1 I Après le scrutin. Vingt ans après. L'Angleterre et les "petites nations" 4e ANNEE No 43. Hebdomadaire 50 cent, le numéro. DIMANCHE 23 OCTOBRE 1938. Pour qu'une nation soit, il faut qu'une solidarité nationale existe et qu'elle se cristallise dans la volonté du pouvoir. ABONNEMENT, 1 AN 20 FRANCS. Direction-Administration Ch. van RENYNGHE, 19, rue Longue de Thourout, YPRES. Compte-chèque postaux 1003.43. Nos aînés liquident le passé pendant que nous construisons l'avenir. Tous les partis politiques se déclarent satisfaits du résultat des élections com munales du 16 octobre. Tous annoncent de sérieuses victoires, et affirment que les progrès réalisés par leurs candidats dépassent toutes espérances. Puisqu'ils se déclarent satisfaits, ne troublons pas leur joie, et, LE SUD ayant prouvé qu'il se tenait en dehors de ces luttes politi- cienies, faisons objectivement le point après le scrutin. Deux grands vainqueurs le oarti catholique et le parti libéral. Deux grands vaincus le rexisme et le natio nalisme-flamand. Voilà l'aspect général du scrutin. Comment l'expliquer Les vaincus doivent leur défaite au manque de caractère constructif de leur prooramme. Le rexisme a rendu un énorme service au pays. Il a été néces- sr.:~> p0ur secouer la torpeur des poli ticiens, et surtout assainir l'atmosphère pratique de toutes les compromissions de la finance. Il est certain que l'esprit civique des mandataires a trouvé dans j le rexisme un utile coup de fouet. Si le rexisme avait mis autant de conscience dans l'élaboration et la défense de son programme constructif, qu'il a mis d ar deur ébranler les colonnes du temple et en chasser les pourris il serait actuellement l'arbitre de la politique belge. Il a eu les plus belles cartes en mains, mais il a, lui-même, gâché son jeu. t' Le nationalisme flamand a vécu les mêmes erreurs, sur une période plus lon gue. Il a parfaitement exploité la juste indignation du peuple flamand devant l'incompréhension de Bruxelles 1 égard des revendications linguistiques. Par un heureux hasard ses campagnes déma- gogiques ont coïncidé, dans le domaine de la politique extérieure, avec l'intérêt de la Belgique. Mais n'ayant aucun sens politique, n'étant que des roman- tiaues attardés, les nationalistes-fla mands sont restés figés dans une atti tude anti-nationale qui s expliquait, il y a dix ou quinze ans, par d innom brables raisons que nous avons énumé- rées dans les articles et rapports que nous écrivions l'époque. L essentiel de leur programme ayant été réalisé, ils n'ont plus offrir au public que les conséquences excessives de leurs appels n la passion et de leurs formules néga tives. Le flamand, réaliste et pratique ne voit plus de raison de suivre des me neurs devenus inutiles, et la dynastie ayant reconquis le cœur de la Flandre l'amour de la Patrie, le nationalisme- flamand se survivra peut-être, tout com me nous voyons encore de temps autre une liste daensiste se présenter sans succès, mais ne jouera plus aucun r"le dans la vie Flamande. Le seul ser vice que le nationalisme flamand puisse Encore rendre la Flandre, c'est de le comprendre et de s'adapter une si tuation de fait. Ce n'est qu'en dehors excès de la politique, qu'un véri table renouveau culturel flamand pourra 5 -difier. Les vainqueurs le parti catholique, d'abord. Il a opéré un redressement substantiel. Il ne lui manque plus pour progresser qu'un peu plus de patriotis me, de sens national, surtout en pays flamand. Et le parti libéral ensuite, qui a pro gressé là où le sectarisme était délaissé. Les résultats de l'agglomération bruxel loise sont aussi typiques que ceux de la Westflandre. En général, dans notre province, les libéraux ont gagné dans les communes où le socialisme avait pra tiqué une politique ruineuse, ou bien là où les catholiques n'ont pas pris une attitude assez nette au point de vue na tional. Ils ont perdu du terrain partout où ils se sont laissés entraîner au sec tarisme ou un excès de fièvre poli ticienne comme Bruges, à.Poperinghe ou Blankenberghe. Les socialistes westflamands ne doi vent pas être très fiers du résultat des élections communales. Il est bon de no ter qu'entre les élections de 1932 et cel les de 1938, il y a eu toute la cam pagne du Plan et l'arrivée au pouvoir du ministère dont le Premier Ministre est un socialiste. A tout prendre le parti socialiste allait aux élections avec de nombreux atouts dans son jeu. Il a eu contre lui, en pays flamand, son sectarisme odieux. Rien n est plus déprimant, notre époque, que de par courir l'hebdomadaire Voor Allen journal de basse politicaille. d'un anti cléricalisme périmé, véritable moniteur de la médiocrité laïque. Combien d élec teurs n'ont pas été dégoûtés du socia lisme en vovant les ignobles montages photographiques qui illustrent la pre mière page de cet hebdomadaire Et si nous ajoutons ces polémiques d un autre temps, le personnel politique du parti socialiste composé de profession nels de la politique, qui vivent de l'ex ploitation de leurs idées, qui, s'embour geoisent en excitant la masse, qui se font des rentes en gérant les œuvres so ciales et placent leur famille dans la bureaucratie syndicale, tout cela forme un ensemble qui dresse peu peu une barrière entre l'électeur et celpi qui en vit. L'échec est cinglant perte de la ma jorité Mouscron malgré un battage électoral avec grand renfort de minis tres perte de la majorité Menin perte d'un siège Courtrai perte d'un siège Hareibeke. A Nieuport, Rou- lers. Thielt. Wervicq, Yprçs un siège et Thourout deux sièges de perdus, 17 octobre 1918. Le recul allemand continue sous la poussée des armées al liées. L'armée belge occupe Ostende et Ingelmunster. La cavalerie belge est aux portes de Bruges. Les Français ont pris Pitthem, Meulebeke et Wynghem. Les Anglais franchissent la Lys au Sud de Courtrai et arrivent aux abords de Tourcoing. Lille est délivrée. 18 octobre. Les Allemands se replient toujours et abandonnent une large ban de de terrain de Bruges Douai. Bru ges, Roubaix et Tourcoing sont délivrés du joug ennemi. 19 octobre Le repli devient une dé route. Les belges achèvent de dégager le littoral et reprennent Zeebrugge et Heyst. Ils atteignent la frontière hol landaise et se trouvent mi-chemin en tre Bruges et Gand. L'armée française des Flandres enlève le plateau et la vil le de Thiqjt. Les Anglais arrivent la route Courtrai-Tournai et toute la Flan dre occidentale est délivrée. 20 octobre. De nombreuses localités sont encore occupées par les alliés, mais la ligne allemande paraît chercher un point d'appui. 21 octobre. La résistance ennemie de vient de plus en plus forte, mais les troupes belges progressent cependant vers l'Escaut. 22 octobre. L'armée française accen tue sa pression vers la Lys et 1.100 al lemands sont faits prisonniAs dans les environs de Deynze. 23 octobre. Malgré la résistance opi niâtre de l'ennemi les troupes françai ses enlèvent Waereghem. 24 octobre. Les troupes anglaises re prennent l'offensive. Elles enlèvent une douzaine de villages au-delà de l'Es caut. dans la direction de la vallée de la Sambre. 25 octobre. L'offensive anglaise est couronnée de succès. Les armées de Horne et Byng accentuent leur pres sion entre l'Escaut et la Sambre et font un millier de prisonniers. Du 26 au 30 octobre les troupes r" liées consolident leurs positions, assu rent leur ravitaillement, et se préparent une nouvelle offensive qui sera dé clenchée du 31 octobre au 1 novembre. IWW" E!ect''ons de sagesse, de pondération, nationales, même dans les cantons d'Eupen-Malmédy où les étrangers re- Ctl'cnt. Elections dont le pittoresque n'a pas été exclu, grâce Léo Frenssen, col porteur et technocrate de l'ordre mon dial qui enlève Anvers 21.000 voix par Louis HABRAN et six sièges Les Anversois ont la spé cialité d'élire des fantaisistes après Borms, le réaliste Janssens, et après Janssens le téchnocrate-espérantiste Frenssen. Retenez bien ce nom, car, nous l'es pérons, il pourrait clore une série illus tre de rédempteurs de l'économie na tionale et de l'économie mondiale le planiste de Man le dirigiste van Zee- land et le technocrate Frenssen. Il y a de la joie... C. U. R. Les ivomains nous ont transmis un adage qui exprime la leçon de l'histoire Audaces fortuna juvat. La fortune sou rit aux audacieux. Le triomphe de la politique du Reich Grand Allemand l'égard de la Tchécoslovaquie restera un exemple typique de l'application combinée de la force, de l'habileté et de l'audace. On peut le dire sans pour cela prendre parti. Les conséquences de l'événement pa raissent devoir être incalculables. C'est ce que pressentait sans doute le haut cpiscopat allemand lorsqu'il adressait au vainqueur, le 1er octobre, le télégramme suivant L'action d'éclat pour la sauvegarde de la paix incite l'épis'-.opat allemand vous exprimer les félicitations et la gratitude de tous les diocésains de tous les diocèses d'Allemagne et ordonner pour dt main une sonnerie de c'ochcs de toi*t;s les ég! ses. Au nom des cardinaux de l'Allemagne. (s.) Archevêque-Cardinal Bertram. Le prélat a soin de ne parler que de paix, mais le Reich disloque l'Etat tché coslovaque et empoche les Allemands des Sudètcs En somme on félicite, on remercie le Fuhrer d'avoir assuré la grandeur du Reich dans la paix, d'avoir cueilli le fruit d'une victoire totale sans avoir dû livrer bataille. On rend hom mage son dénie politique. M. Pierre Cot, personnage intriguant, mais vain, du front populaire ftançiis, avait proféré cette fanfaronnade La Tchécoslovaquie est un pistolet c'iargé sur le cœur de iAllemagne Ce sont là des choses que, en politique, l'on fait, mais qu'on ne dit pas. Le propos ne tomba pas dans l'oreille d'un sourd. Devant l'U.R.S.S., la France et l'An gleterre. Hitler a sgisi le pistolet dans sa main de fer et avec une puissance et une dextérité stupéfiantes, il l'a dés armé sans qu'il pût tirer une seule car touche. Puis plantant le drapeau alle mand sur les forteresses tchécoslova ques. il les a retournées contre Prague, qu'il tient sa merci. Et l'Angleterre et la France signent le registre d'écrou. Les prélats allemands se réjouissent de cette action d'éclat qui, sans coup férir, a brisé la clé de voûte d'une coa lition montée contre leur patrie, a re foulé Moscou en Asie, et a accru la ooDulation du Reich de trois millions de catholiques. Le neutralisme de l'Angleterre l'é gard de la Tchécoslovaquie n'est pas moins caractéristique. Pour bien comprendre la conduite de l'Angleterre, deux notions fondamenta les doivent être préalablement retenues. (Voir suite page 8)

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