i r 'Hfe "LE SUD" 'LE SUD, dimanche 25 septembre 193g Edouard van Asten. L'inauguration du monument de la Reine Astrid Ypres a attiré l'atten tion du public belge sur un de nos bons sculpteurs Edouard van Asten. Dans les milieux artistiques Edouard van Asten n'est pas un inconnu, loin de là. Né Arendonck en 1888 il sui vit les cours de l'école normale de des sin et de modelage de Saint-Josse-ten- Noode, où il remporta une série de pre miers prix de 1905 1908. A l'aca démie Royale de Belgique il achève sa formation sous la conduite de maîtres de la valeur de Dubois, Rousseau et Vanderstappen. Il1 enlève dans toutes les classes de sculpture une nouvelle sé rie de premiers prix, et depuis 1910 par ticipe tous les Salons triennaux. même temps l'architecte et le sculpteur. Citons encore le monument Wilford Tamise, la statue du Pavillon Solvay l'Exposition de Bruxelles, et enfin une très flatteuse distinction il est classé second au grand concours national pour le monument au Roi Albert l'Yser. Ce résumé de la carrière de van As ten explique les appréciations élogieuses qui entourent le monument de la Reine Astrid Ypres. qui figurera par l'élé gance et la sobriété de la ligne, autant que par la beauté du regard de la Sou veraine, parmi les œuvres de valeur de l'artiste. La guerre le surprend en plein tra vail. Il participe au début de la cam pagne, et est fait prisonnier en Hol lande. En exil il continue travailler, et expose en 1916 Dordrecht où il at tire sur lui l'attention des connaisseurs hollandais. Rentré Bruxelles il se remet aus sitôt l'ouvrage et est classé premier pour le monument aux morts de la guerre du Royal Daring Club de Bru xelles. L'année suivante il achève d'éta blir sa réputation en étant classé pre mier au concours pour le monument de Saventhem (1921). Mais van Asten a fait la connais sance d'un amateur d'art de Roulers, et celui-ci ne manque pas de faire l'élo ge de l'artiste. Aussi l'anversois, in stallé Bruxelles, est-il vite connu dans la région et reçoit-il la commande d'un monument qu'il exécute en collabora tion avec les architectes Renders et Steen le monument aux morts de Lan- gemarck en 1925. L'année suivante il sculpte le monument aux morts de Coolscamp. Et en 1929 le voici en plein Sud de la Flandre c'est le caracté ristique monument aux morts de War- neton, qu'il exécute en collaboration avec l'architecte van Hoenacker. Enfin en 1930 un concours est ouvert Audenarde. Van Asten est classé premier pour un projet dont il est en Mais l'art monumental de van Asten ne doit pas détourner l'attention du grand talent de l'artiste en tant que sculpteur de têtes. Nous avons visité l'atelier de l'artiste, 15, rue Isidore Ver- heyden Ixelles, et nous avons pu ad mirer de très belles pièces. Citons hors de pair la tête de l'Académicien Hubert Stiernet, auteur du Roman du Ton nelier et des Histoires hantées Et aussi cette délicieuse Brise de Prin temps »qui appartient au Musée de Gand. Nous passons d'autres têtes dont plusieurs ont été acquises par les Mu sées de Gand, Namur. Bruxelles, l'Aca démie Royale de Belgique, la Province de Brabant etc. La critique a d'ailleurs toujours été fort élogieuse pour l'artiste. Nous li sons dans la Flandre libérale sous la signature de A. Cavens, au sujet du ravissant portrait de Mlle R. Quel respect du modèle en particulier et de la rature en général, quelle délicatesse dans le modelé, quelle subordina'tion des détails cependant fouillés, au point de vue sculptural et décoratif propre au type, le visage quel frémissement de vie totale. A propos d'une autre exposition Louis Wilmet écrivait dans Le Ving tième Siècle A un sain réalisme, il sait allier de l'idéalisme. L'anatomie dû crâne se devine sous les muscles du visage, mais sur ces fronts et dans V' v. V. 'mÉmstBBSaamœ -v, V» Le monument de Langemarck. les regards vivent des pensées et s'agi tent des sentiments. Cette citation nous revenait l'esprit pendant le dï- filé des écoles devant le monument de la Reine Astrid Ypres. Nous avions l'impression, en fixant le visage de la Reine, que nous trouvions dans son re gard la fois joyeux et mélanoclique, cet amour qu'Elle avait pour tous les enfants, Elle qui répondit nn jour un enfant qui lui demandait son nom Je suis la maman de tous les petits en fants de Belgique. Et serrant dans un geste si naturel, si maternel son petit enfant, la Reine semblait dire aux enfants des écoles Voyez comme je l'aime, et tous je vous aime comme lui. Brise de Printemps (Musée de Gand) Terminons cette brève biographie de l'auteur, et ce coup d'oeil jeté sur roi œuvre, en ajoutant le témoignage d'un critique d'art autorisé, Gustave van Zype, qui écrivit dans l'Indépen dance Ward van Asten semb'e réu nir toutes les qnalités d'un vrai sta tuaire et être animé de la volonté de faire autre chose, de faire mieux que d'imprimer des formes ébauchées une expression confuse. Van Asten ne Cro't pas que l'art-se dinrnue en accepter t de s'exprimer clairement et de se s?.u,- mettre certaines lois .ce}'es nui r?J gent des œuvres point inférieures c-i beauté aux œuvres de la natur^. celVs qui, la sculpture demandent r"P ééP'f libre harmcr»ic-ré. 'dés rvthrnes re-nbLs d'embellir m décer. Les portraits.,-h s figures de V^n Asten set •tairws ex pressifs, ils le sont nerfe-'s.'"ten^'rnTp ils le sont avec de- fe—te r rile, mais sans, brutn'ité^dc:-;fpteo, ré fléchie et qui sait accomplir ce que la pensée a médité. Cette force n'a pas besoin pour s'exprimer, de dépouiller la figure humaine de tout ce qu'elle a de délicat et de souple Et, après avoir signalé les monuments de van Asten, le critique G. van Zype conclut C est là de la vraie statuaire. Depuis lors le talent de Van Asten a mûri, et il s'est donné avec passion l'œuvre commandée pour la Ville d Ypres. Il s'est entouré de toute la do cumentation nécessaire et des nombreux conseils de ceux qui eurent le bonheur d'approcher de près Sa Majesté la Reine Astrid. Et ce n'est que lorsque ceux-ci déclarèrent l'œuvre parfaitement réussie, que Van Asten consentit l'en voyer au fondeur. C'est la preuve de <~e que l'artiste de 'aient est aussi con sciencieux que doué. Le souvenir de la Reine Astrid Ypres est admirable ment perpétué par le beau monument inauguré ce 18 septembre 1938. C. v. R- EST LE JOURNAL DE TOUTE LA REGION.

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Le Sud (1934-1939) | 1938 | | pagina 6