Gaston A. JONES. Le "Salon Quadriennal11 d'Anvers l-LA PROFESSION, mercredi 19-10.'; Peintre d'atmosphère et d'intérieurs, il s'efforce de capter dans chaque ta bleau, peint dans la Maison d'Eras me dans la Maison Gruuthuuse ou quelque autre vieille demeure cé lèbre, une fée bienfaisante la poésie. Cachée dans l'ombre d'un vieux meu ble, derière les rideaux ou une porte entrebâillée, elle s'amuse faire jouer quelques rayons de lumière, qui baignent de douceur et de calme, les mille dé tails familiers que les maîtres disparus ont laissé là. Le talent de ce peintre, ayant un collaborateur aussi précieux est d'une finesse et d'une fraîcheur char mantes, toutes personnelles. Il nous ap porte régulièrement des tableaux d'une homogénéité parfaite, d'une technique expérientée. Tel, par exemple, ce por trait d'une dame, assise au piano, de vant une page de César Franck... et telle autre fermant lentement un livre inachevé, le soir l'ayant surprise une page qu'elle aime... Les portraits de Gaston-Adolphe Jo- ■es surprennent par une ambiance dou ce et poétique, entourant le sujet. On pourrait l'appeler peintre de la pen- aée, de la poésie et des reliques du temps jadis On en voit une preuve dans ce tableau, peint la mémoire de l'éminent juriste Henri Thiébaut, et re produisant sur une table d'un cabinet de travail une plume, un violon, un bouquet d'immortelles et quelques li vres les œuvres du maître disparu. Gaston A. Jones est un penseur con sciencieux, un philosophe charmant, aux idées largement humaines. Chacun de ses tableaux dénote une grande com préhension artistique, reproduisant les choses telles qu'elles sont et telles qu'il les voit. Mais devant ses yeux d'obser vateur pensif, les objets les plus hum bles acquièrent une vie intime et dé voilent leur âme. Ses natures-mortes et ses fleurs, empreintes d'une tendre fra gilité, le prouvent particulièrement et rappellent la délicatesse du peintre hol landais Willem Roelofs Jr. dont Gas ton A. Jones fut l'élève et auquel il se plait rendre hommage. Ses paysages, d'une mise-en-page simple et minutieuse, vus par des yeux inspirés, offrent toujours certains traits saillants qui marquent l'observateur sou cieux et spontané. Quelques toiles, re produisant des courbes de la Meuse, l'eau si grise et si profonde, ont été peintes avec une très grande virtuosité. Gaston A. Jones possède une palette fort personnelle et distinguée et une âme très émouvante. R. A. de Buysemont. A la Galerie d'Ar138a, Rue Royale, aura lieu du Mardi 1er au Mardi 15 novembre une exposition des œuvres du peintre Gaston-Adolphe Jones. Nous n'avons pu résister l'envie d'assister au vernissage du Salon Qua- riennal d'Anvers, ouvert en la salle des fêtes de la ville, jusqu'au 30 octobre prochain. C'est la Société Royale d'Encouragement des Beaux Arts d'Anvers, fondée en 1788 et constituée en association personnalité civile en 1937, qui organise périodiquement ce salon pour lequel ont été présentées cette fois, près de six cents œuvres d'art. Le catalogue de l'exposition don ne la nomenclature de trois cent soixan te-trois œuvres exposées, peinture et sculpture, et l'on peut dire que la sculp ture avec une centaine d'œuvres l'emporte largement. Elle est dominée par une fontaine majestueuse, L'Hom me la Pierre due au ciseau magis tral de Monsieur Floris De Cuyper. En fait de peinture, il y en a pour tous les goûts. L'art moderne y est lar gement représenté sous tous ses as pects. Malgré cela il fait figure d'en fant pauvre devant l'autorité qui se dé gage des superbes tableaux des Jaak Gorus (Chanteurs devant la Mer) Ed- gard Farazijn (Procession du Pardon en Bretagne) Julien Creytens (Portraits) Félix Gogo (Intérieurs d'Eglise) Eu gène Laermans (La Saison du Regain) pour ne parler que des toiles de grand format. En format plus réduit, des œu vres telles que celle de Dirk Baksteen. et tant d'autres, surprennent le visiteur par une réelle grandeur, un souci con stant de leurs auteurs qui prouvent qu'à chaque étape, ils restent toujours fidèles eux-mêmes, fidèles aux conceptions pures d'un art tranquille, disqualifié sans raison. D'autre part il y a des ar tistes qui ont tenté de se moderniser. Il faut dire qu'ils ont mal réussi le faire et que leurs œuvres ont moins d'allure que celles des modernes eux- mêmes. Parmi ceux-ci il en est quelques uns d'une audace déconcertante. Il y a quelques fauves ahurissants. Il y a de belles œuvres aussi, permettant de prévoir une cristallisation spirituelle dans l'art moderne, basée sur des con naissances techniques et sur le dessin L'ouverture du Salon Quadriennal, d'une grande simplicité, a eu lieu de vant une assistance très nombreuse et intellectuelle, en presence de Monsieur Dierckx, Ministre de l'Instruction Pn blique, "de Monsieur Marck, vice-presl dent du Conseil des Ministres et dl Monsieur Huysmans, bourgmestre de 1, ville d'Anvers. On a prononcé quelque, allocutions intéressantes, voix bassj fondées une fois de plus sur de très 1 les promesses, qui par la bouche d| Monsieur Huysmans, prenaient presquj l'air de revendications électorales en fa veur des artistes et de l'enseigneme. artistique Anvers. Soit Espérons nouveau que tout cela se réalise Mail il y a lieu d'attirer l'attention sur l'ad tion intéresante d'associations telles qui la «Société Royale d'Encouragement de Beaux Arts d'Anvers qui s'est assignl comme but d'entretenir et de déveT lopper le goût et la pratique des an et de faire connaître la production ar| tistique nationale et étrangère Ce: infiniment plus intéressant que toute! les revendications électorales. Cette ciété vient de fêter son cent-cinquanl tième anniversaire l'occasion duque[ elle avait organisé un concours pour 1 création d'une médaille commémorat-vd Le premier prix ce concours a ét| attribué Monsieur Jean De Cuypa (fils de Floris De Cuyper). Cette superl be médaille, exposée l'entrée du Saloq Quadriennal, est entièrement digne son objet et de son auteur, dont ellJ nous révèle un beau talent dans un gen| re difficile et apprécié. Nous avons noté ce passage du dis cours d'ouverture du salon, prononcé! par Monsieur C. Jussiant, président* Si les artistes ont des obligations en-l vers la société vis-à-vis de laquelle ilsT se doivent d'éduquer le public par lal création de leurs œuvres, il faut tou-l jours considérer que la société a dei devoirs envers les artistes, tant au poinfl de vue moial qu'au point de vue social et économique. Nous applaudisse-c de tout cœur cette affirmation de Mon sieur le président C. Jussiant parce qui nous savons qu'il est l'âme de la Sociéti Rrvvale d'Encouragement des Beau! L -ts d'Anvers et que d'autre part 1 Profession ne cesse de répéter cettj vérité incontestable, chaque occasion! R. A. de Buysemont Quelques œuvres de Gaston A. JONES Au-dessus Les Bouddhas. A gauche L'atelier. A droite Maison d'Erasme La Salle Renaissance.

HISTORISCHE KRANTEN

Le Sud (1934-1939) | 1938 | | pagina 8