l'Action des Chambres des Métiers Négoces. ■LA PROFESSION, mercredi 19-10-'38 Les Arrêtés Royaux organiques des 24 janvier 1928 et 2 juin 1931 ont créé une Chambre des Métiers et Négoces dans chaque province. 1 La mission des Chambres des Métiers et Négoces s'étend l'étude de l'en semble des mesures utiles au développe ment des classes moyennes de l'industrie et du commerce, notamment elles prendront cœur la sauvegarde et la défense des intérêts des métiers et négoces elles provoqueront le développement de l'esprit d'association dans le sein des Classes Moyennes i elles contribueront la formation pro- fessionnellle par la coordination des activités des sous-organismes qui s'en occupent (apprentissage orientation, placement et surveillance des apprentis, (organisation des examens) par la pro motion des initiatives, par la recherche des statistiques concernant le recrute ment ou l'encombrement de la profes sion, par la collaboration l'enseigne ment professionnel, etc) elles veilleront la discipline et la loyauté dans l'exercice de la profession d'abord vis-à-vis des confrères par la création et fonctionnement de Chambres d'arbitrage, l'institution et la délivrance de certificats d'origine, la répression de la concurrence déloyale ensuite vis-à-vis des clients (prix, qualité, nature des marchandises ou des travaux) enfin vis-à-vis des collaborateurs en instituant des contrats de travail et d'emploi, en réglant le tarif des salai res et en contribuant l'établissement de conventions collectives elles prendront large part au progrès de la profession par l'organisation de cours de perfectionnement et de recher ches techniques, par la création de bi bliothèques professionnelles, d'un en seignement normal et Supérieur, de mu sées professionnels, industriels et com merciaux et de bureaux d'information, par la collaboration aux institutions économiques telles que mutualités de crédit, syndicats d'achats, expositions, groupements pour la participation aux adjudications publiques et autres Cette mission comme on le voit est des plus vastes et suppose, partant, des moyens appropriés pour son accomplis sement. Les Arrêtés Royaux organiques ont laissé en majeure partie aux associa tions représentées le soin d'y pourvoir par leurs contributions personnelles. Et cependant l'exécution intégrale du pro gramme ci-dessus nécessiterait l'utilisa tion d'un personnel administratif déjà important qu'il est indispensable de ré munérer convenablement, si l'on veut qu'il y consacre le temps nécessaire pour accomplir convenablement tous ses de voirs, et qu'il possède les qualités re quises pour le faire. Elle imposerait l'utilisation de locaux coûteux pour lo ger tous les services. Les Chambres des Métiers et Négo ces ne se composent pas de personnes ou de firmes, mais de trois sortes d'as sociations 1 les associations professionnelles 2) les associations interprofessionnel les 3) les associations économiques. Pour être admises au sein des Cham bres ces associations doivent avoir trois années d'existence et être agréées cet effet par le Ministre qui a les Classes Moyennes dans ses attributions. Les ASSOCIATIONS PROFES SIONNELLES admises sont définies par l'Arrêté Ministériel du 22 mars 1928. Elles sont classées en cinq caté gories Catégorie 1. Catégorie 2. Catégorie 3. Catégorie 4. Catégorie 5. L'Alilmentation. Le Vêtement. L'Habitation. Les Transports. Les Arts Industriels. Les Arrêtés Royaux fixent les pro fessions qui sont admises et les répartit entre les 5 catégories indiquées ci-des sus. Le créateur des Chambres a voulu que les petits intérêts y soient représen tés efficacement et puissent bien se dé fendre. C'est pour ce motif qu'il a re jeté la représentation proportionnelle au nombre de membres composant les as sociations. Il a prévu que chaque asso ciation répondant aux conditions dans le ressort a droit un délégué. Toute association comptant au moins cent membres peut désigner un deuxième dé légué, mais aucune association n'a plus de deux délégués quel que soit le nom bre de membres qui la composent. L'ensemble des délégués, réunis en assemblée plénière et votant au suffrage égal suivant le système majoritaire élit le Bureau. Celui-ci se compose de 6 membres Président, Vice-Président, Secrétaire-Trésorier, et trois membres, tous élus pour un terme de six années. De ces six membres un au moins doit appartenir une association interpro fessionnelle et un une association éco nomique de manière ce que les trois catégories d'associations composant la Chambre aient chacune un représentant au Bureau. Les trois membres restants peuvent appartenir indifféremment n'importe laquelle des catégories Les Chambres veillent cependant en général, ce que le Bureau soit consti tué, dans la mesure du possible, de membres exerçant les professions les plus diverses. Ces Chambres sont donc composées de délégués, hommes de bonne volon tés, non rémunérés pour l'exercice de leur mandat, et astreints même cer tains frais lorsqu'ils n'habitent pas le chef-lieu de la province. Le maximum accordé comme indemnité est le prix du coupon en 3e classe pas de jeton de présence, pas de frais de séjour. Le Secrétaire peut cependant toucher une rémunération, variable d'une pro vince l'autre suivant décision des as semblées plénières qui tiennent compte des prestations qu'on lui demande. Mais si les membres du Bureau doi vent aller représenter la Chambre des Congrès, assister, la demande des as sociations affiliées, des réunions en province, ou se rendre en province pour provoquer la formation de nouvelles as sociations et se livrer de la propa gande corporative, ils doivent le faire généralement leurs frais. Pour réaliser la mission si étendue dé volue aux Chambres, on a donc compté exclusivement sur le concours bénévole des frais des intéressés. Ce système don ne, évidemment le meilleur résultat au point de vue de la compétence, puisqu'il n'utilise, dans chaque profession, que les hommes désignés par leurs pairs comme les mieux qualifiés d'entre eux. Mais on a oublié qu'il y avait un mé canisme des plus complexes mettre en route et tenir en mouvement et que, pour arriver au but proposé, on s'adres sait des véritables apôtres auxquels on demandait de sacrifier non seulement le temps nécessaire l'exercice de la profession qui constitue leur gagne-pain, mais aussi de dépenser leur argent pour la cause commune alors que d'autres attendaient sous l'orme pour profiter de leurs sacrifices. Un résultat complet était d'autant plus difficile obtenir dans des condi tions pareilles que le mode de recrute ment des chefs présente donc les incon vénients suivants 1 les intéressés ont des occupations professionnelles propres très absorban tes surtout maintenant que la crise les a obligés réduire leur personnel au strict minimum 2) pour avoir droit une représen tation aux Chambres des Métiers et Négoces, ils doivent d'abord fonder des organismes professionnels dont l'admi nistration réclame déjà presque tout le temps dont ils peuvent disposer en de hors de leurs affaires 3) ils doivent ensuite trouver le temps de venir étudier et discuter dans les Chambres les questions d'intérêt général interprofessionnelles et économiques 4) leur travail ne s'arrête pas là il s'agit maintenant de rédiger, de publier et de répandre leurs travaux non seule ment parmi leurs membres, mais aussi parmi ceux qui seraient susceptibles de le devenir 5) enfin ils doivent faire de multioles démarches près des diverses autorités pour assurer la défense des intérêts pro fessionnels de leurs mandants. Mais dans tout ceci, nous n'avons encore parlé que des institutions profes sionnelles existantes et même .existant depuis trois années. Or malgré des progrès journaliers énormes nous sommes encore bien loin, en Belgique d'avoir l'organisation pro fessionnelle souhaitable et encore moins les institutions économiques indispen sables découlant de pareille organisa tion. Il reste encore beaucoup créer. Une première série de devoirs incom be aux Chambres susciter la formation de ces organismes, les guider dans leurs débuts, soutenir par leurs conseils et leur appui moral, leur action naissante. Cela encore, ne se fait pas sans dé penses de propagande, sans personnel, sans conférenciers. Il n'est donc pas pos sible pour cela de compter exclusive ment sur des hommes de bonne volonté dans les métiers et négoces on n'a pas le temps de s'occuper de cela autant qu'il le faudrait. Une deuxième série de devoirs naît de la nécesité de s'occuper très active ment de la formation professionnelle: Organisation de l'apprentissage, orien tation professionnelle des candidats, surveillance de l'instruction et partici pation aux examens. Encore une fois, cela demande du personnel spécialisé au double point de vue profession et enseignement. Une troisième série de devoirs est issue de l'indispensable collaboration des professionnels la surveillance de la police du commerce. Il y a en Bel gique beaucoup d'abus qui disparaî traient comme par enchantement rien que si on appliquait régulièrement et consciencieusement partout les lois existantes. Octroyer aux organismes profession nels le droit de requérir l'intervention des autorités ou même peut-être de faire verbaliser par leurs agents donnerait en peu de temps et peu de frais des ré sultats substantiels pour l'épuration de la concurrence déloyale. Enfin une quatrième série de devoirs découle de la nécessité plus urgente que jamais d'assurer le sprogrès de la pro fession. Le développement de ce point m'en traînerait trop loin et je veux me bor ner le signaler pour être complet, m'es- timant très heureux si, dans un avenir rapproché l'on pouvait donner aux Chambres le moyen d'assurer bref dé lai l'accomplissement de leurs autres missions. L'organisation des Chambres des Métiers et Négoces telle que je viens de la décrire, c'est-à-dire telle qu'elle a été réalisée par les Arrêtés Royaux du 24 janvier 1928 et du 2 juin 1931 coordon nés présente quelques lacunes. A côté de l'avantage incontestable d'une bonne compréhension des intérêts locaux par suite de la réalisation d'une organisation par province, ce mode de constitution même favorise l'esprit de clocher, l'esprit particulariste et para lyse les actions d'ensemble, chacun veut y aller de sa petite initiative, de son projet personne qui n'est discuté que dans un cadre restreint aussi bien pour les questions d'intérêt national que pour celles d'ordre purement local. Les dirigeants des Chambres s'en aperçurent dans les premiers mois de l'existence de ces organismes et, sans plus tarder, ils créèrent eux-mêmes, de toutes pièces, un organisme centralisa teur non officiel, le Bureau Permanent des Chambres des Métiers et Négoces de Belgique et le composèrent de tous les présidents et secrétaires des neuf Chambres provinciales. Une tradition toujours respectée a voulu que depuis le début la présidence de ce Bureau fut confiée au Président de la Chambre du Brabant pour la seule raison des fa cilités résultant de sa situation centrale Bruxelles. Pour la même raison de commodité les secrétaire des provinces officiellement monolingues se sont dé barrassés sur leur collègue Brabançon de toutes les corvées administratives. et autres qui comportent la centralisa' tion des initiatives. G. DE VOGHEL. Secrétaire du Bureau, permanent des Chambres des Métiers et Négoces.

HISTORISCHE KRANTEN

Le Sud (1934-1939) | 1938 | | pagina 6