Le rôle de la brasserie
le commerce
du houblon
LE SUD, supplément du 11-9-1938."
L'importance du problème.
Il nous suffira de citer quelques chif
fres pour souligner l'importance du pro
blème. La brasserie belge a importé en
1931 pour 41 millions de fr. de houblon
1932 29
1933 46
1934 64
1935 49
1936 55
1937 42 millions de francs.
Ce qui représente une moyenne d'en
viron 45.000 quintaux métriques d'im
portation de houblon.
Il est inutile d'insister sur l'impor
tance pour la Belgique de se pourvoir
en matière première indigène. Les bras
seurs ont fort utilement employé l'argu
ment patriotique en conseillant aux bel
ges de boire de la bière belge de préfé
rence la bière étrangère. Ils n'auront
aucune difficulté comprendre que leur
devoir est d'acheter, qualité égale, du
houblon belge au lieu de se fournir
l'étranger. La question de la qualité
étant résolue, nous concevons fort mal
que des brasseurs belges puissent laisser
se déprécier du houblon belge, au lieu
de soutenir notre culture nationale.
La question de la main d'œuvre.
Il faut ajouter que non seulement il
s'agit de se fournir chez nous, de fa
voriser par conséquent notre vie éco
nomique et |de soutenir l'agriculture,
mais que tous les faiseurs de plans et
tous les théoriciens de l'économie trou
veraient, ici l'occasion de se livrer une
étude pratique. Ils pourraient fort utile
ment, sans avoir recours la politique
des grands travaux, envisager, par l'ex
tension des cultures spécialisées, la ré
sorption partielle du chômage dans no
tre région.
Ces techniciens et théoriciens consta
teraient que la culture du houblon exige
d'abord un capital de base pour la pre
mière installation, qui doit revenir ac
tuellement aux environs de 25.000
francs l'Ha. Que la culture dans notre
région revienne un millier d'hectares
l'augmentation ne comportant que les
variétés demandées par la brasserie, et
voilà du travail et une immobilisation de
plus de douze millions.
1
Mais il faut ensuite entretenir la hou-
blonnière Que d'heures de main d'oeu
vre pour cet entretien, pour la fumure
du sol, pour le travail du sol (20 jour
nées pour un hectare), pour la lutte
contre les maladies pour la cueillette,
le séchage, le transport. Et dans une
note que nous recevons nous trouvons
nn détail, qui mérite d'être relevé rien
que la toile nécessaire pour emballer le
houblon offrirait notre industrie tex
tile des commandes qui ne seraient pas
négligeables.
Un chiffre est d'ailleurs particulière
ment significatif. Des estimations rigou
reuses, la suite de calculs que nous
nvons vérifié, établissent le prix de re
lent des 100 livres de houblon aux
environs de 550 francs pour une pro
duction moyenne. Combien n'entre-t-il
pas de main d'oeuvre dans ce prix de
revient
H n'est pas excessif d'affirmer que le
redressement économique de notre ré-
fl'on est en grande partie fonction du
relèvement de la culture houblonnière.
L'attitude de la brasserie.
Ne cherchons pas les responsables.
Partons de la situation de fait en 1938.
La brasserie belge n'a plus le droit de
nier la valeur de la production houblon
nière belge, ries techniciens, d'une part
et les essais concluants qui ont été faits,
d'autre part, établissent que le brasseur
belge peut et doit continuer acheter
du houblon belge.
Faudra-t-il en venir aux mesures ex
trêmes Nous sommes devant une me
nace certaine le houblon tchécoslova
que ne trouvera pas de débouchés en
Autriche. Les droits d'entrée dans la
plupart des pays sont nettement prohi
bitifs, et par conséquent la Tchécoslo
vaquie va déverser vers la Belgique
des prix désiroires ses exportations. La
brasserie belge va-t-elle permettre que
notre culture houblonnière soit ainsi me
nacée de mort, quitte subir, au jour
où le producteur étranger pourra te
nir la dragée haute, les tristes consé
quences de son égoïsme actuel.
La solidarité nationale laquelle les
brasseurs font appel pour éviter l'enva
hissement de la Belgique par les bières
étrangères, cette solidarité n'existe-t-elle
plus lorsque le moment est venu de
défendre ou même simplement d'encou
rager le planteur belge.
Faudra-t-il que le planteur exige des
droits d'entrée très élevés, et auxquels
il a droit, sa production étant devenue
meilleure Faudra-t-il que le planteur
exige du gouvernement, comme en
France, que la production brassicole
belge incorpore d'office une quantité dé
terminée de houblon belge
Nous posons la questions aux bras
seurs. Il est indispensable que le plan
teur belge sache que le brasseur belge
ayant besoin de près de 65.000 quintaux
métriques de houblon par an, il est heu
reux de pouvoir trouver chez nous 5,10
ou 20.000 quintaux métriques de hou
blon de qualité. Il ne faut pas- que le
brasseur, se dise que le cultivateur bel
ge sera obligé, certains moments, de
liquider son houblon, et dans l'espoir de
cette liquidation remette ses achats afin
de faire, sur le dos de son concitoyen,
une bonne petite affaire.
Nous demandons la brasserie d'agir
loyalement avec le cultivateur belge.
C'est son devoir et son intérêt, et c'est
en même temps un service qu'il rend
son pays.
Buvons de la bière belge, certes, mais
condition qu'elle incorpore du houblon
belge de qualité. En 1937 certaines
brasseries ont fait un sérieux effort.
Nous le reconnaissons bien volontiers,
et nous espérons qu'en 1938 elles con
tinueront dans cette voie.
L'abbé Alph. DE JAEGHER
(mort en 1930) qui se dévoua après la
guerre la restauration des houblon-
neries de Poperinghe.
M. Hector Miserez, inspecteur principal au Mi
nistère de l'Agriculture, mort en 1924, et qui
s'intéressa tout spécialement l'amélioration de
la technique de la culture du houblon dans le
pays d'Assche.
La question serait fort délicate
traiter si nous nous mettions étudier
l'aspect spéculateur de ce problème.
Nous croyons qu'il ne faut pas s'attar
der ce problème, et dans cette bran
che comme dans tant d'autres, les spé
culateurs ne sont pas les techniciens
mais bien les profanes.
Ce qui retient notre attention est in
finiment plus utile pour la défense du
houblon belge. Et d'ailleurs le problè
me n'est pas spécial au commerce do
houblon. Nous connaissons d'autres
exemples absolument comparables.
Les négociants belges introduits au
près de nos brasseurs se trouvent han
dicapés par la concurrence des mar
chands étrangers, qui viennent offrir
chez nous une marchandise des prix
parfois dérisoires, profitant de primes
d'exportation de leur pays. Ces mar
chands concluent leur marché, et ensuite
refranchissent la frontière. Ils n'ont
payer aucune taxe professionnelle, et ils
échappent de multiples frais qui grè
vent le négociant belge.
D'ailleurs les négociants viennent
d'adresser une protestation au gouver
nement. Ils demandent que tout mar
chand étranger ait un répondant en
Belgique, et. que le marché soit conclu
en association avec un négociant belge.
Cela nous paraît logique, condition
que les négociants en houblon soient ab
solument convaincus de la nécessité
d'une sérieuse organisation profession
nelle, et de l'inscription de tout profes
sionnel sur le registre de sa profession.
Il est certain que le négoce belge par
faitement organisé aura tout intérêt
soutenir la vente du houblon belge, et
d'autre part le marché étant plus régu
lier le cultivateur pourrait consentir une
certaine réduction de prix du houblon
belge vis-à-vis du houblon étranger,
qualité égale, afin d'introduire sa pro
duction sur le marché national.
Car vous ne voyez pas le marchand
étranger proposer du houblon belge
nos brasseurs et d'autre part même si
le négociant belge est fournisseur vous
ne verrez pas le brasseur, content d'une
marchandise étrangère, se livrer un es
sai de marchandise nouvelle, s'il n'y
trouve pas un certain avantage de prix.
Enfin une question importante doit
être soulevée le marchand est l'inter
médiaire normal et régulier entre le
brasseur et le planteur. Il faut donner
au marchand l'occasion d'offrir une
marchandise de premier choix au bras
seur, afin d'introduire le houblon belge
dans la fabrication de la bière belge.
Comment le pourra-t-il si tous les lots
de première qualité sont vendus directe
ment du planteur au brasseur Nous
avons entendu un brasseur nous dire
de bonne foi lors des expositions de
houblon toute la bonne marchandise est
vendue nous n'allons pas nous risquer
oendant le restant de l'année acheter
le rebut.
Nous jetons ces différentes idées
dans le débat, car nous sommes convain
cus que la réputation du houblon belge
de qualité, postule avant tout un com
merce du houblon parfaitement orga
nisé.
D'ailleurs c'est l'idée générale qui res
sort de ces différents articles tous sont
sollidaires de la production le plan
teur et le propriétaire de la ferme, l'ou
vrier agricole et le commerçant de la
région, le négociant en houblon et le
brasseur. Cette solidarité exige une or
ganisation parfaite, et cet ordre est sour
ce de richesse et garantie de la naix so-
cialle. Souhaitons que les négociants en
houblon apportent une contribution im
portante la créat.'on de cet ordre