Instantanés. /PAAK et DALADIER. Les Prix littéraires. Le Front démocratique et BURGO/ 4e ANNEE No 51. Hebdomadaire 50 cent, le numéro. DIMANCHE 18 DECEMBRE 1938. Pour qu'une nation soit, il faut qu'une solidarité nationale existe et qu'elle se cnstaii:ic dans la volonté du pouvoir. ABONNEMENT, 1 AN 20 FRANCS. Direction-Administration Ch. van RENYNGHE, 19, rue Longue de Thourout, YPRES. Compte-chèque postaux 1003.43. Nos aînés liquident le passé pendaja* c,ue nous construisons l'avenir. L'expérience de M. Spaak a facilité celle de M. Daladier. L'énergie de M. Daladier le 30 novembre a renforcé le gouvernement de M. Spaak. La ténacité de M. Spaak dans l'affaire de Burgos a consolidé la position de M. Daladier contre la politique du Front Populaire. Mais cela ne permet pas de conclure que la chute de l'un entraînerait la chute de l'autre. Cela prouve simplement que tous deux ont raison que tous deux agis sent au mieux dans l'intérêt de leur pays que tous deux se heurtent la médiocrité des politiciens, qui n'ont ni le courage, ni l'honnêteté de servir leur pays avant de défendre le petit béné fice qu'ils tirent de leur fief électoral. D'ailleurs le problème politique ne se trouve-t-il pas placé au second plan, par la force même des faits, des réa lités économiques. 11 faut d'abord vi vre, et ensuite philosopher. 11 faut, a"ant de s'épuiser en de vaines que relles, mettre de l'ordre dans la mai son. Et c'est là, peut-être, la plus dure leçon infligée l'orgueil des faiseurs de plans. Il n'existe pas de plan tout fait, qui, sorti du cerveau d'un homme, s'applique, sans modification aucune, une quelconque société. Tout est nuan ces et adaptations. La politique est plus un art qu'une science elle doit être plus empirique que théorique elle doit plus tenir compte des faits que des doc trines. Et d'ailleurs la doctrine n'a- t-elle pas été souvent une thèse inven tée longtemps après le passage d'un homme d'Etat, qui avait réussi Quand Mussolini est arrivé au pou voir, il ignorait ce qu'il allait faire, mais il avait la ferme volonté d'utiliser toutes les circonstances pour réaliser la gran deur de l'Italie. Quand Hitler a écrit «Mein Kampf» il n'a eu raison que sur un point essen tiel la grandeur de l'Allemagne. Et nous nous étonnons de ce que les ad versaires d'Hitler ne soulignent jamais tout ce qui n'a pas été réalisé de ce programme trop complet pour être réa lisable. Nous connaîtrons dans les édi tions prochaines de Mein Kampf de nombreuses rectifications apportées par Hitler, le Fuehrer devant s'incliner de vant les faits. Quand Salazar a pris le pouvoir au Portugal, il a eu la sagesse extrême de déclarer qu'il ne poursuivait qu'un but: s'adapter aux réalités spécifiquement portugaises. La force de la politique anglaise est d'ignorer les doctrines, pour ne con naître que les faits. Le jour où Daladier aura la force de s'imposer la France, et de mettre le réalisme au-dessus du doctrinarisme, il opérera sans grand effort le redresse ment français. Et la force de Spaak, c'est de s'adap ter aux circonstances c'est d'envoyer la doctrine périmée du marxisme et les foutaises des internationales aux vieil les lunes. La force de Spaak réside, avant tout, dans le grief, que lui infli gent les esprits déformés par la poli tique, de retourner sa veste. En politique, l'homme absurde est ce lui qui ne change jamais, et Jules Des- trée avait raison de déclarer, que seu les les bornes du chemin ne bougent pas. Une règle d'or doit présider l'ac tion d'un homme d'Etat le souci du bien général. Et seules les circonstan ces du moment peuvent dicter l'attitude prendre pour atteindre ce bien com mun. Espérons que Spaak, comme Da ladier, conserveront toujours présent l'esprit l'idéal qui doit commander leur action le pays. C. v. R. On discutera éternellement sur les liens qui doivent exister entre l'art et la morale. Quand la liberté de l'artiste devient-elle de la licence Question qui ne peut se poser qu'en citant le vieil adage Autjes temps, autres mœurs En dehors des considérations d'ordre religieux ou philosophique, il peut cependant exister une littéra ture qui porte préjudice la vie d'un peuple, qui paralyse son redressement spirituel, qui donne une idée fausse de ce peuple. Peut-on permettre la littérature d'accentuer, d'encourager, d'admirer les phénomènes de la décadence d'un peuple. C'est la question que se pose, juste titre, Louis Dartois, dans le Journal de Roubaix. Il intitule son ar ticle Contre le redressement fran çais et fait ces judicieuses remar ques Les œuvres couronnées par les céna cles sont-elles le reflet fidèle de notre temps, un temps tourmenté, certes. compliqué, mais généreux et qui se laisse guider, malgré tout, par l'idéal Pour tout dire, ces œuvres ont-elles la valeur d'une ascension ou abaissent- elles toujours plus vite la pensée fran çaise vers l'abîme Il est triste de constater que les ju rys, surtout ceux qui composent des sor tes d'académies, tiennent très peu compte des problèmes actuels, de la situation d'une société en effervescence, du bouillonnement des idées, de la transformation plus rapide qu'on ne le suppose, de notre état social. Le choix de ces jurys-là, comme le faut remarquer un critique autorisé, reste obstinément orienté vers les œuvres décourageantes et découragées, vers les cas psychologiques et patho logiques les plus douloureux... Certains livres qui sont offerts no tre admiration ajoutent la tristesse de notre époque. Ils peuvent enrichir les fiches des psychiatres, mais ils ne don nent pas notre génération ce que celle-ci attend des maîtres de la pen- par LOUIS HABRAN. Le généralissime Franco en rachetant 1 Espagne, et ses alliés d'Allemagne et d'Italie en brisant en Tchécoslovaquie le pacte et l'esprit que le front popu laire 'français et les Soviets faisaient pe ser sur l'Europe, ont arraché la Bel gique la domination des rouges. Le fondateur de la nouvelle Espa gne vient d'inscrire sur ses drapeaux une de ses plus marquantes victoires. C est en Belgique qu'il la remporte. Ce n'est pas une victoire militaire, mais une victoire politique, morale, fruit de sa position militaire et de la puissance de ses alliés. Il a vaincu le front démocratique belge, qui s'avéra un des plus réfrac- taires et des plus tenaces de ses adver saires internationaux. 11 a infligé une cuisante défaite au front populaire de Barcelone qui comp tait la Belgique comme un des plus so lides et derniers remparts de sa cause. La profondeur de la victoire se me sure la profondeur du dépit des vain cus et aux basses vengeances qu'ils ont prises. Ainsi, démasqués et se démas quant eux-mêmes, révèlent-ils que la Belgique, après l'Espagne et la France, devait être la proie du bolchevisme s'il avait pu faire triompher son plan stra tégique. Ces Messieurs de l'Espagne ré volutionnaire, en vidant les lieux, ont jugé la cause. Nonobstant certaines réserves néces saires, nous rendrons hommage M. Spaak. Le jour où il y aura, dans cha que parti, des hommes de cette valeur, capables de se séparer de leurs amis politiques pour servir l'intérêt national, la cause belge sera consolidée. Le pre mier ministre du règne de Léopold III luttant pour une politique d'union l'intérieur et d'indépendance l'exté rieur, rappelle les campagnes pathéti ques de Léopold II s'efforçant d'arra cher aux hommes du régime censitaire le service militaire personnel et géné ral qui aurait dû être l'armature de la neutralité belge. Les partis contre la na tion I Tantôt c'est l'un, tantôt c'est l'autre, mais tous passent par là, hélas, en dressant sur la patrie les pires périls. (Voir suite page 3) sée la clarté, la générosité, la joie saine de vivre dans le travail, l'hon nêteté, le respect de la personne humai ne, la tolérance, la bonté. On a écrit du plus célèbre des prix décernés récemment qu'il donnait la nostalgie de Corneille C'est certain. Malheureusement donne aussi, cause d'une présentation habile des idées, le goût du malsain, de l'horrible, du méchant, de la ven geance et du macabre. Et nous n'avons pas besoin de ce bain de haine et d'immoralité surtout en ce moment. 1 2 su pplément illustré du SUD du 2 5 décembre sera consacré H ANS MEMLING et illustré de belles repro ductions de son œuvre. BOURRAGE DE CRANES Ce qui nous répugne le plus chez les politiciens de gauche c'est le mépris qu'ils ont de la dignité humaine, et la désinvolture avec laquelle ils trompent les masses ouvrières, lectrices obligées de leur presse de parti. Un exemple frappant vient de nous être signalé. Lors de la grève française du 30 novembre, la presse de la C.G.T. a publié des chiffres absolument faux. Nous en donnons quelques exemples qui vous édifieront sur la conception so cialiste de l'éducation des masses ouvrières Source Source cégétiste officielle Textile du Nord 80 90 p.c. 40 p.c. Textiles lyonnais 60 p.c. 0 p.c. Port de Lorient 1 00 p.c. 62 p.c. Métallurg. rég. paris. 80 p.c. 22 p.c. Métallurgie de Lille 90 p.c. 40 p.c. Charbonnages 80 p.c. 0 30 p.c. LA SAGESSE DÉ M. CHAMBERLAIN Tout commentaire enlèverait de la valeur aux réflexions qui viendront l'esprit de nos lecteurs en lisant, et en relisant ces paroles prononcées mer credi par M. Neville Chamberlain, qui ne peut être considéré ni comme un audacieux aventurier, ni comme un ga min, ni comme un dangereux fasciste. Lisez, relisez et concluez. Personne ne peut traverser des épreu ves telles que celles qui furent mon lot au cours des mois récents sans s'aper cevoir que les aspects les plus étroits des controverses intérieures des partis ont perdu beaucoup de leur saveur et beaucoup de leur importance. Et c'est ainsi que je trouve également difficile de provoquer beaucoup de pas sion au sujet des différents systèmes de gouvernement, indépendamment d'ac tions particulières qui peuvent n'être pas nécessairement inhérentes aux systè mes. On me dit que dans certains mi lieux on suppose que, parce que je suis partisan d'une entente avec les pays de dictature, je dois par là favoriser le sys tème nazi ou fasciste. Si l'on veut dire que je dois favoriser un tel système dans mon propre pays, c'est le contraire qui est vrai. Je voudrais faire une autre obser vation sur ce sujet. L'histoire nous en seigne qu'aucun gouvernement ne con serve toujours la même forme. Le chan gement peut s'effectuer lentement ou soudainement comme une explosion. Ce pendant, le changement, sous une forme ou sous une autre, est inévitable et il semble qu'il faille conclure de cette re marque que nous devons avoir soin de ne point rompre le contact avec un pays quel qu il soit en raison d'un système de gouvernement qui, avec le temps, peut subir des modifications telles qu'A peut devenir très différent de ce qu'A est aujourd'hui.

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Le Sud (1934-1939) | 1938 | | pagina 1