Economie
orientée
Vingt ans
l'armistice.
instantanés-
Renseignements
utiles, après
4e ANNEE No 44.
DIMANCHE 30 OCTOBRE 193S.
Pour qu'une nation «oit, i] faut qu'une
jolidarité nationale existe et qu'elle se
cristallise dans la volonté du pouvoir.
1
ABONNEMENT, 1 AN 20 FRANCS.
Direction-Admmistration Ch. van RENYNGHE,
19, rue Longue de Thourout, YPRES. Compte-chèque postaux 1003.43.
Nos aînés liquident le pa«»é péftdfcut
que nous construisons l'avenir.
L'expression devient ta mode. Elle
correspond une nécessité, et le mo
ment n'est pas venu de le déplorer.
Les faits sont les faits, et les désirs
des hommes sont bien faibles devant
la brutalité des faits.
Nous devons suivre avec la plus vive
attention cet aspect nouveau de l'éco
nomie. Nous ne cachons pas que de
puis des années nous demandons que
le gouvernement agisse dans ce sens.
Mais la peur des mots, et la faiblesse
congénitale de gouvernements démo
cratiques ont été cause d'un retard pré
judiciable.
n ne s'agit pas de savoir si l'éco
nomie orientée est agréable ou dés
agréable. Quand un bateau sombre
l'homme d'équipage qui tremperait un
thèrmomèfre dans la mer, pour appré-
l'agrément que hri procurera le
|bain forcé qu'il devra prendre, paraî-
assez grotesque.
Ou bien nous gaspillons nos forces,
ou bien nous les organisons. Et elles
«p peuvent être organisées qu'avec les
conseils, les appuis et l'indispensable
coordination qui doivent venir du gou
vernement. H est fâcheux que nous en
soyons arrivés ce stade, mais la res
ponsabilité doit retomber sur les di
rigeants qui ont été incapables
d'organiser la société pour qu'elle ne
tombe pas sous l'emprise de l'Etat
comme nous l'écrivions il y a dix ans
Le discours récent du Ministre fran
çais du Commerce est particulèrement
significatif. Avec un décalage ruineux la
France £st qbligée de suivre, en petit,
les méthodes àes régimes forts
Le Ministre du Commerce M. Gen-
tin a déclaré qu'il faut faire plus et
mieux que ce que l'on a faut jusqu'à
présent, car l'espoir d'un retour sans
effort la prospérité, n'est que l'es-
Poir en un miracle. Et M. Gen-
an de définir le régime d'économie
orientée un régime démocratique
dans lequel, d'une part le capital et
le trava'J. dans le cadre d'entreprises
Privées, demeurant régis par la règle
du droit privé. Cependant, d'autre part,
l'initative privée est insuffisante ou
f'- au contraire, de trop nombreuses
mitiatives privées paraissent devoir
induire un état anarchique de la
Production, l'Etat, TUTEUR LEGAL
COORDONNE LES INITIATIVES OU
EN SUSCITE DE NOUVELLES. C'est
donc un*» politique résolument orien-
fôe vers l'avenir, qui confie l'Etat le
"O'i de rechercher quelles sont, cha-
""o instant, les activités économiques
Nouvelles auxquelles le pays pourrait se
Consacrer utilement et de favoriser par
Activités ou des courants commerciaux
Connus possibles.
D'où mission d'enquête, inventaire
de l'économie nationale, orientation des
Activités, encouragements et conseils,
tout ce que nous demandions dans
I5® articles et les rapports que nous
®v°ns écrits sur la question. Mais, alors,
suffisait de la bonne volonté pour
Malgré les prévisions optimistes de
M. le Ministre de Mai», le citron du
contribuable ne donne plus assez de
jus. Les recettes ont l'audace de ne pas
correspondre aux prévisions. Les poli
ticiens vous expliqueront que c'est le
signe de leur parfaite gestion et de
1 impolitesse de la conjoncture écono
mique. Nous nous contenterons de
souligner la moins-value qui est de
5 74 millions, sut les prévisions, et de
I 73 millions sur l'exercice précédent.
M. Henri de Man n'a vraiment pas de
chance I
D'autre part c'est grand renfort
de clameurs que l'on a annoncé la créa
tion d'un Ministère qui résorberait le
chômage. N'entendons-nous pas î'1.
N.R., que l'une de nos excellences est
toujours qualifiée de Ministre de la Ré
sorption du Chômage. Titre bien en
combrant quand on compare deux chif
fres nombre des chômeurs en 1937
109.033, et pour fa période corres
pondante de cette année 162.365 I
Que serait-ce si le Ministre ne résor
bait pas
Voici les principaux tarifs postaux
qui seront augmentés partir du 1er
novembre
Lettres 75 centimes par 50 gram
mes ou fraction de 50 grammes.
Cartes postales simples 40 centi
mes.
Cartes illustrées 30 centimes lors
qu'elles ne portent d'autre mention ma
nuscrite que le nom, l'adresse et la
signature de l'expéditeur, la date de
l'envoi, 40 centimes avec toute espèce
de mentions manuscrites.
Papiers d'affaires 1 0 centimes par
50 grammes ou fraction de 50 gram
mes avec minimum de 7 5 centimes.
Les tarifs prévus ci-dessus pour les
lettres et les cartes postales (75 cen
times et 40 centimes) seront également
applicables, partir du 1er novembre,
aux envois de l'espèce destination des
locataires d'Allemagne, de France et
les Pays-Bas, situées dans un rayon-
frontière de 30 kilomètres.
Déjà l'on aperçoit ,un peu partout,
les calendriers pour l'an prochain. Hé
las ils sont décevants. Les employés,
fonctionnaires et membres de l'ensei
gnement les consultent avec méfiance.
£n 1939, il n'y aura qu'un «pont».
Pâques se présente très tôt le 9
avril, ce qui avance la date des fêtes
mobiles le Mardi-Gras arrive le 2 1 fé
vrier, l'Ascension le 18 mai, la Fête
nationale ur» vendredi, l'Assomption
un mardi, la Toussaint un mercredi
le 1 1 novembre tombe un samedi et
là Noël un lundi.
Sont, en outre tenus pour jours fé
riés le 2 novembre. Jour des Morts
le 27 novembre, fête du Roi et le 26
décembre, lendemain de la Noël.
l'obtenir. La bonne volonté a fait dé
faut. L'Etat devra intervenir.
Tant pis t C. v. R.
31 octobre. Les armées alliées ont
repris l'offensive. Les troupes anglai
ses ont attaqué au Sud d'Audenarde
et fait un millier de prisonniers. Le
butin fait depuis le 15 juillet par les
armées alliées en France et en Bel
gique est énorme. Près de 8.000 offi
ciers prisonneira et 355.000 hommes.
Un matériel de guerre énorme a été
pris 1 ennemi, dont 6.217 canons,
38.622 mitrailleuses, 3.907 minnen-
werfer.
1 novembre. Les troupes belges pro
gressent. Les français enlèvent Aude-
narde et dix-neuf villages, réalisant une
avance de 8 16 kilomètres de pro
fondeur, et longeant l'Escaut sur un
front de 1 6 kilomètres.
2 novembre. Les troupes franco-bel
ges arrivent aux portes de Gand. Et
sut tous les fronts la victoire est géné
rale lès troupes serbes ont repris Bel
grade les troupes italiennes ont fran
chi la frontière autrichenne. L'Autriche
demande un armistice.
3 novembre. Les troupes belges ont
dégagé la frontière hollandaise sur quin
ze kilomètres. L'Escaut est franchi.
Mais du 4 novembre au 1 1 novem
bre les armées alliées n'accentuent pas
leur pression sur le front belge sauf dans
la région de Tournai. Les pourparlers
de l'armistice commencent le 6 novem
bre. Le haut commandement allemand
demande au Maréchal Foch de fixer le
lieu de la rencontre, le 7 novembre.
Les conditions sont poseées par le Ma
réchal Foch, le 8 novembre, dans le
wagon historique Rethondes. Le 9 no
vembre la Révolution éclate en Alle
magne Guillaume II abdique.
Le 10 novembre quand les troupes
belges entrent Gand l'Allemagne dé
cidé de signer l'armistice aux conditions
imposées, et le protocole est signé
5 heures du matin, le 1 1 novembre.
Les clairons sonnent 1 1 heures la
cessation du feu.
Et le 23 novembre, au milieu d'un
peuple en délire, nos glorieux souve
rains font dans Bruxelles, une entrée
triomphale.
-
Vingt ans après Les potiticiens ont
détruit une grande partie de I œuvre
accomplie par les soldats.
Ce n'est pas sans amertume que le
Comte de Paris a déclaré Au len-
demain de notre défaite pacifique,
un obscur sentiment se dégage. La
France serait-elle devenue une nation
de second ordre Cruelle révélation
vingt ans après Versailles...
Le diktat allemand est une hu-
miliation sans précédent dans notre
histoire, mais il se traduit par affai-
blissement nouveau de nos positions
stratégiques.
De Versailles Munich, vingt ans
et trois cent cinquante milliards de
francs actuels dépensés pour la dé-
fense nationale. Que ces chiffres et
ces dates se gravent dans toutes les
mémoires.
HISTOIRE DE FOUS
Un de nos correspondants nous com
munique une anecdote pleine d'actua
lité. Il s'agit du très célèbre vainqueur
du tournoi électoral du 16 octobre,
Léo Frenssen. Cette petite aventure du
technocrate espérantiste et sportif date
de l'hiver 1935-1936. La tribune li
bre du Rouge et Noir sévissait
Bruxelles, et avait Organisé un débat
contradictoire la Brasserie Flamande.
Sujet Les psychiatres et les fous
Trois orateurs s'étaient faits inscrire
un psychiatre parisien, un journaliste
spécialisé dans la question et, par con
séquent, surchargé de besogné, et un
fou Léo Frenssen soi-même T
En effet Frenssen avait promené
dans Bruxelles une pancarte couverte
de slogans pacifiques, et cette pe
tite manifestation n'était pas du goût
de la police de M. Max, qui "nterpell*
le pacifiste. Mais Frenssen eut l'audace
de répondre la police avec origina
lité et humour. Cette attitude n'étant
pas prévue pat lès règlements et pou
vant d'ailleurs être considérée comme
attentatoire là dignité de instrument
de la loi, Frenssen fut tout bonnement
conduit dans une clinique, copieuse
ment doucihé, soumis un examen mé
dical et déchue fou. Après avoir subi
de nombreux traitements, et notam
ment une piqûre lombaire, le dit Frens
sen fut relâché grâce l'intervention
énergique de Kamiel Huysmans.
Et avant de conquérir les faveur*
des électeurs anversois, Léo Frenssen
se tailla un beau succès la tribune
du Rouge et Noir
HUYSMANS, HYMANS.
HEYMAN ET HEYMANS
Ceci l'usage de nos confrères de
la presse française, qui, cela se com
prend, n'en sortent plus, çt_ déplorent
le manque d'imagination de la politi
que belge qui ne trouve, comme grands
hommes, que des citoyens dont les
noms aient de pareilles analogies.
Huysmans, plus connu sous le nom
de Kamiel, est socialiste fantaisiste,
pacifiste en temps de guerre, interna
tionaliste ses heures, et bourgmestre
d'Anvers, quand Van Cauwelaert ne
l'est pas. Comme son concurrent T é-
charpe, il connaît toutes les ficelles du
métier politicien et les avantages qui
en peuvent résulter.
Hymans Paul, libéral orthodoxe, re
présente la grande tradition de l'immo
bilisme parlementaire. Lecteur con
sciencieux du Times, grande coquette
du sérail de Genève, il parle bien et
confond l'art de gérer un ministère avec
celui de faire des discours.
(Voir suite page 8)