Attention A Ixelles. 6 -LA PROFESSION, mercredi 29-6-'3g Discours de M.VanAckere au Sénat Au seuil du débat sur son projet de loi, le Sénateur van Ackere en a dé terminé l'exacte portée. Nous donnons nos lecteurs le texte de ce discours, parce qu'ils y trouveront réponse la plupart des arguments des adversaires de l'organisation profession nelle. C'est dire la mauvaise foi avec laquelle, ceux-ci s'opposent toute me sure utile aux Classes Moyennes. Le moment est venu, après une lon gue attente, de donner aux Classes Moyennes les cadres légaux nécessaires pour remplir le rôle qui leur incombe dans la structure économique du pays. Le projet qui vous est soumis con stitue une solution de juste milieu éga lement éloignée des rigueurs d'un éta- tisme totalitaire et des licences d'une économie sans règle et sans frein. 11 consacre le* bienfaits reconnus de l'initiative privée, mais il impose au pouvoir de la discipliner, de la contrô ler et de l'arbitrer afin de sauvegarder les droits imprescriptibles de l'intérêt général. La proposition de loi laquelle mon nom a l'honneur d'être associé est, en réalité, une synthèse des travaux éla borés par les représentations officielles des Classes Moyennes, et principale ment des Chambres des Métiers et Né goces et du Conseil Supérieur des Clas ses Moyennes. Son principal mérite est d'avoir ren contré l'approbation unanime des mi lieux professionnels. Si certains organismes, conscients de la situation alarmante de leurs affiliés lui reprochent de ne pas aller assez loin dans la voie d'une rénovation devenue indispensable, ils le considèrent néan moins comme le meilleur point de dé part. Il est remarquable, en effet, que de puis le dépôt la Chambre, en 1935, de cette proposition de loi, toutes les cam pagnes menées travers le pays en fa veur de l'organisation professionnelle des métiers et négoces se sont basées sans exception sur les idées maîtresses du présent projet. Les détails de celui-ci vous sont con nus. J'ai d'autant moins y revenir que l'honorable rapporteur, M. LOHEST les a, naguère encore, parfaitement ana lysées et mis en lumière. Dès lors, mon intervention n'a d'au tre but que de souligner la valeur et l'importance des milieux auxquels cette réforme s'adresse de vous rappeler les sentiments qui ont présidé son élabo ration et, accessoirement, de vous si gnaler certaines objections qui ont été ailleurs définitivement réfutées. Les Classes Moyennes commerçan tes et artisanales sont actuellement dans une situation angoissante. Un tel état de choses, s'il persistait, deviendrait hautement dommageable a l'équilibre économique et moral du pays. Veuillez en effet considérer que, sur les 550.000 entreprises commerciales et industrielles que compte la Belgique, 500.000, soit plus des 9/1 Ornes et je ne parle que de celles qui occupent moins de dix ouvriers et employés sont entièrement dans leurs mains. Comment méconnaître la gravité des incidences, sur la vie économique et sociale de la nation, de tout ce qui affecte leur état Et cependant, on a pu dire que les petits artisans et les petits commerçants sont en train de constituer une nouvelle classe de pro létaires qui est refusé le bénéfice du progrès social. La durée de leur journée de travail est demeurée ce qu elle était pour 1 ou vrier il y a un demi siècle. La plupart d'entre-eux travaillent encore le di manche, ils ne connaissent guère pour eux-mêmes ni les vacances ni les assu rances contre les accidents, la mala die et la vieillesse, dont ils contribuent pourtant doter de leurs deniers leurs propres collaborateurs. Et ce sont les économies de leurs bas de laine du moins ce qui en res te lorsque le fisc, aux dires d'un an cien Ministre des Finances, leur fait supporter les 8/1 Oes du montant total des impôts, lorsque le fisc et les place ments douteux y ont achevé leurs ra vages ce sont leurs économies, dis-je, qui constituent leur caisse non pas nationale cette fois mais familiale et privée, de chômage invo lontaire. Telle est, vous le savez, la situation pratiquement intenable, faite dans un pays libre la classe sociale la plus individualiste de la nation. Cet individualisme qui est, en fait, une des forces et une des valeurs les plus précieuses de la communauté, com porte, hélas, sur le plan économique, dans un monde livré depuis la guerre aux coalitions d'intérêts, un élément d'infériorité qui met leuT existence mê me en péril. Les Classes Moyennes l'ont compris. Sans attendre l'aide de l'Etat, elles ont spontanément créé une remarqua ble diversité d'organisations profession, nelles et sociales auxquelles le présent projet de loi n'a d'autre but que d'as surer une coordination devenue indis pensable. 11 doit leur permettre désormais de remplir, dans le respect des droits de tous, le r.ôle qui leur est dévolu dans la structure économique du pays. Qu'il me soit permis de vous rappe ler les sentiments qui nous ont guidé, et de rencontrer certaines objections qui nous ont été 'faites. Avant tout, nous avons voulu res pecter la liberté constitutionnelle, res pecter ce qui avait été réalisé jusqu'ici, et borner le rôle de l'Etat la consé cration de l'œuvre due l'initiative privée. La liberté d'association est la base de notre proposition, et il est erronné de prétendre que ce que 1 on a appelé la cotisation obligatoire serait une atteinte cette liberté. Le malentendu tiens dans un mot, car le terme coti sation veut tout simplement dire ici une contribution l'organisation de la profession, comme 1 a fait ressortir si judicieusement rotre rapporteu.. 11 est juste, en effet, que tous ceux qui exercent une profession contribuent couvrir les frais nécessités par l'orga nisation rationnelle de cette profession profitable tous ses membres. Il fallait mettre fin une situation qui permettait une majorité d'assister les bras croi sés au travail de quelques membres qui payaient de leur bourse et de leur per sonne, et de profiter de ces efforts. Les processions possédant déjà un statut légal, tel l'ordre des avocats, appliquent cette règle sans que jamais personne y avait vu une atteinte la liberté con stitutionnelle d'association. Nous avons voulu aussi, consacrer les résultats déjà obtenus ce jour. Ce n'est pas d'hier que date le mouvement d'opinion en faveur de l'organisation professionnelle des Métiers et Négoces. En 1902, époque où eut lieu la pre mière enquête nationale sur la situa tion de la petite bourgeoisie, la néces sité de cette organisation fut mise en lu mière. Il a fallu les bouleversements écono miques et sociaux des années qui suivi rent, il a fallu surtout qu'il surgît de toute part de nouveaux amis des Clas ses Moyennes, pour que l'idée fit des progrès, progrès de plus en plus rapi des, et qui ont abouti en 1935, la mise au point des textes qui vous sont soumis. Si j'insiste sur cette date de 1935, c'est qu'à cette époque il n'était pas question d'un projet d'organisation professionnelle générale. Le ConseU Supérieur avait termine ses travaux, et la proposition était déposée la Cham bre, par les soins de M. Joris et de moi-même, quand, sans doute l'exa men de cette proposition, l'on jugea dans certains milieux qu'il ne fallait pas organiser les Classes Moyennes dès Mé tiers et Négoces, sans organiser en mê me temps les autres professions. Ce sera la gloire des Classes Moyen nes et de leur représentation officielle, d'avoir été les premières présenter un projet précis et constructif, et créer une ambiance favorable l'idée de l'or, ganisation professionnelle. fut ainsi, sinon arrêté, du moins cou- sidérablement retardé. Des études furent faites, des com missions officieuses ou officielles fu. rent constituées (où les Classes Moyen- nés artisanales et commerçantes étaient peu ou point représentées) et cela, pour chercher une formule de cadre assez souple pour n'écarter personne, assez précise pour offrir quelque garantie de succès. La formule qui est sortie de ces pour, parlers, ce que nous avons appris, ne tient pas compte des intérêts spécifique, ment Classes Moyennes, Certes, elle n'exclut pas la réalisation des idées es sentielles contenues dans notre projet, mais elle se borne cela et elle ne pré voit pas ce que nous voudrions y voir apparaître. D'autre part, certains ont vu dans no tre projet une manifestation de classe, une tentative de privilège en faveur d'une catégorie de citoyens. Malheureusement, notre mouvement (Voir suite dans le prochain numéro) Une loi a été votée réglementant les heures de travail en matière de travail diam en taire. A la Chambre, elle fut votée... l'unanimité. Au Sénat elle passa aussi. Cette loi quoique l'on dise impose l'artisan diamen- taire, travaillant pour son compte per sonnel, en son domicile, l'obligation stricte et formelle de se soumettre au même titre qu'un ouvrier la régle mentation intervenue. Et alors Que devient l'inviolabilité du domicile dans cette mesure Ne se propose-t-on pas de domestiquer main tenant les petits patrons Décidément, il est écrit que les Classes Moyennes commerçantes et artisanales sont bien défendues au Parlement Le mérite, d'avoir remarqué ce tout petit détail mais gros de conséquence dans la loi, revient Monsieur Crokaert, sénateur catholique et ancien Ministre. Gloire et hommage lui en soit rendu Mais.la loi existe Et une quasi-unanimité des Parlementaires en est responsable. H. NOTRE ARRET DE MORT OU L'ACTE DE NAISSANCE DE LA PLACE Ste CROIX L'autre jour, nous étions invité donner une conférence sur l'organisa tion professionnelle dans un milieu de commerçants. Un conférencier nous avait précédé la tribune et avait mis nu une situation propre aux commer çants de l'endroit. Il s'agit de la Place Ste Croix. Notre précédesseur s'était fait l'écho, avec une bonne foi évidente, des do léances des commerçants du quartier. If affirme entr'autres que la place Ste Croix, autrefois l'orgeuil d'Ixelles, tou jours encore en étendue la 5 me place publique du pays, était aujourd'hui de venue un véritable cimetière. Il y a belle lurette, elle fut démolie pour être reconstruite dans un style de notre épo que. Elle n'est même pas encore pré sent en chantier... Et notre orateur de conclure que, la carence de l'adminis tration communale est impardonn-,h! et d'annoncer que le comité a va h adres sé qui de droit une mise demeure, conçue dans des terme:' fore peu ad ministratifs, mais cruellement précis. Connaissant fond la question dé battue, sachant que la responsabilité de la commune était réelle mais non totale, nous avons suggéré l'assem blée, avant d'aborder notre sujet, d'in viter le Bourgmestre venir expliquer en cette qualité, et non pas avec les dé fauts inhérents tout homme de parti, les tenants et les aboutissants du pro blème. Aussi il aurait l'occasion de définir publiquement les engagements pris et susceptibles d'être respectés dans l'or dre de la reconstruction totale de la Place Ste Croix. Et nous terminions notre préambule (qui ne dura guère plus de deux minutes, détail retenir) en mettant l'assemblée en garde contre de vagues promesses et en lui recom mandant de rester dans tous les cas vigilante et toujours également prête une action qu'elle avait décidé d'en treprendre auprès du pouvoir commu nal et de l'opinion publique Ixelloise. En bref, nous avons demandé ses honnêtes commerçants de ne juger un cas, qu'après instruction. Peut-être parce que loyale, certaine- dent parce que juste et pratique, notre proposition fut retenue. La conférence de bourgmestre eut lieu. Atmosphère de curiosité, de sym pathie et de scepticisme. Ejlle permit d'enregistrer des promesses formelles, des engagements précis avec date et or dre d'avancement des travaux envisa gés. Ceux-ci devaient commencer, au 15 juillet au plus tard, soit environ un mois et demi de date de la con férence, qui elle s'est tenue au début de juin. En présence de pareille certitude et précision, le Bas-lxelles fit confiant* Mr Eugène Flagey, Bourgmestre, et cela dans les limites du compromis in tervenu. Il le fit avec d'autant P'"5 d'empressement que la personnalité de Eugène Flagey semble être devenue hors cause dans le litige existant, et «1°* dans son ensemble l'administration d'Ixelles est plutôt bonne. Tout l*e lois en conviendra. Toujours est-il que le calme revim dans ce quartier, depuis un bon m0" ment particulièrement et combien tement en émoi. C'est ainsi que reP rent place dans chaque foyer de mer-ar.t beaucoup d'espoir et déia peu de bonheur... A présent, le Bourgmestre agit- -est commerçants attendent patienim (Voir suite page 8).

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