NIEUPORT
u
La Foire
Internationale
de Bruxelles.
par Honoré LEVECQIH
LE $0t>, dimanche 5 février 1939
-m.
sÈsy
Nous venons de jeter un coup d'œil
sur la jolie brochure de propagande,
éditée en plusieurs langues, des cen-
taines de milliers d'exemplaires, et qui
dès le mois de décembre, utilise toutes
les routes postales du monde pour ap
prendre aux hommes d'affaires in
dustriels et négociants ce qui les in
téressera la prochaine foire, du 12 au
26 mars 1939.
Je voudrais la reproduire en entier
avec ses illustrations vivantes et en
couleurs parce que d'un bout l'au
tre elle fournit en phrases lapidaires
des données originales qui peuvent ren
dre service nos lecteurs.
Ceux-ci y trouvent notamment com
me la reproduction en miniature des ar
ticles de toutes les branches d'industrie,
tels qu'ils se présentent dans les dix im
menses palais où s'aligneront, dans cha
que catégorie, côte côte, les stands de
concurrents belges et étrangers, sur une
longueur de... dix kilomètres!
Ils y trouveront aussi tous les ren
seignement dont ils peuvent avoir be
soin pour se rendre Bruxelles, au mo
ment de la Foire, y faire une ample
moisson d'affaires ou de relations nou
velles, dans les conditions les plus con
fortables et les plus avantageuses.
Mais ce qui frappe particulièrement,
c'est la carte géographique qui donne
d'une manière saisissante l'explication
des raisons pour lesquelles la Foire de
Bruxelles est devenue en peu d'années
l'iun des marchés européens d'échantil
lons les plus importants.
Nous voyons, en effet, que Bruxelles,
bien que ne comptant qu'un million
d'habitants, est cependant au centre de
la partie la plus dense de 1 Europe. C est
ainsi que dans un rayon d'à peine 100
kilomètres, fl y a 10 millions d'habitants;
«bms un rayon de 200 kilomètres il y en
25 et enfin, dans celui de 300 kilo
mètres vît une population de 50 millions
d'âmes. Cela dans une région particuliè
rement industrialisée, possédant le ré
seau, ferroviaire et routier le plus serré
du monde et ihabitée par des masses dis
posant d'un pouvoir d'achat relative
ment élevé.
M n'est pas étonnant dès lors qu'au
«ours même d'un tel milieu économique
et social se soit développé rapidement
par une ^organisation et dans des locaux
ultra-modernes un marché annuel
d'échantillons d'un haut potentiel com
mercial.
Il n'est pas étonnant non plus, ainsi
que nous venons de l'apprendre, que
dans presque toutes les sections, de
«ombreux exposants aient dû être resfu-
«és faute de place, les agrandissements
de 1938 s'étant déjà révélés insuffisants.
Aussi l'une des caractéristiques de la
Foire de 1939 sera-t-eîle un groupe
ment encore plus homogène et plus four
ni dans chaque article. Beaucoup d'ex
posants ont subi des réductions de sur
face afin de réaliser plus complètement
le principe Le plus d affaires pos
sibles, sur le moins d'espace possible.
Mais la principale vertu d'un marché
qui a acquis une telle envergure, n'est
pas seulement le moyen de comparer
dans un minimum de temps et de visu
les fabrications de firmes de différents
pays c'est avant tout 1 avantage in
comparable du contact personnel entre
l'acheteur et le producteur, et qui com
porte le renseignement immédiat et la
discussion de qualités, de conditions et
de prix que rien ne peut remplacer.
Ce contact personnel av«c le produc
teur va. suivant les articles, du fondé de
pouvoirs de l'usine la plus importante
au délégué d'artisans, en passant par
(Voir suit bas de la colonne 4)
Grâce l'amabilité du Touring-Club
de Belgique nous reproduisons ces deux
jolis dessins la plume et cet intéres
sant article de notre ami brugeois. H,
Pevecque.
Ceux qui ont connu Nieuport avant
la guerre la considéraient comme une
petite ville, calme, rectangulaire, tou
jours vide. L'air mouillé des pâtures
s'y mêlait l'odeur salée des bassins.
Des cabarets paisibles et des maisons
carrées se regardaient paisiblement.
Il est bon de tirer de Voubli l'histoire
des villes que la guerre a détruites et
qui se sont relevées lentement de leurs
ruines. Hélas, les anciens édifices ont
disparu En vain, quelques-uns furent
reconstruits dans le style ancien la ca
ractéristique, l'âme des vieilles cités y
fait défaut.
Nieuport aussi eut son histoire trou
blante. Là où s'élève actuellement la
petite ville, la mer roulait ses vagues
écumeuses. Il a fallu des siècles de tra
vail opiniâtre pour assécher ces pays
inondés, pied par pied, les terrains d'al-
luvions furent arrachés la mer.
Lorsque le sol commença prendre
consistance, les peuplades s'y installè
rent. Une colonie d'Anglo-Saxons vint
s'y fixer, tandis que plus loin, un groupe
de Lombards émigrés élevait ses huttes
l'endroit appelé plus tard Longo-
bardum (Lombartzyde de nos jours)
où l'Yser, coulant entre les flaques pa
lustres, avait son embouchure.
Les Romains, pénétrant dans cette
contrée, la dénommèrent Littus Saxo-
nium ou rivage des Saxons et y con
struisirent une forteresse. Cette forte
resse pourrait bien être 1 Iserae Por
tas dont parle Ipérius. Fort récem
ment ©n a trouvé des objets de l'épo
que romaine, notamment des épingles
oett ides monnaies, en fouillant dans ces
parages ainsi-que dans les dunes.
■La légende -prétend -qu'en 820 naquit
an ohâfceau de Nieuport le fils d'Odoa-
cer, septième forestier de Flandre. Cet
enfant était Baudoin de l'Yser.
•En 1284, le Ckxmte Guy de Dampierre
entreprit de grands travaux qui firent de
Nieuport une des principales villes for
tifiées de -la côte. H fit construire tes
forts du Duivelshoren <et du Vuer-
boete ainsi que la grande forteresse de
Nieuwendamme. Dans le fort se trou
vait une église ainsi qu'une petite gar
nison.
Les Anglais qui s'étaient emparés de
Fumes en 1393, vinrent assiéger Nieu
port. La ville fut prise et incendiée et
seule subsista la haute totn de l'église
Saint-Laurent, appelée aussi Tour des
T-empliers
En 1474, Nieuport avait «n navire de
guerre destiné combattre les pirates.
mEUPORT.
Portail de l'Eglise.
(Dessin la plume de
H. Levecque).
11 comportait dix bussen ou canons
et l'équipage était composé de 43 per
sonnes, y compris l'aumônier.
Avant 1914, Nieuport avait déjà subi
neuf sièges. La principale bataille qu'elle
connut, fut livrée durant le cinquième
siège en 1600. En 1599, le roi Philippe
avait cédé la souveraineté des Flan
dres l'archiduc Albert. Celui-ci conti
nua la guerre contre les Hollandais lors
que le Prince Maurice de Nassau en
vahit notre pays avec une armée for
midable. Il s'empara de Bruges et d'Os-
tende et vint investir Nieuport. L'ar
mée hollandaise occupait le côté ouest
du tport et avait jeté un pont sur -le ca
nal, afin de pouvoir rejoindre «la seule
division qui campait dans les dunes vers
Lombartzyde. La flotte, composée J» 90
navires mouillait en vue de la cité.
L'archiduc commandait lui-même les
troupes assisté des généraux Francisco
di Mendoza, don l uis de Vîllar, fe'-
comtes de Salms, don Pedro di Mendo
za, etc.
Le 2 juillet vers le soir, ila bataille
s'engagea dans les dunes une faible
distance de Nieuport. Les forces espa
gnoles durent bientôt se replier devant
l'aimée du prince Maurice. Leur posi
tion désavantageuse avait amené la dé
faite.
Le combat fut terrible de part et
d'antres des actes d'héroïsme furent ac
complis. Cette journée tragique coûta
2:000 soldats la Hollande. Les Es
pagnols eurent déplorer la perte de
3:000 hommes dont l'amiral Mendoza
et plusieurs capitaines. L'armée hollan
daise s'éloigna après cette victoire, «#-
Vieille rue de Nieuport (avant la guerre)
(Dessin la plume de H. Levecque)
portant comme trophées les 130 fanions
et étendards pris l'archiduc, et alla
mettre le siège devant Ostende. En
1609, 'le calme revint grâce la trêve
de douze ans conclue entre la 'Hollande
et Albert.
Les souverains résidèrent souvent
Nieuport, notamment au Duynenhuis»
qui fut jadis un refuge de l'abbaye des
Dunes.
Après la mort de Chartes VI, en
1740, tes troupes françaises pénétrèrent
de nouveau dans le pays. Tout comme
en T9.14, Nieuport menacée, lâcha ses
écluses et inonda les environs.
En 1797, sous la Terreur, les églises
furent fermées et 'fe culte suspendu. Les
religieuses furent chassées de l'hôpital
■et le curé Blomme, ayant refusé de prê
ter serment, se vit olbftgé d'exercer
Clandestinement son ministère, déguisé
en gendarme.
La ville reçut en 1803 la visite de
Napoléon 1er qui vint avec son état-
major Il y 'fut !*çu en grande pompe
et dîna la mairie.
En 1862, commença la démolition des
fortéficaticms. Nieuport devint ville ou
verte et la garnison, composée d'un ba
taillon d'infanterie, partit pour ne pttus
revenir.
La vilfe de Nieuport a bien mérité
de la patrie. Pauvre invalide,trop ou
bliée. elfe peut montrer fièrement te bi
lan de son glorieux passé et dés dix siè
ges qu'elle a soutenus aussi a-t-élk
droit la bienvaiflance du souveraih et
du gouvernement comme la reconnais
sance du pays.
Nieuport est aujourd'hui reconstruite:
une activité fébrile régne dans Son petit
port, l'embouchure de l'Yser. Une
flotille de bateaux de pêche et des na
vires de toutes dimensions y assurent
le trafic des différentes marchandises
entre les grandes villes françaises, hol
landaises et anglaises. A quelques pas
de la ville, des promenades pittoresques,
des dunes magnifiques et la mer immen
se en font un centre idéal de tourisme.
H. Levecque.
l'industriel moyen et le petit fabricant.
Il est une chose si précieuse que îes
hommes d'affaires ayant visité une seule
fois une foire d'échantillons comme celle
de Bruxelles trouvent avantageux d'y
retourner l'année suivante. Souvent mê
me ils visitent par la suite plusieurs foi
res susceptibles de les intéresser ou bien
d'acheteurs deviennent exposants de
l'industrie pour laquelle ils doivent s'ap
provisionner.
Paul Poster.