Pierre Plancius.
Deux œuvre» typiques de
Van Asten
"LE SUD"
LE SUD, dimanche 25 septembre 1938'
FAITES VOS ANNONCES
dans
Nous avons signalé nos lecteurs
qu'une des tapisseries qui sera exposée
au pavillon belge l'Exposition de
New-York 1939, avait comme sujet un
épisode de la vie de l'Yprois Plancius.
Voici quelques renseignements bi
bliographiques que nous trouvons dans
une étude sur les hommes remarquables
de West-Flandre.
Pierre Plancius naquit, en 1550,
Dranoutre, village du district d*Ypres,
il obtint Je droit de cité Bailleul.
Mr Goethals donne, dans le troisième
volume de ses Lectures une belle
biographie de cet homme célèbre mous
en donnons ici un résumé.
Plancius reçut les premiers éléments
de son éducation Hondschoote, et alla
achever ses études en Allemagne et en
Angleterre. Ses parents 1 élevèrent dans
la religion évangélique et le destinèrent
même au ministère de ce culte. Quelle
que fut l'ardeur de Plancius pour les
Le buste de
l'académicien
flamand
Orner WATTEZ
Un sujet moderne
Trophée sportif.
études théologiques, il n'en approfondit
pas moins les sciences mathématiques et
géographiques, dans lesquelles il ex
cellait.
Nous aurons donc envisager Plan
cius sous un double point de vue nous
aurons le suivre dans sa carrière de
ministre du culte évangélique et l'ap
précier comme mathématicien et géogra
phe.
En 1676, la réforme semblait vouloir
se rétablir en Flandre. Plancius fut dé
légué pour y prêcher au peuple ses dog
mes et parcourut les campagnes de la
Flandre Occidentale en y répandant les
doctrines nouvelles. Son zèle s'anima en
proportion de la persécution qui s'atta
chait ses corréligionnaires. Il quitta
bientôt la Flandre, vint dans le Bra-i
bant braver la colère de Don Juan, et
prêcha successivement Malines,
Bonheyden, Bruxelles et Louvain.
Il parcourait ces endroits en mission
naire et débitait ses sermons en pleins
champs, et avec un tel succès que son
auditoire, ce que disent les historiens,
se composait souvent de plus de vingt
mille personnes. Dès que Plancius
s'aperçut que la Réforme perdait du
terrain en Artois, il quitta le Brabant
pour se rendre de nouveau en Flan
dre, afin d'y maintenir et défendre ses
doctrines. Il était Menin et Cassel
lors de la prise de ces deux villes par
les mécontents et faillit y être fait pri
sonnier, il dut traverser la Lys la nage,
pour échapper. Sa bibliothèque fut pu
bliquement brûlée Ypres.
Rentré Bruxelles, Plancius fut nom
mé, en 1578 ministre du temple calvi
niste qui y avai^été établi il occupa
cette place avec une grande distinction
jusqu'en 1585, époque de la reddition
de la ville au prince de Parme. Plancius
parvint sortir de Bruxelles en se dé
guisant en soldat, et alla se fixer en
Hollande où un bel avenir l'attendait.
Dès son arrivée Amsterdam, il fut
nommé ministre du culte calviniste et
se maintint dans cette fonction jusqu'à
sa mort. Il se fit constamment remar
quer par une ardeur religieuse peut-être t
exagérée et se montra d'une tolérance
excessive lors des débats soulevés en
Hollande par les Remontrants et les
Gomaristes ce fut un des Gomaristes
les plus exaltés.
Quand il fut question de reviser la
nouvelle traduction flamande de la Bi
ble, Plancius fut nommé par le Synode
de Dordrecht pour faire partie de la
commission chargée de cette mission
ce fait prouve toute évidence la con
fiance qu'il avait su inspirer ses cor
réligionnaires.
Quel que soit l'éclat avec lequel Plan
cius parcourut sa carrière de ministre
réformé, il est encore bien plus remar
quable comme géographe.
La Ville d'Amsterdam, dans l'intérêt
de son commerce, était restée fidèle
Philippe II, et jouissait du privilège ac
cordé par le roi de faire le commerce
des denrées des Indes Orientales. L en
trepôt en était Lisbonne, la Hollande
allait $'y approvisionner mais lorsque
la séparation des Provinces Unies de la
Couronne d'Espagne était devenue un
fait définitif et irrévocable, Philippe II
interdit le commerce de Lisbonne Am
sterdam.
Les Hollandais, ce peuple toujours
industrieux et persévérant, songeaient
faire directement le commerce avec
les Indes Orientales. Ils cherchaient
surtout s'affranchir du pavillon fran
çais sous lequel ils avaient navigué
jusqu'alors; mais il fallait avant tout
créer des marfhs qui fussent familiarisés
avec la connaissance géographique et
nautique des parages qu'ils devaient
parcourir. Plancius ouvrit Amsterdam
un cours de navigation; les marins ac
couraient ses leçons pour s'y instruire,
et allaient au sortir de ses cours appli
quer la théorie de leur professeur la
pratique nautique dans des voyages de
long cours qui étaient, dans le principe,
de véritables explorations. Puis, rentrés
Amsterdam, ils communiquaient
leur maître leurs observations et leurs
découvertes et lui donnèrent ainsi l'oc
casion de perfectionner l'art de la navi
gation. Plancius muni des renseigne
ments de ses élèves, parvint per
fectionner les premières cartes ma
rines du duc de Visco et com
poser un tableau des déclinaisons
c!e la boussole, dans les diverses ré
gions. Simon Stévin parle avec beau
coup d'éloge de ce tableau dans le 2me
volume page 172, de ses œuvres.
En 1594, et ceci mérite surtout d'être
remarqué, Plancius communiqua l'a
mirauté et aux commerçants des don
nées positives en apparence, sur une
route nouvelle vers la Chine et les Indes
Orientales, par la mer glaciale. Cette
pensée quf a occupé si Vivement les
navigateurs modernes, ne fut pas cou
ronnée d'une issue favorable et les ma
gistrats d'Amsterdam durent mettre des
entraves aux tentatives, qui ruinaient
ceux qui les entreprenaient.
Quoiqu'il en soit du résultat de cette
dernière entreprise, Plancius mérite
l'honneur d'être considéré comme le
créateur de la marine hollandaise. Et
ce n'est pas là son seul titre la re
connaissance de la postérité il con
tribua puissamment réunir en unè
seule association toutes les sociétés ri
vales de commerce qui exploitaient les
Indes, et qui se nuisaient mutuellement.
Ses efforts parvinrent faire promul
guer, en 1602, par les Etats, le décret
qui créait, sous leur puissante protec
tion, cette opulente compagnie des In
des Orientales qui devint promptement
la source de la prospérité et de la ri
chesse des Provinces-Unies.
Les rapides succès de cette compa
gnie valurent une grande réputation
Plancius, qui devint une autorité fort
estimée dans les questions de géogra
phie et de commerce. Il fut consulté
plusieurs fois par de hauts personnages
et entr'autres par l'ambassadeur de
France Jeannin, qui parle de lui lon
guement et avantageusement dans ses
rapports.
Ce fut Plancius qui composa la pla
nisphère pour le voyage d'Hinschoten
il paraît que le triangle austral lui était
connu, avant que Bayer, qui on en
attribue la découverte, ne l'eût remar
qué.
D'après la rapide esquisse que nous
venons de donner, on voit que Plancius
est certainement un des hommes les
plus remarquables de son époque, d'a
bord comme ministre zélé de la réfor
me calviniste, dans les principes de la
quelle il avait été élevé mais surtout
comme géographe et créateur de la ma
rine hollandaise et comme un de ceux
qui ont le plus contribué la forma
tion de la Compagnie des Indes Orien
tales.
Impr. M. Dumez-Truwant, Wervicq.