui devait
devenir sa femme, Eugénie Laroche, une
jeune fille d'une grande beauté, qui
mourut subitement un an peine après
son mariage Paris, rue de l'Entrepôt,
où le jeune ménage était venu se fixer.
Tac-Coen se remit voyager. Après
de multiples périgrinations, il se fixa
Nantes. Il s'y perfectionna dans l'art
musical, étudia l'harmonie et se mit
alors écrire les airs qui chantaient en
lui.
SON ŒUVRE
En 1872, le Grand Théâtre de Nan
tes donnait la première d'un opéra-co
mique de Tac-Coen Jean Leduc»
dont l'action se déroule en Bretagne.
En 1875, Tac-Coen venait se fixer
définitivement Paris. Il devait y
triompher. Pendant quinze ans, il fut
le compositeur succès. Les paro
liers se disputaient l'honneur d'être
mis en musique par Taccoen. qui si
gnait alors Tac-Coen, en deux mots,
pour transformer un nom pourtant bien
flamand.
Le nombre de chansons écrites par
Tac-Coen, de 1875 1891, est prodi
gieux. On en compte plus de trois mille,
sans compter plusieurs opérettes.
Dans sa production, il aborda les
genres les plus variés, en honneur au
café-concert cette époque.
Au lendemain de 1870, les chansons
patriotiques étaient au goût du jour.
Notre auteur sacrifia cet engoue
ment. On trouve dans son oeuvre «Ne
tre France Au Drapeau de la Fraj"
ce». «Les Soldats d'Afrique». Nc
touchez pas au drapeau Tenons-
nous prêts L'honneur du Soldat
(dédié au général Boulanger) et le ce'
lèbre Forgeron de la Paix qui eu
un succès prodigieux et fut chanté dans
tous les villages de France.
Citons aussi des chansonnettes mili
taires du Polin d'avant la lettrf.'"
Un cuirassier sanscuirasse No
Tourlourou et La Belle Margoton
oui y ont adopté les paroles les plus -
lèbre Madelon et dont le refrain es^
passé dans le répertoire des troupier
qui y ont adopté les paroles les plus.-
militaires.
Dans les chansons boire, Verse-
les trois couleurs fut celle qui fit c°n
naître Tac-Cœn et le lança. Il écr'je
encore Buvons tous les vins
France Le refrain du vendangeur
L'esprit du chamoagne Le petl
(Suite de la page 4)