Supplément
illustré du
30 octobre
1938
No 10.
l'Horticulture et l'exportation
Nous lisions récemment sous la plu
me de l'économiste Fernand Baudhuin,
que le traité de commerce belgo-amé-
ricain, conclu au début de 1935, a tou
jours fait l'objet de vives critiques
mais que d'autre part, nous aurons
toujours un déficit important dans nos
relations avec l'Amérique». Et le distin
gué professeur d'ajouter ceci vient
du fait que nous y achetons des vivres
et des matières premières, et que nous
n'avons lui donner que certains pro
duits fabriqués.
Il nous souvient d'avoir eu en mains
une brochure sur l'horticulture gantoise,
et d'avoir pu constater que nous étions
les premiers exportateurs, en Amérique,
avant la guerre, en fleurs et plantes ver
tes. Ce fleuron de l'activité de nos deux
Flandres, qui Gand, comme Bruges,
apportait la main d'oeuvre et au tra
vail d'une élite un beau débouché, pa
rait ignoré.
D'autre part l'Office Commercial
de l'Etat on nous annonce la prépa
ration d'un film destiné favoriser l'ex
portation des fleurs et des plantes ver
tes, et dans une brochure rédigée en an
glais, magnifiquement éditée, nous li
sons Plus de 700 firmes, dont certai
nes sont de grandes exploitations, cul
tivent les plantes ornementales et les
fleurs. Les floralies gantoises témoignent
tous les cinq ans de la beauté de nos
produits. En 1937 nous avons exporté
pour 587.000 livres, et dans ces expor
tations nous devons citer les azalées
{70 firmes), les orchidées (20 firmes) les
palmiers, rhododendrons, lauriers, arau
carias, roses, chrysanthèmes, et œil
lets.
Mais nous constatons que nos expor
tations de fruits sont passées de 102
Une vue de l'installation de M. Govaert Woesten,
avec les haies de peupliers qui orneront l'Exposition de Liège.
millions en 1931, 44 millions en 1937,
quoique de 1934 1937 l'arboriculture
fruitière ait augmenté de 400 hectares.
Et nous lisons dans le rapport de la
Banque Nationale L'horticulture
d'ornement a traversé une année assez
mauvaise. En règle générale cette spé
culation très spécialisée et fortement in
dustrialisée, qui s'oriente surtout vers
l'exportation, ne peut que rencontrer des
difficultés pendant une période où les
contingentements, les réglementations
de paiement et les méthodes de défen
se douanière resserrent de plus en plus
les débouchés.
Le professeur Baudhuin affirme que
nous n'avons que certains produits fa
briqués exporter. Le Ministère des
Affaires Etrangères déclare que nous
avons des produits horticoles et frui
tiers de premier choix. Et la Banque
Nationale déplore le marasme qui résul
te des contingentements.
La culture des buis, spécialité du Far-West
L'idée nous est venue de quitter les
théoriciens, et de demander un homme
du métier ce qu'il en pensait. Nous ne
pouvions mieux nous adresser qu'en
nous rendant au Far West Woes
ten, chez M. Govaert. L'aimable pro-
priétairedecette exploitation horticole de
trente hectares ne prit point de détour
pour nous déclarer
Le gouvernement a sacrifié, sans
hésitations, dans ses traités de commer
ce, les plantes vertes et les exportations
horticoles la grosse métallurgie trus
tée. Notre principal pays d'exportation
était les Etats-Unis. Ayant passé qua
tre ans en Amérique, où j'avais une ex
ploitation qui occupait trois cents ou
vriers italiens, j'ai pu me rendre compte,
en faisant mon métier d'architecte de
jardin, combien l'horticulture belge était
appréciée aux Etats-Unis. Les livres de
Van Houtte sont les livres de chevet
des horticulteurs américains.
Mais comment expliouez-vous que
nos produits ne se vendent plus ou qua
si aux Etats-Unis
C'est bien simple. Sous prétexte
de protéger l'horticulture américaine
contre l'invasion d'un insecte qui est
très répandu chez elle, mais fort rare
chez nous, les Américains exigent des
conditions, et font subir des quarantai
nes aux plantes, qui rendent l'expédi
tion impossible. Une intervention adroi
te du gouvernement nous permettrait de
retrouver ce marché important. Mais les
plantes vertes ne peuvent intéresser les
gros exportateurs des industries trus
tées...
Vous n'avez cependant pas que
les buis, mais de nombreux hectares
d'arbres fruitiers.
En effet j'ai introduit en Belgique
la méthode de greffe qui est pratiquée
en Angleterre, et mes sauvageons pro
viennent de la station expérimentale de
East Mailing, dans le duché de Kent.
Ces types font l'objet d'études spé
ciales, au point que le rendement de
chacun est parfaitement connu. La mé
thode des semis, qui était pratiquée
Wetteren, ne donnait un rapport qu'a
près quinze ans la greffe sur sauva
geon offre un rendement dès la pre
mière année. J'avais travaillé de nom
breux sujets pour exporter en Angle
terre, mais les droits d'entrée m'ont fer
mé les débouchés, au point que j'ai dû
jeter des dizaines de milliers de groseil-
lers noirs sélectionnés. De même j'ai dé
greffé la moitié de mes arbres fruitiers
pour n'en faire qu'une exploitation frui
tière immédiate, dont les produits
s'écoulent au littoral.
Vous êtes, je crois spécialisé dans
la culture des fraises
"X
Production d un jeune sauvageon greffé
Je travaille tous les fruits indigè
nes, non cultivés en serre mais au mo
ment de la saison des fraises, la cueil
lette de celles-ci occupe jusqu'à 60 ou
vrières.
Si )e vois bien, il me semble qu'à
la lisière de l'exploitation vous enlevez
les peupliers qui servent d'abris.
Ceci est une autre histoire D'a
bord, j'ai été surpris cette année par une
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