Institut des Classes Moyennes SUITE DE LA Ire PAGE- L'objet, les attributions et le champ d'activité de cet Institut sont déterminés par l'article 3. Ces dispositions sont aussi vagues qu'étendues aussi fau- dra-t-il qu'elles soient précisées par le règlement organique visé l'article 2. La première question qui se pose est de savoir si cet institut répond réelle ment une nécessité. L'exposé des mo tifs y répond comme suit Les chiffres cités, les rapports et les discours, les articles de presse, les po lémiques sont basés trop souvent sur des estimations insuffisamment fondées, sur des hypothèses et des comparaisons hasardeuses leur divergence est de na ture leur enlever toute autorité. Il s'ensuit que de nombreux pro blèmes ne peuvent être résolus ou ne le sont que d'une façon imparfaite les pouvoirs publics hésitent prendre cer taines mesures réclamées par les clas ses moyennes, défaut de pouvoir con trôler les éléments sur lesquels s'ap puient ces revendications Pour ces motifs l'Institut projeté fut jugé nécessaire. Mais il y a plus. Cet Institut ne doit pas servir seulement documenter les pouvoirs publics, mais, et peut-être avant tout, la classe moyenne elle-même. Chaque entreprise de quelque impor tance possède un service d'études et de contrôle qui surveille toutes les phases de la production, de l'achat et de la vente, aux seules fins d'augmenter le rendement et les bénéfices de l'entre prise, en un mot de la rationaliser. Les entreprises des classes moyennes ne disposent pas de services de ce genre et n'en pourraient d'ailleurs supporter les frais. Les chefs de ces entreprises n'ont généralement pas reçu la forma tion nécessaire. L'agriculture a connu une situation analogue. Et comment ont été réalisées la ratio nalisation et la base plus scientifique de a direction de cette branche d'activité Grâce l'intervention des pouvoirs publics et du Boerenbond grâce des recherches scientifiques plus intensives et l'organisation d'un corps de con seillers agricoles. I L'Institut doit devenir non seulement un lieu de concentration de statistiques et de documentation, mais une espèce de brain trust pour les classes moyennes. La nécessité de cet organisme une ois admise, on peut se demander si Office actuel des Classes moyennes "o pourrait pas comprendre le nouvel ustitut. Est-il bien nécessaire, au mo ment où plus que jamais il est ques tion d'économies et de réduction de dé penses, de créer un nouvel organisme Autonome, qui coûtera incontestable ment plus au pays que s'il faisait par- fle du Département même. Si nous consultons l'arrêté royal créant l'Office des Classes moyennes, nous ne voyons de ce côté aucune ob- ection ne pas créer le nouvel orga sme dans le cadre du Département ^ose d'ailleurs possible sans une loi. L arrêté royal du 15 janvier 1906. Publié au Moniteur du 21 janvier 1906 dispose en son article 2 *L Office des Classes moyennes aura P°ur mission 1° de recueillir et de coordonner 7S Enseignements sur les conditions où Exercent les petits métiers et négoces. d une manière générale, sur la si tuation économique des personnes ap partenant aux classes moyennes, d étu- ier les effets des lois qui les concer tant, tant en Belgique qu'à l'étranger, et de concourir la préparation de lois °u de mesures nouvelles *2° de veiller l'exécution des lois et ^ement existants. Un arrêté royal du 15 décembre 1906 a précisé, dans le même esprit, cette mission et ce rôle. Il va donc de soi que le Ministre a le droit, sans autorisation du Parlement et sans loi nouvelle, de créer au sein de l'Office des Classes moyennes un organisme du même genre que l'Insti tut dont il est question ici. On peut même se demander pourquoi il n'en a pas été ainsi depuis longtemps. Cet éta blissement aurait évidemment une inci dence sur le montant du budget du Dé partement en question, budget qui ne peut se passer de l'approbation du Par lement. Pourquoi faut-il donc un établisse ment autonome qui, inévitablement en traînera des frais plus considérables Il n'existe pas, en effet, d'organisme de l'espèce pour l'industrie. Chaque entreprise industrielle doit procéder elle-même ces études et en supporter les frais. L'agriculture non plus ne possède d'institut autonome. Le Département se charge lui-même de colliger les statistiques et d'étudier les situations pour en tirer les consé quences nécessaires. La situation est toute différente pour les classes moyennes les intérêts y sont fort divergents et la mutiplicité des entreprises et leur diversité sont bien plus complexes. Les études et recherches scientifiques seules n'y sont d'aucun profit il n'e xiste pas de statistiques économiques re latives aux classes moyennes. Le tra vail d'étude qui s'impose en faveur des classes moyennes ne doit et ne peut être effectué qu'au moyen d'enquêtes indi viduelles, de recherches par profession ou par groupe d'entreprises pour une branche déterminée, et cela entreprise par entreprise. Ce travail ne peut donc être efficace et utile que si les chefs d'entreprises eux-mêmes y collaborent librement et loyalement et fournissent, en toute sin cérité et franchise, les renseignements indispensables en réponse aux questions posées. Personne de nous n'ignore que les membres des classes moyennes ont en horreur les ingérences et enquêtes offi cielles et voient dans chaque visiteur officiel un agent du fisc. Surtout s'il s'agit de faire des révélatoins confiden tielles au sujet de leurs propres affaires dont ils sont si fiers. Si l'on ne veut donc pas vouer un échec certain les études la lumière des visites personnelles et d'interroga toires, il faut que ceux-ci soient faits par des personnes favorables aux clas ses moyennes, qui peuvent s'entretenir aimablement avec leurs membres, qui leur inspirent confiance et s'en rendent dignes. Gn réalisera mieux cette condition in dispensable et l'on atteindra mieux le but préposé au moyen d'un établisse ment qui n'ait aucun rapport avec le Gouvernement, qui soit' affranchi de toute routine administrative, et de toute politique et qui, par le fait, possède plus d'indépendance et de liberté d ac tion. Un établissement autonome travail lant exclusivement en faveur des entre prises des classes moyennes, peut faire appel éventuellement la collaboration d'associations profesionnelles et de par ticuliers, alors que le Département ne le peut pas et doit faire payer son acti vité par la collectivité. Examinons d'un peu plus près le champ d'activité de l'Institut, le do maine de ses recherches et études et la nature de la documentation rassem bler. Tous les dix ans il est procédé un recensement général de la population, dont les résutats ne sont publiés que quelques années plus tard. En 1935 il a été procédé un recen sement économique dont les résultats n'ont toujours pas été publiés. En période de changements rapides de la conjoncture économique, comme celle que nous traversons actuellement, ces statistiques sont donc déjà périmées au moment où elles paraissent. Au sur plus ces statistiques ne renseignent pas toutes les données nécessaires l'étude du problème des classes moyennes. Il importe que cette situation puisse être contrôlée d'une façon régulière et constante, que cette statistique soit te nue jour. Il faut pouvoir se rendre compte tout moment de l'apparition ou de la disparition d'entreprises. On doit pouvoir constater si le nombre d'en treprises d'une région déterminée reste proportionnel la population ou devient disproportionné celle-ci s'il se crée de nouvelles entreprises et si celles-ci répondent de nouveaux besoins. En même temps on doit pouvoir dé terminer les causes de la disparition des entreprises manque de compétence et de capacité, pénurie de capitaux, occu pation pléthorique de l'entreprise, dés accord dans le ménage, négligence ou dilapidation de la part du chef, etc. L'Institut doit pouvoir compter cet te fin sur la collaboration bienveillante de particuliers, d'associations profes sionnelles, de Chambres de Métiers et Négoces, d'administrations communales, des tribunaux, du fisc, etc. Un Institut autonome ne peut exi ger des renseignements de ces orga nismes, s'il n'y est expressément auto risé par la loi. Combien n'y a-t-il pas d'entreprises des classes moyennes, tant dans le com merce que dans l'artisanat, qui se voient menacées dans leur existence même, qui ne réalisent pas de bénéfices ou guère, par manque de jugement ou de connaissances, parce qu'elles achè tent dans de mauvaises conditions, par ce que leurs frais généraux sont trop élevés par rapport leur chiffre d'af faires, parce que leur atelier est mal organisé et que les machines sont mal montées ou que la force motrice est appliquée d'une façon irrationnelle, etc. Les recherches de l'Institut peuvent y apporter une amélioration sensible, non pas directement, non pas en fai sant procéder une enquête distincte dans chaque entreprise, mais par la pu blication des résultats des enquêtes sur une série d'entreprises lucratives appar tenant la même branche d'industrie. Par voie de comparaison chaque chef d'entreprise peut faire son propre exa men de conscience et établir où et com ment sa direction s'est trouvée en dé faut, auels égards sa gestion est res tée en faute. L'Institut devrait donc pouvoir com prendre un service de conseillers tech niques ou pouvoir y renvoyer. Il va également de soi que l'Insti tut doit comprendre un vaste service statistique. Il devrait pouvoir rassembler et coor donner toutes les réglementations pro fessionnelles existantes, tous les règle ments relatifs au commerce, la con currence déloyale, au contrôle et l'hy giène des denrées alimentaires. Il de vrait être en possession de toutes les réglementations professionnelles et de tous les contrats passés en vertu ou l'occasion de la loi du 15 janvier 1935 et de tous les contrats venir pouvant et devant découler de la loi sur 1 orga nisation professionnelle. Il doit rassem bler également de la documentation con cernant les autres pays. Il peut arriver également que les re cherches exécutées fassent conclure la nécessité de la prise de certaines me sures, de la promulgation de certains règlements. Mais toute cette activité doit échap per la compétence de l'Institut. L'In stitut n'a pas de suggestion faire n'empêche que les pouvoirs publics doi vent tenir compte des conclusions dé coulant des études entreprises par l'In stitut et condensées dans les rapports. Ceux-ci seront le résultat de l'expé rience acquise et devront porter la mar que de l'impartialité et du désintéresse ment. Nous croyons qu'i résulte suffisam ment de ce qui précède que toute l'activité et le fonctoinnement de l'In stitut projeté, s'il veut réellement attein dre son but, exigera de ses fonction naires une grande dose de dévouement, de capacité, de tact, de patience et d'adresse. N C est dire combien tout dépendra de la capacité et de la compétence de ce personnel. Il résulte clairement de cet exposé qu'aux fins susdites, un Institut auto nome est de loin préférable une orga nisation de l'espèce au sein du Dépar tement. - En ce qui concerne le financement de cet organisme la question se pose de savoir si les dépenses qu'entraînera un fonctionnement exclusif au profit d'une classe de la population, ne de vraient pas plutôt être couvertes par une taxe spéciale appliquée aux intéressés. La réponse cette question doit évi demment être négative, parce que la même question pourrait être posée en ce qui concerne les autres budgets et subdivisions de budgets d'autres dé partements. Le bien-être des classes moyennes ressortit au bien-être général, tout autant que celui des autres classes et les dépenses nécessaires cet Institut doivent être considérées comme des dé penses d'intérêt public. Mais il se conçoit toutefois que cet Institut puisse être subsidié par des particuliers et des associations profes sionnelles, ainsi que le permet et l'es compte l'article 4. Nous exprimons mê me l'espoir, qu'une fois votée la loi sur l'organisation professionnelle, cela de vienne la règle générale. Faisons remarquer en passant qu'aux Pays-Bas les frais de l'Institut Econo mique sont pour la moitié charge de l'Etat et pour l'autre moitié charge des Chambres de commerce et d'indus trie. L'exposé des motifs estime que la contribution de l'Etat ne devra pas dé passer le montant d'un million par an. Ce chiffre ne constitue pas un maxi mum formel. Le Conseil d'Administration sera composé de dix membres nommés par le Roi. Ne serait-il pas préférable que ce chiffre fût impair, en vue d'arriver éven tuellement une majorité qui ne de vrait pas être cherchée dans la voix prépondérante du président. Le secret des votes en serait respecté par le fait. Il faudra veiller spécialement A ce que les classes moyennes soient suffisamment représentées au sein du Conseil d'administration et y possèdent la majorité. Ce Conseil d'administration doit avoir la confiance absolue des clas- ses^moyennes, car, ainsi que nous l'a vons dit plus haut, le bon fonctionne ment de l'Institut dépendra totalement de la confiance mise par les chefs d'en treprises dans cet organisme. II faudra veiller également la re présentation des différentes régions du pays et les différentes catégories d'in térêts, ce d'après leur importance et le chiffre de leur population. II en sera de même du point de vue linguistique. SfW 5i jTwJ

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Le Sud (1934-1939) | 1938 | | pagina 7