1 I Vingt ans après. arolet royales. L'Europe nouvelle ou Monde nouveau Hebdomadaire 50 cent le numéro. DIMANCHE 16 OCTOBRE 1938. 4e ANNEE No 42. Pour qu'une nation soit, il faut qu'une lolidarité nationale existe et qu'elle se cristallise dans la volonté du pouvoir. ABONNEMENT, I AN 20 FRANCS. Direction-Administration Ch. van RENYNGHE, 19, rue Longue de Thourout, YPRES. Compte-chèque postaux 1003.43. Nos aînés liquident le passé pendant que nous construisons l'avenir. Toute la politique française de l'après-guerre a poursuivi un but bien défini établir l'influence française dans l'Europe danubienne. Les hommes poli tiques de la Troisième République se sont imaginés capables d'achever la po litique de Louis XIV détruire l'Autri che, et, sur ses ruines, édifier l'hégé monie française. L'Empire austro-hon grois a été morcelé et, après vingt ans, l'influence allemande triomphe. Faut-il en chercher les raisons Il n'y en a qu'une la France a joué la carte slave, au lieu de chercher l'al liance latine. La politique néfaste de Louis Barthou, l'alliance avec Moscou, l'aventure des sanctions contre l'Italie, ont provoqué, en lever de rideau, le tragique épisode de l'assassinat du Roi de Yougoslavie, le retournement de la politique yougoslave avec le cabinet dic tatorial de Stoyadinovitch, et la Tché coslovaquie érigée en champion des dé mocraties. Et aussitôt, par réaction, l'alliance germano-polonaise, le renver sement de la politique roumaine, le re dressement de la politique grecque. La France perd chaque coup. Mais l'a veuglement est tel, que la politique né faste s'accentue. C'est le triomphe du Front Populaire. La politique des sancfions a forgé l'axe Berlin-Rome, et pendant que les puis sances dictatoriales établissent les fon dements de leur hégémonie en Europe Centrale, la France subit toutes les er reurs économiques de la démagogie du gouvernement Blum. Les faits donnent raison l'Italie et l'Empire est proclamé. Pourquoi l'Alle magne ne profiterait-elle pas de la fai blesse française pour réaliser le grand rêve l'Anschluss. Il suffit de vingt- quatre heures pour concevoir, décréter et réaliser ce coup d'audace unique dans l'histoire de l'Europe. L'influence alle mande s'en trouve accrue d autant, et la Yougoslavie, qui avait été 1 objet des sollicitations de la France et... de ses largesses financières pendant quinze ans, se précipite dans les bras de 1 Ita lie. D'autre part la Hongrie comprend qu'elle trouvera dans 1 Italie le seul al lié sérieux pour faire triompher sa poli tique révisionniste au détriment de la Tchécoslovaquie. Le dénouement du drame est fatal. Ta Tchécoslovaquie est isolée. La vic time de la politique absurde du Quai d Orsay doit succomber. La date du toup de force est la seule inconnue. Ce s«a la date que choisira M. Hitler. Et M. Hitler ayant choisi le 1er oc tobre 1938, la France épuisée par ses Politiciens, bernée par ses idéologues, vaincue par l'illusion de 1 alliance russe, brance abdique. Où en sommes-nous Comme nous 'écrivions la semaine dernière il fau dra plus d'une génération la France Pour panser les plaies de sa politique étrangère absurde et de sa politique in térieure criminelle. Pendant qu elle se tiendra sur la défensive, derrière le mur Maginot, l'Allemagne et l'Italie établi ront définitivement leur hégémonie sur l'Europe centrale, l'Europe danubienne, l'Europe balkanique. ...Avec la permission de l'Angleterre, et dans la limite où l'Angleterre le per mettra. Et voilà les éléments de l'Eu rope de demain. L'Europe continentale appartient aux deux partenaires de l'axe. L'Europe Méditerranéenne subit l'influence italienne, condition que la voie des mers reste largement ouverte la flotte britannique. Nous voyons autour de ces puissan ces l'Europe nordique et quelques états neutres Hollande, Belgique, Suisse qui s'efforcent de conserver une totale in dépendance d'échanges économiques. Enfin la péninsule ibérique qui tente de reprendre son influence dans l'Amé rique du Sud. Et faut-'l achever ce tour d'Europe par un tour du monde La Russie est refoulée en Asie, où elle se heurte deux puissances l'An gleterre et le Japon. LJapon qui pré tend imposer son hégémonie économi que la Chine, aux 'ndes l'Océanie. L'Angleterre qui défend ses positions d'une part contre les forces dissolvan tes de Moscou et d'autre part contre l'hégémonie japonais?. L'Afrique reste le seul champ d'ex pansion des puissances européennes. C'est le problème colonial, le problème angoissant du partage des colonies. Pourquoi ce problème se pose-t-il avant tout en Afrique Parce que la race noire étant la moins évoluée est la seule dont le territoire puisse faire l'objet de marchandages entre puissances. Vous ne voyez pas 'es puissance' partager l'Océanie, ou le Canada, ou les Indes. L'expérience prouve même que 1 auto rité européenne se trouve assez forte ment contestée en Palestine. Le problème co'or.ial étant limité la seule Afrique, en excluant quelques dé serts asiatiques, ou quelq "es archipels polynésiens, nous devons constater qu'en Afrique même les zones mettre en discussion ne sont pas considérables. Eliminons l'Egypte, les dominions an glais de la côte orientale qui préten dent rester des dominions le bloc des colonies italiennes, les possessions françaises de la Méditerranée, et nous n'avons plus que la côté de 1 Atlantique et le Sahara offrir! Problème sans solution territoriale possible. Problème d'ordre économique, qui ne peut aboutir une solution que sur le plan économique. Nous verrons probablement naître des formes nou velles qui permettront des pays dé terminés de s'assurer la production complète de tels minerais, de telles ma- tières premières qui proviennent de co- lonies qui appartiennent d'autres pays- i C'est dans le domaine colonial, com me en E.nope un monde nouveau qui se crée sous nos yeux. C. V. R. Nous avions l'intention de rappeler en éphémérides les événements qui mar quèrent la fin de la guerre, et le point de départ nous paraissait tout indiqué le 28 septembre date de l'offensive des Flandres Dixmude. Et, coïncidence qui vaut d'être soulignée, le 28 sep tembre nous étions en fait Dixmude... ...le mercredi 28 septembre, vingt ans après Mais même avec un peu de retard, nous estimons que ces éphémérides mé ritent cependant d'être données, et fe ront revivre des heures héroïques et glorieuses, de cette guerre gagnée par nos soldats et perdue par les politi ciens idéologues. 28 septembre 1918. Sous le comman dement du Roi Albert les troupes an glo-belges du front des Flandres dé- clanchent l'offensive. Une attaque en lève toutes les premières positions sur le front d'Ypres et de Dixmude. Plus de cinq mille prisonniers. 29 septembre. L'armée anglo-franco- belge développe son succès. Une avan ce de 14 kilomètres est réalisée. Ce jour-là Dixmude est enlevée, et, les alliés atteignant la route Roulers-Me- nin, Ypres est dégagée. 9.000 prison niers et 200 canons sont le butin de cette journée. 30 septembre. La progression conti nue sur tout le front. Malgré les con tre-attaques allemandes les troupes al liées atteignent les abords de Roulers. Elles menacent Menin. Et le bufin s'ac croît encore. I octobre. Le troupes belges, anglai ses et françaises, sous le commandement du Roi Albert marchent sur Roulers et Menin. La Lys est franchie entre Wervicq et Comines. 4 octobre. L'armée belge, assistée des armées alliées, continue son offensive par des actions de détail. Les villes d'Ypres et Dixmude et les crêtes des Flandres sont définitivement dégagées. Depuis le début de l'offensive 10.500 prisonniers ont été faits. Le butin com prend 350 canons, 200 mortiers de tranchée et 600 mitrailleuses. II octobre. Les Allemands déclan- chent vainement une contre-attaque sur Roulers. Elle est repoussée par les trou pes belges. 14 octobre. Seconde offensive des troupes alliées L'armée britannique at taque en direction de Courtrai, s'em pare de quatre villages et avance de 7 kilomètres. Les Belges attaquent en direction d'Ingelmunster et Thourout, prennent six villages et progressent de huit kilomètres. Enfin les Français s'em parent de Roulers, Gits, Hooglede, Gitsberg. 10.000 prisonniers. Un nom breux matériel de guerre est enlevé. Avant leur départ les Allemands incen dient les villages et brûlent tout sur leur passage. 15 octobre. La progression conti nue. Les Français arrivent Lichter- Le discours prononcé par S. M. le Roi l'ocasion de l'inauguration du mo nument au Roi Albert I Paris a pro duit une profonde impression. Nous reproduisons les passages essentiels de ce discours: l'hommage l'amitié fran co-belge, l expoé de la politique étran gère de la Belgique et un émouvant appel la paix. Je suis heureux de ce que vous ayez rappelé l'admiration qu'éprouvait mou père l'égard de l'élite intellectuelle française, l'attirance qu'exerçait sur lu£ le génie créateur et si varié qui, tra vers les siècles, n'a cessé d'illustrer la France en accroissant, par cet apport glorieux, le patriotisme même de l'hu manité. Faut-il ajouter quel point il se plai sait apprécier la raison et le sens de la mesure, la bravoure et le caractère chevaleresque de vos compatriotes. ces dons qui sont l'apanage du Français quelle que soit sa condition sociale et qui ajoutent leur force aux vertus foncières d'un grand peuple l'avant- garde de l'Histoire. La lumière de la France éclaire le monde. Elevé dans ces sentiments au foyer de mon père, je les partage. Ils sont nés en moi au cours des épreuves qui accablèrent nos deux peuples. Leur trace en est ineffaçable. Ils se sont ao crus, aux heures douloureuses, de la part prise par la France aux deuils quf ont frappé la Belgique, les témoignages de cette solidarité dans la peine s'étant révélés nous sous les formes les plus touchantes. Ce sont là les liens dont ni le temps ni les hommes ne pourront jamais affaiblir la solidarité. Chaque homme a ses devoirs. Chaque peuple a sa mission. La mission de fa Belgique, située au carrefour de l'Euro pe occidentale, est toute de paix et de médiation, tâche lourde et difficile, mais combien noble et digne des efforts les. plus persévérants. Un destin cruel avait, hélas dé tourné mon pays de cette mission en faisant trop souvent de son territoire un vaste champ de bataille, au Heu d'une terre hospitalière sur laquelle les peu ples auraient pu se rencontrer pour ré soudre dans la paix l'objet de leurs dis cordes. (Voir la suite en page 8) velde et dépassent la voie ferrée Rou- lers-Lichtervelde. Les Belges enlèvent Lendelede. Les troupes britanniques s'emparent de Wervicq. Menin et arri vent aux abords de Courtrai. 16 octobre. La victoire est complète. Les troupes alliées sous le commande ment du Roi Albert continuent leur avance. Les Belges délivrent vingt vil lages et prennent Thourout. Les Fran çais dépassent Lichtervelde et Ardoye. Les Anglais entrent Courtrai.

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